Nom d'un slime - Test de Dragon Quest VIII sur 3DS
Quelques mois seulement après la sortie de l'adaptation de l'excellent 7ème opus sur la Nintendo 3DS, la saga Dragon Quest, sans doute une des licences de RPG japonais les plus méconnues en Europe, remet le couvert et débarque avec l'adaptation de L'Odyssée du roi maudit, le premier opus de la saga à avoir été publié en Europe. Notre verdict ? Suivez le guide !
Il est des licences qui sont toujours plus ou moins vouées à rester dans l'ombre, cachées par un nom qui sonne mieux, qui évoque plus de souvenirs ou qui rassemble plus les foules. C'est un peu la triste histoire de Dragon Quest, une licence créée par Enix (oui, l'actuelle deuxième partie de Square) qui, après des débuts tonitruants sur NES et SNES, s'est fait voler la vedette, sur les deux générations de consoles suivantes, par de nouvelles licences développées par des équipes plus grosses, plus puissantes et peut-être plus innovantes, j'ai nommé Final Fantasy et Kingdom Hearts, qui seront sur PlayStation et PlayStation 2 les plus grosses ventes du développeur mythique Square Enix si cher aux amateurs de JRPG.
♫ Je m'appelle Rémi, et je suis sans famille... ♫
Cela s'explique facilement : Dragon Quest a toujours rencontré un succès massif au Japon, mais n'a jamais vraiment brillé à l'étranger. Les épisodes parus sur NES et SNES avaient par exemple été sortis aux États-Unis sous le nom de Dragon Warrior, mais ces mêmes jeux n'avaient pas vu l'Europe. Cet élément est important quand on étudie les chiffres de vente de cette licence et qu'on veut les comparer à d'autres licences à succès de l'époque, comme Final Fantasy, qui a eu droit à des versions européennes dès la génération PlayStation.
Dragon Quest a dû attendre la PlayStation 2 pour s'attaquer à l'Europe avec son huitième opus, sous-titré L'Odyssée du roi maudit et que dire... Ce fut un coup de foudre instantané pour bien des amateurs de RPG et les développeurs ne s'y sont pas trompés : malgré un succès commercial limité (les ventes ne sont pas beaucoup plus fortes que d'habitude), le jeu établit un précédent et assure la traduction de tous les épisodes à venir ainsi que de tous les remakes, portages et séries dérivées dans la langue de Molière pour le plus grand plaisir de tous.
Après une adaptation du 7 acclamée de vive voix par la presse et la communauté, c'est au tour du 8 de débarquer sur 3DS dans une version survitaminée. Encore un simple portage ? Oh que non.
Ce Dragon Quest 8 sur 3DS est sans nul doute un des meilleurs RPG de la console. On pourrait même hésiter à dire que c'est l'un des meilleurs RPG de ces dernières années. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'au lieu de décevoir le joueur en étant très bon sur certains aspects et décevant sur d'autres, ce jeu a pris le parti d'être bon partout et de faire en sorte de malgré tout sortir du lot sur certains points.
L'illustration parfaite de cet argument réside dans le scénario et son traitement. Si vous êtes amateurs de RPG, il faut quelques perles comme The World Ends With You pour vous faire dire que la trame principale d'un jeu ne tient pas avec des câbles d'amarrage dignes de ceux du Charles de Gaulle. Dragon Quest 8 ne fait pas exception : c'est un scénario des plus bateaux dans lequel vous incarnez un héros anonyme (littéralement, il s'appelle le Héros tout du long des 80h de jeu) qui décide de venir en aide au roi du coin mis en déroute par un sorcier maléfique juste parce que la jolie princesse (bon, certes, transformée en jument) lui fait plus ou moins les yeux doux. Niveau poncifs, on se pose quand même là, vous êtes d'accord ?
Et pourtant, ça marche, et ça marche même très bien, car Square Enix a su faire ce qu'il fallait pour immerger le joueur, qui ne se retrouve plus passager d'un train dont il connaît déjà le départ et l'arrivée, mais bien l'acteur principal d'une histoire dont il est le seul responsable du rythme. C'est un jeu simple, mais c'est un jeu qu'on aime pour autre chose que ses personnages ou son gameplay. C'est un jeu qui propose un réel sentiment d'aventure et qui donne envie de savoir ce qui va se passer, alors même que dans les grandes lignes, l'histoire est identique à celle que nous avons déjà vécu il y a dix ans.
