Test de Flow Weaver – Un accroc dans le tissu de la réalité

Beaucoup continuent à croire en la réalité virtuelle et à son incroyable faculté d’immersion. Plusieurs studios continuent ainsi à s’essayer à l’exercice. Avec Flow Weaver, on nous propose une sorte d'escape game où l’issue passerait par des mondes parallèles.

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Fraîchement diplômée de l’école qui a fait d’elle une magicienne, notre personnage se promène de dimension en dimension afin de parfaire ses connaissances. Malheureusement, son dernier saut prend une tournure inattendue : l’infortunée se fait intercepter par des forces inconnues et elle se retrouve enfermée dans une sorte de débarras, piégée par un sceau magique qui l’empêche de se déplacer. Comme si ce n’était pas suffisamment dramatique, sa boussole magique a perdu toute trace des autres mondes connus.

En fouinant ici et là, la jeune femme réussit toutefois à rejoindre une dimension voisine où on lui explique qu’elle est prisonnière d’une nécromancienne. Le précédent captif n’ayant pas fini dans les meilleures conditions qui soit, il lui faut trouver un moyen de se sortir de ce guet-apens tout en essayant de découvrir ce que recherchent ses ravisseurs.

I expect you to flow

Prisonnier du sort, le joueur ne peut pas se déplacer et doit se débrouiller tout en restant assis sur sa chaise. Il faut donc inspecter les alentours pour trouver quelque chose d’utile. Et il est bon d’insister sur le fait de jouer depuis une chaise : certains éléments peuvent se trouver un peu en contrebas et ce serait dommage de ne pas pouvoir les atteindre, car ils seraient en réalité sous votre canapé…

Mais très vite, le jeu donne accès à un sort qui permet de faire léviter les objets distants. Cela permet alors plus d’action et lance vraiment le cœur de l’aventure. Ainsi armé, d’autres dimensions ne tardent pas à s’ouvrir, toutes interconnectées d’une manière ou d’une autre. Et avec elles viennent de nouveaux sorts.

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Différents tableaux présentant des ambiances et énigmes différentes, la possibilité de faire léviter les objets pour activer des mécanismes lointains, le jeu a définitivement des allures de I Expect You To Die dans un enrobage fantasy. Pour ceux qui ne connaissent pas (c’est honteux, allez corriger ça de suite, surtout que le second va arriver), il faut à partir d'un point fixe manipuler des objets pour ouvrir des accès, activer des mécanismes, de manière à remplir l’objectif et ainsi terminer le niveau ; ou ici, pouvoir progresser dans la trame générale. Comme beaucoup de jeux en réalité virtuelle, l’immersion est accrue, car on bricole de ses deux mains, tout en étant constamment plongé dans des décors enchanteurs ou vertigineux.

Ostie d’glisseur !

L’idée générale est bonne ; après tout, elle repose sur les populaires escape games et des émules ont déjà fait leur preuve. Certains des mondes proposés ont leur charme et l’ensemble offre une agréable diversité.

Et bien entendu, il y a un “mais”. Car la finition de Flow Weaver témoigne malheureusement d’un manque flagrant de moyen.

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Le jeu est plein de petits détails pénibles : ces objets qui se heurtent à des murs invisibles, cette gestion des collisions catastrophique, ce bug qui fait qu’on peut ne plus avoir de son, les puzzles en cours qui se réinitialisent parfois… Ou encore l’obligation de toujours passer par le monde matériel pour aller d’un plan astral à un autre.

Il y a des moments où les énigmes ne sont pas très claires, parfois parce que les mécanismes sont un peu trop hétéroclites pour comprendre comment ils fonctionnent. Il y a bien le fatidique instinct/6ème sens/méditation magique qui permet d’identifier les points importants, mais il n’est pas toujours évident de comprendre ce qu’il attend de nous. On peut par exemple parler de ces objets qui, contrairement aux autres, ne se transfèrent pas quand on passe du monde matériel vers un autre monde ; comme rien n’indiquait qu’ils seraient différents, on pense de suite à un bug, on s’acharne, on cherche autre chose, on relance la partie… Pour finalement se rendre compte que pour ceux-là, leur utilité est autre.

Sur certaines mécaniques, le jeu semble d’ailleurs ignorer la grammaire mise en place par ses prédécesseurs. Certaines énigmes consistent à remettre certains objets à leur place. Généralement, dans ces cas-là, il faut les amener vers ce qu’on estime être l’endroit adéquat et l’objet se met aussitôt en place, comme s’il était aimanté. Dans Flow Weaver, rien de tout ça : l’objet se cogne comme un bâton sur une piñata. En fait, il faut penser à lâcher l’ustensile pour qu’il tombe en place. Le mouvement n’est absolument pas intuitif, surtout quand des gouffres infernaux se trouvent juste en dessous.

Le jeu a toutefois la délicatesse d’offrir une version française intégrale, texte et voix. Enfin, pardon : version québécoise. S’il est cocasse d’entendre parler des créatures magiques avec un tel accent, il arrive même que certains passages soient aussi peu compréhensibles que de la version anglaise. Il est possible d’activer les sous-titres, mais ces derniers seront dans la langue parlée : un anglais sous-titré en français est donc impossible. Divers réglages sont disponibles pour personnaliser l’affichage du texte ; une réglette permet par exemple d’ajuster la taille, l’amplitude allant de “bouillie de pixel” à “la ligne la plus basse dans un tableau de test de vue”. Ils cherchent quand même le bâton pour se faire battre, là.

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Flow Weaver partait avec les meilleures intentions : un concept éprouvé, de bonnes idées et une histoire intrigante. C’est malheureusement au niveau de la réalisation que le jeu pêche, ce qui entache la courte expérience qui est proposée. Et quand, en plus, l’aventure se termine en une sorte de “à suivre”, la déception n’en est que plus grande.

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Test réalisé avec un Oculus Rift par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.

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