Test de Carcassonne - Attention à la tuile

Les jeux de plateau, autrefois assimilé aux dimanches après-midi interminables avec mémé qui triche au Monopoly, sont revenus en force il y a quelques années. Très variés, très ludiques et pour tous les âges, ils se sortent dorénavant avec plaisir lors d'une soirée entre amis. Carcassonne est l'un de ces jeux à succès et il n'est pas étonnant de le voir aujourd'hui porté sur consoles.

Un jeu de tuiles...

Carcassonne (en version boîte) est ce qu'on appelle un jeu de tuiles : le but est de construire petit à petit (en l'occurrence ici des villes, des routes et des prés) en posant des tuiles en carton au bon endroit - bien sûr, le plus intelligemment possible dans le but de marquer plus de points que ses adversaires. Ce jeu conçu par l'Allemand Klaus-Jürgen Wrede a dépassé les 10 millions de ventes (extensions comprises) et fait maintenant figure de grand classique du jeu de tuiles.

Le principe est le suivant : chaque tour, chaque joueur tire une tuile qu'il doit placer sur la construction existante. À la manière de dominos, les côtés doivent coïncider : par exemple, un morceau de route doit obligatoirement être relié à un autre morceau de route pour pouvoir intégrer la série de tuiles déjà présentes. Après avoir choisi le bon endroit, vous pouvez poser un Meeple, petit personnage pouvant prendre la forme, entre autres, de Voleur ou de Chevalier. Le premier se met sur les chemins et vous sert à marquer des points  si vous parvenez à compléter une route (en la balisant avec des villages, par exemple). Le second, lui, prend place dans des villes que vous devez fermer par des remparts (c'est d'ailleurs pour cette raison que le jeu s'appelle Carcassonne). Il s'agit du principe de base et je pourrais aller plus loin en parlant des abbayes ou des champs et leurs Paysans, ou encore plus vous perdre en évoquant la dizaine d'extensions existantes qui viennent enrichir cet ensemble stratégique harmonieux.

... sur une console en forme de tuile

Même si j'ai chez moi le jeu de tuiles, je n'avais jamais eu l'occasion de le sortir avant d'obtenir un code pour le test. L'avantage à cela, c'est que j'allais pouvoir juger la capacité du jeu vidéo à apprendre les règles aux débutants. Et si mon paragraphe précédent vous a perdus, vous êtes très certainement concernés aussi, car Carcassonne n'a pas l'accessibilité d'un Kingdomino.

Carcassonne dispose d'un didacticiel qui vous est proposé lors de votre premier lancement. Ne faisons pas durer le suspens plus longtemps : celui-ci est totalement minimaliste et incroyablement mal foutu, si bien que j'ai dû étudier les règles papier ainsi que regarder sur internet après avoir vainement essayé de jouer deux parties sans rien comprendre à ce que je faisais. Le didacticiel ne vous parle par exemple pas du tout des paysans et vous vous retrouvez à coucher des Meeples sans comprendre pourquoi.

Une fois l'épreuve du didacticiel passée, place au jeu ! Celui-ci propose le minimum syndical, à savoir enchaîner des parties contre l'ordinateur ou des amis en local. Et c'est tout, rien de plus. Si la volonté est de respecter le jeu original, sa transposition sur consoles aurait pu être un peu plus extravagante. On aurait par exemple aimé avoir accès à des scénarios spéciaux, comme des parties mal engagées à remonter ou des variantes de règles. Certes, les petites musiques de fond sont agréables et la représentation 3D fait le boulot, mais on tourne étonnamment vite en rond.

Une toiture minimaliste

Il faut dire qu'en plus de cela, les options paramétrables sont assez peu nombreuses. Il est possible de désactiver le décompte de points lié aux prés et aux Paysans ou de masquer les tuiles restantes pour se rapprocher de l'expérience originale. Il est aussi possible de jouer avec des extensions, mais là encore la chute est douloureuse : il n'y a que les deux mini-extensions liées aux abbés et aux rivières (comprises dans la boîte de base du jeu de tuiles). Vous pouvez jouer avec la 1ère véritable extension de Carcassonne Auberges et Cathédrales, mais il vous faudra rajouter 7€ aux 20 déjà demandés par le jeu... et aucune autre n'est disponible pour le moment.

Le jeu est jouable en multijoueur (jusqu'à 6 joueurs), mais seulement en local. La question de préférer la version Switch à la boite en carton se pose vraiment, puisqu'à part pour un jeu nomade dans les transports ou pendant les cours d'espagnol de Mme Goudot, rien ne remplacera le toucher des tuiles autour d'une table avec vos amis et des petits amuse-bouche à picorer. Un mode internet aurait pu être un excellent ajout au regard du succès de simulateurs de jeux de plateau tels que Tabletop Simulator, mais il n'y en a malheureusement pas.

Le mot de la fin

La question n'est pas de savoir si Carcassonne est un bon jeu ou non. La version boîte est renommée dans le monde entier et ses mécanismes sont salués de tous les amateurs de jeux de stratégie plateau. En revanche, est-ce que Carcassonne sur Switch s'adresse à vous ?

L'avantage de la version "jeu vidéo", c'est de pouvoir jouer seul. Le problème, c'est que le tour du propriétaire est très vite fait et vous risquez ne ne plus jamais relancer après deux ou trois parties. Le fan inconditionnel pourra être intéressé, mais il sera forcément déçu par le manque d'extensions et le prix qui n'est finalement pas loin de la version carton. Si vous n'êtes pas regardant sur votre budget, ce jeu pourra éventuellement vous accompagner dans les transports en commun ou dans votre canapé devant votre série préférée, mais soyons honnêtes : si vous êtes intéressés par Carcassonne, le manque de contenu et de fonctionnalités ne justifiera en aucun cas l'achat de la version digitale en lieu et place de la version carton.

 Test réalisé par Malison à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes Nintendo Switch
Genres Occasionnel (« casual »), stratégie, médiéval

Sortie 29 novembre 2018 (France) (Nintendo Switch)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.