Test de BattleTech

BattleTech… cette licence suscite la nostalgie chez pas mal de vieux joueurs PC, voire même Amiga ou Commodore 64. Cette série, vieille de 30 ans en version jeu vidéo, est issue d’un jeu de société sorti en 1984 et avait un peu disparu des horizons vidéoludiques, au grand dam des fans de celle-ci. Je ne prends pas beaucoup de risques en disant que le jeu est attendu au tournant. Alors, ça donne quoi ce BattleTech ?

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Comme je l’ai dit dans l’intro, BattleTech (et la licence MechWarrior qui y est liée) possède un univers vaste, riche, avec un paquet de produits dérivés tels que des jeux de rôle et des romans. De nombreux fans ont écrit des fanfiction dans l’univers de BattleTech. Tout cela réuni a clairement pu soulever un gros enthousiasme à l’annonce du Kickstarter lancé par Harebrained Schemes en 2015. La campagne demandait 250 000 euros : pas de quoi révolutionner le genre, mais de quoi faire un bon jeu indé. Néanmoins, grâce aux fans, qui étaient en manque depuis 2004 (ouais, parce que MechWarrior Online n’a jamais existé…), le Kickstarter a tout explosé pour attendre plus de 2.7 millions de dollars, plus de 1000% du budget demandé initialement ! Ça va quoi… mais du coup, avec plus de 45 000 contributeurs de base à la campagne, le jeu a pris des proportions bien plus ambitieuses et s’est rapidement fait repérer par un très grand nom du jeu de stratégie : Paradox. Les géants suédois se sont associés aux développeurs de Harebrained Schemes, leur donnant ainsi une vitrine et une logistique supplémentaire pour appuyer le jeu.

Un jeu de stratégie à l'ancienne

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Car oui, contrairement aux derniers jeux de la licence, ce nouveau BattleTech est un jeu de stratégie au tour par tour. Les derniers MechWarriors étaient tantôt un jeu de tir, tantôt un jeu de stratégie temps-réel. Cependant, l’univers se prête parfaitement au style choisi par les développeurs et les gars qui jouaient dans les années 90 ont vieilli eux aussi, devenant exigeants en termes de gameplay. En plus, on revient un peu aux origines de cette licence avec les jeux de figurines des années 80.

Un petit temps de gestation plus tard, en 2017 pour être plus précis, les premières vidéos et informations commencent à apparaître sur la toile et nous filent un aperçu déjà fort élogieux de BattleTech. J’ai pu mettre la main sur le jeu déjà à la Gamescom, l’année dernière, et je n’avais qu’une seule hâte : mettre la main sur le jeu final, car ce que je voyais avait certes encore du chemin à parcourir, mais l’ambiance était là.

BattleTech, son univers impitoyable

Bref, nous y voilà, le jeu est sorti depuis quelques jours maintenant et une chose est sûre : le boulot fait sur l’histoire rendra très heureux les vrais fans de l’univers de BattleTech/MechWarrior. Pour ceux qui ne connaissent pas vraiment, l’univers du jeu est un mix entre le médiéval traditionnel et le space opera. De grandes familles nobles règnent dans l’univers et jouent entre elles à un jeu de pouvoir, à coup de guerre, de trahisons, de diplomatie et autres arrangements. Évidemment, à l’instar de notre époque médiévale, la géopolitique est… très fragile et les situation peuvent dégénérer très vite.

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Le jeu nous place du côté de la famille noble Arano, qui règne sur la confédération aurigane. À la mort du Seigneur Tamati, son frère fomente un coup d’État et s’empare du trône qui revenait de droit à Lady Kamea, fille de Tamati. Obligée de fuir, elle est tuée lors de son évasion et c’est Santiago Espinosa, le frère du Seigneur Tamati, qui prend les rênes du pouvoir et impose une nouvelle forme de gouvernement, soit disant plus fort, le directorat aurigan. Bref, une bonne histoire bien épique qui nous situe en plein milieu de ce conflit.

L’histoire est complexe et vraiment bien écrite, les voix et les bandes-son qui les accompagnent sont de très bonne facture. Malheureusement pour le public français, aucune traduction n’a été réalisée pour la sortie et il faudra donc maîtriser la langue de Shakespeare pour jouer au jeu. Bon, ce n’est pas un vocabulaire bien sorcier, mais l’histoire est assez intense et ça peut donc en rebuter certain. Je suis d’ailleurs déçu par cet aspect, surtout avec l’appui d’un Paradox derrière : je pense qu’il y aurait pu y avoir un peu plus de bonne volonté à ce niveau-là, surtout que lors de notre conversation l’année dernière, on m’a dit que c’était prévu. Bon ça l’est toujours… mais d’ici quelques mois… les traductions tardives ont tout de même tendance à faire un flan. En effet, en général, la hype de la sortie du jeu est déjà passée… mais bon, peut-être que pour le suivi ultérieur, ça vaudra le coup. Qui sait, avec la politique Paradox, le jeu sera peut-être extrêmement fourni en nouveau contenu et ça ne serait clairement pas pour me déplaire !

