Test de Ys Origins, sans Dahut et Gradlon

Plongée au coeur d'un des derniers jeux d'une saga mythique, mais pourtant méconnue pour découvrir les origines de l'histoire que vous avez vécue ces trente dernières années.

YsORIGIN Launch

La série des jeux Ys est sans doute à la fois une des licences les plus connues et une des moins jouées parmi les grosses licences japonaises qui ont touché nos contrées. C'est typiquement le genre de jeux que vous voyez passer dans les soldes Steam ou dans un bundle quelconque, que vous prenez parce que vous voyez des évaluations positives et qu'ils sont généralement vendus une bouchée de pain, puis que vous laissez pourrir, à tort, dans votre inventaire pendant des semaines, des mois, voire des années.

Pourtant, cette série existe depuis pile 30 ans, le premier jeu étant sorti en 1987, et compte pas moins de quatorze opus différents dans sa trame principale, ce qui la met juste derrière Final Fantasy et juste devant Dragon Quest au nombre de titres "officiels" des séries principales. Ce n'est quand même pas rien, et on peut dire, sans commettre un crime de lèse-majesté, que c'est la licence qui fait vivre son développeur, Nihon Falcom, même si ce dernier a trouvé ces derniers temps un regain de santé grâce à la licence Legend of Heroes.

Ils ont des chapeaux ronds...

Alors, qu'est-ce que c'est, la série Ys ? Ce sont des jeux d'action-aventure, qui se rapprochent à l'heure actuelle pas mal de Zelda ou des Secret of Mana et qui sont inspirés, étonnamment, d'un mythe breton, celui de la cité engloutie d'Ys. Ceci explique pourquoi l'introduction du jeu que nous avons testé pour vous est doublée en un français des plus étonnants, qui n'est pas sans rappeler l'occitan (?) de la pub Quézac de Ridley Scott.

En jeu, Ys est une espèce d'Atlantide, une île sur laquelle vivait une super civilisation, qui plutôt que de se laisser submerger par une invasion démoniaque a pris le parti de s'envoler dans les cieux, en laissant une partie de sa population derrière. Des siècles plus tard, vous incarnez un aventurier rouquin génie du maniement de l'épée et passionné de légendes, Adol Christin, qui décide de partir à la recherche de la cité disparue. C'est le personnage emblématique de la série, celui que vous voyez sur toutes les jaquettes et que vous incarnez quasiment tout le temps en jeu.

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Sauf que... Bah... Dans le jeu qui nous intéresse aujourd'hui, Ys Origins, pas d'Adol ! En effet, le jeu se veut un prélude à l'histoire principale et l'histoire se déroule quelques 700 ans avant qu'Adol n'embarque pour son premier voyage vers l'île d'Ys. Au début du jeu, on vous laisse le choix entre deux personnages, Yunica Tovah ou Hugo Fact, qui ont chacun leur palette de compétences et leur propre histoire. Yunica est une bûcheron bien bourrine qui manipule la hache comme personne et peut utiliser des techniques de combat pour le moins efficace, tandis que Hugo est plus orienté magie, vu qu'il utilise une baguette magique qui vomit des arcs-en-ciel. Un troisième personnage est jouable quand vous avez fini le jeu avec chacun des deux protagonistes.

Les déesses ne sont pas à cet étage. Continuez.

On est dans un jeu d'action-aventure ; quel peut bien être l'objectif principal ? On entend tous vos cerveaux dire "Retrouver quelque chose" ou "Sauver une princesse". Pas loin, puisque vous partez en effet à la recherche de deux déesses disparues, Reah et Feena, dans une gigantesque tour qui n'est pas sans rappeler la tour de Druaga ou la tour que vous grimpez pour aller affronter les boss de fin des premiers jeux de la série. C'est votre objectif principal, pour ne pas dire unique, et rares sont les occasions de dévier de votre chemin, ce qui est un réel plus à une époque où les jeux ont de plus en plus tendance à augmenter artificiellement leur durée de vie avec des missions secondaires inutiles et inintéressantes. Ici, pas de chichis : le jeu est court (comptez une dizaine d'heure pour le finir en mode normal), mais déroule devant vous une histoire cohérente et intéressante, qui laisse de la place pour développer la personnalité de votre avatar, au point que vous serez tenté de refaire une seconde partie pour en apprendre plus sur le second.

