Test de Idol Manager - Une douloureuse quête de gloire

En voilà un drôle de jeu. Comme un hommage à la saga des Idolm@ster qui n'ont jamais trop eu la chance de sortir du Japon, des développeurs indépendants s'intéressent au monde des idoles japonaises. Des jeunes femmes entraînées jour et nuit pour paraître les plus séduisantes possibles auprès de leurs fans, entre chant en groupe, danse, photoshoots et apparitions dans diverses émissions télé. Un monde intriguant qui pourrait bien être un contexte rigolo pour un jeu de gestion. Toutefois, Idol Manager est-il vraiment ce qu'on attend de lui ?

De la gestion des scandales

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Pour aborder Idol Manager, il est bon de vite comprendre ce dont il s'agit : le titre proposé par les indépendants de GlitchPitch n'est ni un clone des Idolm@ster, manquant notamment tout l'aspect jeu de rythme, ni un jeu de gestion très poussé. Au lieu de cela, Idol Manager est plutôt comparable à des jeux trouvables sur mobile, notamment les titres développés par l'éditeur Japonais Kairosoft, où il s'agit essentiellement de développer son activité en trouvant les bonnes combinaisons de production pour attirer de plus en plus de public. Ainsi, appliqué au monde des idoles, il s'agit souvent de sortir de nouveaux singles en associant un genre musical à une thématique des paroles, avec un style visuel particulier, en essayant de coller au mieux aux attentes du public tout en attirant de plus en plus de fans. On est donc véritablement dans le développement de l'activité plus que dans la gestion d'une agence d'idoles, avec une perpétuelle fuite en avant pour faire de plus en plus d'argent. Certes, le jeu tente d'y mêler un jeu de gestion des idoles, notamment avec le risque de scandales qui les entoure, leurs besoins et leurs humeurs, ainsi que la gestion de leurs paies pour s'assurer leur loyauté. Néanmoins, cela ne représente qu'un aspect minoritaire du jeu, tout comme une partie "dating sim" qui n'est pas vraiment intéressante ni pertinente sur le long terme.

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Dans Idol Manager, il s'agit essentiellement de recruter au fil du temps le meilleur personnel possible afin d'entraîner les idoles et augmenter le niveau de qualité de leurs productions. Cela passe par le recrutement de coachs vocaux et de danse, ainsi que par diverses installations qui facilitent et accélèrent leur évolution. Sans trop de personnalité, le jeu déshumanise assez largement les relations au sein de l'agence, à tel point que la gestion des idoles (en dehors des séquences de dating sim) se limite à les placer dans diverses salles de l'immeuble pour les entraîner ou bien les envoyer dans des opérations publicitaires ou des photoshoots pour s'assurer une rentrée d'argent immédiate. Entre deux entraînements, on organise la création de singles, en attribuant à chaque employé diverses composantes (musique, danse, paroles, production) ou bien on peut décider de créer des émissions télévisuelles, sur internet ou à la radio pour augmenter la visibilité de notre ou nos groupes. À cela, on ajoute quelques petites décisions à prendre en coulisses, telles que la possibilité pour les idoles d'avoir des relations amoureuses (un point hautement polémique pour les idoles au Japon) ou la possibilité d'avoir un compte sur les réseaux sociaux - contrôlé ou non par l'agence. Si Idol Manager raconte beaucoup des dérives et du verrouillage que subissent les idoles sur leur vie personnelle, le jeu n'en fait pas grand chose si ce n'est de les utiliser comme des mécaniques de gameplay tout à fait inoffensives. Un choix douteux, qui manque peut-être de second degré pour être plus intéressant. Le titre souffre surtout d'une répétitivité terrible, avec des mécaniques dévoilées très rapidement et qui se répètent à l'infini. Le jeu essaie bien de capter l'attention avec un mode histoire qui sert de gros tutoriel, histoire qui raconte la terrible rivalité de notre personnage avec un manager d'un groupe très populaire, mais les dialogues sont rarement bien écrits. Cela a toutefois le mérite d'exister et de rythmer un jeu qui, trop vite, montre ses limites. On aurait aimé qu'il assume un peu mieux l'aspect gestion.

Faiblesses de rythme

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Car cette répétitivité n'est jamais compensée par un sentiment de progression : en dévoilant ses mécaniques aussi vite, le jeu ne récompense jamais vraiment au-delà du gain d'argent et de fans qui permettent, simplement, de réaliser des événements plus importants. Concerts, rencontres avec les fans, nouvelles auditions et nouveaux groupes, juste de quoi développer l'agence jusqu'à ce que tout finisse par rouler tout seul. En ce sens, le jeu a les mêmes forces et faiblesses qu'un titre Kairosoft, avec leurs endgame qui ne consistent qu'à regarder l'argent s'amasser une fois les bonnes combinaisons trouvées. Certes, le jeu tente de relancer l'intérêt de temps en temps avec une idole qui se met à râler ou un scandale qui met un coup à la popularité durement acquise, ainsi que des stalkers qui font leur apparition ou la création de rivalités avec d'autres groupes, mais l'ensemble manque clairement d'ambition. On est très loin de l'intérêt d'un jeu de la série des Idolm@ster, avec le simple sentiment de voir des mécaniques de jeux mobiles portées sur PC en pensant que cela suffirait à tenir en haleine sur la durée. En se contentant simplement de l'agrémenter de séquences de visual novel où une narration rarement intéressante se met en place.

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À cela, on ajoute une difficulté au début assez improbable, avec un budget qui s'envole très vite et qui force à agir de manière très pragmatique, en utilisant quelques combines bien précises qui sont les seules à pouvoir faire survivre la boîte à ses débuts. Le titre, contrairement à un jeu de gestion plus classique, ne laisse que peu de place à l'expérimentation et cela rend les parties très mécaniques. Une fois bien lancé et bien progressé dans notre carrière, rien n'incite vraiment à tenter de nouvelles choses, de nouvelles combinaisons, de nouveaux groupes ou à renouveler les moyens de promotion des idoles. Certes, les idoles ont toutes leurs propres statistiques, leurs forces et faiblesses et les styles qui leur conviennent le mieux, mais celles-ci s'effacent bien trop derrière le groupe. On ne peut par exemple pas envisager de créer un groupe autour d'une identité particulière, puisque certaines thématiques sont moins utiles que d'autres et qu'aucune idole "n'émule" le groupe : c'est l'ensemble qui fonctionne, pas une ne peut réellement se détacher. Le titre a toutefois le mérite d'être plutôt sympathique visuellement, avec des idoles dont l'aspect physique (expressions, tenues) retranscrit souvent leurs forces et faiblesses. Le tout mélangé à une ambiance musicale entêtante, mais qui a le mérite de bien cerner l'univers de la J-pop.

Conclusion

Plutôt décevant, Idol Manager aborde la "gestion" avec une simplicité qui a tendance à rappeler certains jeux mobiles. Loin de la profondeur qu'on aurait aimé y trouver, le titre ne s'intéresse qu'en surface à l'univers des idoles, et ne parvient pas à capter l'attention sur la durée. L'ambiance est réussie, mais les mécaniques de gestion manquent de complexité et d'ambition pour que l'on ait envie d'y revenir après avoir réussi à atteindre le succès avec notre premier groupe. Et c'est dommage, car que l'on soit fan ou non de la J-pop et de ses idoles, c'est un univers qui se prête plutôt bien à l'exercice du jeu de gestion.

Test réalisé par Hachim0n sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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