Test de Sakura Wars - Un reboot d'un autre âge

Célèbre série de T-RPG, les Sakura Taisen ont leur lot de fans grâce à un savant mélange de combats tactiques et de phases de visual novel où il est de bon ton de draguer les femmes qui composent notre escouade. Débutée sur Saturn en 1996, la saga a traversé les époques et les consoles, jusqu'à atterrir sur PlayStation 4 avec le reboot qui nous intéresse aujourd'hui. Sorti en décembre dernier au Japon, il débarque à peine dans nos contrées et divise déjà avec un choix fort : fini le tactical, place à du beat'em all. 

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Des robots et des femmes

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L'action prend place sous l'ère Taishō (début du vingtième siècle) à Tokyo, dans une réalité alternative où l'humanité souffre d'attaques régulières par des démons. Quelques années plus tôt, la capitale japonaise avait été sauvée par la Brigade des Fleurs, l'équipe chargée de défendre la ville au moyen de ses mechas surarmés lorsqu'elle ne donne pas des représentations au Théâtre impérial de Tokyo. Mais les années ont passées et la Brigade des Fleurs n'est plus ce qu'elle était : ses nouvelles recrues sont bien peu compétentes en comparaison de ses légendes, devenant même la risée du monde entier. Heureusement, un nouveau Capitaine est chargé de remettre la Brigade sur la bonne voie.

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On ne va pas tourner autour du pot : le choix du beat'em all est au mieux une erreur, au pire un désastre. On aurait pu rêver, quitte à bouleverser le système de jeu, d'avoir quelques combats épiques qui en mettent plein les yeux. Que nenni, la partie beat'em all du jeu se résume à parcourir des couloirs jusqu'à atteindre des grandes salles où les mêmes ennemis réapparaissent encore et encore, avec pour seul moyen de les battre un coup simple, un coup fort et un unique coup spécial. Les environnements se ressemblent tous, avec au choix une usine, une sorte de caverne ou un stade. Les mechas ont certes le mérite de se déplacer relativement vite, mais ne bénéficient d'aucune sorte d'agilité, à tel point que le système d'esquive est une plaie, tandis que la poignée de bosses n'opposent pas vraiment de résistance à cause de leurs malheureux patterns. Quant aux ennemis lambda, dans la mesure où on les découvre pratiquement tous dans les deux premières heures de jeu, il serait bien compliqué de les craindre. Une vraie menace toutefois : les ennemis volants, mais uniquement parce que l'absence de lock et l'inertie douteuse des sauts rend leur ciblage compliqué. C'est un comble pour un jeu qui a bâti sa réputation autour de son gameplay, même si ses produits dérivés ne sont pas non plus étrangers à sa popularité. À ce propos, on a essayé la série animée qui accompagne le jeu, actuellement diffusée chez Wakanim et... ce n'est pas bien mieux.

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En parlant d'animation, celle-ci est signée par le studio Sanzigen, à qui l'on doit notamment les cinématiques de Fire Emblem : Three Houses. Un peu à la manière de ce qu'ils ont fait dans ce dernier, ils mélangent la 2D et la 3D pour une animation qui fait très cheap et dépassée à peine sortie. Jamais le jeu ne parvient à passionner avec son animation, pourtant les phases jouées avec le moteur de jeu restent plutôt propres grâce à une direction artistique qui se fait plaisir du côté des environnements de ce Tokyo des années 1920. Le mélange de l'ère Taishō à des machines tout droit sorties de l'imaginaire steampunk est un vrai plaisir visuel. Les meilleurs moments sont à voir du côté de la partie en visual novel, où l'on se contente de balader notre héros dans le théâtre et quelques rues de Tokyo où les petits problèmes des protagonistes occupent l'essentiel de l'intrigue. Fort heureusement, les phases de combats sont finalement peu nombreuses (hormis sur la fin), alors on trouve quand même un peu de plaisir à découvrir tous les personnages qui nous accompagnent en essayant de draguer un peu tout le monde. Les femmes qui composent la Brigade (dont une beaucoup trop jeune, sérieusement) ont en effet chacune leur petite histoire qui se découvre au fil des conversations. Si l'ensemble est toujours très cliché et mal mis en scène, cela fonctionne grâce à des personnages attachants et plutôt bien doublés (voix japonaises uniquement, sous-titres en français). Notons d'ailleurs que ces éléments d'histoire sont les seuls sur lesquels on a une légère influence, puisque chaque demoiselle offre une scène de fin différente, pour peu qu'on l'ait choisie au moment fatidique. 