On ne saurait que trop vous recommander de commencer par Yunica, un personnage extrêmement complexe de par sa personnalité, puisqu'elle a développé une connexion particulière avec les deux déesses, qui furent les premières personnes à ne pas la juger à l'aune de son incapacité à utiliser la magie, une tare indélébile dans l'ancienne cité d'Ys où tout le monde utilisait la magie au quotidien. Malgré son manque de prédisposition, elle décide de braver la résistance de ses pairs et de se joindre au groupe qui part à la recherche de ses deux amies divines. Son histoire est simple, sobre, mais extrêmement efficace : pas d'overdose de sentiments, pas de larmes à l'oeil inutiles, juste une amitié qui brave tous les obstacles qu'on mettra sur son chemin, comme elle l'a toujours fait dans sa vie depuis son plus jeune âge.

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Et des obstacles, il y en aura. Le système de combat extrêmement simple et rapide à assimiler de ce Ys Origins vous donnera pleinement satisfaction si vous êtes à la recherche d'un bon défouloir. Le jeu s'apparente à un bon gros hack & slash des familles, dans lequel les joueurs se fraient un chemin dans cette fameuse tour à grands renforts de coups spéciaux. Bien évidemment, les monstres sont de plus en plus coriaces et les stratégies pour en venir à bout sont de plus en plus complexes. C'était d'ailleurs particulièrement délicat dans les derniers niveaux de gérer les nombreuses stratégies mélangées dans un même groupe d'ennemis, notamment quand les faiblesses de certains étaient la force d'autres. La variété du bestiaire est un point fort du jeu, car si sur un même niveau, vous affronterez souvent le même ennemi, vous ne le reverrez pas dans l'immédiat, du moins pas avant quelques niveaux dans la plupart des cas et souvent dans une version améliorée.

Mourir, encore et toujours

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Le jeu n'est pas facile. Il ne propose pas de sauvegarde automatique : vous ne pouvez sauvegarder que via les statues trouvées dans la tour et si vous mourrez avant d'atteindre la suivante, vous recommencerez depuis votre dernière statue, généralement au début de l'étage. C'est rude, mais c'est comme ça. De même, ne vous attendez pas à ce que le jeu vous prenne par la main pour vous dire comment marche tel mécanisme ou où trouver la clé de telle porte : c'est un jeu qui assume son côté à l'ancienne et vous devrez vous débrouiller par vous-même pour progresser ou même parfois pour simplement apprendre un combo. Tant qu'on en est à parler des enchaînements, il est aussi important de mentionner que les contrôles sont extrêmement sensibles, ce qui vous amène parfois à rater des combinaisons ou à louper des déplacements délicats, notamment dans des sections de plateforme, ce qui peut être problématique si vous souhaitez maintenir vos bonus.

Le jeu propose un système de montée en niveau : chaque monstre tué vous rapporte de l'expérience et quand vous les tuez rapidement, l'un à la suite de l'autre, vous remplissez une barre d'expérience bonus que vous toucherez à la fin de votre enchaînement. Elle peut monter jusqu'à un multiplicateur de 1,99 et donc quasiment doubler vos gains !  Enchaîner les monstres est d'ailleurs tout aussi intéressant puisque la plupart des objets qu'ils abandonnent sont des consommables utilisés quand ramassés qui augmentent de manière temporaire vos statistiques ou votre gain d'expérience. Pas besoin donc de naviguer en permanence dans des menus : tout se fait intuitivement et l'interface, très sobre et discrète en plus d'être petite tout en restant parfaitement lisible, récapitule pour vous, en bas de l'écran, ce qu'il se passe.

