Test (rétro) de Breath of Fire IV: vieux comme un bon vin

Dans le cadre de son programme de préservation des jeux, GOG a ressorti Breath of Fire IV, l'un des titres qui leur était le plus demandé. Plus précisément, la version PC de 2003, rendue compatible avec les systèmes modernes.

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Le jeu...

Breath of Fire IV est un jrpg mêlant modèles en 3D pour les décors et certains gros monstres avec des sprites en 2D pour les personnages.
Sur fond de trêve entre l'empire et l'alliance, on suit la princesse Nina, à la recherche de sa sœur disparue lors d’une visite humanitaire au front. Très vite, elle fait la connaissance de Ryu, un jeune garçon amnésique. En filigrane de leur histoire, on suit aussi celle de Fou-Lu, ancien empereur revenu à la vie après 400 ans. Si au début on suit la quête de Nina, le vrai protagoniste du jeu est Ryu et le scénario se recentre petit à petit sur sa propre quête d'identité et sa relation avec Fou-Lu.
Le monde est vaste et parfois original : ce n’est pas un océan qui sépare les deux continents du jeu, mais un immense désert de boues et de sables mouvants. Si on y voit parfois transparaître l’empreinte de son grand frère BoF III, c’est un grand frère dont les leçons ont été apprises : il n’y a qu’à comparer le grand désert du III avec son équivalent dans celui-ci, les plaines dorées, pour s’en rendre compte. On retrouve en fait de nombreux éléments issus des épisodes précédents, à commencer par un système de Maîtres revu et corrigé, mais aussi un certain nombre de mini-jeux comme la pêche ou le village des fées, plus quelques inédits, comme la course d’aéroglisseurs.

Les différentes races habitant l'univers, que ce soient les humanoïdes ailés comme la princesse Nina ou les Worens (hommes-félins), mais aussi les marchands Manillos ou d'autres plus obscures comme les hommes-singes ou les hommes-tatous, sont elles tout droit sorties des épisodes II et III.

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Le jeu se distingue le plus de son prédécesseur lors de ses combats. Les deux grandes nouveautés sont la possibilité de changer de personnages à la volée (dès que vous en avez plus de trois) et le système de combos. Si plusieurs personnages jouent à la suite, et qu’ils utilisent le même type de compétences, vous pouvez déclencher un combo. En lançant les bons sorts dans le bon ordre, vous pourrez même créer des effets inédits.
Scénaristiquement, on peut remarquer quelques faiblesses, telles que la dissonance autour des pouvoirs de Ryu : il peut se transformer en dragon dès le début du jeu, mais à part une ou deux répliques isolées, personne ne semble y prêter attention avant la moitié du scénario, une bonne dizaine d’heures après que les personnages aient admis que les antagonistes recherchent « un dragon. » On peut aussi regretter un manque d’informations historiques en jeu : pour un jeu qui se déroule sur fond de guerre mondiale, il y a très peu d’informations sur ladite guerre et le peu qui est disponible se situe dans le donjon final. (Mais je reconnais qu’elles ne sont pas essentielles à la compréhension du scénario). Dans l’ensemble cependant, l’écriture est assez bonne et le glissement de Nina à Ryu dans le rôle de personnage principal se fait de manière presque imperceptible.
Il y a Fou-Lu, enfin, qui parle un vieil anglais tout en « thou » et en « thy » et même si c’est justifié par le scénario, ça le rends parfois un peu difficile à comprendre pour une audience moderne.

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Graphiquement, le jeu est assez beau (toutes proportions gardées : ça reste quand même un titre datant des années 2000, en quatre tiers), avec de grand sprites assez détaillés. De nombreuses animations contribuent à rendre le jeu vivant: les PNJs pèchent, cuisinent, ou s'entrainent tandis que leurs enfants jouent; les personnages joueurs s'étirent s’ils sont laissés inactifs et ainsi de suite. En combats, ces mêmes animations sont en plus assez fluides et variées. Combinées aux différentes gimmicks des donjons, des monstres et surtout des boss, elles contribuent à la profondeur du jeu en se renouvelant régulièrement.

... et son portage

Si le portage PC n'est techniquement pas parfait, la plupart de ses défauts relèvent plus du détail (par exemple : certains joueurs rapportent que l'effet graphique de transition vers les combats a disparu ... parce qu'il servait à camoufler le chargement des combats et que sur les machines modernes, ce chargement est presque instantané) que de l'erreur fatale. Il faut aussi faire la différence entre celles qui proviennent du portage PC original et celles qui sont dues aux méthodes employées pour faire tourner un logiciel vieux de vingt ans sur les machines actuelles.



Ainsi, il n'est pas possible de lancer le jeu en mode fenêtré et sélectionner une résolution qui ne soit pas au format quatre tiers étire l'image, mais c'était déjà le cas en 2003. Heureusement, les hotfixes s'enchaînent et de nouvelles options d'anti aliasing et des filtres de textures ont été ajoutées, pour se rapprocher de l'aspect qu'avait le jeu sur un écran cathodique.
Par ailleurs, la communauté semble commencer à s'organiser pour modder le jeu afin d'assurer la parité entre les versions PlayStation et PC (notamment au niveau des musiques), d'une part et pour restaurer quelques scènes coupées d'autre part.
Plus encore, le jeu est à nouveau accessible au grand public - à un prix très raisonnable, qui plus est - et on n'en demandait pas plus.
Qu'il ait, en plus, relativement bien vieilli, c'est la cerise sur un gâteau que l’on n’espérait pas.

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En conclusion, c'est un classique qu'on aura plaisir à découvrir ou redécouvrir. Le monde est varié et intéressant, en particulier l'Empire, qui me semble être inspiré par l'histoire coréenne ; les antagonistes sont bien écrits, compétents et haïssables à souhait. Graphismes mis à part, le jeu ne fait pas son âge et pourrait tout à fait passer pour une production indépendante ou un projet kickstarter bien plus récent.
Plus généralement, c'est aussi, espérons-le, un bon signe pour la franchise, qui était en hibernation depuis la sortie (sur téléphones portables) de BoF VI au Japon en 2016.
C'est pour moi LA bonne surprise de ce printemps et je le recommande chaudement aux amateurs du genre.

Test réalisé sur PC par Alenn Tax grâce à une version fournie par le distributeur.

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Plateformes PlayStation (PS1), Windows
Genres J-RPG, jeu de rôle (rpg), asie, fantasy

Sortie 3 août 2001 (France) (PlayStation (PS1))
10 février 2003 (France) (Windows)
25 avril 2025 (Windows)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.