Test de Chaos;Child

Un visual novel japonais de qualité, ou comment perdre tout espoir de fédérer un lectorat jolien en moins de sept mots.

CHAOSCHILD Keyart key visual 01
Alors, ce n’est pas tous les jours que vous découvrez quelque chose sur un de vos jeux favoris, mais le jour où on nous a proposé de tester Chaos;Child a été le jour où l’on a découvert que Steins;Gate faisait partie d’une série plus complète que sa simple préquelle STEINS;GATE 0. Non, Steins;Gate est bien rattaché à une saga plus importante baptisée Science Adventure, qui aura bientôt six titres à son actif, sans compter les innombrables spin-offs dérivés des histoires des principaux romans visuels de la liste principale.

Du coup, c’est avec une réelle curiosité que nous avons abordé le test de ce titre jusqu’alors inconnu. Quand on sait la qualité des productions de 5pb, on peut même parler d’impatience. Chaos;Child est donc la quatrième oeuvre vidéo-ludique de la série Science Adventure et présente des personnages totalement originaux sur fond de tragédie et de science-fiction (rappelez-vous, on a quand même inventé le voyage dans le temps dans Steins;Gate…).

Petit avertissement de rigueur : c’est encore un énième jeu japonais et c’est aussi un roman visuel, autrement dit, un jeu avec peu d’action et énormément de textes. Vous êtes prévenus, on ne vous parle pas ici d’un jeu de baston ou du dernier Dark Souls.

Cela a l’air un peu cryptique, non ?

CHAOSCHILD Screenshots Charactertrailer sword poster web

Avant toute autre chose, il faut préciser que Chaos;Child se veut une suite de Chaos;Head, un jeu qui n'est pas sorti en Occident. Toutefois, si l'histoire commence par faire référence à certains des événements qui ont pu se passer dans le premier jeu (auquel nous n’avons pas joué), nous n’avons à aucun moment eu l'impression de passer à côté de quelque chose ou de ne pas saisir une référence. S’il est donc basé sur le même univers, Chaos;Child raconte sa propre histoire avec ses propres personnages. Mais bon, pour le coup, cela donne vraiment envie de voir arriver la localisation du premier titre de la série Science Adventure.

Chaos;Child ne perd clairement pas de temps et rentre très vite dans le vif du sujet. Le jeu commence par présenter une série de personnages qui perdent la vie dans des circonstances toutes plus mystérieuses et inquiétantes les unes que les autres. C’est bête à dire, et peut-être un peu morbide, mais nous avons été captivé dès le départ. C’est très rare qu’un roman visuel vous accroche dès les premières minutes, c’est généralement un type de jeu qui demande au joueur de patienter quelques minutes voire quelques heures avant de rentrer dans le vif du sujet, mais là, Chaos;Child brise les codes et rentre littéralement dans le lard de ses protagonistes pour hameçonner les joueurs. Des morts en série, un problème intéressant auquel apporter une réponse, un méchant juste ce qu’il faut de mystérieux et menaçant et nous voilà partis pour une nouvelle aventure à lire.

D’ailleurs, le personnage que vous contrôlez, Takuru Miyashiro, est une réelle incarnation du joueur : il est toujours à la recherche de nouveaux mystères à partager dans le journal de son école et bien évidemment, cette série de morts subites attire son attention. C’est pourtant un sacré anti-héros, un peu à la manière de Rintaro dans Steins;Gate, mais il finit par vous rappeler bien des posteurs de JOL : il passe sa vie en ligne, il prend les gens de haut, les juge en permanence et pire encore, les met de manière totalement arbitraire dans des boîtes en fonction de ses propres critères. Les bons et les méchants, les normaux et les bizarres, les fans d’ELEX et le reste du monde, les amateurs de vidéos de dégustation ou ceux de let's plays aux relents d’extrême droite… Il y en a pour tous les goûts dans le bestiaire de Takuru, un peu comme sur JOL, mais au final, seule sa vision des choses compte, parce qu’après tout, il ne peut être qu’un gars normal et bon, non ?

♪Tuturu pour Takuru♫

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Heureusement, il a autour de lui un groupe d’amis et de personnages secondaires qui viennent compenser ses défaillances de jugement. Chacun d’entre eux a sa propre histoire et est connecté d’une façon plus ou moins profonde à Takuru : l’ensemble est décrit en profondeur, on découvre de manière très détaillée les différents personnages et leur caractère, à tel point que, si vous ne savez pas encore comment ils sont impliqués dans l’histoire, vous pourrez facilement deviner pourquoi ils sont là quand ils interviendront. Les personnages sont vraiment bien amenés, n’en font jamais trop et ne donnent jamais l’impression d’arriver comme un cheveu sur la soupe. Ils sont attachants et c’est même un peu dommage, car au final, Chaos;Child n’est absolument pas un jeu où tout est rose et certains connaîtront une fin des plus tragiques.