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Malheureusement, ces moments d'éclat visuels et narratifs cachent une réalité beaucoup plus dure : les phases de combat se déroulent dans des arènes très pauvres visuellement tandis que les mechas ne risquent pas de révolutionner le genre. Additionné à la pauvreté du gameplay dont on parlait précédemment, le résultat est assez terrible à encaisser. Alors, on prend quand même du plaisir sur les séquences de visual novel, mais chaque nouveau combat est un rappel de ce qu'est vraiment le jeu : quelque chose de fondamentalement cassé. Les ambitions sont bien trop basses pour espérer quoique ce soit d'autre qu'un jeu paresseux où tout semble être fait à moitié, à tel point que les phases d'action se contentent de recycler encore et encore la même chose. Néanmoins, la plus grosse déception est à mettre au rang du chara design. Contrairement aux précédents épisodes de la série, les personnages n'ont pas été créés par Kosuke Fujishima, mais par Tite Kubo, le créateur du manga Bleach. Si on peut bien comprendre la volonté de faire table-rase du passé, bien que le jeu s'y accroche en proposant quelques portraits des héros des autres opus à récupérer ici et là sous forme de collectibles, on reste dubitatif face à un chara design très générique sur lequel le mangaka ne semble pas avoir dépensé beaucoup de temps et d'énergie. 

Aussi charmant qu'épuisant

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Cependant, ces personnages génériques ne sont-ils pas le moindre mal ? Quand on voit l'état des boss, des ennemis et des antagonistes, on en vient presque à trouver les héros plus réussis qu'ils ne sont. Aussi charmantes qu'elles le soient, les membres de notre escadron ont au moins le mérite de nous permettre de passer de l'une à l'autre lors des combats pour diversifier un peu les approches, car chacune a sa propre arme. Malheureusement, il ne faut pas compter sur le moindre système de niveaux ou de compétences pour renouveler l'ensemble ou même à un moment de grâce de la bande-originale qui nous ferait rêver pour faire passer la pilule. Celle-ci peine à se distinguer en combat, tandis que les phases de visual novel souffrent d'une bande-son qui se répète malgré un premier contact plutôt réussi.

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En réalité, le problème se situe certainement là. Sakura Wars nous donne l'impression d'être bloqué dans un tutoriel où l'on apprend les combos de base, encore et encore (et avec la même bande-son en fond) en attendant de les maîtriser et d'apprendre des choses plus compliquées par la suite. Le problème est que ce tutoriel dure une vingtaine d'heures et qu'une fois terminé, on n'a rien d'autre qu'un générique de fin pendant lequel on s'interroge sur le bien fondé de ce que l'on vient de faire. Non pas parce que l'histoire nous interroge d'une quelconque manière, mais parce qu'on a passé plus de vingt heures à draguer des jeunes femmes en souffrant à chaque combat à cause de leur répétitivité, comme si on allait obtenir quoique ce soit à la fin. On a bien accès en parallèle à un mini-jeu à base de Koi-koi, un jeu de cartes japonais, mais c'est quand même bien peu, tandis qu'un système d'entraînement débloqué en cours de jeu nous permet de rejouer les combats déjà effectués avec des personnages différents dans le but d'obtenir le meilleur score. À réserver seulement aux passionnés .

Conclusion

Quand le système de jeu semble plus creux et plus vieux que l'original qu'il prétend moderniser, il faut certainement s'interroger sur les choix qui ont été faits. Sakura Wars a au moins le mérite d'être charmant grâce sa Brigade des Fleurs dont on suit les aventures avec un plaisir certain, quand bien même les dialogues ont tendance à tirer sur la corde de clichés qui font office de fan service un peu douteux. Ses personnages prennent vie sans trop de mal et nous accompagnent tout au long d'une aventure qui serait bien moins supportable sans eux, car on a bien du mal à lui trouver d'autres qualités. Si ses séquences en visual novel sont plutôt jolies et agréables à l'œil, le character design est paresseux et les environnements vides des phases de combat nous renvoient directement une ou deux générations en arrière. Quant au système de combat lui-même, il ne se contente que du strict minimum en nous poussant à répéter encore et encore les mêmes actions jusqu'à l'indigestion, à tel point que l'on était bien content de passer à autre chose au bout d'une bonne vingtaine d'heures où la sympathique partie visual novel ne suffisait plus à cacher les insupportables phases à bord des mechas.

Test réalisé par Hachim0n sur PlayStation 4 à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes PlayStation 4
Genres Action, aventure, visual novel, asie, steampunk

Sortie 12 décembre 2019 (Japon)
28 avril 2020 (Monde)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.