Aperçu de la démo de Trials of Mana - Au delà d'une première impression difficile, un remake prometteur

Dès son annonce, le remake de Trials of Mana, titre mythique qui n'avait jamais franchi nos frontières, a enthousiasmé les joueurs. Square Enix a pris la décision de passer d'une vue de dessus à une vue de dos moderne, nous plongeant ainsi au cœur de l'action. Les bandes annonces largement propagées sur la toile ont d'ailleurs fait monter cette impatience, dévoilant les transformations des joueurs au fil du temps, des mécaniques de jeu actuelles, des cinématiques en 3D et tout ce qui fait le charme d'un jeu moderne. Annoncé pour le 24 avril 2020 sur Switch, PlayStation 4 et Steam, Square Enix a mis à disposition de tous une démo de deux heures permettant de se faire un premier avis.

Trials of Mana

Seiken Densetsu 3 est à l'origine un J-RPG 2D orienté action, publié par Squaresoft en 1995 sur Super Famicom. C’est la suite jamais parue en occident du cultissime Secret of Mana. À la grande surprise de tous, une version intégralement traduite en français du jeu d’origine est sortie à l'été 2019 sur Nintendo Switch.
L'action s’y déroule dans des tableaux 2D vus de dessus à vocation labyrinthique. Si sur le papier le gameplay de Seiken 3 est assez simple (un bouton d'attaque et un menu pour pauser l'action et lancer des sorts), dans la pratique le système de jeu est riche et complexe. Le joueur choisit une équipe de trois personnages sur six et les spécialise tout au long du jeu, ce qui les rend plus forts, mais limite aussi leurs compétences. Tout est donc question de choix, pour créer une équipe unique qui répond à vos envies, et de rejouabilité étant donné le nombre de possibilités qui s'offrent aux joueurs au cours de cette aventure épique.

Premier contact difficile…

Mon premier contact avec la démo de ce remake, Trials of Mana, a été très décevant. Une prise de conscience brutale que, malgré le travail de Square Enix pour transformer le jeu en 3D, nous sommes dans la continuité de ce qui a été fait pour le remake de Secret of Mana. Dès la cinématique d'introduction du personnage principal, le décalage entre ce que promettaient les trailers et la réalité choque. Les dialogues d'origines semblent conservés, et sont joués par des personnages avec animations faciales, mais la mise en scène à base de plans quasi-fixes est molle et les doublages en anglais sont joués de façon affligeante. Pire, ce qui tenait de l'humour cartoon en 2D parait ridicule transposé tel quel en 3D, à l'exemple de ce marchand qui agite les bras comme un gros bébé dans son lit,ou des rires sardoniques de la sorcière du désert. Le chara design est à base de clichés de japanim avec des vilains en cape aux regards méchants et des greluches à gros seins bien mis en avant, donnant un rendu anime de seconde zone des plus navrants. Dommage collatéral du passage en 3D, le temps de narration est doublé.

Arraché à l'histoire par la technique, tous les défauts me sautaient aux yeux : des gros temps de chargement sur PlayStation 4 aux angles de murs sans relief, des textures sur les personnages qui chargent en cours de cinématique aux flous d'arrière-plan grossiers. Il m'a fallu un certain temps pour accepter la réalité : ce remake en 3D sous Unreal Engine n’est pas sur une grosse production comme par exemple son cousin Dragon Quest XI. Trials of Mana est un jeu fait avec des moyens limités et donc une production qui a fait des choix et des concessions techniques, un peu à l'instar de ce que fait le joueur en jeu avec son équipe au cours du jeu.

Un univers encourageant

Rationalisons. Après tout, la narration n'est pas ce qui occupe le plus le joueur dans Trials of Mana, le coeur du jeu est l'exploration de zones labyrinthiques en affrontant des hordes de monstres. J'ai donc insisté : passage des voix en japonais, saut des phrases une fois les dialogues lus, tout devient plus digeste. Notons au passage qu'il y a du très bon dans nos oreilles : les thèmes musicaux de la version Super Famicom ont été retranscrits fidèlement dans cette nouvelle mouture et se montrent très agréables.

