Test de Against The Moon - Un deckbuilder qui s'éclipse

Les jeux mélangeant deckbuilding et roguelike se multiplient sur nos PC ces dernières années. Nous voici donc devant Against The Moon, un nouveau challenger qui risque d'avoir bien du mal à faire son trou.

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Au clair de la Lune

Against the Moon nous place dans un décor bien sombre. L’humanité a perdu le contrôle de la planète face à d’étranges créatures mi-organiques mi-robotiques, les Furos. Celles-ci ont été créées par les humains plusieurs siècles plus tôt avant d’être corrompues par l’influence de la Lune. L’humanité s’est quant à elle réfugiée à Arx, la dernière forteresse encore debout. Mais l’ancienne cité doit constamment renouveler ses stocks de Luma, une énergie mystérieuse dont tant de choses dépendent. Pour cela, Arx compte sur les Ultori, des guerriers d’élite envoyés en dehors des limites de la cité, là où l’ennemi est le plus dangereux. Et vous, vous contrôlez ces héros.

Nos héros

Des bases assez classiques

Against The Moon se présente comme un rogue-like à base de deckbuilding et dispose à la fois d’un mode histoire constitué de plusieurs chapitres ainsi que d’un mode de jeu baptisé Luma Run où la défaite signe la fin de votre partie. On peut donc noter immédiatement qu’aucun mode multijoueurs n’est au programme. Chaque mode de jeu vous place sur une carte à embranchements dont chaque étape représente un combat qu’il vous faut remporter pour obtenir des récompenses et poursuivre votre route vers un boss final.

La carte

En combat, le plateau de jeu se compose d’un damier en deux parties. Vos troupes occupent les trois lignes de gauche, l’ennemi occupant la partie de droite. Le jeu se déroule ensuite en tour par tour simultané. Lors de chaque tour, vous pouvez utiliser une sélection de pouvoirs dans la limite de votre réserve de Luma (la mana locale). Ces pouvoirs peuvent aussi bien être des sorts (de dégâts, des buffs pour vos unités ou des débuffs pour les ennemis) que des invocations de créatures. À l’image de ce que l’on voit dans pratiquement tous les jeux du genre, les créatures que vous invoquez possèdent des statistiques défensives (points de vie) et offensives (points d’attaque) ainsi qu’un coût d’invocation. Classique.  Au terme de chaque tour, les créatures s’affrontent, lignes par lignes, et l’excédent de dégâts d’une ligne est infligé à l’ennemi ou à l’Arx, l’entité qui vous accompagne au combat. Le premier dont les points de vie tombent à zéro a perdu.

Derrière ce principe assez simple et basique se cache pourtant un jeu plus profond qu’il n’y paraît, car plusieurs subtilités s’ajoutent. D’abord, et on insiste là-dessus, chaque ligne constitue une escouade indépendante et il n’y a que peu d’attaques permettant de toucher une cible située dans une autre escouade, ce qui implique qu’il faut défendre chaque ligne. De plus, la plupart des créatures, alliées comme ennemies, possèdent des habilités qui s’activent à l’invocation (protéger l’escouade avec un bouclier par exemple) ou à chaque tour (augmenter votre réserve de Luma). Cela renforce encore l’importance du placement, d’autant qu’on ne peut en invoquer qu’un nombre assez réduit par tour. Heureusement, vous conservez les pouvoirs non utilisés d’un tour à l’autre, ce qui étend un peu les possibilités tactiques. Ceci dit, le jeu semble plus mettre l'accent sur le positionnement que sur les synergies entre unités.

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Un autre point à prendre en compte est la présence des Ultoris. Habituellement au nombre de trois (le jeu final devrait vous permettre de composer votre groupe parmi plusieurs Ultoris), ces personnages sont grossièrement des héros sur le champ de bataille qui sont présents dès le début de l’affrontement, à raison d’un par ligne. Si ces personnages ne sont pas particulièrement puissants en termes de statistiques, ils possèdent tous un pouvoir héroïque que vous pouvez utiliser en échange de points d’énergie, une ressource qui augmente automatiquement d’un point par tour, ou plus avec certains sorts. Si certains de ces pouvoirs peuvent se révéler toujours utiles, comme celui qui renouvelle votre main, d’autres ont le défaut d’être bien plus aléatoires. Ainsi, Ghaldir possède le pouvoir d’étourdir 3 ennemis, les rendant inoffensifs pour un tour, mais sans que l’on ait un quelconque choix sur les ennemis à étourdir. Un peu moche vu la tendance du jeu à vous noyer sous les unités ennemies.

