Test de Sonic Frontiers - L'aube d'une nouvelle ère

Annoncé en grandes pompes il y a un peu plus d’un an, Sonic revient dans une aventure qui s’annonce aussi immense que spectaculaire. Pourtant, à chaque fois qu’un opus en 3D sort, la méfiance est de mise. Ont-ils réussi à briser le cycle maudit ? C’est ce que nous essayerons de voir ici !

Les mots sont lancés dans le courant de l’année 2022. Selon Takashi Iizuka, producteur de Frontiers, ce tout nouvel épisode en 3D aura le même impact que Sonic Adventure sorti sur Dreamcast il y a une 20aine d’années. Pour lui, il ne s’agit pas d’un opus de plus, mais bien des premières pierres qui construiront l’avenir du hérisson bleu. Cette déclaration a toutefois été prise avec de grosses pincettes par la communauté. Il faut dire que les déceptions ont été bien plus nombreuses que les satisfactions et que, finalement, la seule sortie qui a fait l’unanimité est celle de Sonic Mania, opus 2D qui sublime le hérisson tout rond de l’époque Megadrive. Et puis, il faut aussi avoir à l’esprit que les premiers retours de Frontiers n’étaient pas particulièrement enjoués : vide, ennui et longueurs étaient les qualificatifs qui revenaient le plus. C’est donc avec une certaine appréhension que le jeu est arrivé sur les consoles en ce mois de novembre 2022.

Sonic Frontiers s’est remarqué dès les premières bandes annonce par son monde ouvert extrêmement vaste. Naturellement, les comparaisons avec Breath of the Wild et son légendaire open world ont fusé, mais en pratique, on se trompe de modèle. Chez Sega, ils se sont protégés en parlant plutôt d’open zone. Et il faut avouer que la différence est de taille. Le monde de Sonic Frontiers n’est pas une carte immense avec des villages et des secrets bien cachés qui récompensent les férus d’exploration, mais plutôt un parc d’attractions gigantesque. Les principaux objets et collectibles sont affichés sur la carte, différents défis disposés bien en évidence sont parsemés un peu partout et quelques rares PNJ servent de balises pour faire avancer l’histoire. On est donc bien plus proche d’un Mario Odyssey ou d’un Banjo-Kazooie sur des surfaces décuplées très bien adaptées à la vitesse de Sonic plutôt qu’un Breath of the Wild voire Pokémon Écarlate / Violet. Et finalement, c’est une fois cette considération bien intégrée que le jeu peut vraiment commencer.

L’histoire commence avec le Dr.Eggman qui est une fois de plus en train de fomenter un plan pour dominer le monde, mais celui-ci semble ne pas fonctionner comme prévu. Peu de temps après, Sonic et ses amis, qui étaient partis à la recherche des Chaos Emeralds, se retrouvent aspirés dans un trou dimensionnel qui amène le hérisson bleu… Sur Green Hill. Pour les 928ème fois exactement. Ou plutôt, cette fois-ci, une version altérée du célèbre niveau dont le héros réussit à s’extraire sans mal. Et c’est à partir de là que le vrai Frontiers commence. Sonic se retrouve dans un immense monde parsemé des ruines d’une civilisation éteinte avec des créatures très agressives et une petite fille à moitié digitale qui cherche par tous les moyens à l’empêcher de réussir une mission. Il s’agit de Sage, le nouveau personnage de cette version dont le look tranche beaucoup avec tous ceux qui ont été inclus par le passé. Assez peu de détails sont donnés et tout est à découvrir, et en toute honnêteté, on est sur un scénario correct dont les mystères nous donnent envie de continuer à chaque fois un peu plus loin, un peu plus longtemps, ce qui est un bon point.

