Test de Pacific Drive – Rien de pacifique sur ce bitume

Vous savez ce que fait toujours Jean-Claude Van Damme, comme vous pendant toutes vos sessions de Pacific Drive, quand il monte dans sa voiture ? Il fout l’contact.

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Moitié du 20ème siècle, une société utopique en avance sur son temps s’installe sur la Péninsule Olympique. Mais les choses ont dû mal tourner, car toute la zone est devenue instable et a été évacuée. Les scientifiques ont bien essayé de comprendre, mais les anomalies ont continué à prendre du terrain au fil des années. Aujourd’hui, le coin est condamné, bloqué par un immense mur.

C’est dans le secteur que se rend notre personnage, vraisemblablement pour une livraison. Forcément, les choses ne se déroulent pas comme il faut et on se retrouve téléporté de l’autre côté, en plein zone d’exclusion. Fuite, on met la main sur une voiture mal en point, on est contacté par radio et on nous guide vers un garage dont la propriétaire est une scientifique plutôt grognon. Nos bienfaiteurs se proposent de nous guider pour pouvoir sortir de là. Mais nous autres, joueurs, avons suffisamment de bouteille pour se douter que ça ne se limitera pas à aller franchir une porte voisine et que nous aurons maintes occasions d’en apprendre un peu plus sur les forces qui se sont déchaînées sur la région.

Oh, et attention : il s’avère que ce n’est pas une voiture ordinaire que nous avons là. Il s’agit en réalité d’un Vestige, une matérialisation des forces mystérieuses en place, un être potentiellement sentient et, surtout, qui peut finir par nouer de dangereux liens avec son utilisateur. Mais ne vous en faites pas, les gens à la radio vont vous aider à gérer ça… Tout va bien se passer, pas vrai ?

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Disciplines Olympiques

La progression du jeu consiste à se rendre aux points d’intérêt désignés par nos contacts radio afin de recueillir des renseignements ou d’activer d’anciens systèmes.

Premier point à éclaircir : ce n’est pas un monde ouvert. Le terrain de jeu est divisé en plusieurs zones et on s’y rend en choisissant la destination sur la carte. Les coins les plus reculés nécessitent de traverser d’autres zones préalablement. Chaque secteur est cela-dit plutôt vaste et justifie de s’y balader véhiculé.

Second point important : oubliez donc l’idée de rouler tranquillement le bras sur la portière et la clope au bec, les cheveux au vent. Là-bas, c’est comme l’Australie : tout essaye de vous tuer, même les rochers ! Il y a un peu partout ce qu’on appelle des Anomalies, des manifestations étranges qui représentent toutes un danger différent pour vous et votre engin. Et étrangement, ils traînent surtout au niveau des routes (ça en est presque grossier, d’ailleurs). On a donc, entre autres, ceux qui crèvent vos pneus, ceux qui vous projettent en l’air, ceux qui vous balancent contre un arbre ou d’en haut d’une falaise ou encore ceux qui vous fait perdre le contrôle du véhicule, manque de bol juste de quoi vous faire dévier jusqu’à rouler sur ceux qui explosent. Tout ce qu’il faut pour se balader sereinement, en somme.

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Et comme on est lancé, autant vous parler de la dernière joyeuseté : les instabilités. On ne le répètera jamais assez, toute la Péninsule est détraquée. Un personnage présente la chose en expliquant qu’un kilomètre de prairie peut soudainement se transformer en dix kilomètres de marais. Concrètement, ça veut surtout dire que la topographie d’un secteur peut être complètement différente d’une visite à l’autre. La carte peut changer, mais aussi certains éléments du décor. Une station-service accueillante à votre précédent passage peut être devenue terriblement radioactive la fois suivante. Il peut également s’ajouter des effets étranges comme un brouillard épais ou une gravité déficiente.

Mais les instabilités, c’est bien gentil d’en voir le résultat. Mais c’est une tout autre histoire quand on est dans le coin quand elles se déclenchent. Et là, il vaut mieux avoir Titinne qui roule correctement et de ne pas être très loin d’une potentielle sortie. Le niveau de stress grimpe d’un coup alors que vous voilà dans une course folle contre un violent rétrécissement de l’aire de jeu façon Battle Royale vénère.

Oh, merdemerdemerde !
Oh, merdemerdemerde !

Allez, ajoutons un cycle jour/nuit, avec une nuit particulièrement sombre. Si bien que ça peut devenir un enfer de rouler si vous avez explosé vos phares sans rien pour les réparer. On peut d’ailleurs regretter qu’il n’y ait pas d’option pour attendre un certain temps au garage afin de s’assurer d’arriver de jour à destination.