Une fois le blabla expédié, on se retrouve donc à arpenter une première zone avec notre personnage principal. L'exploration est enthousiasmante. Nous sommes plongés dans de vastes zones continues, propices à la découverte. Un soin tout particulier semble avoir été apporté au level design, proposant un terrain de jeu moderne, fonctionnel et fluide, rempli de coffres et de petits bonus cachés à gauche et à droite. Le jeu améliore aussi sa navigation, signalant d'une petite étoile les personnes et endroits à visiter pour faire avancer l'histoire. Il s'enrichit également de cartes pour se repérer et semble jouer plutôt bien avec la présentation pour cacher les coutures, même si nous n'avons pu visiter que les deux premières zones de l'aventure. Reste donc à savoir si l'ensemble sera du même acabit.

Des systèmes de jeu prometteurs

À l'instar des zones, le système de combat a été entièrement repensé. Deux coups de base, des esquives, des attaques chargées qui remplissent les jauges de super, deux combos simples pour faire plus de dégâts ou des attaques de zone et des pouvoirs spéciaux ; le combat au corps à corps, bien que simple, est nerveux et se comporte bien. Le gameplay devient plus dynamique une fois qu'on dispose de plusieurs personnages dans l'équipe et qu'on commence à jongler de l'un à l'autre pour lancer les attaques spéciales de chacun, même si on peut aussi laisser une IA offrant de nombreux paramétrages agir toute seule.

Les boutons de tranche ouvrent des raccourcis permettant l'utilisation de sorts et d'objets paramétrés. Si ces actions rapides sont bienvenues, elles semblent manquer d'options de ciblage, en particulier pour les soins. Heureusement, une reprise du menu radial permettant de prendre le temps de bien choisir ses actions est également de retour. Les ennemis affichent sur le sol des zones d'effets de leur attaques spéciales, un peu à la façon d'un MMO, permettant de gérer la situation. Particulièrement avantageux sur le premier boss, ce système semble plus juste pour le joueur que les sorts imparables typiques de la série.

Le système d'évolution des personnages est au cœur du gameplay de Trials of Mana. Il faudra choisir trois personnages parmi six, avec des classes bien typées (chevalier, guerrier, voleur, magicien, sage et amazone). Le joueur sera amené à changer de classe deux fois dans la partie, spécialisant ainsi son équipe. L'avantage d'un tel système est le fort potentiel de rejouabilité : chaque partie sera différente, d'autant que selon le personnage principal choisi, la trame de l'histoire varie également.

Si la base est conservée, la réalisation a été entièrement modernisée. Dès la sélection de l'équipe, les écrans sont explicites et nous permettent de faire des choix éclairés. Une addition bienvenue tant le titre original était obscur, notamment sur des choix drastiques à faire. En jeu, c'est le même topo : les statistiques et les compétences à obtenir sont nombreuses et détaillées. Le joueur a le choix entre cinq axes pour faire progresser le personnage, débloquant ainsi des compétences. Petite originalité, certains de ces pouvoirs peuvent se partager au sein du groupe et on peut par exemple donner le bonus d'attaque du guerrier au soigneur.


Quelle bonne idée de sortir cette démo ! Si le choc et la déception sur la partie narrative sont grands, force est de constater que toute la partie gameplay est particulièrement alléchante : la refonte 3D des premières zones est cohérente, les combats sont dynamiques, fluides et le système d'évolution est riche et clair. Il faudra donc voir sur la durée si les forces de la proposition compensent des cinématiques cheap et parfois trop décalées. Personnellement, je suis content d'avoir digéré cet état de fait au-travers de la démo, me permettant de rester ouvert pour la suite. Si vous êtes attirés par ce titre, je vous encourage à faire de même, car passé une première impression décevante, ce remake de Trials of Mana est prometteur à bien des égards.

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