OMG WTF BBQ, un jeu japonais en français
L'immersion passe notamment par une traduction intégrale du jeu. Le jeu est entièrement disponible en français, du menu aux bulles de dialogues, et tous les dialogues sont doublés en anglais. C'était déjà le cas de la version PlayStation 2, mais il a été remis au goût du jour notamment en raison de l'apparition dans cette nouvelle mouture de deux personnages jouables supplémentaires, qui ne sont pas inconnus des joueurs de la première version, puisqu'il s'agit de Morry et de Rubis. Et ces deux personnages ne sont pas là pour faire de la figuration, ils ont leur propre rôle à jouer et leur propre personnalité, ce qui rajoute une bonne dose de nouveauté dans l'aventure. Ce fut sans aucun doute un énorme travail que de recréer des séquences complètes ou d'intégrer des scènes supplémentaires entre deux scènes de la première mouture, mais l'ensemble sonne toujours naturel et jamais déplacé et la complexité des échanges et du scénario (qui devient toujours plus ou moins alambiqué dans un RPG) est très simplement solutionnée par un doublage de qualité, des relations entre les personnages qui sont cohérentes et expliquées au point d'apparaître naturelles, mais aussi un humour présent en permanence.
Les graphismes sont fidèles à eux-mêmes. C'est toujours la patte de Toriyama, c'est toujours la même palette graphique colorée et à des années lumières de ce qui se fait ailleurs ; c'est du Dragon Quest, tout simplement. Cela n'a pas pris une ride, mais ça n'a pas beaucoup changé. Et c'est peut-être bien un des seuls points négatifs évidents qu'on trouvera à ce portage : la 3D stéréoscopique est juste inexistante dans le jeu. Si on force le trait et la mauvaise foi, on pourrait donc dire que ce portage aurait pu ne pas attendre aussi longtemps pour voir le jour, mais ce serait ne pas tenir compte des limites de la console pour gérer un jeu initialement prévu pour la PS2. D'ailleurs, en parlant des limites de la console, attention si vous achetez le jeu sur le Nintendo Store, c'est de très loin un des plus gourmands en terme d'espace de stockage.
Si Dragon Quest a su préserver son identité visuelle malgré le changement de support, autant vous dire que sa direction musicale, elle, n'a rien perdu de sa superbe, même si elle vaudra au jeu un petit coup de gueule. Les mélodies symphoniques sont toujours bien là et la variété est palpable. Vous saurez très rapidement, à terme, dire où vous êtes ou ce que vous faites juste à écouter la bande son. Quand on parle de variété, elle est réelle : il est difficile de trouver deux villages ou villes avec le même thème et en-dehors des thèmes qui sont volontairement récurrents comme par exemple la bande son des combats (qui peut elle aussi varier dans certaines circonstances), vous aurez toujours de nouveaux thèmes qui viendront renouveler l'intérêt de vos oreilles. Le seul petit bémol reste le traitement de seconde zone dont nous bénéficions en Europe... En effet, et on ne sait trop dire pourquoi, nous avons découvert en regardant quelques vidéos de la version japonaise du jeu pour l'écriture de ce test que leur version avait droit à un enregistrement orchestral de la bande son. C'est un peu dommage, mais la qualité reste bien réelle.
Du nouveau pour les vieux, du bon pour les noobs
Un recul critique appréciable
Crache ton slime, Myrhdin
Achetez-le.
Que vous soyez un ancien joueur de la version PlayStation 2 ou que vous n'ayez pas eu le plaisir d'y jouer et que vous êtes en quête d'un bon jeu pour accompagner vos trajets en transport en commun, investir dans cette nouvelle version remise au goût du jour d'un des meilleurs jeux de rôle de sa génération ne représente aucun autre risque que celui de vous rendre complètement accro.
C'était un jeu spécial à son époque, qui racontait une histoire cohérente sans faire trop de chichis, avec des personnages attachants au point que même des PNJs devinrent des stars pour certains fans (au point que les développeurs les ont même rajoutés dans cette version). L'aventure dans laquelle vous embarquez est empreinte de juste ce qu'il faut de suspens et de magie pour vous garder sur le qui-vive en permanence et vous donner envie de continuer encore un peu plus tard dans cette nuit déjà bien avancée qui vous fera mal aux yeux au boulot le lendemain.
Square Enix a juste fait en sorte de prendre cette très solide base et de la sublimer encore un peu plus, faisant de leur Dragon Quest VIII non seulement un des meilleurs RPGs de la 3DS, mais sans doute un des meilleurs RPGs disponibles à l'heure actuelle.
Rythme, écriture, narration, humour, action, graphismes (à l'échelle de la 3DS) et bande-son, tout y est pour faire en sorte que quiconque ayant un tant soit peu d'intérêt pour les JRPGs décide de se lancer ou se relancer dans l'aventure, car toutes les nouveautés apportées, ne serait-ce qu'en terme de prise en main, raviveront l'intérêt des vieux de la vieille.
Test réalisé par Myrhdin à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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Plateformes | Android, Nintendo 3DS, PlayStation 2, iOS |
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Genres | Jeu de rôle (RPG), fantasy |
Sortie |
2004 (Japon) (PlayStation 2) 2005 (Amérique du Nord) (PlayStation 2) 2006 (Europe) (PlayStation 2) 27 août 2015 (Japon) (Nintendo 3DS) 20 janvier 2017 (Amérique du Nord) (Nintendo 3DS) 20 janvier 2017 (Europe) (Nintendo 3DS) |
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