Bouh ! - Test de Yomawari: Midnight Shadows

Un jeu d'horreur, un jeu de survie : tout ce qu'il faut pour la recette d'un jeu qui marche. Ajouter une petite dose de cryptozoologie nippone et vous obtenez l'intéressant Yomawari: Midnight Shadows.

Yomawari: Night Alone, sorti en 2015, fut une vraie révélation pour les quelques joueurs qui se laissèrent tenter par l’expérience. Le jeu apportait une vision rafraîchissante de l’horror survival, ce genre associant peur bleue et volonté de survivre à des événements paranormaux. Ce jeu vous proposait de suivre une jeune fille des plus innocentes dans un périple inattendu qui la plaçait sous la menace de démons tous plus horribles les uns que les autres, inspirés principalement par la mythologie japonaise.

Le jeu n’a pas connu un succès commercial marquant, mais il a su fédérer une communauté qui piaffait d’impatience à l’idée de voir une suite ou une nouvelle mouture de cette licence. C’est donc désormais chose faite avec ce Yomawari: Midnight Shadows, disponible en Europe depuis le 27 octobre. On vous emmène donc à la découverte de cette aventure très sombre. Sortez vos lampes torches, la chair de poule guette.

Ne quittez pas l'écran des yeux

Soyons honnête avec vous dès le départ. Le jeu n’est pas parfait, loin s’en faut. Mais il améliore bien des points négatifs de son prédécesseur et surtout propose une copie des plus louables, qui aurait peut-être simplement méritée d’être un peu plus poussée ou un peu plus travaillée.

Yomawari MidnightShadows Screens 04mai Yomawari SS12

Avant toute autre chose, sachez que le développeur du jeu vous demande de passer un contrat avec lui au moment où vous lancez le jeu. En effet, dès le début, il vous demande de vous engager à ne pas quitter l’écran des yeux tant que vous jouerez et on ne peut qu’abonder dans son sens : ce jeu n’est clairement pas fait ou pensé pour être joué en dilettante, en tapant la discute avec vos potes autour d’une bière. Non, on est clairement plus dans le jeu joué dans une lumière tamisée, avec votre compagnon ou votre compagne à côté de vous qui vous feront plus peur avec leurs sursauts que le jeu lui-même.

L’histoire change du tout au tout par rapport au premier jeu : cette fois, exit la petite fille qui partait à la recherche de sa soeur et de son animal de compagnie chéri, faites place à deux jeunes filles baptisées Yui et Haru. De retour d’un feu d’artifices, elles se retrouvent à traverser une forêt de nuit… C’est toujours une bonne idée, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qui pourrait bien leur arriver dans une forêt, en pleine nuit, super sombre et profonde de surcroît, et comme si cela ne suffisait pas, japonaise… Comme de bien entendu, elles se font attaquer par une mystérieuse créature et se retrouvent séparées. Votre mission, si vous l’acceptez (pourquoi avoir acheté le jeu si c’est pour ne pas l’accepter ?), consistera à faire survivre les personnages dans un univers des plus hostiles, au milieu des créatures démoniaques, en espérant retrouver leur amie à un moment ou un autre.

Vivez l'aventure au rythme de votre coeur

Autant vous dire que les concepteurs du jeu n’ont pas lésiné sur l’aspect terrorisant du jeu. Un temps pressenti pour être PEGI 12, il sort finalement avec un beau gros “Déconseillé aux moins de 16 ans”, amplement mérité si vous ne voulez pas vous retrouver avec des bambins terrorisés qui se cachent dans leur casier au collège au moindre bruit dans leur dos. Le jeu joue énormément sur la surprise et les jump scares et vous donnera clairement la chair de poule. Il est littéralement impossible de rester impassible ou de ne pas réagir tout au long de l’aventure, il y aura toujours des éléments qui viendront vous faire sursauter au moment où vous vous y attendrez le moins.

Les commandes sont très faciles à prendre en main pour un néophyte et sont presque en tout point identiques à Night Alone : le tout vous sera expliqué de manière très rapide et très intuitive dans les premières minutes du jeu.

Vous devez explorer une forêt puis une ville divisée en différents secteurs, dans laquelle vous finirez par être attaqués par de nombreux esprits. Le truc, c’est qu’ils peuvent vous attaquer, mais vous ne pouvez pas vous défendre contre eux, vous n’avez pas la possibilité de riposter à leurs attaques. La seule solution pour vous sera d’utiliser le décor et les éléments à votre disposition dans l’environnement, comme des buissons, des panneaux ou des barrières, pour vous cacher tant bien que mal.

Nope nope nope nope I'm out Aaaaaaaaaaaah

Un joueur de Yomawari devant un carrefour

L’exploration est généralement récompensée, mais… qui aime explorer dans un jeu d’horreur où un démon peut vous tomber sur le paletot à tout moment ? Progresser et mourir ou trouver un objet et mourir sans progresser ? Un dilemme toujours présent dans Yomawari, parce que chaque pas que vous faites vous remplit d’inquiétude et d’angoisse (ci-contre, un joueur ayant pris le mauvais chemin). Petite nouveauté à noter au passage par rapport à l’opus précédent tant qu’on en est à parler d’exploration : vous pouvez maintenant rentrer dans les maisons ! Cela peut sembler un ajout sympathique qui multiplie les possibilités de trouver du matériel sympathique, mais le souci, c’est que… les démons rentrent aussi dans les maisons et leur échapper dans un espace plus confiné est une tâche des plus ardues.

