Test de FIA European Truck Racing Championship - Viens voir mon gros camion

Peu populaire en France, la FIA European Truck Racing Championship (ETRC) se dote d'un jeu officiel concocté par Bigben Interactive. Mettant en compétition des camions surpuissants dans des courses spectaculaires, le championnat tente de se faire une place sur nos télévisions avec un jeu qui insiste sur une reproduction fidèle de la réalité. 

On vous l'avoue volontiers dès maintenant : la compétition "ETRC" est une énigme pour nous, le championnat d'Europe de courses de camions n'étant ni populaire ni diffusé dans nos contrées. Pourtant, c'est une discipline qui semble attirer du monde, en Allemagne et en Europe de l'est notamment. Alors, quand on nous a proposé d'aller jeter un œil au jeu officiel de la compétition, la curiosité l'a emporté et nous nous sommes retrouvés aux commandes d'un camion virtuel pour des sensations assez improbables.

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Un gros bébé de cinq tonnes

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Curieusement faciles à manœuvrer, ces camions à la puissance déconcertante demandent tout de même une certaine technique pour les maîtriser. Avec une forte tendance à survirer, les camions nécessitent une concentration toute particulière à l'heure d'aborder les virages, avec un comportement relativement différent de ce que l'on a l'habitude de voir en matière de simulations automobiles. Surtout que le jeu ETRC est assez radin en aides à la conduite et sans être particulièrement difficile, il nécessite tout de même une courte période d'apprentissage pour ne pas finir dans le gravier trop souvent. Le meilleur moyen d'apprendre est à voir du côté des "permis", un peu à la manière d'un vieux Gran Turismo, qui nous proposent une série d'épreuves à remplir lorsque l'on commence le mode carrière. De l'accélération au virage en passant par la gestion de la température des freins, ces permis permettent non seulement de comprendre le comportement des camions, mais aussi la gestion des courses. En effet, plus qu'une voiture de course habituelle, les freins sont soumis à une pression terrible qui les use très rapidement, nécessitant un soin particulier : éviter des coups de frein trop violents si on veut tenir sur une course assez longue, mais surtout gérer la réserve d'eau. Cette dernière permet de projeter de l'eau à notre convenance sur les quatre freins afin d'en diminuer la température, le jeu nous indiquant que la température idéale pour avoir des freins performants sans trop les user se situe entre 250 et 500 degrés. Un élément qui se révèle assez intéressant pour un jeu de courses, car on trouve là une forme de stratégie dans l'utilisation de la réserve et dans notre manière d'aborder les virages : il est souvent plus utile de freiner plus tôt que ses concurrents pour ne pas utiliser notre eau ou certaines fois de prendre tous les risques avec les freins pour dépasser nos adversaires dans les derniers virages. Pour le reste, les courses sont très disputées et les portières prennent des coups, avec des pistes qui semblent trop petites pour laisser passer plusieurs camions et l'impossibilité de trop s'écarter sur les chicanes à cause des cônes de pénalité installés ici et là. Pour être sincère, on s'est bien amusé à découvrir la discipline, qui dispose d'un très gros potentiel vidéoludique de par ses spécificités (la gestion de la température, l'agressivité et la puissance des véhicules) et les sensations qu'elle offre. Le survirage caractéristique des véhicules ETRC propose une conduite technique et jamais ennuyante, avec des courses où tout peut basculer sur un virage assez simple. Le jeu propose en outre une catégorie "World Series" avec des camions plus rapides qui survirent beaucoup moins, mais on doit avouer qu'elle est moins intéressante à jouer.

