Test Odin Sphere Leifthrasir : le retour gagnant
Jeu culte d’un autre temps que les plus jeunes n’ont pas tous connu, Odin Sphere, initialement sorti en 2007 (2008 en Europe) sur PlayStation 2, revient à nous plus en forme que jamais dans une version HD revue et corrigée sur PlayStation 3, 4 et Vita. Toujours intégralement traduit en français, le titre de Vanillaware offre aussi le choix entre les voix japonaises et anglaises. Mais qu’en est-il dans les faits ? Que valent ces améliorations mises en avant par le studio japonais ?
Un peu d’histoire pour les plus jeunes
Petit studio de la province d’Osaka, Vanillaware fut créé en 2002, sous le nom Puraguru, par d’anciens employés d’Atlus. Parmi ceux-ci, on retrouve George Kamitani qui en devient ensuite le président et l’artiste à l’origine de l’identité visuelle très particulière des différents titres du studio. Souhaitant se focaliser sur des jeux en 2D à une époque très tournée vers la 3D, le studio, nouvellement nommé Vanillaware, se lance dans le développement de son premier jeu : Odin Sphere. Édité par Atlus, il est terminé en 2006, mais pour éviter la confrontation directe avec Persona 3, il est repoussé en 2007. Paradoxalement, c’est GrimGrimoire qui sort en premier malgré un développement commencé après Odin Sphere. Ayant reçu un succès critique plutôt positif, il sert de tremplin pour un Odin Sphere qui sort seulement un mois plus tard au Japon.
Salué pour ses qualités narratives, ses personnages et la direction artistique très inspirée, Odin Sphere est un succès critique et commercial malgré ses quelques défauts. Près de 10 ans plus tard, et surfant sur la mode des éditions remaster, Odin Sphere nous revient encore plus fort dans une version haute définition agrémentée de quelques améliorations intéressantes.
Odin quoi ?
Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler d’Odin Sphere, c’est un Action-RPG en 2D où le joueur suit les aventures de cinq personnages à travers autant de scénarios tous liés les uns aux autres et retraçant les derniers mois précédant un événement cité depuis de longues années dans les prophéties : la fin du monde. Se basant essentiellement sur le folklore nordique, on y rencontre valkyries, nains, fées et autres dragons dans de magnifiques décors.
Chaque scénario est divisé en sept chapitres donnant chacun accès à une région différente qu'il faut parcourir jusqu'au boss pour passer au chapitre suivant. Chaque région est divisée en petites zones ayant toutes une fonction différente : combat, libre, repos et boss. Petite originalité du titre, les zones de combats, mini boss et boss sont circulaires ce qui implique un retour au point de départ lorsque vous en faites le tour. Cela peut sembler gadget ou d’utilité uniquement esthétique, mais il s’avère que ce choix apporte une dimension supplémentaire dans la gestion des combats, surtout dans les niveaux de difficulté supérieurs. Après chaque bataille, un rang note votre prestation et plus il est élevé, plus la récompense, sous forme de coffre, est intéressante.
Une région par chapitre qu'il faut parcourir jusqu'au boss.
Les joueurs peuvent aussi profiter de l’alchimie pour créer un ensemble de potions bien utiles pour éliminer les ennemis ou récupérer les points de vie perdus. Il en va de même pour la restauration qui permet au personnage joué de gagner de l’expérience afin d’augmenter son niveau et devenir plus puissant et résistant.
Un festin pour les sens
Première chose qui saute aux yeux lors du lancement de ce remake, la qualité du portage HD. Déjà magnifique en 2007 sur une PlayStation 2 vieillissante, Odin Sphere est sublimé par le passage à la haute définition et au format 16:9 de nos écrans et téléviseurs actuels. Les décors, les personnages, les effets de particules, tout en ressort plus beau, plus impressionnant. Nous sommes littéralement face à des peintures animées, un vrai régal pour qui aime le style de Kamitani. La féérie de Ringford, l’onirisme de Nebulapolis, les ténèbres des Enfers, chaque région fait peau neuve et c’est en 60 images par seconde que les joueurs peuvent enfin en profiter. Contrairement à la version PS2 gâchée par un taux d’images par seconde instable pour ne pas dire chaotique lors des combats impliquant plusieurs ennemis, ce cette version HD ne flanche pas un seul instant. La fluidité est constante ; encore heureux penseront certains, mais pour ceux qui ont connu la première version, il est important de le signaler. Difficile de trouver un défaut à ce remake sur le plan technique et artistique : seuls les gouts de chacun feront la différence.