Mais avec tout ça, que se passe-t-il si vous veniez à périr durant une expédition ? Ne vous en faites pas, la voiture trouvera toujours un moyen de vous ramener au garage. Vous n’aurez alors qu’une infime partie de vos trouvailles et votre fidèle alliée sera dans un état pitoyable, mais la partie pourra continuer.

Des niveaux qui changent entre deux visites, des ennemis et autres intérêts dispersés aléatoirement sur la carte, une mort qui fait limite revenir le personnage (la voiture) à zéro, impossibilité de sauvegarder durant la visite d'une zone (sauvegarde automatique à l’entrée)… On n’aurait pas finalement affaire à un petit rogue-lite, dites-moi ? Très lite, certes, mais on en retrouve bien les bases.

Bon, ne prenez pas peur pour autant : de nombreuses options permettent de nuancer la difficulté et avec elle la frustration que certaines situations peuvent causer.

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C’est le delco, ma p’tite dame

C’est donc au volant de notre voiture que nous allons traverser tous les dangers de la Zone d’Exclusion. Cependant, l’engin tient quand même plus de Ecto-1 que de l’Interceptor. Et aux débuts, il est plutôt à l’état d’épave, le break familial. Dès notre arrivée, il nous est expliqué comment faire le plein, réparer l’engin ou fabriquer des pièces de rechange. Cela deviendra d’ailleurs la routine entre deux expéditions. Peut-être un peu trop, d’ailleurs… Mais si jamais vous veniez à trouver tout ça un peu pénible, allez faire un tour dans les options de gameplay : le jeu mise par défaut sur le réalisme des actions, mais il y a moyen de simplifier ou d’automatiser un bon nombre d’actions.

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Il peut même arriver que votre voiture ait des comportements un peu… bizarre. Non, ce n’est pas le jeu qui bugge, mais bien votre véhicule qui a un problème. Heureusement, il y a un module pour gérer ça au garage. Parce que si certaines bizarreries peuvent être bénignes, d’autres sont plus handicapantes (genre vous bouffer la batterie sur de bêtes actions).

Il faudra en prendre soin, oui. Surtout que ce n’est pas qu’un simple moyen de transport avec un gros coffre (pas tant que ça, en fait) pour y ranger tout votre butin. C’est également votre principal bouclier contre les attaques extérieures : décharges électriques, pluies acides, radioactivité…

Le véhicule embarque également des outils primordiaux, comme la carte ou un petit atelier de construction. Car oui, il faut vraiment faire la part entre l’interface du personnage et celle du véhicule.

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Pour la première, c’est ce qu’affiche un casque en Réalité Augmentée qu’on récupère au garage. On y voit l’état du personnage, son inventaire et les connaissances et informations qu’il a glanées ici et là, surtout par l’intermédiaire du sempiternel scanner.

Pour ce qui est du véhicule, par contre, toutes les données sont affichées uniquement sur son tableau de bord : état général, jauges, boussole… La carte elle-même n’est accessible que par un module installé sur le siège passager. Pendant la route, il vous faudra donc jeter des coups d'œil réguliers sur la droite afin de voir si vous êtes sur la bonne voie. Il sera néanmoins possible de pointer un lieu dessus et la direction générale vous sera indiquée sur la visière, même en dehors du véhicule.

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Jamais kaput !

Réparer et améliorer la voiture, faire évoluer le garage, équiper le personnage, tout ceci ne se fait pas gratuitement. Même vos outils se dégradent à chaque utilisation. Le nombre de choses à débloquer ou à construire donne d’ailleurs un peu le tournis la première fois qu’on en ouvre l’interface.

Une des principales activités une fois dehors, c’est donc de collecter toutes les ressources possibles. Il faut piller les chalets abandonnés, les cabines scientifiques délaissées et les diverses épaves qui trainent. Certains accès peuvent être verrouillés et il faut l’équipement adéquat pour forcer le passage. Il faut donc bien se préparer avant une expédition, surtout que bien entendu, tous les outils prennent de la place dans l’inventaire.

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Et n’espérez pas non plus looter tranquillement toute une carte avant d’aller visiter la suivante. La Zone vous fera vite comprendre qu’elle n’aime pas trop vous voir traîner trop longtemps au même endroit.

