Test de Dry Drowning - Une expérience agréable, mais pas mémorable

À l'occasion de sa sortie sur Switch, nous avons eu l'occasion de jouer à Dry Drowning, sorti à l'origine en 2019 sur PC. Que vaut ce visual novel venu d'Italie ?

La boîte de Pandore

2066, Nova Polemos. Dans cette ville dystopique, tous les citoyens doivent utiliser le même système d'exploitation, qui permet au gouvernement de surveiller toutes les communications et de modeler le comportement des habitants grâce à une censure drastique. De plus, les frontières sont strictement contrôlées, que celles-ci soient numériques (il est impossible d'avoir des contacts avec l'extérieur) ou physiques (l'immigration est pratiquement impossible). Enfin, régulièrement, la population de Nova Polemos doit passer une évaluation, le "Patterson test", qui juge leur utilité sociale. Ceux qui réussissent le mieux peuvent être promus ou obtenir d'autres avantages. À l'inverse, ceux qui jouent - majoritairement des personnes âgées - perdent toutes leurs possessions et sont soit incarcérés soit exilés.

Un grain de sable s'est cependant immiscé dans cette belle machine : un tueur en série du nom de Pandore, qui sème la terreur en réalisant des meurtres inspirés de la mythologie grecque. La censure tente de contrôler l'information à son sujet, mais des rumeurs se répandent malgré tout, mettant en péril la stabilité de Nova Polemos.

Face à ce tueur en série, l'agence de détectives privés Foley Investigations, dirigée par Mordred Foley, ancien policier, et par son assistante, Hera Kairis. Six ans plus tôt, Mordred Foley pensait avoir enfin identifié l'identité de Pandore. Seulement, ce tueur en série étant extrêmement méticuleux, les preuves contre lui étaient trop minces pour le condamner. Mordred a donc décidé de fabriquer de fausses preuves, ce qui a permis la condamnation à mort du suspect. Cependant, quelques temps plus tard, la police a découvert que Mordred avait falsifié des preuves et entraîné la condamnation à mort d'un innocent. Si la culpabilité de Mordred n'a pu être prouvée, il n'est donc plus vraiment en odeur de sainteté au moment où débute l'histoire du titre.

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L'illusion du phénix

Dry Drowning est un visual novel dans lequel le joueur doit résoudre trois enquêtes, toutes liées à Pandore. Le jeu rappelle ainsi beaucoup la licence Phoenix Wright via ses différentes phases : le joueur doit collecter des preuves puis interroger suspects et témoins afin de déterminer la vérité. Il peut compter pour cela sur l'étrange faculté de Mordred : le détective privé voit apparaître des masques sur la tête des personnes mentant. Il est donc nécessaire de mettre en lumière leurs mensonges afin de les contraindre à dire la vérité. 

Ces mécaniques sont très basiques et ne s'enrichissent pas au cours de l'aventure. La licence Danganronpa, par exemple, pousse le concept beaucoup plus loin, offrant un plus large panel de possibilités. Cependant, ce n'est pas très grave, car elles font l'affaire : les enquêtes sont intéressantes à effectuer, même si les mécaniques de jeu sont simples.

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De plus, Dry Drowning repose sur un autre concept : les choix. Lors de chaque enquête, le joueur doit effectuer cinq choix. Ceux-ci ne sont jamais faciles à prendre : certains peuvent par exemple déstabiliser la dictature au pouvoir, mais ils ont un coût important. Ces quinze choix mènent à trois fins principales, qui ne prennent en réalité en compte que deux décisions. Néanmoins, plein de paramètres annexes sont aussi intégrés : les fins "A", "B" et "C" ne sont pas monolithiques, leur déroulement précis dépendant de vos autres décisions.

Livre audio

L'aventure dure environ 8h, plus un peu plus si vous souhaitez explorer les deux autres fins disponibles, que ce soit via le New Game+ ou en chargeant une sauvegarde antérieure. Pourtant, j'ai trouvé le ton assez long, faisant régulièrement des pauses avant de revenir au jeu. Comment l'expliquer ?

Tout d'abord, Dry Drowning est disponible en allemand, en anglais, en italien, en japonais, en chinois et en coréen. Vous l'aurez peut-être compris avec cette longue liste : il n'y a pas de version française. Ce n'est pas rédhibitoire, le jeu étant assez simple à comprendre dans l'ensemble, mais c'est quand même un défaut important pour un jeu aussi bavard, surtout qu'il est disponible dans plein d'autres langues. De plus, il ne propose aucun doublage : il n'y a qu'une oubliable petite musique de fond. La mise en scène n'est donc pas exceptionnelle, pour se contentent d'un euphémisme.

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En revanche, la direction artistique est vraiment intéressante. C'est rare que je le dise, mais j'ai vraiment accroché aux visuels du jeu, que je trouve vraiment beaux. En outre, le point le plus important, à savoir l'écriture, est de qualité : j'ai déjà dit que les choix étaient tous difficiles et nuancés, mais il en est de même pour les personnages. Tous sont crédibles, disposant de motivations compréhensibles. Il n'y a pas de grand méchant tirant les ficelles, seulement la banalité du mal. Enfin, le portage Switch est très propre : je n'ai été confronté qu'à un seul bug d'affichage durant toute ma partie et il s'est rapidement estompé.

Alors, pourquoi ressentir un tel sentiment envers Dry Drowning ? Il est en anglais et sans doublage, ce qui n'aide pas, mais c'est bien insuffisant pour justifier un manque d'attachement pour le jeu. Danganronpa contient les mêmes caractéristiques, pourtant il m'a beaucoup, beaucoup plus marqué. Cette référence aide cependant à comprendre la différence entre Dry Drowning et d'autres jeux, plus illustres : il est terriblement banal. Qu'il s'agisse de la ville de Nova Polemos, des thèmes du jeu ou de ses personnages, rien n'est vraiment mémorable. Cela contribue à la crédibilité de l'ensemble, certes, mais cela a aussi pour effet que dans la grande bibliothèque de la dystopie, on place plus volontiers Dry Drowning au fond d'un rayon qu'en pleine lumière.

Alors, qui est le coupable ?

Dry Drowning constituait un ambitieux premier projet pour le jeune Studio V. Le pari est globalement réussi, l'aventure étant sans fausse note, mais elle manque assurément de génie. Cela suffit pour créer un jeu que l'on recommande volontiers aux amateurs de visual novel, mais pas pour constituer un immanquable que l'on conseille les yeux fermés. Le titre a l'avantage de disposer d'une démo, tant sur Steam que sur Switch, ce qui devrait permettre aux joueurs de se faire leur propre avis. Espérons pour conclure que le studio construira sur ces bonnes bases afin de créer un prochain jeu plus marquant.

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Test réalisé sur Nintendo Switch par Alandring à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes Nintendo Switch, Windows
Genres Aventure, visual novel, criminel, futuriste / science-fiction

Sortie 2 août 2019 (Windows)
22 février 2021 (Nintendo Switch)

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