Test de Aragami 2 - L'ombre d'un jeu sans âme

En 2016 sortait Aragami, un jeu d’infiltration assez original, mais aussi terriblement punitif. Deux ans plus tard, le jeu se voyait doté d’un mode coopératif grâce à une extension. Nous sommes en 2021 et Aragami 2 tente de relancer la licence avec un jeu plus accessible et toujours un mode coop.

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Shadow ninja warrior

Le jeu débute alors qu’un mystérieux guerrier tente de percer les secrets d’Akatsuchi, un chef de guerre oppressant les habitants des villages voisins à l’aide de ses soldats maitrisant le feu. Découvert et finalement tué, notre guerrier a pourtant la surprise de se réveiller dans le village du clan Kurotsuba. Comme tous les habitants du village, il est devenu un Aragami, un être sans âme victime d’une ancienne malédiction. Notre guerrier met ses pouvoirs de l’ombre au service des villageois pour combattre Akatsuchi et peut-être percer le secret de la malédiction le frappant.

Aïe
Sortez masqué

Comme son prédécesseur, Aragami 2 est un jeu d’infiltration/assassinat jouable à la 3ème personne. L’Aragami que nous incarnons est un être possédant quelques pouvoirs surnaturels liés aux ombres. Si de base votre seul pouvoir est un pouvoir de téléportation, vous pouvez en débloquer d’autres en cours de jeu, pour affiner votre façon de jouer, entre la discrétion avec tout une gamme de pouvoirs vous rendant invisibles et des pouvoirs plus offensifs. Attention tout de même à ne pas vouloir la jouer trop frontal : comme son prédécesseur, Aragami 2 ne permet pas de sauvegarder durant les missions et ne vous accorde que deux vies qui, si vous les perdez, entraînent l’échec de la mission.

Le hub
Le hub

Du neuf, mais pas trop

Avec l’ajout d’un mode multijoueurs dans Aragami 2, Lince Works a dû revoir la structure de son titre. Ainsi, le village des Aragamis fait figure de hub central pour nos aventures. On y revient entre chaque mission que l’on prend au panneau dédié. On y trouve également l’instructeur qui débloque de nouvelles capacités, un marchand à qui acheter divers consommables ainsi que des armures purement cosmétiques. Dans l’optique de permettre à des joueurs n’étant pas au même point de l’histoire de jouer ensemble, les missions du jeu se montrent assez peu scénarisées et sont répétables. Le jeu intègre même un système d’expérience qui permet à un joueur recommençant une mission de tout de même obtenir un semblant de récompense.

Tableau de missions
Tableau de missions
Résultat
Résultat

Outre le mode coopératif, la principale nouveauté d’Aragami 2 concerne les combats. Si vous avez connu le premier Aragami, vous vous souvenez sans doute d’un jeu où la mort était assurée dès lors que vous étiez détecté, tous les ennemis pouvant vous tuer en un coup même à distance. Conscient que cette approche pouvait frustrer, Lince Works propose cette fois au joueur une possibilité de se tirer d’affaire en combattant directement les ennemis. Dans le principe, ce nouveau système de combat rappellera beaucoup Sekiro aux fans du jeu. Le concept est en effet le même : une barre d’endurance qui se vide lorsque vous attaquez ou bloquez, qui se recharge lorsque vous temporisez et qui, une fois vide, permet d’achever l’ennemi en un coup. Vous disposez également d'un dash à courte portée, si vraiment vous voulez fuir les problèmes.

Là, c'est mal barré
Là, c'est mal barré

Le début des problèmes

Parlons maintenant d’un point qui exaspère très vite le joueur : l’ergonomie du jeu. Jeu d’infiltration oblige, vous ne voulez pas laisser traîner les corps de vos victimes là où n’importe qui peut les voir. Aragami n’oublie donc pas de prévoir la possibilité ramasser les corps. Grâce au bouton Y. Ce même bouton est également utilisé pour lâcher les corps. Vous voyez déjà venir le problème : le jeu se perd dès que les deux options sont possibles en même temps. Dès que vous êtes trop près d’un corps, le jeu vous proposer de le ramasser, quand bien même vous êtes déjà en train d’en transporter un. C’est encore pire lorsque vous passez en combat alors que vous trimballez un corps, puisqu’il faut maintenir le bouton pour lâcher le corps, laissant à votre adversaire tout le temps de vous mettre quelques coups bien sentis.

