Test de White Day: A Labyrinth Named School

Allez, pour une fois, vous pouvez cliquer, c'est pas un jeu japonais pervers... Il est coréen ! Et en plus c'est un jeu d'horreur sympathique. 

Les jeux indépendants, développés dans des chambres d'ado ou au fond de caves bien nerds, mais toujours intéressants, sont très populaire au Japon et en Corée. Gros représentants de ce genre baptisé "doujin", des jeux plus ou moins terrifiants, pensés et conçus pour une niche bien précise de joueurs. Rarement localisés, rarement traduits par leurs fans, il était difficile de mettre la main sur des jeux du genre, généralement développés par des indépendants et jamais importés en Occident. White Day : A Labyrinth Named School est un de ces jeux géniaux qui n'ont pas eu le succès qu'ils méritaient, car ils ne pouvaient pas sortir de leur territoire d'origine. Le jeu, développé en 2001 par Sonnori, a révolutionné le genre à l'époque, mais il a fallu attendre 2015 et un portage sur mobiles pour le voir retrouver une deuxième jeunesse.

C'est maintenant sur PlayStation 4 et PC que PQube et Arc System Works se proposent de publier ce jeu, dans une version totalement refaite et parfois inédite. D'un point de vue technique, le jeu ne révolutionnera clairement pas les standards, mais les contrôles ont bien évidemment été repensés par rapport aux versions Android et iOS. Du point de vue de l'histoire, par contre, les fans de la première heure découvriront de nouvelles scènes ou de nouveaux fantômes, mais aussi de nouvelles fins et un personnage inédit. Pour un néophyte, c'est sans aucun doute la meilleure version pour se lancer dans l'aventure, puisqu'elle offre, et de loin, le meilleur compromis entre qualité technique du jeu et profondeur de l'histoire. 

 

Quand l'eau de rose a un goût de sang

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Tant qu'on en est à parler de l'histoire... De quoi parle ce jeu ? Au final, il commence plutôt sur une note positive et plutôt romantique. Le héros, Lee Hui-min, est un lycéen coréen des plus normaux, qui ne ferait pas de mal à une mouche et qui s'est amouraché d'une donzelle répondant au doux nom de So-young. Si vous ne savez pas ce qu'est le White Day, c'est une fête quasiment exclusive aux pays asiatiques qui a lieu pile un mois après la Saint Valentin et à l'occasion de laquelle les hommes font (ou non) un cadeau aux demoiselles leur ayant offert quelque chose pour la fête de février. On est à la veille du White Day et notre héros a décidé de se faufiler dans l'école où se trouve sa dulcinée pour lui offrir quelques chocolats à l'abri des regards. Malheureusement pour lui, il a vraisemblablement choisi la pire école au monde pour une virée nocturne, puisqu'entre un concierge psychopathe qui massacre les resquilleurs à coups de batte de baseball et des fantômes tous plus effrayants les uns que les autres, il n'a que l'embarras du choix pour passer une nuit des plus cauchemardesques.

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Il n'est pas le seul à se retrouver dans cet établissement bizarre cette nuit-là (et on se demande bien pourquoi il y a autant d'étudiants qui errent la nuit dedans s'il est si dangereux...). Vous rencontrerez de nombreux autres personnages, chacun avec sa propre personnalité, avec lesquels vous pourrez interagir. Vous pourrez faire évoluer votre relation avec ces personnages secondaires au point d'obtenir différentes fins en fonction de vos actions. Attention cependant, la tâche ne sera pas toujours aisée... Si certains personnages sont plutôt bienveillants à votre égard, d'autres ne peuvent pas vous blairer et n'hésiteront pas à vous mettre des bâtons dans les roues. Vous êtes dans un jeu d'horreur, pas dans un simulateur de drague, donc vous ne serez jamais plus de quelques minutes en contact avec les autres personnages. À vous de choisir les bonnes options pour voir la fin que vous voulez voir après avoir passé de longues heures angoissantes à fouiller les couloirs interminables du lycée ou résolu tous les puzzles qu'il a à vous proposer.

Avec sa batte et son couteau

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On parlait plus tôt du concierge : il est l'ennemi principal du jeu et autant vous dire qu'il fait tout pour être aussi ennuyeux que possible... Sa batte de baseball a soif de sang et si il vous attrape, soyez sûrs que vous n'en serez pas quitte pour quelques heures de colle. En fonction de la difficulté que vous choisissez (seule la plus difficile est bloquée au départ), il pourra même être la seule réelle menace de votre aventure. La fréquence d'apparition des fantômes, l'autre menace, dépend énormément de la difficulté choisie. Mais rassurez-vous, rien qu'échapper au concierge vous donnera du fil à retordre, vous n'aurez pas besoin qu'en plus des têtes fantômes flottent à travers vous pour vous mettre encore plus mal en point : si vous entendez son sifflet, courrez, car malgré sa claudication, le vieux bougre peut encore rattraper n'importe quel étudiant.