Beaucoup de libertés

Au-delà de l’histoire principale, vous serez très libre de vos mouvements ; et c’est tant mieux. Je ne l’ai pas encore précisé, mais si, au début, vous êtes un membre de la garde royale de la famille Arano, vous vous trouverez vite, suite au putsch de tonton Espinosa, à la tête d’une bande de mercenaires de l’espace qui bossent pour le plus offrant. Vous pourrez donc vous balader dans le système connu pour vous faire embaucher par tout un tas de personnes différentes, de factions différentes et vous bâtir une réputation. Celle-ci vous permet d’avoir un tas d’avantages, d’engager de nouveaux mercenaires un peu plus talentueux, d'acheter des Mechas, de débloquer l’accès à des missions, j’en passe et des meilleures. Un autre petit bémol est que le temps de chargement entre ces missions semble lent (ce n’est pas le cas chez moi, mais bon, j’ai la config qui est faite pour aussi) de l’avis général des joueurs. Ces missions, que vous pouvez faire en parallèle de l’histoire principale, sont nombreuses et permettent à vos pilotes de prendre de l’expérience, très souvent utile dans les situations critiques. Et des situations critiques, vous croiserez beaucoup.

Le jeu est exigeant et ne tolère pas l’erreur. Vous pouvez perdre un de vos pilotes sur un coup de moule-shot de votre adversaire ou le voir en incapacité de travail pendant 4 mois suite à des blessures. Du coup, avec des gars estropiés, impossible de réaliser des contrats… et vos C-bills, la monnaie du jeu, ne sont pas infinis : il faut payer les salaires de vos pilotes, l’entretien des Mechas, rembourser les prêts de ces voleurs de banquiers… tout cela coûte et vous pouvez finir en banqueroute/gameover si vous ne faites pas gaffe.

Et le gameplay dans tout ça ? 

 Là, j’ai parlé de tout ce qui est l’emballage du jeu, son univers, son histoire. Causons un peu gameplay, salissons-nous un peu les mains. Le jeu se découpe en deux temps : la gestion de votre équipage, de votre vaisseau, de ses Mechs ainsi que de ses pilotes et la partie combat en tour par tour tactique.

Dans la première, si vous aimez pouvoir gérer les détails, vous serez comblé. Les Mechas sont customisables à souhait, tant au niveau capacités que concernant le visuel qui l’accompagne. Vous voulez rajouter des lances roquettes ? OK… vous les mettez où ? Bras gauche, bras droit, sur le dos ? Sur l’épaule ? Vous n’imaginez pas à quel point on peut s’amuser. Votre seule limite est le poids que peut porter votre Mecha, celui-ci dépendant de sa classe. Il y a des modèles petits et agiles tandis que d’autres sont lents et lourds, mais puissants et pouvant encaisser. À vous de voir. Petit bémol d’ailleurs à ce niveau-là : on n’est absolument pas limité dans l’équipe qu’on envoie au sol. Vous pouvez très bien partir avec 4 Mechas ultra-lourds, ça passe… dommage, car les petits Mechas sont vite mis de côté, car très fragiles. Ça aurait été mieux d’équilibrer un peu l’escouade pour avoir un peu plus de challenge. Toutefois, ne vous inquiétez pas : malgré ce petit souci, vous aurez tout de même fort à faire pour survivre. Pour revenir à toute cette customisation possible, ça offre aussi une autre réalité au gameplay : si vous suréquipez un bras, celui-ci pourra très bien se faire détruire en combat et diminuer drastiquement votre puissance de feu pour le reste du scénario. En effet, chaque partie du Mecha est susceptible d’être détruite, arrachée ou mise hors service. Vous pouvez même viser (ou être visé) sur des parties très précises d’un Mecha. Vous pouvez, par exemple, cibler le cockpit du robot pour tuer son pilote et récupérer un Mecha quasi intact (je n’y suis pas encore arrivé, j’avoue).

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Les Mechas possèdent plusieurs jauges de points de vie/structure. Certaines sont réparées gratuitement après chaque bataille. Le reste devra être réparé par vos mécanos et ça coûte du temps et de l’argent. Si le problème de blessures pour les pilotes est gênant pour les activités du groupe de mercenaire, le fait d’avoir des Mechas endommagés ou indisponibles l’est tout autant. Sans oublier que parfois, les pièces détruites lors d’un combat peuvent être totalement bousillées et irrécupérables. Néanmoins, le jeu est aussi très généreux en loots et vous pourrez faire vos bidouillages grâce à votre récupération post-combat.

Tout ça, c’est un énorme point fort du jeu. En effet, piloter des monstres de mécaniques, on pourrait croire que c’est un jeu de bourrin et que la faction qui l’emportera sera la plus bourrine des deux… que nenni ! C’est un jeu hyper subtil et les combats possèdent de multiples objectifs. Il faudra gérer tous les aspects que j’ai cités en haut pour parvenir jusqu’au terme de la mission. En ce qui concerne le combat proprement dit, là aussi c’est plein de subtilités : angles de vue et angles de tirs permettant de toucher un côté spécifique d'un Mecha, dénivellations garantissant de rester caché, surchauffe des machines pouvant les forcer à se mettre en mode de sécurité (comprenez : couper les moteurs), vous exposant ainsi aux adversaires, différentes possibilités d’approches... De plus, le jeu propose une trentaine de Mechas différents avec des capacités très variées, du combat au corps à corps en passant au sniper : tout est envisageable. Il faudra bien être préparé et un côté aléatoire qui n’est pas la pour me déplaire peut venir changer toute une situation en une fraction de seconde !

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Conclusion

Bref, Harebrained Schemes nous sort ici un jeu de bonne facture, qui mériterait un petit coup de polish sur certains aspects, comme les chargements ou l’obligation de limiter le tonnage d’une escouade dans la campagne (parce que cet aspect est bien présent en multijoueurs, étrange) ou encore des versions localisées, mais ça serait une erreur d’attendre une VF, vous passerez à côté d’un jeu qui sent bon la nostalgie.

On se revoit dans le cockpit !

Test réalisé par Seiei à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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