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Le jeu propose les huit circuits officiels de la compétition, ainsi que six supplémentaires pour la catégorie "World Series". On y retrouve en plus vingt équipes et une quarantaine de véhicules disponibles, pour un ensemble très complet bien que les modes de jeu soient très classiques. Course rapide, multijoueur ou carrière, on en fait vite le tour et c'est ce dernier mode qui nous intéresse le plus. Une carrière où on doit faire nos preuves et acquérir des points de popularité pour signer un contrat d'une saison dans une écurie, en commençant d'abord par des piges sur quelques week-end de courses. Des week-ends qui consistent en quatre courses sur le même circuit, avec des qualifications et super pole afin d'être dans les meilleures dispositions pour la première course. Pour la suivante, on inverse la pole afin de donner toutes leurs chances aux suivants, un peu à la manière de la course de sprint en Formule 2 cette saison.

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Si Bigben et N-racing proposent un jeu relativement complet et des sensations de conduite intéressantes, ils n'échappent toutefois pas à deux gros points noirs qui entravent réellement le plaisir de jeu. À commencer par l'intelligence artificielle, très agressive - et c'est un bon point pour ce genre de course -, mais qui offre assez peu de challenge une fois maîtrisé le jeu. Un challenge qu'elle tente d'accentuer en trichant un peu, avec une certaine faculté à couper dans les virages et à rouler sur les cônes de pénalité sans jamais vraiment recevoir de pénalité, ce qui a le don de frustrer à plusieurs reprises. L'autre point noir, c'est l'aspect visuel du jeu et son moteur qui a beaucoup de mal à tourner sur consoles.

Beau comme un camion ?

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Développé sur KT Engine, le moteur créé et utilisé par Kylotonn sur V-Rally ou la licence WRC est curieusement très moche sur consoles. Testé sur Xbox One, le jeu souffre d'un aliasing terrible et sembler tourner dans une résolution très basse, avec en prime des éléments qui s'affichent très tardivement à l'écran. ETRC est moche, très clairement, et il est difficile de le qualifier autrement. Les effets climatiques sont sommaires, la modélisation des véhicules rapidement expédiée et les circuits font pâle figure face aux ténors du genre. Pourtant, le KT Engine, sans être exceptionnel, était agréable à l'oeil sur les autres jeux qui l'utilisent, alors on se demande sincèrement ce qu'il s'est passé pour que les développeurs de N-Racing livrent le jeu dans un tel état. D'autant plus que le jeu peine à tenir ses maigres trente images par secondes et souffre de chutes de framerate particulièrement handicapantes, notamment dans les virages où on est au duel avec un autre camion. Ces problèmes techniques empiètent très largement sur le plaisir de jeu, alors qu'on a du mal à comprendre comment un jeu aussi pauvre graphiquement peut avoir autant de mal à rester stable.

Quant au mode multijoueur, il est difficile pour nous de nous prononcer : après plusieurs essais sur une semaine, nous n'avons trouvé qu'une seule partie qui s'est déroulée de manière relativement correcte. Difficile de savoir si le mode multijoueur est déjà dépeuplé ou si on n'y jouait pas aux bonnes heures, mais on ne pourra pas en dire plus.

Conclusion

"Pourquoi pas", voilà les mots qui nous viennent à l'esprit au moment de conclure sur ETRC. Discipline sportive méconnue dans nos contrées, le championnat de courses de camions se révèle curieusement bien adapté à la pratique vidéoludique grâce à des courses palpitantes et spectaculaires. Si le jeu arrive plutôt bien à rendre compte des qualités de la discipline, il souffre malheureusement d'une IA frustrante et de performances assez lamentables, rendant le tout plutôt indigeste sur la durée malgré une première approche agréable. On ne peut toutefois qu'encourager le studio qui a été au bout de son idée, en espérant pourquoi pas un futur épisode qui vienne gommer ces soucis qui font de FIA European Truck Racing Championship un jeu plutôt difficile à conseiller pour le moment.

Test réalisé par Hachim0n sur Xbox One à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes Nintendo Switch, PlayStation 4, Windows, Xbox One, Xbox One X
Genres Course, simulation, contemporain

Sortie 18 juillet 2019 (Monde) (PlayStation 4)
18 juillet 2019 (Monde) (Xbox One)
18 juillet 2019 (Monde) (Windows)
5 août 2019 (Monde) (Nintendo Switch)

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