Si vous avez joué à des jeux comme Outcast, vous ne serez pas dépaysé avec le principe de fonctionnement de votre lampe de poche, qui vous permettra de déterminer la position de vos ennemis et le chemin le plus sûr pour les éviter, mais qui pourra aussi leur révéler votre présence.

Il vous est impossible de compter simplement sur la vitesse de votre personnage pour distancer un démon. Vous devrez vous cacher. En effet, une jauge d’endurance vient restreindre vos mouvements pendant votre fuite et ce n’est pas tout : cette jauge évolue aussi en fonction de la pression artérielle et du niveau d’anxiété de votre personnage, qui peuvent rapidement évoluer ne serait-ce qu’à cause du son de votre propre coeur qui bat. Plus vous stressez, plus la jauge diminue. Tant que vous trouvez un chemin bien à l’abri des regards prédateurs, pas de souci. Mais c’est rapidement plus compliqué quand il s’agit de traverser un espace découvert...

Au rayon des nouveautés par rapport à la première mouture de la licence, on retrouve aussi l’utilisation de charmes, qui vous permettent de faciliter votre progression en vous offrant la possibilité de transporter plus de cailloux (que vous pouvez utiliser pour distraire les démons comme, entre autres, avec des avions en papier), vous rendant plus difficilement détectable par les monstres ou en augmentant votre jauge d’endurance, par exemple. À vous de trouver ces charmes et de les utiliser à bon escient pour faire en sorte de personnaliser votre expérience et vous simplifier ou non la vie dans une expérience qui, si elle fait peur, n’est pas pour autant extrêmement dure.

Des sprites qui font de très beaux esprits

Overworld Mountains3

En terme de graphismes, pour être honnête, pas de réelle évolution par rapport au premier jeu, mais c’est toujours très agréable à regarder. Les sprites sont nets et détaillés, les décors et environnements sont parfaitement intégrés dans l’atmosphère glauque et étrange du jeu et le contraste entre le style enfantin rigolo et souriant des jeunes filles et les monstres gigantesques et terrifiants qui les pourchassent est juste parfait. On a vraiment l’impression de se retrouver embarqué dans une saga gore des plus prenantes et malgré les sursauts ou les frissons, on a envie de voir où cela nous mène. Et on ne le répètera jamais assez : le jeu a vraiment été pensé pour vous surprendre et vous fera sursauter sans que vous le voyiez venir, car les développeurs ont véritablement su se montrer créatifs.

Un point vraiment frustrant qui perdure dans ce nouvel épisode et qui était déjà présent dans le premier jeu de la série est la gestion des points de sauvegarde. Franchement, vous ne voulez VRAIMENT pas mourir dans ce jeu, surtout dans une situation vraiment critique, car si vous passez l’arme à gauche, vous êtes bons pour reprendre l’aventure bien plus tôt, revivre les mêmes séquences terrorisantes encore et encore, jusqu’à ce qu’elles en deviennent lassantes. Perdre est facile dans ce jeu, parce que même si les démons ne sont pas extrêmement intelligents, on dira qu’ils ont souvent une très bonne vue et le moindre bout de peau qui dépasse les attirera, avec des conséquences toujours funestes. Il est quasiment impossible pour un joueur de finir le jeu sans mourir dans son premier parcours et c’est ce qui rend ce détail encore plus frustrant : il n’y a rien que vous puissiez faire du premier coup contre un démon qui vous tombe dessus immédiatement après avoir poussé un cri terrifiant, mais vous saurez à quoi vous attendre une fois revenu du point de sauvegarde à Pétaouchnok-les-bains. Vu que la fin du jeu est bourrée de ces phases dans lesquelles il faut être pris pour être appris, c’est rapidement frustrant.

Crache ton oni (pas giri), Myrhdin

En toute honnêteté, ce Yomawari: Midnight Shadows ne paye pas de mine et gagne à être connu. C’est une expérience bien plus terrifiante que le White Day que nous testions il y a quelques semaines, car l’élément de surprise est là extrêmement bien exploité. L’histoire est fantastique mais pas ridicule, elle n’est qu’un bon prétexte à un jeu d’horreur, les graphismes sont excellents et jouent très bien sur les différences entre les deux héroïnes et leurs opposants démoniaques et la bande-son soutient le tout avec brio. L’ambiance reste toujours oppressante et on est toujours sur le qui-vive, dans l’attente résignée, mais étonnamment curieuse, de la prochaine terreur qui viendra nous faire dresser les poils sur les bras.

Si vous cherchez une aventure effrayante qui viendra vous chambouler et vous hanter en vous proposant une histoire originale bien plus complexe qu’il n’y paraît, l'atmosphère pesante et troublante de Yomawari: Midnight Shadows méritera votre attention.

Test réalisé par Myrhdin à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes PlayStation 4, PlayStation Vita, Windows
Genres Indépendant, survie, survival-horror, contemporain, fantasy

Sortie 27 octobre 2017 (Europe) (PlayStation 4)
27 octobre 2017 (Europe) (PlayStation Vita)
27 octobre 2017 (Europe) (Windows)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.