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Le marqueur de téléportation mérite lui aussi quelques mots. On peut passer sur le fait que notre assassin de l’ombre ne puisse pas s’accrocher à n’importe quel rebord et doive se contenter des surfaces horizontales. Par contre, le jeu tente d’assister le joueur dans le choix du point de téléportation. Lorsque ça marche et que l’on parvient en pleine chute à se téléporter pour s’accrocher à une fenêtre inaccessible autrement, c’est très efficace. Mais lorsqu’on essaie de se téléporter à un endroit légèrement hors de portée et que le marqueur change de position ou s’éloigne lorsqu’on tente de se rapprocher, c’est bien moins fun.

Une IA sur courant alternatif

On le sait, le réglage de l’intelligence artificielle est toujours délicat dans un jeu d’infiltration et Aragami 2 l’illustre à merveille. Ainsi, les gardes d’Aragami 2 sont capables de vous surprendre, mais pas toujours de manière positive. Dans ses bons moments, l’IA surprend par ses possibilités de mouvements. Elle est capable de grimper à un endroit surélevé, de sauter pour descendre d’un balcon, se méfie un minimum lorsque vous tentez de l’attirer dans un piège alors qu’elle a connaissance de votre présence. À d’autres moments par contre, et c’est malheureusement la majorité du temps, l’IA est totalement idiote et aveugle à ce qui se passe autour d’elle. J’ai ainsi vu un garde qui m’avait entendu éliminer deux de ses copains ne pas réagir en déclarant qu’il ne pouvait pas quitter son poste. Plus loin, c’est un garde lanceur de sort qui tente de m’atteindre à travers un mur avant de m’oublier dès que je suis hors de son champ de vision.

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Dans l’ensemble, il est pourtant difficile de parler de véritable difficulté sur le jeu. Le champ de vision des gardes semble en effet être relativement réduit. Le jeu tourne rapidement plus en une succession de passages où on se demande « dans quel ordre éliminer les trois gardes de cette petit zone pour ne pas être vu ? ». Le jeu est de plus très généreux sur les éliminations spéciales (depuis un rebord, un coin de mur ou dissimulé dans les hautes herbes) et on trouve bien vite des capacités qui nous simplifient encore un peu la vie en terme de furtivité. Il suffit donc d’être patient pour traverser les niveaux sans trop souffrir de la limite des deux vies par mission.

On ne s’est pas déjà vu quelque part ?

Sur le plan technique, dire qu’Aragami 2 fait dans l’économie de moyens tient de l’euphémisme. On note d’abord le peu de variété dans les modèles de personnages que l’on croise. Plus décevant, le jeu recycle énormément ses niveaux, parfois en ouvrant ou en fermant certaines portions de ceux-ci. Aragami 2 n'est pas le premier jeu à réutiliser ses niveaux, mais il le fait sans finesse. Point de départ identique, gardes placés de la même manière, etc. Même d’un point de vue visuel, le jeu réutilise ses assets d’un niveau sur l’autre. On retrouve un peu partout les mêmes bâtiments, les mêmes tentes, les mêmes herbes dans lesquels se cacher. Tout ça donne peu de personnalité aux niveaux qu’on traverse, avec un sentiment de déjà-vu omniprésent.

le wallhack sans lequel vous ne trouverez pas vos objectifs
le wallhack sans lequel vous ne trouverez pas vos objectifs

On comprend aussi mieux pourquoi le jeu est aussi générique dans la construction de ses quêtes. Assassiner ou kidnapper machin, marquer ou voler bidule, espionner truc : tels sont les objectifs les plus fréquents du jeu. C’est plat et on se désintéresse assez vite de l’histoire du jeu. Soyons même tout à fait honnête : on s’emmerde assez vite à voir et revoir les mêmes endroits en boucle pour y faire des trucs sans intérêt. Le jeu essaie bien de relancer la machine avec quelques révélations scénaristiques ici et là, mais l'effet retombe très vite. Un signe qui ne trompe d'ailleurs pas : il est impossible de déterminer l'objectif d'un mission sans utiliser un pouvoir qui vous indique sa position approximative. On notera au passage que le classieux HUD ultra-minimaliste du premier jeu a laissé la place à un HUD plus classique.

Conclusion

C’est avec le sentiment d’avoir assisté à un énorme gâchis que je termine ce test. À vouloir rendre le jeu plus accessible, moins punitif que son prédécesseur, Lince Work lui a retiré ce qui faisait tout le sel du premier épisode. Ne reste qu’un jeu fade, aux objectifs sans saveurs et aux décors réutilisés à outrance. Il y a aujourd’hui de bien meilleurs jeux d’infiltration sur le marché, à commencer par Aragami premier du nom.

Test réalisé par Grim sur PC à l'aide d'une version fournie par le développeur.

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