C'est bien, c'est beau, c'est Dot

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Tant qu'on en est à parler de ce qu'il se passe à l'écran, il est important de noter que pour un portage d'un jeu qui a maintenant 11 ans, cette version PlayStation 4, qui débarquera très prochainement sur Vita, est extrêmement jolie et DotEmu, responsable du portage, a réellement fait de l'excellent travail. Jouer d'aussi jolis sprites qui ne sont pas sans rappeler la grande époque du JRPG sur SNES, mais sur un grand écran et en full HD, c'est un véritable plaisir pour les vieux joueurs, qui ne rechigneront et ne regretteront sans doute pas l'investissement s'ils sont empreints de nostalgie. Pour être honnête, le jeu proposé sur PlayStation 4 est clairement différent de la vieille version PC, au moins sur le plan graphique : c'est plus lissé, plus poli, plus à l'image de ce qui se fait actuellement et le seul fait que DotEmu ait véritablement retravaillé les graphismes du jeu sans se contenter d'un simple portage mérite qu'on leur tire notre chapeau. On en a, pour une fois, clairement pour son argent en investissant dans cette nouvelle version, si on s'en tient au seul aspect du portage.

Ce Ys Origins de DotEmu est un jeu riche en couleurs, dans lequel les personnages sont particulièrement mis en valeur grâce au contraste avec leur environnement sombre. Les attaques sont lisibles et limpides, leurs effets visuels ne gênent pas la lecture du jeu et ne sombrent jamais dans l'exubérance, juste un peu dans l'humour ou le clin d'oeil. Au final, ce qui est peut-être l'une des satisfactions majeures de ce titre, c'est qu'après avoir passé des dizaines d'heures à errer sans but réel dans des soi-disant jeux de rôles en monde ouvert et aux graphismes soi-disant AAA, on a pris bien plus de plaisir à faire avec nos héros ce petit voyage de quelques heures à peine. C'est de la 2D. Et alors ? C'est court. Et alors ? C'est vieux. Et alors ? Tout cela est des plus secondaires si vous arrivez à déconnecter votre cerveau du biberon infernal auquel les développeurs vous ont connecté ces dernières années et qui peuvent vous faire passer à côté de petites perles comme ce Ys Origins.

Crache ta Dahut, Myrhdin

Ys est une licence à côté de laquelle il est facile de passer, mais à laquelle il est difficile de renoncer quand on a goûté à l'un ou l'autre de ses titres. Les portages récents de Ys 1 et 2 ou de ce Origins en sont la preuve : ils ne payent pas de mine, mais ils vous proposeront une histoire solide, sans chichis et froufrous, efficace et aussi cohérente que peut l'être une réinterprétation d'un mythe breton dont personne ne sait vraiment dire à quoi il se rattache, puisqu'il n'existe aucune trace écrite du mythe originel avant sa perversion par les Chrétiens.

Ce Ys Origins est sans aucun doute une des meilleures introductions à une série publiée après les premiers opus d'une série majeure. Un joueur qui en ignore tout ne se posera pas de questions et profitera simplement du jeu, quand un joueur déjà familier, même si il sera inévitablement perturbé par l'absence du héros principal de la saga, sera malgré tout content d'en apprendre un peu plus sur les origines du jeu.

Le jeu n'est pas simple, la fin se mérite et il vous laisse littéralement seul face à votre destin. Ce n'est pas un Dark Souls, mais il y aura sans aucun doute une part de die-and-retry dans votre partie. Ne comptez pas sur l'intervention d'une déesse pour vous prendre par la main et vous guider dans cette tour : vous êtes seuls face à vous-même et vous ne pourrez vous en prendre qu'à vous-même si vous bloquez. Vous mourrez, vous payez.

Enfin, on ne peut qu'une fois encore saluer les efforts louables de DotEmu pour la localisation de ce titre : ce n'est pas le meilleur jeu du monde, mais ils ont fait en sorte de le rendre accessible et attirant pour tous les joueurs console et c'est un énorme plus, car bon nombre d'autres développeurs s'y sont essayés pour lamentablement se casser les dents. C'est un jeu qui a dix ans et qui ne fait pas du tout son âge sur PlayStation 4. Mesdames, messieurs, chapeau bas, on en redemande.

Test réalisé par Myrhdin à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes Nintendo Switch, PlayStation 4, PlayStation Vita, Windows
Genres Action-RPG, asie, fantasy

Sortie 21 décembre 2006 (Japon) (Windows)
31 mai 2012 (Monde) (Windows)
27 février 2017 (Monde) (PlayStation 4)
30 mai 2017 (Monde) (PlayStation Vita)
1 octobre 2020 (Monde) (Nintendo Switch)

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