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Vous pouvez vous balader assez librement dans le lycée... Même si notre premier contact avec le jeu nous a amenés à tourner en rond pendant 10 minutes à la recherche d'une clé qui n'en était pas une pour sortir du premier hall, vous pouvez prendre le temps de repérer les lieux et résoudre les différents puzzles à votre rythme. Si vous préférez passer dix minutes à regarder à travers une fenêtre sur laquelle des mains ont laissé des traces jusqu'à ce qu'un fantôme apparaisse, c'est votre droit. Vous pourrez partir à la recherche d'objets ou d'informations plus ou moins utiles avant de débloquer l'étape suivante en utilisant un objet à tel endroit ou en utilisant l'information obtenue il y a deux heures et consignée dans votre journal pour progresser.

Tic, tac, tic, tac... On se fait une belote ?

C'est plutôt simple et sympa au début, mais il faut dire que même en difficulté normale, vers la fin du jeu, vous devez tellement zigzaguer entre concierge et fantômes en tout genre que vous perdez rapidement le goût de l'exploration et que vous vous retrouvez à être complètement passif face à la moindre apparition d'outre-tombe. C'est dommage, car cette seconde moitié du jeu vient totalement gâcher un jeu qui a sur la première moitié de son premier parcours une très bonne dynamique, une ambiance oppressante à souhait, qui ne devient par la suite rien d'autre qu'une gêne de principe.

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Dans la seconde moitié du jeu, le concierge est toujours là. Il est toujours présent, jamais vous n'avez un moment au cours duquel vous ne ressentez pas sa menace. Mais sa menace ne change pas, elle obéit toujours au même principe : viens dans le faisceau de ma torche et je me la joue Negan sur ta face de BN. Le tout bien entendu dans des espaces de plus en plus exigus, avec moins de cachettes et des fantômes qui viennent rendre les choses encore plus délicates. Le principe du concierge est sympa, mais quand vous avez passé dix ou quinze fois 5 minutes à attendre dans un coin qu'il daigne enfin partir hors de portée, vous aimeriez bien passer à autre chose. Peut-être d'autres principes comme jouer sur la surprise réelle, le faire apparaître subrepticement, le rendre plus rapide, plus mobile, pour le rendre plus dangereux, mais lui permettre de s'éloigner plus rapidement et laisser au joueur plus de possibilité d'explorer auraient été plus intéressant.

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C'est vraiment dommage, car l'équilibre dans la première partie est bon : des puzzles pas trop durs, un concierge qui a assez d'espace pour ne pas être tout le temps sur votre paletot, un décor réaliste qui parlera à quiconque a regardé un animé impliquant un établissement scolaire ces vingt ou trente dernières attentes, une ambiance oppressante avec des cinématiques tantôt loufoques et tantôt effrayantes. L'environnement en lui-même est un peu répétitif, mais au final, vous êtes dans un établissement scolaire et vous vous promenez d'étage en étage, donc de l'un à l'autre, la disposition des salles sera similaire, mais vous devrez très rapidement mémoriser où vous devez aller, car vous devrez très rapidement faire des allers-retours d'un bout d'un étage à l'autre bout d'un autre. C'est donc au final plutôt un bon point.

Crache ton Mon Chéri, Myrhdin 

White Day: A Labyrinth Named School est à bien des égards comparable aux jeux d'horreur qui ont vu le jour par dizaines à l'apogée de la PlayStation 2, mais il offre quelques particularités sympathiques, comme l'impossibilité absolue pour le joueur d'attaquer un ennemi et l'accent mis sur une furtivité des plus totales. Ce style très old school de jeu d'horreur, loin des canons du genre à l'heure actuelle qui consistent le plus souvent à exploser des créatures plus ou moins ragoûtantes par tous les moyens du bord, nous rappelle que ce jeu n'a que peu évolué depuis sa sortie initiale en 2001. Le genre revient à la mode et c'est tant mieux, car on demande vraiment à tester plus souvent quelques petits jeux remis au goût du jour qui sont malgré tout rafraîchissants. On l'a vu, le jeu n'est clairement pas exempt de défauts, mais au final, au moins sur les premières parties (si vous êtes complétionniste, vous devrez finir le jeu pas loin d'une dizaine de fois), on accepte de passer outre. Pour une fois qu'en plus, on vous propose un jeu d'import en français quasi-intégral (seules les voix ne sont pas doublées, vous pouvez choisir entre anglais et coréen - essayez, c'est rafraîchissant par rapport au japonais, notre oreille n'est pas du tout habituée), vous auriez tort de passer à côté si vous aimez les jeux qui font sursauter.

Test réalisé par Myrhdin à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes Android, PlayStation 4, Windows, iOS
Genres Survie, survival-horror, contemporain

Sortie Août 2017 (Monde) (PlayStation 4)
Août 2017 (Monde) (Windows)

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