Test de UnMetal – Déconstruire pour mieux rigoler

Si beaucoup ont commencé la série avec Metal Gear Solid, c’est en 1987 que sort le véritable premier épisode, sur MSX2. On trouve dès ce titre fondateur des phases d'infiltration qui se déroulent à travers une histoire riche en rebondissements et révélations. Sa suite directe, Solid Snake, sort en 1990 et reste longtemps inédite en dehors du MSX2. Chez nous, ces débuts ont surtout été remarqués sur la console NES, avec un premier épisode charcuté par rapport à l’original et un Snake’s Revenge qui a été fait sans Hideo Kojima (et donc non canon). Il faudra attendre 2006 et la version Subsistence de Metal Gear Solid 3 pour pouvoir mettre la main sur les versions originales traduites, versions qui seront accessibles au plus grand nombre avec l’arrivée du Playstation Store.

Cet article n’est pas à propos de ces jeux.

Hot Shots! 3

En pleine Guerre Froide, un hélicoptère soviétique est abattu à la frontière. Le pilote est de suite mis aux arrêts : il s’agit de Jesse Fox, un Américain. Aussitôt, ce dernier est interrogé par les autorités et c’est sa version que raconte le jeu d’aujourd’hui.

Son histoire commence alors que notre personnage, simple civil, est arrêté pour un crime qu’il n’a pas commis. Mais il ne compte pas pourrir longtemps en cellule et met vite en branle sa spectaculaire évasion. Ce faisant, il mete les pieds dans une vaste opération qui vise le monde libre.

Et très vite, on comprend qu’on a affaire ici à une grosse parodie. La voix rocailleuse de Jesse fait écho aux héros de films d’action des années 80 et les répliques ou autres punch-lines ridicules se mettent à pleuvoir,  dialogues saupoudrés de références, de piques acerbes et de blagues potaches. Le cinéma en prend pour son grade, mais l’univers du jeu vidéo n’en est pas pour autant épargné. Le titre aurait été “HoT Shots! the Video Game”, ça n’aurait pas dépareillé avec l’ambiance générale.

Metal Gear Gaseous

Même si on n’en doutait aucunement avec la cinématique d’intro, la référence est plus que flagrante quand on prend en main notre héros : la vue de haut, le style graphique, le fait de devoir se faufiler dans une base labyrinthique dans laquelle de nombreux gardes patrouillent… On retrouve même ces personnages qui nous contactent par radio. Oui, tout ici rappelle les premiers Metal Gear.

Il faut donc trouver la sortie des divers niveaux en évitant de se faire repérer par l’ennemi. Et si jamais cela arrive, il faut se terrer dans un coin discret jusqu’à ce que les gardes se calment. Pour cela, il faut agir sans se faire voir et utiliser les divers outils mis à dispositions. Cependant, c’est bien une approche absolument furtive qui est mise en avant par le jeu : éliminer un garde sans que ce dernier ne suspecte quoi que ce soit rapporte des points d’expérience qui permettent de débloquer des capacités spéciales.

Toutefois, tout se fait dans la dérision. Il ne faut pas être proche d’un garde quand il éternue, car la politesse de Jesse le pousserait à lui répliquer un “à vos souhaits”. Il faut attendre que ce garde termine sa blague et que son coéquipier et lui explosent de rire pour se glisser discrètement sous leurs nez. Il faut trouver la bonne réplique pour berner ce soldat qui vous a entendu faire du bruit. Et les exemples du genre sont légion. Même l'échec peut dans certaines circonstances mener à des scénettes burlesques.

Jesse étant le narrateur de sa propre histoire, les remarques de ses interlocuteurs ont parfois une incidence sur ce qu’il se passe à l’écran. Il n’est pas rare qu’il faille alors faire un choix qui change l’épreuve que vous devez traverser. Et le résultat peut parfois être… déconcertant.

Le jeu n’est toutefois pas resté bloqué dans les années 90. Si le style graphique respecte les visuels de l’original, les détails sont un peu plus fins et les effets de lumière plus subtils. Et tous les dialogues profitent d’un doublage de qualité (même si le mixage peut parfois paraître un peu bizarre).

Il y a également de l’amélioration dans la maniabilité. Quand Jesse se rapproche d’un mur et qu’un ennemi n’est pas loin, il se colle contre la paroi et peut même attaquer son adversaire depuis le recoin. Enfin, il est possible d’affecter des raccourcis sur quatre des objets de l’inventaire, ce qui permet de ne pas toujours passer par l’inventaire pour les outils les plus fréquents.

Le jeu ne se contente pas non plus d’être une copie rigolote. Si le cœur reste toujours un peu le même, chaque nouveau secteur apporte sa particularité qui renouvelle la proposition de gameplay. Il évite ainsi que s’installe une certaine routine dans la progression.

La Grande Évasion

La difficulté globale est un peu inégale entre les phases d’exploration et les confrontations contre les boss. Traverser les dédales des niveaux se fait sans trop de soucis dès le moment où on réfléchit à l’approche ; chaque tableau peut être vu comme un petit puzzle qu’il faut résoudre pour arriver à l’autre bout sans trop de soucis.

Par contre, les affrontements nécessitent beaucoup plus d’adresse pour combattre tout en évitant les projectiles. Chaque boss a un certain pattern qu’il faut comprendre pour espérer le vaincre sans utiliser la totalité de vos munitions et trousses de soin.

Quoi qu’il en soit, les moyens de sauvegarder sont nombreux : en plus des divers points de contrôle automatique, on rencontre des salles dédiées (les toilettes) et on peut également utiliser des objets quand on le désire (les pots de chambre, vous voyez le thème).

Rien de particulier à dire en ce qui concerne sa version Nintendo Switch : le jeu fonctionne bien (encore heureux) que ce soit en nomade ou en dock. La prise en main est simple ; sinon, il est toujours possible de reconfigurer les divers boutons. Le côté tactile n’est pas mis à contribution.

UnMetal est avant tout une parodie qui ravira, entre autres, les fans des Zucker/Abrahams/Zucker. Néanmoins, il arrive également à s’approprier les bases solides des anciens Metal Gear pour en faire une agréable expérience. C’est avec plaisir qu’on reste accroché aux lèvres de Jesse Fox afin de savoir comment diable s’est-il sorti de ce fantastique pétrin.

Test réalisé sur Nintendo Switch par Mike NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.