Test de Mount & Blade Warband sur PlayStation 4 : les bons jeux ne vieillissent jamais ?
Les licences PC qui arrivent sur consoles, cela tend à devenir la norme, en témoigne le grand succès de The Witcher 3. En attendant la sortie prochaine du très attendu Mount & Blade 2 : Bannerlord, TaleWorlds offre aux joueurs PlayStation 4 et Xbox One une version remasterisée du premier opus, plus de six ans après sa sortie initiale sur PC.
Un pari risqué
Cette sortie a pu paraître étrange, pour trois raisons. Premièrement, comme évoqué en préambule, le titre originel se fait vieux ; six ans, ce n’est pas rien. Deuxièmement, cet âge avancé est renforcé par le fait que le prochain opus, Mount & Blade 2 : Bannerlord sortira tout bientôt et nourrit actuellement l’actualité de promesses alléchantes. Jouer à Warband maintenant, c’est comme acheter une PlayStation 3 quelques mois avant la sortie de la PlayStation 4 : c’est sympa, mais on ne peut s’empêcher de se dire que ce n’est pas la meilleure expérience du marché. Enfin, Mount & Blade Warband doit surtout son succès à la grande quantité de mods disponibles pour le jeu. Du Moyen-Âge européen à Games of thrones en passant par Star Wars, les mods permettent d’exploiter le moteur du jeu dans des cadres très différents de celui prévu par les développeurs. Ajoutons à cela les nombreuses modifications mineures (interface, graphismes, sons, etc.) et on obtient un jeu qui n’a rien à voir avec sa version de départ. Par bien des aspects, ce portage avait donc tout du chemin de croix. Porter Mount & Blade Warband sur consoles, en 2016, ce serait comme y sortir Skyrim la même année. Une fois ces précautions émises, il est donc temps d’entrer dans le vif du sujet : cette version PlayStation 4, elle vaut quoi ?
Précédemment dans Mount & Blade
Si vous avez vécu dans une grotte ces dernières années, voici un petit résumé des principes de base du jeu. Si vous connaissez par cœur la version PC du titre, sautez directement au titre suivant.
Mount & Blade Warband est un action-RPG d’un genre très particulier. En effet, il permet d’incarner un seigneur de guerre dans un monde fictif, dans lequel six Royaumes s’affrontent pour le contrôle de la carte. Trois particularités distinguent le titre de la concurrence. Tout d’abord, à l’image d’un jeu de stratégie, il est possible de conquérir toutes les villes et tous les châteaux de la carte. Un Royaume peut donc étendre son territoire au détriment de ses voisins, ou à l’inverse en perdre. De plus, contrairement à un Total WAR, le joueur ne contrôle pas une faction, mais un unique personnage. Chaque Royaume dispose d’un souverain, mais aussi de nombreux vassaux, dotés de terres ou simplement rémunérés pour leur contribution à la guerre. Chaque personnage – qu’il s’agisse de PNJ ou du joueur – peut lever sa propre armée, dont la taille dépend de nombreux facteurs (charisme, renommée, compétences, etc.). Cela signifie que de nombreuses armées se baladent en permanence sur la carte. Il est possible de les ignorer, de les combattre ou de s’associer avec certaines d’entre elles. Enfin, et c’est là l’aspect le plus important, le joueur est très libre dans ses actions. Il peut devenir vassal d’un Royaume et gravir les échelons ou vendre ses services au plus offrant, changeant de camp à la moindre occasion. Il peut respecter un code d’honneur ou piller les villages de paysans. Il peut même, s’il le désire, fonder son propre Royaume.
Homme, femme, fils de noble ou de voleur, sauveur de la veule et de l'orphelin ou mercenaire sans scrupules : il est possible de tout faire dans Mount & Blade : Warband
En somme, Mount & Blade combine trois genres : l’action, lors des combats en temps réel, la stratégie, via la prise de châteaux et de villes sur la carte, et enfin le jeu de rôle, dans le cadre de la gestion du personnage et de sa liberté d’actions. Chacun de ces aspects est parfaitement maîtrisé, donnant un mélange aussi atypique qu’addictif, même six ans plus tard.
Néanmoins, Mount & Blade n’est pas un jeu parfait. Il souffre principalement de deux défauts. Premièrement, son moteur n’est pas capable de supporter le grand nombre d’ennemis qui peuvent être concernés par un combat. Dans ce cas, il n’en intègre qu’un petit nombre, puis fait apparaître des renforts venus de nulle part. Pis, il divise le conflit en plusieurs petits combats, diminuant l’importance de l’avantage numérique. Si vous espériez faire des affrontements impliquant plusieurs centaines de soldats de chaque côté, passez votre chemin : Mount & Blade Warband n’est pas capable de le proposer. La version console ne modifie malheureusement pas cet état de fait. Deuxièmement, si le jeu combine parfaitement trois genres, un quatrième aurait été pertinent : la gestion. En effet, les possibilités d’interaction avec les terres que l’on possède est très – trop – réduit.
Toutefois, ces défauts seront corrigés dans le prochain opus. Si cela vous semble rédhibitoire, attendez simplement Mont & Blade 2 : Bannerlord. En attendant, la version console est-elle intéressante ?
Mieux vaut tard que jamais
Contrairement à ce qu’il serait possible de craindre, oui. Par bien des aspects, cette version console constitue la meilleure version du jeu. Ainsi, si la version PC offre des discussions très étranges, combinant anglais et français, les problèmes de texte sont réglés sur console. De plus, même si le jeu est vieux, il n’a guère vieilli : si vous n’avez jamais joué à Mount & Blade, vous tomberez immédiatement sous le charme. De par son statut de jeu atypique, le titre a la chance de ne pas avoir de véritable concurrence, ce qui le rend toujours attirant en 2016. Bien qu’imparfaits, l’affichage et la jouabilité à la manette sont tout à fait corrects. On déplore ainsi certains bugs d’affichage et certains choix de touche inhabituels pour un joueur console, mais ces aspects n’empêcheront pas de profiter pleinement de l’expérience de jeu. Les graphismes ont, eux, vieilli ; ils sont quasiment identiques à ceux présents sur PC, qui ne constituaient déjà pas à l’époque le point fort du titre. Cela pique un peu les yeux, mais le coeur du jeu n'est pas là.
À gauche, le dialogue de la version PC. À droite, celle de la version PS4.
On regrettera cependant une gestion des sauvegardes moins poussée sur consoles que sur PC. Il n'est en effet pas possible de créer volontairement plusieurs sauvegardes pour une même aventure, alors que c'est faisable sur PC. Un défaut mineur, mais qui ternit tout de même un peu l'expérience.
Play it anywhere
Avec cette version console, Tale Worlds a le mérite d'offrir le choix au joueur. Si l'édition console corrige plusieurs problèmes de la version PC, le jeu reste plus agréable sur ce dernier support, en raison de son affinité naturelle avec la combinaison clavier/souris et surtout des mods. En ajoutant la différence de prix, il y a peu de raison d'acheter le jeu sur consoles si vous possédez un ordinateur capable de le faire tourner. Néanmoins, Mount & Blade Warband demeure un excellent jeu, même en vanilla. Si vous n'y avez jamais joué, les versions PlayStation 4 et Xbox One demeurent d'excellentes options. Six ans après, le titre n'a pas perdu sa capacité à capturer le joueur.
Test réalisé par Alandring à partir d’une version fournie par l’éditeur.
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