Le jeu est magnifique en haute définition.
À cela, nous pouvons ajouter le superbe réarrangement orchestral de la bande originale qui offre quelques grandes compositions que l’on doit à Hitoshi Sakimoto, Masaharu Iwata, Mitsuhiro Kaneda, Azusa Chiba, Yoshimi Kudo et Kazuki Hagashihara. Onirique, épique, légère, amusante, tendre, dramatique, chaque composition s’adapte parfaitement à la poésie distillée par les images. Constituée d’anciens morceaux ainsi que de nouvelles compositions, la bande originale mérite à elle seule que l’on s’attarde quelques instants sur le jeu.
Un gameplay bien plus nerveux
Bien entendu, Vanillaware ne s’est pas contenté d’un passage en HD avec quelques réarrangements musicaux. Pour être pris au sérieux, il leur fallait proposer un peu plus que cela et surtout moderniser un gameplay certes intéressant, mais datant d’une époque révolue. Pour y parvenir, le studio japonais s’est concentré sur le dynamisme des combats et une refonte totale du système de compétences. Plus nerveux, plus ouvert aux combinaisons de coups normaux et spéciaux, le pari est réussi d’autant plus qu’ils ont grandement mis en avant les différences entre les cinq personnages jouables pour éviter les doublons et l’ennui qui en découle comme sur PS2.
Dans la version originale, le gameplay devenait vite répétitif en raison du nombre limité de possibilités mises à disposition des joueurs. Seul un enchainement de coups normaux était permis et tous les coups spéciaux étaient identiques en dehors d’une petite exception. C’était sympathique avec Gwendolyn, le premier personnage jouable, mais vite lassant sur les suivants. Pour éviter cela, Vanillaware n’a pas fait les choses à moitié. Il est maintenant possible d’allonger les enchainements en combinant coups normaux et spéciaux, qui ne se lancent plus uniquement en ouvrant un menu nous arrachant de la frénésie des combats, mais par des raccourcis sous forme d’une direction plus un bouton un peu comme un Tales of ou un Star Ocean. On ne se retrouve jamais coupé de l’action, c’est aussi nerveux qu’un jeu d’arcade et très vite addictif. Toutefois, les évolutions ne se limitent pas à cela puisque tous les combos sont possibles en l’air pour réduire à néant les ennemis aériens ou trop grands pour être touchés du sol.
On n'arrête plus les combos !
Autre changement qui participe à la nervosité des combats : la barre de puissance, qui se remplit automatiquement, ne limite plus le nombre de coups normaux que l’on peut donner, mais conditionne uniquement l’utilisation de certains coups spéciaux. Les autres, que l’on peut assimiler à des sorts magiques, utilisent toujours les PP (points Psyphère) que l’on remplit grâce aux phozons laissés gracieusement par les ennemis terrassés et qu’il n’est quasiment plus nécessaire de récupérer manuellement puisqu’ils viennent vers vous automatiquement, ce qui favorise une nouvelle fois la nervosité des combats.
Mais ces phozons ne servent pas uniquement à l’alimentation de vos PP, ils constituent aussi votre principale ressource pour améliorer vos compétences. En effet, contrairement à la version PS2 où chaque personnage gagnait ses compétences en fonction de son niveau, le remake introduit un tout nouvel arbre de 21 compétences actives et passives que l’on débloque grâce à des cristaux trouvés en jeu et dont certains sont assez bien cachés. Une fois la compétence débloquée, vous pouvez l’améliorer plusieurs fois contre une quantité croissante de phozons. Toutes différentes, ces compétences distinguent les personnages en leur donnant à chacun un rôle bien particulier. Par exemple, Gwendolyn peut geler les ennemis alors que Cornelius s’évertue à les étourdir et Velvet à les brûler. Ainsi, chaque personnage est véritablement différent du précédent au point qu’il faut un petit temps d’adaptation à chaque début de scénario. En plus de ces compétences, les habilités font leur apparition. Placées sur un arbre différent, elles se débloquent avec des points que l’on obtient à chaque niveau pris par le personnage. Parmi elles, on trouve des bonus de dégâts, de résistances, d’efficacité de la nourriture et de l’alchimie et même une réduction chez les marchands.
