GameStop (Micromania) se lance dans l'édition
Les vendeurs de jeu vidéo sont confrontés à une problématique simple : ces dernières années, le dématérialisé ne cesse de gagner en importance, diminuant de facto les ventes dans leurs magasins. Si les "jeux-jouets" (Amiibos, Skylanders et avant cela les accessoires musicaux) permettent de ralentir la tendance, une question demeure : où en seront les principaux distributeurs physiques dans dix ans ?
Pour lutter contre cette situation, GameStop, leader mondial de la vente spécialisée de jeux vidéo et propriétaire des magasins Micromania en France, a décidé d'anticiper et de se diversifier. Ainsi, la société américaine a décidé de commencer à éditer des jeux. Premier studio concerné : Insomniac Games, pour son prochain titre, Song of the deep.
Song of the deep est prévu pour 2016. Si la version physique sera exclusive aux magasins GameStop, le jeu sera également disponibles en digital sur le PlayStation Store, le Xbox Live et Steam. Ainsi, le nouvel éditeur ne compte pas se limiter aux versions physiques, mais éditer des jeux indépendamment de leur format ou de leur budget ; il cible aussi bien les titres indépendants uniquement destinés au dématérialisé que les AAA financés en bonne partie grâce aux ventes physiques day one. Pour nous en convaincre, la société texane a dévoilé le nom de trois autres partenaires, dont les projets seront révélés ultérieurement : Frozenbyte, Ready At Dawn et Tequila Works. Le choix de ces quatre studios est intéressant, tant par leurs similitudes que leurs différences.
Insomniac Games, tout d'abord, est bien connu du grand public. Le studio a développé de nombreux jeux ces dernières années, dont la licence Ratchet & Clank pour Sony et Sunset Overdrive pour Microsoft. Néanmoins, en dépit d'un succès critique constant, les ventes des jeux Insomniac se sont souvent révélées faibles. Cela explique que le studio ait conclu autant de contrats avec des constructeurs (Sony historiquement, mais aussi Microsoft pour Sunset Overdrive et désormais Oculus Rift pour plusieurs jeux en réalité virtuelle) : si les ventes de jeux en elles-mêmes ne sont pas phénoménales, les titres d'Inosomniac Games permettent de vendre également des consoles et de profiter d'exclusivités à moindre coût. Sans atteindre la rentabilité des AAA des principaux éditeurs, Insomniac offre donc d'excellentes exclusivités.
Insomniac n'est pas le seul studio ayant travaillé avec Sony, puisque c'est également le cas de Ready At Dawn et de Tequila Works. Le premier nommé a réalisé plusieurs jeux pour la PSP avant de réaliser The Order 1886. Si le jeu a reçu de nombreuses critiques, notamment pour sa durée de vie, il propose également des graphismes époustouflants et une volonté très forte de s'approcher du cinéma.
Tequila Works, quant à lui, a connu une histoire plus mouvementée. RiME, son jeu actuellement en développement, a été dévoilé durant la conférence de presse de Sony de la Gamescom 2013. Il devait alors s'agir d'une exclusivité PS4, qui a beaucoup attiré l'attention pour sa direction artistique. Néanmoins, depuis cette annonce, le titre s'est fait très discret, jusqu'à une surprenante annonce le 16 mars dernier : Tequila Works a racheté les droits du jeu à Sony. Quelques heures plus tard, un utilisateur de NeoGAF annonçait que la vérité était beaucoup plus sombre. Selon lui, le jeu n'était qu'une arnaque : il ne comportait aucune phase réelle de gameplay, les cinématiques et les images présentées n'étant que des créations ayant pour but de tromper Sony et l'administration espagnole dans le but de continuer à recevoir des fonds. Constatant cela, Sony aurait demandé à récupérer le devkit fourni au studio.
Enfin, Frozenbyte est surtout connu pour les Trine, jeux de plateforme coopératifs. Le développeur indépendant, localisé en Finlande, a profité de la formule de l'accès anticipé pour achever le financement de ses titres, globalement très appréciés par les joueurs. Néanmoins, là encore, les ventes des jeux ne sont pas exceptionnelles : si Trine 1 s'est vendu à 1.5 million et Trine 2 à 2.5 millions selon SteamSpy, ces chiffres incluent les joueurs ayant essayé les jeux lors des week-end gratuits. Trine 3, sorti l'été dernier, ne totalise de son côté que 320 000 acquéreurs sur Steam à ce jour. Ces chiffres demeurent parfaitement acceptables pour un développeur indépendant, mais ils sont loin des plus grands succès de ce secteur.
Quel parallèle faire entre un jeu de plateforme indépendant, un fournisseur d'exclusivités, un jeu cinématographique et un design de dessin animé des années 80 ? En un mot : l'originalité. Ce n'est probablement pas de ces studios que sortira le prochain Minecraft ou Call of Duty. Pour ces développeurs, atteindre le million d'exemplaires vendus est déjà un objectif difficile. Néanmoins, c'est probablement le but.
En effet, GameStop a beau disposer d'un réseau de près de 7000 magasins, se limiter à une seule enseigne de distribution serait beaucoup trop pénalisant pour les jeux capables de se vendre à plusieurs millions d'exemplaires. À l'inverse, ces studios disposent tous d'une petite base de fans, qui n'hésiteront pas à se rendre dans un magasin précis pour acquérir leur dernier jeu... ou à le prendre en version digitale. Dans les magasins de GameStop, ces jeux seront un produit d'appel, de par leur originalité. Il est fort probable que les titres concernés disposeront tous d'une version collector particulièrement soignée, trouvable uniquement dans les magasins GameStop. Pour ceux que cela n'intéresse pas, le jeu sera toujours disponible en dématérialisé, comme le sont déjà les titres de ces studios.
Ces studios ont tous besoin d'un partenaire, car ils ne peuvent sortir leurs jeux seuls. Or, les éditeurs traditionnels ont un intérêt limité les concernant, en raison de la faible rentabilité de leurs jeux. À l'inverse, GameStop a besoin de légitimité ; ces studios, qui disposent tous d'une certaine réputation, permet au réseau de magasin d'entrer dans le monde de l'édition en profitant de cette réputation. Moins subtilement, l'association de développeurs dont les jeux se vendent peu à une enseigne spécialisée dans la vente de jeux n'est-elle pas des plus logiques ?
Activités | Distributeur de jeux vidéo, éditeur de jeux vidéo |
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1984 (États-Unis d'Amérique) |
Pays d'origine | États-Unis d'Amérique |
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