En pratique, Sonic Frontiers invite à s’intéresser à toutes les plateformes, tous les ressorts et autres grappins pour ramasser les collectibles qui permettent de faire avancer l’histoire. Le schéma des différents mondes est peu ou prou le même : il faut récupérer la ressource principale qui permet à l’ami du coin de nous aider à avancer et accomplir les niveaux de l’Hyperespace, à savoir des petites interludes nostalgiques se jouant comme les Sonic en 3D habituels, qui, eux, ouvrent la porte aux Chaos Emeralds. Et c’est là l’un des très bons points de ce jeu : ils ont enfin compris à quel point jouer Super Sonic était génial et il fait partie intégrante de l’histoire. Alors, n’espérez pas l’avoir en permanence, mais on le retrouve à différents moments de l’aventure dans des combats épiques avec du gros son derrière. Les fans apprécient tout particulièrement. Au-delà de cette construction finalement assez répétitive, on prend plaisir à courir dans tous les sens et à essayer de trouver le moyen de récupérer la pièce visible sur la carte, mais dissimulée à nos yeux. Le seul bémol vient des points d’observation qui servent à dévoiler la vision. Les mini casse-tête proposés sont trop faciles pour représenter un quelconque intérêt.

Là où Sonic Frontiers fracasse ses prédécesseurs, c’est sur sa maniabilité. Ils se sont enfin débarrassés de la physique bancale du hérisson qui lui procurait une accélération absurde après avoir appuyé très légèrement sur le stick. Ici, les déplacements sont fluides et cohérents et ils permettent de se hisser sur des plateformes avec brio. Et franchement, quel plaisir ! On se rapproche d’un Mario 3D en gardant les spécificités du hérisson et c’est excellent pour la découverte de ces niveaux immenses qui demandent parfois un peu de précision. Bien sûr, tout n’est pas encore parfait et certains couacs persistent (surtout quand il s’agit de passages d’une phase de 3D libre à une phase de 2D imposée), mais on revient de tellement loin que c’est vraiment bon à prendre. Les niveaux de l’Hyperespace, quant à eux, répondent à la physique classique des Sonic en 3D et, honnêtement, on s’en serait bien passé. Ils sont très courts et ne proposent pour la plupart pas de challenge particulier, mais il fallait bien évidemment la dose de fan-service recommandée. 

Sonic Frontiers dispose aussi d’une petite dimension RPG qui lui permet d’augmenter 4 statistiques : les dégâts, la défense, la vitesse et le nombre maximum de rings. Il ne faut pas non plus oublier un (trop) petit arbre de talents qui débloque différents combos en combat. Et c’est aussi un très bon point de ce jeu ! Là où, au début, on est tenté de bourrer le bouton d’attaque à l’ancienne, il s’avère que maîtriser différents combos est diablement plus efficace, notamment dans les combats contre les boss. Ces enchaînements de coups sont pour la plupart extrêmement stylés, Sonic oblige, et d’ailleurs, ils ont eu la bonne idée de nous les faire travailler pendant les écrans de chargement. Une petite attention bien appréciable.

Finalement, là où Sonic Frontiers pèche le plus, c’est par sa technique perfectible. Les distances d’affichage sont juste correctes, ce qui fait que de nombreuses plateformes aériennes apparaissent ou disparaissent comme par magie, ce qui fait un peu tache parce que le reste est dans l’ensemble de qualité. Sur PC, le jeu fonctionne très bien sans ralentissement et les informations à l’écran sont très claires, malgré des IPS capées à 60. Les versions PlayStation 5 et Xbox Series X sont ne le sont pas et constituent actuellement la meilleure façon de profiter de Sonic, et comme souvent, la Switch fait office de parent pauvre. Le mode portable est d’ailleurs très difficile à suivre correctement.

Takashi Iizuka avait raison : avec Frontiers, Sonic rentre effectivement dans une nouvelle ère. Ce jeu nous montre que le hérisson bleu se comporte à merveille dans des mondes immenses dotés d’infrastructures lui permettant de rebondir et d’être cool. On voit d’ailleurs une nette différence entre la zone ouverte et l’Hyperespace, vestige d’une période compliquée qu’on espère révolue. Le jeu n’est évidemment pas parfait, mais il parvient à sourire aux fans avec quelques références bien placées et accueillir un nouveau public qui ne s’y est pas trop intéressé par le passé. En plus, avec son prix vraiment doux et son suivi d’ores et déjà annoncé pour 2023 avec, notamment, un nouveau scénario qui permettra enfin de jouer d’autres personnages, il y aura largement de quoi faire. Un bon petit jeu Sonic en 3D, c’est quelque chose que l’on n’avait pas connu depuis bien longtemps. Alors, il ne faut pas hésiter à lui donner sa chance.

Test réalisé par Malison sur une version PC fournie par l'éditeur.

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