Les nouvelles compétences dynamisent les combats.
Pour résumer, les combats anciennement assez lents et redondants deviennent nerveux, dynamiques, très portés sur l’arcade grâce à des enchainements qui n’en finissent plus, aussi bien au sol que dans les airs, avec de nombreuses compétences uniques pour chaque personnage. Est-ce que ce système est sans faille ? Non, mais difficile de lui trouver de grands défauts. Le plus importants vient probablement de l’arbre de compétences et plus particulièrement du système d’amélioration. Bien des joueurs auront vite tendance à améliorer certaines des premières compétences débloquées, ce qui aura souvent pour conséquence le délaissement de celles obtenues plus tard aussi bien par manque de phozons que par peur d’affaiblir le personnage en allant dans tous les sens. Dans les faits, même au plus bas niveau, toutes les compétences sont utilisables, mais il est très facile de s’habituer à certains combos, au point de rendre le changement effrayant. Le jeu gagnerait à pousser le joueur à modifier, à améliorer sa façon de jouer au fur et à mesure du scénario, mais en l’état, le système est déjà maîtrisé et incroyablement jouissif face aux boss ou aux attroupements d’ennemis.
Quant à la difficulté, le nouveau système de combat est tellement puissant que le mode « normal » s’en retrouve grandement facilité. Il est extrêmement aisé d’obtenir le rang S pour chaque zone de bataille et il en va de même pour les mini boss en dehors d’un en particulier qui peut devenir un vrai calvaire pour Oswald. Le jeu propose tout de même un mode « difficile » pour ceux qui cherchent un peu plus de challenge. En toutre, terminer le jeu débloque le mode « héroïque » qui mettra vos talents à rude épreuve. Enfin, un mode « facile » existe pour les plus novices et ceux qui souhaitent avant tout se focaliser l’histoire. Précision intéressante, il est possible de changer la difficulté à n’importe quel moment dans le jeu.
L’alchimie et la restauration, deux activités à ne pas négliger
Tout comme dans l’œuvre originale, l’alchimie et la cuisine ont une place très importante dans le jeu. La première permet de créer des potions ayant de nombreuses utilités aussi bien offensives que défensives. La restauration, elle, permet à votre personnage d’accumuler beaucoup de points d’expérience pour gagner des niveaux supplémentaires. Deux facettes très importantes du gameplay qui devraient occuper une bonne partie de votre temps de jeu.
L'alchimie, c'est toute une histoire.
L’alchimie ne change pas radicalement par rapport à l’ancienne version : il est toujours nécessaire de combiner deux objets pour obtenir une potion parmi la multitude accessible en jeu comme la classique potion de soin, les quelques potions d’améliorations ou de bonus divers ainsi que plusieurs d’attaque lançant un sort puissant lorsque lancées sur les ennemis. Malgré tout, Vanillaware a apporté des ajustements non négligeables pour rendre l’alchimie plus intéressante. Par exemple, il était nécessaire d’avoir une recette pour créer une potion ; ce n’est plus le cas aujourd’hui. Vous pouvez parfaitement tenter des combinaisons dans le but de trouver de nouvelles potions avec pour seule limite vos stocks d’objets dans un inventaire assez limité en taille. Autre changement, la possibilité de combiner des potions déjà existantes avec un objet pour en obtenir une nouvelle. Auparavant, les combinaisons se limitaient à une bouteille vide et à un ou plusieurs objets. Ce remake ajoute aussi la possibilité d’améliorer les potions en les combinant entre elles ou avec de la nourriture. Dernier point, de nouvelles recettes ont été ajoutées pour le plus grand plaisir des alchimistes en herbe.
Le café fait son retour et Maury s'invite à la fête, même au milieu d'un volcan.
Quant à la restauration, elle connait deux changements majeurs. Le premier, c’est l’arrivée des zones de repos dans lesquelles vous pouvez appeler Maury, le chef Pooka qui rêve de devenir le meilleur cuisinier du continent. Ce dernier vous permet de déguster de bons petits plats directement dans les régions que vous visitez alors que c’était impossible sur la version PS2. Les plats disponibles sont peu nombreux au début, mais il est possible de trouver ou d’acheter de nouvelles recettes rapportant plus de points d’expérience. Le second, moins important, concerne le village Pooka. Disponible à pratiquement chaque lancement de chapitre, il vous donne accès au restaurant et au café offrant chacun des plats aux bonus différents, mais ici, plus besoin de trouver de nouvelles recettes : elles se débloquent automatiquement à chaque fin de chapitre d’un scénario.
