Test de Ever Oasis
Sorti le 23 juin sur Nintendo 3DS, Ever Oasis nous mets dans la peau d'un Granéen qui vient de fonder son Oasis alors que le Chaos corrompt le désert. Mélangeant gestion et action-rpg, ce jeu propose-t-il un mariage réussi ?
Ever Oasis est un jeu pour lequel les attentes peuvent être ambigües. En effet, ce jeu de 3DS est développé par le studio Grezzo (avec Koichi Ishii, le créateur de la série des Secret of Mana, à sa tête) dont les réalisations les plus notables jusqu'à présent sont des commandes de portage de jeux Zelda pour Nintendo. S'ils ont su faire leurs preuves d'un point de vue technique avec Ocarina of Time et Majora's Mask sur 3DS, on sait moins ce qu'ils peuvent valoir sur une oeuvre originale et ont donc tout à prouver.
Cependant, il apparaît rapidement que si Ocarina of Time était une leçon d'utilisation de la 3D-relief, celle-ci est complètement oubliée sur Ever Oasis et on aura à la place un jeu entièrement sur un plan, avec éventuellement les dialogues qui se détacheront sur un premier plan.
Bref, coupons la 3D-relief pour économiser la batterie et intéressons-nous au jeu en lui-même.
NB : Une démo est disponible pour se faire sa propre opinion du jeu.
Le début de l'aventure
Après une création de personnage sommaire (choix du sexe, de la couleur des yeux et du nom), on débute l'aventure dans l'oasis de notre grand frère. On incarne un granéen, le représentant d'une race de petites créatures humanoïdes destinées à planter et à faire pousser la graine contenue en eux dans l'espoir de ramener la végétation dans ce monde devenu désertique.
Tous les granéens n'ont pas les mêmes types de graines. On incarne un "enfant du grand arbre", un descendant du premier granéen, qui a établi un pacte avec un génie de l'eau afin de fonder une oasis et repousser le Chaos, cette force qui pervertit les êtres vivants et détruit le monde. De cette ascendance, on dispose de plusieurs capacités spéciales comme la capacité de générer un tourbillon ou celle de fonder une oasis si on rencontre un génie de l'eau.
Et si les oasis peuvent repousser le Chaos, ce pouvoir n'est pas absolu puisque passé le tutoriel de base, l'oasis est attaquée et on se retrouve envoyé au loin pendant que la dernière oasis est détruite.
Heureusement, notre errance au gré du vent nous porte par le plus grand des hasards jusqu'à la dernière génie de l'eau, Esna, nous permettant ainsi de fonder la nouvelle dernière oasis. (Mais on découvrira plus tard que de toute façon beaucoup de monde arrive à vivre sans)
À partir de ce moment commence la seconde phase tutorielle, celle qui nous prend la main tandis que le jeu commence vraiment. Et elle semble apprécier notre main puisque le jeu prend tout son temps pour vraiment commencer. Tout. Son. Temps.
Qu'est ce que le jeu ?
Ever Oasis est en fait deux jeux en un.
Il y a d'une part le jeu action-rpg. Si le style graphique pourra nous faire penser à Fantasy Life, le jeu est tout de même assez différent. Le développement du personnage est beaucoup moins poussé, ce qui est compensé par la possibilité de se faire accompagner de deux alliés (après quelques heures dans la seconde phase tutorielle) disposant chacun de capacités spéciales. Celles-ci sont mises à contribution dans l'aspect aventure du jeu, bien plus développé que dans Fantasy Life.
Le jeu introduit d'ailleurs une idée assez intéressante qui est qu'un lieu ne peut pas être nettoyé complètement avec un seul groupe. Certains alliés peuvent permettre de passer certains obstacles (ex : détruire un rocher), d'autres d'activer certains mécanismes (ex : utiliser une plante pour voler jusqu'à une plateforme) ou encore d'utiliser divers moyens de récolte (ex : piocher pour récupérer des minerais). Il faudra donc revenir plus tard avec une composition différente pour faire ce qui n'était pas possible la première fois, ie accéder à un coffre ou une salle, résoudre un puzzle ou récupérer des ressources.
Cela dit, si l'idée est intéressante pour tout ce qui est puzzle, elle donne aussi le sentiment d'un remplissage inutile pour tout ce qui est récolte en forçant des allers-retours superflus dans des journées déjà bien chargées.
D'autre part, il y a le jeu de gestion. Cette dimension essaye de nous faire vivre l'aspect "chef de l'oasis" en nous demandant de développer l'oasis, soutenir son économie et s'assurer du bonheur de ses habitants.
Si l'idée est intéressante en nous donnant des missions pour faire s'installer de nouveaux habitants ou en nous laissant placer les boutiques, mais surtout les décorations qui peuvent renforcer le commerce des boutiques adjacentes, la réalisation donne toutefois plus le sentiment d'être le larbin du village que le chef.
La journée typique consiste à se lever, faire le ménage dans les allées pour retirer les tas de sables qui ont pu apparaître dans la nuit, passer au potager récupérer les récoltes et éventuellement en planter de nouvelles, passer dans chaque boutique pour remettre du stock (en utilisant les récoltes du potager ou ce qu'on a pu récupérer en dehors de l'oasis) afin de remonter le moral des vendeurs (qui baisse souvent sans raison), récupérer notre part des bénéfices des boutiques, parler aux nouveaux arrivant et, s'il reste du temps, partir en exploration en dehors du village.
Dès le début du jeu, la durée d'une journée paraît courte. La journée est bien avancée quand on peut enfin sortir et on se retrouvera facilement à faire une sortie sur plusieurs jours, entraînant au passage une baisse d'humeur des habitants.
L'utilité de l'humeur est toute relative, car elle permet uniquement de bénéficier d'un important bonus de points de vie lorsqu'on part à l'aventure. Mais le jeu étant très facile, ce bonus n'est pas forcément nécessaire.
Cependant, cela ne retire rien au fait que le jeu mériterait quelques ajustements pour le rendre plus agréable, voire des modifications de certaines mécaniques.
En conclusion
Si le jeu en soi, bien que correct, est améliorable, il se rattrape beaucoup par son univers. En effet, sa direction artistique, autant graphique que musicale, propose une expérience enchanteresse. Parmi tous les habitants de ce monde, on notera tout particulièrement les manchouettes, ces créatures semblant être le croisement d'un manchot et d'une chouette et qui seront les visiteurs de "base" de votre oasis. De plus, l'histoire, bien que simple pour un public plus adulte, accompagne très bien l'univers créé.
Le jeu se butte ainsi au risque de vouloir faire trop de choses à la fois, en poussant notamment un peu trop l'aspect gestion au dépend de l'aspect action-rpg, imposant aux joueurs des tâches rébarbatives qui auraient pu être évitées. D'autant plus que le jeu aurait pu profiter d'une meilleure finition sur les interfaces, pour mieux mettre à profit la présence d'un écran tactile ou encore placer certaines informations de façon plus intuitive.
Ever Oasis est au final un titre à conseiller en priorité à un public plus jeune, qui pourra s'émerveiller devant ces lieux et ces personnages, qui recherchera moins l'optimisation de chaque journée et qui rencontrera une difficulté plus en adéquation avec un joueur moins expérimenté.
Test réalisé par Peredur à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Plateformes | Nintendo 3DS |
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Genres | Action-RPG, aventure, fantasy |
Sortie |
2017 (Nintendo 3DS) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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