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Plusieurs chemins s’offrent à vous et s’articulent autour de vos choix d’une manière tout à fait logique et intelligente. Un des mécanismes récurrents pour faire vos choix est l’espèce de transe dans laquelle Takuru rentre avant des décisions importantes. Cette transe le transportera dans un recoin de sa tête, dans une illusion dont il est le seul à être conscient et lui présentera certaines des conséquences possibles de ses choix : choisira-t-il de rêver ou de cauchemarder ? Il lui appartiendra, après coup, de faire un choix ou, tel un Pilate des temps modernes, de s’en laver les mains et de rester plus neutre qu’un petit Suisse. Ces scènes auront bien évidemment un impact notable sur le scénario de l’Histoire, car certaines pourront avoir des conséquences funestes sur l’un ou l’autre des camarades de notre protagoniste.

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Les transes sont au coeur même de l’histoire du jeu, qui propose une exploration métaphysique, quasiment ésotérique des expériences hallucinatoires : leur signification, leur impact sur le subconscient de l’individu et leur rôle de pont entre le réel et l’irréel ou de vecteur de connaissance du monde qui les entoure. C’est à la manière d’un Steins;Gate très capillotracté, parfois très dur à suivre tant les détails et les références scientifiques s’entremêlent, mais c’est juste du petit lait si vous savez garder un esprit critique et ouvert.

C'est de la bonne, quand on sait la goûter

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Le jeu n’est vraiment pas facile d’accès. Si vous avez joué à un jeu de 5pb auparavant, n’hésitez pas une seule seconde. Un néophyte, lui, aura bien plus de mal à se plonger dans l’aventure. Pour profiter pleinement du titre, il faut attendre de longues heures : l’illustration la plus concrète de ce phénomène n’est autre que la fin réelle du jeu qui ne s’offrira à vous que lorsque vous aurez exploré toutes les autres fins possibles et donc retourné l’ensemble des ramifications proposées par le jeu (il y a pas moins de 6 fins). Comptez plus ou moins 60 heures de jeu si vous vous lancez dans ce projet sans guide.

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Ce n’est clairement pas un temps de jeu qu’un néophyte investira à la légère et c’est sans compter sur les inévitables longueurs ou creux dans l’action du titre, qui sont inhérentes au genre en lui-même (un visual novel de plus de dix heures sans temps mort, c’est extrêmement rare, quand même). Après, on l’a dit, Chaos;Child ne fait preuve d’aucune retenue. Le jeu est intense, voire au bord du gore : une espèce de fascination morbide s’empare facilement du joueur qui veut en voir toujours un peu plus.

Le travail de localisation de PQube ne gâche rien, bien au contraire. On ne saurait que trop vous recommander de profiter des voix japonaises originales, car le cast est impressionnant (on retrouve notamment une des voix emblématiques de la saga Sword Art, Yoshitsugu Matsuoka, mais aussi Sumire Uesaka, la voix japonaise de Jinx de League of Legends). La traduction en anglais est bonne, compréhensible et accessible.

Crache ton Trigger, Myrhdin

Chaos; Child est un roman visuel palpitant auquel tous les fans du genre doivent jouer. L’histoire est tellement bonne qu’il sera très difficile pour les joueurs de ne pas s’attacher aux différents personnages pour les faire naviguer tant bien que mal dans cet univers des plus bizarres. On l’a dit, le rythme du jeu est un peu haché, mais c’est inhérent au genre en lui-même, tout comme le temps de jeu total qu’il faudra investir pour le retourner dans tous les sens. Le jeu en vaut cependant vraiment la chandelle et il y a fort à parier que si vous arrivez au bout d’une des branches de l’histoire, vous voudrez aussitôt repartir pour une autre.

Prenez votre temps et savourez. Ne le brusquez pas et prenez le temps de laisser la beauté des mises en scène, même les plus gores, s’imprimer dans votre cerveau pour qu’elles vous chamboulent durablement. Cette expérience a été un véritable plaisir, une découverte voire une révélation, à tout le moins un rappel du talent incroyable que 5pb met dans la narration d’histoires palpitantes.

À ne pas mettre entre toutes les mains, donc, mais les amateurs apprécieront, sans aucun doute.

 Test réalisé par Myrhdin à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes Android, PlayStation 3, PlayStation 4, PlayStation Vita, Windows, Xbox One, iOS
Genres Visual novel, contemporain, fantasy, science-fiction

Sortie 13 octobre 2017 (Europe) (PlayStation 4)
13 octobre 2017 (Europe) (PlayStation Vita)

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