C’est l’histoire d’une prophétie…
Même si cette partie n’a pas été modifiée entre les deux versions, difficile de ne pas parler de l’histoire et de son découpage original. Comme précisé plus tôt, le jeu est découpé en cinq scénarios qui se débloquent au fur et à mesure de la complétion des précédents. Le premier, celui de Gwendolyn, peut être considéré comme le principal, celui qui pose les bases et présente la majorité des personnages principaux. Tel un conte, on suit ce premier scénario à travers les yeux d’un personnage qui doit accomplir son destin. Généralement, l’histoire se conclut ici, mais combien se sont demandé quels événements ont pu entraîner de telles conséquences ? Dans quelles circonstances se sont rencontrés ces individus aux passés si différents ? C’est à ces question que Vanillaware tente de répondre en proposant ces cinq scénarios. Comblant à chaque fois les blancs volontairement laissés, l’histoire se dévoile petit à petit aux yeux des joueurs sans pour autant trop en dire. On pourrait légitimement se poser la question du travail d’imagination quelque peu mâché par ces révélations, mais les auteurs ont été suffisamment intelligents pour laisser des zones floues sur certains faits antérieurs.
L'histoire, passionnante, se divise en cinq scénarios.
Gwendolyn, Oswald, Velvet, Cornelius, Mercedes, tous ont un destin à accomplir, tous ont un but différent et pourtant, tous sont liés ; c’est avec brio que les scénaristes ont su rendre chaque scénario intéressant en distillant les informations au compte-goutte. Malheureusement, ce choix narratif a des répercussions sur le gameplay et elles ne sont pas aussi positives. Comme expliqué plus tôt, on vit la même période à travers les yeux de cinq individus liés par un destin plus grand qu’eux. De ce fait, on retrouve toujours les mêmes personnages, mais aussi les mêmes lieux, encore et encore, ce qui signifie que le joueur doit toujours traverser les mêmes régions et combattre les mêmes ennemis et boss. Certes l’ordre change, mais comment ne pas regretter un peu plus de diversité après plusieurs dizaines d’heures de jeu ? Car oui, le jeu est relativement long et il vous faut une bonne trentaine d’heures pour arriver au bout du cinquième scénario, ce qui en débloque un dernier, commun à tous et servant de conclusion.
Et ils vécurent heureux...
Comment conclure après en avoir tant dit ? Odin Sphere Leifthrasir est un excellent remake d’un grand jeu devenu culte auprès de bien des joueurs. Magnifique en haute définition, il ne se limite toutefois pas à un simple ravalement de façade. Chaque élément de gameplay a été revu et modifié pour rendre le jeu plus dynamique, plus intéressant, plus agréable à parcourir. Cependant, il n’est pas exempt de défauts. L’ajout de l’arbre de compétences est une très bonne idée, mais le système d’amélioration n’invite pas le joueur à sortir de sa zone de confort pour tenter de nouvelles combinaisons de coups spéciaux. De même, si le découpage de l’histoire est une des grandes réussites du jeu, il n’en reste pas moins la cause d’une certaine redondance des régions visitées et personnages rencontrés.
Vanillaware vogue sans aucun doute sur la vague du remaster à foison, mais c’est avec les honneurs que le studio japonais s’en sort et c’est de nouveau en référence du genre qu’Odin Sphere s'impose. Toutefois, pour ceux et celles qui trouveraient ces changements trop importants au point de dénaturer la version originale, ou pour les plus curieux, sachez que la version PS2, sous hormones haute définition, est fournie avec ce remake. Vous n’avez donc aucune excuse pour ne pas sauter le pas d’autant plus que le jeu est intégralement traduit en français.
Test réalisé par Lianai à partir d’une version fournie par l’éditeur.
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Plateformes | PlayStation 3, PlayStation 4, PlayStation Vita |
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Genres | Action-RPG, fantasy, médiéval |
Sortie |
Juin 2016 (Europe) (PlayStation 3) Juin 2016 (Europe) (PlayStation Vita) Juin 2016 (Europe) (PlayStation 4) |
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