Évolution et game design problématique

Rogue-lite oblige, Against the Moon possède son système d’évolution des unités et des personnages. Chaque victoire remportée sur le champ de bataille débloque donc quelque chose. Vous pouvez ainsi améliorer vos Ultoris le temps de la mission/du Luma Run, choisir un nouveau pouvoir pour agrandir votre deck ou améliorer un sort ou une unité. C’est ce dernier point qui me permettra d’aborder le gros problème que j’ai avec le jeu.

Je n’en ai pas encore parlé, mais sur le menu d’accueil se cache un menu très important : le laboratoire. C’est dans ce menu que vous pouvez dépenser la monnaie gagnée lors de vos runs pour effectuer des recherches qui s’apparentent à une véritable loterie dont le coût augmente à chaque nouvel essai. En effet, chaque recherche vous permet de découvrir un pouvoir déterminé aléatoirement, qu’il s’agisse d’un sort ou d’une créature à invoquer. Là où le système devient problématique, c’est que les évolutions de vos pouvoirs se débloquent de la même manière : aléatoirement. On peut donc, lors des missions scénarisées du jeu, se retrouver avec des unités imposées que l’on n'a pas découvertes et que l’on ne peut donc pas faire évoluer. Il est dès lors encore plus dommageable que rien n’informe le joueur sur les évolutions possibles des pouvoirs lorsque le jeu vous donne la possibilité d’en choisir pour améliorer votre deck.

Le labo
Le labo
Une créature que je ne peux pas faire évoluer
Une créature que je ne peux pas faire évoluer

Autre point m’a paru problématique durant mes sessions de jeu, le manque de moyens de cibler un adversaire précis dans une ligne. En effet, pour qu’une créature d’une ligne prennent des dégâts lors d’un tour, il faut qu’il n’y ait pas de créatures qui la précède dans la ligne (soit parce que la case est vide, soit parce que la créature qui l’occupait est morte). Ainsi, on peut se retrouver dans une situation (et c’est le cas lors de missions de la campagne) où une unité en tête de ligne est sous l’effet d’un sort de protection, rendant les unités derrière elle virtuellement impossibles à détruire. En l’état, le sort de protection est effectivement beaucoup trop puissant par rapport à ceux générant des boucliers. Alors certes, on trouve des créatures causant des dégâts à l’unité occupant la même position dans le camp adverse ou un sort permettant d’infliger des dégâts à une cible précise, mais ça m’a paru très léger. Un point à revoir donc.

Un point sur la technique et le contenu

Ce n’est pas sur la partie technique que l’on sortira réellement Against The Moon du lot. C’est correct sans être exceptionnel, même si les dessins utilisés pour la partie narrative de l’histoire sont plutôt réussis. On notera aussi que si le jeu est plutôt efficace quand il s’agit de communiquer au joueur le résultat qui l’attendra lors de la fin d’un tour, il manque également à l’occasion quelques informations sur l’interface. Comme ces boutons dont on ne ne découvre l’utilité qu’en appuyant dessus. On notera qu’une version française est présente ; c’est toujours bon à prendre.

Je dois également émettre quelques réserves sur le contenu présent à la sortie. Ainsi, la campagne se résume pour le moment à un prologue qui fait office de didacticiel et à un seul chapitre supplémentaire. Même son de cloche pour les Ultoris, dont seuls quatre sont présents. Autant dire qu’on tourne vite en rond lors des Luma Run, votre choix d’Ultoris en début de run déterminant votre deck de départ. Les développeurs nous annoncent toutefois une roadmap pour les prochains mois, que vous trouvez ci-dessous.

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Dans un marché surchargé de deckbuilders comme c’est le cas sur PC depuis quelques années, il est difficile pour un nouveau venu de faire son trou pour ne pas rester dans l’anonymat. Against The Moon risque fort de ne pas échapper à ce constat tant le jeu semble partir avec des handicaps. Sans mode multijoueur, doté d’un contenu solo rachitique au lancement et souffrant de certains choix de game design qui ne plairont pas à tout le monde, il est bien difficile de vous recommander ce jeu pour l’instant.

Test réalisé sur PC par Grim à l'aide d'une version fournie par l'éditeur

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