Délaisser l’exploration et la collecte de ressources au profit de la progression dans l’histoire ne sera pas forcément évident. Le chemin vers une zone clé peut parfois être traversé par de fortes instabilités : en gros, les conditions d’une zone peuvent devenir un peu plus extrêmes. Et surtout, certaines expéditions peuvent s’avérer difficiles et il est alors préférable de les traverser bien équipés pour faire face au danger.

Et si on ajoute qu’il faut traverser toujours plus de zones au fur et à mesure qu’on s’enfonce au cœur de la Péninsule, cela multiplie les chances de nécessiter un peu plus qu’une révision une fois arrivé à destination.

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Tut-tut, fils d'Olympie

Le jeu se joue intégralement à la première personne, que ce soit dans le maniement du personnage, mais également dans le pilotage de la voiture. On n’a que la vue intérieure de disponible pour la conduite : c’est certes immersif (combien de fois à se retrouver à pencher la tête vers son écran en espérant pouvoir mieux voir ce qui se profile devant le capot ?), mais la visibilité n’est pas toujours idéale (le tableau de bord prend quand même énormément de place). Si vous êtes sujets à la cinétose, sachez qu’il existe plusieurs options d’accessibilités afin d’essayer d’améliorer votre expérience.

La conduite de la voiture est agréable : l’engin répond très bien et se manœuvre avec facilité. La plupart des actions importantes se déclenchent depuis les boutons de la manette, mais il faudra viser et cliquer pour certaines opérations comme le levier de vitesse (enfin, plutôt le passage du mode parking au mode conduite) ou la clé de contact.

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Par contre, c’est une autre histoire pour le personnage, surtout dans les boutons d’action avec l’environnement. Pour attraper un objet, c’est selon le contexte parfois un bouton, d’autres fois un autre. Et c’est encore un autre bouton pour le lâcher. Des fois, il faut laisser appuyer alors que d’autres fois un clic suffit. Cette gymnastique n’est vraiment pas intuitive et on a toujours un œil sur l’aide de l’interface pour se souvenir quoi utiliser à quel moment.

La gestion de l’inventaire est également très pénible, surtout quand il s’agit de transvaser les objets entre le sac à dos et un espace de rangement. La fluidité d’un Dredge fait cruellement défaut.

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Sous le capot

Le jeu est très beau et tourne correctement sur des configurations un peu anciennes (c’est du Unreal Engine 4). Il propose divers effets météos qui font mouche. Vu qu’on progresse dans une même région du continent américain, il n’y a pas de nombreuses variations dans le type de l’environnement ; la topographie aide quand même à varier les plaisirs. Si les anomalies se renouvellent au cours de la progression, il finit par y avoir une certaine lassitude autour des bâtiments, épaves et autres objets à fouiller : ce sont un peu toujours les mêmes que l’on croise.

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L’aspect sonore est très soigné. Le doublage des personnages, uniquement en anglais, sonne juste. Il y a plusieurs musiques écrites pour le jeu, mais on a également une radio qui propose des chansons de différents genres : sans être aussi fournie que celle d’un GTA, cela permet de faire tomber un peu la pression quand on est entouré d’anomalies qui poussent leurs horribles hurlements en continue. Les moments calmes sont également réussis, avec quelques cris d’oiseaux ici et là. Et parfois d’autres grognements dont on préfère ne pas rencontrer le propriétaire.

Les différents textes et sous-titres sont intégralement traduits en français. Les personnages parlent parfois quand on roule, mais ils ont le bon goût d’expliquer les points importants pendant les moments calmes : vous n’aurez pas à essayer de comprendre la démarche à suivre afin de survivre tout en zigzagant entre les obstacles sous une pluie de produits toxiques. Au pire, les dialogues peuvent être rejoués via le menu adéquat. De toute façon, votre personnage est un silent character par excellence.

En parlant du personnage, il est à noter que la version anglaise y fait référence via l’écriture inclusive (they/them) : c’est compréhensible vu que les personnages secondaires ignorent totalement à qui ils ont affaire. Cependant, la traduction française a fait le choix de parler du personnage au féminin.

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Pacific Drive propose une aventure au cœur d’une zone remplie de mystères qui intriguent suffisamment pour vouloir continuer à en découvrir davantage. Les mécaniques de rogue-lite qu’il propose s’intègrent bien dans la progression, mais il finit par y avoir une certaine répétitivité sur les actions à mener, à commencer par l’importante collecte de ressources.

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Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.

(Joué en 1080p sur AMD Ryzen 5 1600, 16 Go de RAM, GTX 1070)

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