Let's Sing 2018 : un nouveau couac ?
Ravenscourt et les studios Voxler nous proposent une nouvelle occasion de casser les oreilles aux Joliens pendant les fêtes de fin d’année. Mais que vaut leur jeu ?
Depuis quelques années, Voxler nous propose tous les ans une nouvelle édition de Let’s Sing, sans pour autant proposer de réelle nouveauté autre que de nouveaux titres à fredonner si l’envie vous en prend. Nouveauté de cette année, et pas des moindres, ils abandonnent complètement la version Xbox One, mais proposeront à la fin du mois de novembre une version Switch, en plus des versions PlayStation 4 et Wii/Wii U. Suivez le guide pour une nouvelle descente dans les enfers musicaux francophones.
Il est venu le temps des boules quies
Ce n’est pas le premier jeu de la série qu’on teste, mais on rappelle quand même le principe de base : lancez le jeu, attrapez un micro, choisissez un titre, cassez les oreilles à votre chat/chien/compagnon/compagne/voisin/voisine. De ce côté-là, rien à redire : du moment que vous avez le matériel, vous pourrez rapidement prétendre que vous êtes toujours sous la douche ou vous marrer avec quelques potes autour de quelques chansons pour la plupart assez récentes.
On l’a dit, ils n’en sont pas à leur coup d’essai, et ils reviennent avec la même solution que l’an passé : commercialiser un mix de titres couleur locale et internationaux en fonction du pays de vente. C’est un effort louable en soi, car la concurrence directe, quasiment inexistante en dehors du mastodonte SingStar qui vivote toujours dans son coin avec un nouveau pack baptisé Celebration débarquant à la fin du mois de novembre, ne propose pas énormément de choix en matière de musique française, si d’aventure elle en propose. Mais bon, quoiqu’il en soit, on a toujours des bons gros tubes internationaux pour faire genre on est totalement bilingual dans la langue de Shakespeare, parce que la tragédie, c’est mieux que la comédie de Molière.
Première amélioration qui saute aux yeux par rapport à la version de l’an passé, qu’on remarque dès le lancement du jeu, la lisibilité de l’interface, qui a été grandement épurée. Il est facile cette année de naviguer dans le menu et de choisir son mode de jeu, puis sa musique, avec la traditionnelle liste et ses courts extraits pour vous faire dire “Ha oui, je connais” ou vous laisser regarder l’écran avec des yeux de poisson mort si d’aventure vous tombez sur un morceau de “rap” français.
La progression du joueur est elle aussi améliorée : vous avez maintenant un vrai profil d’utilisateur qui suit vos activités et résultats et dont on peut envisager qu’il sera transférable d’une version à une autre. À l’instar d’un Just Dance, vous pouvez maintenant débloquer des avatars supplémentaires en menant à bien des missions spéciales. Les statistiques sont complètement accessoires pour bien des joueurs, mais c’est toujours intéressant et utile dans le cadre de la chasse aux trophées.
Le temps de la rengaine
Par contre, une fois en jeu à proprement parler, on n’a guère vu de changement et encore moins d’innovation. Les paroles sont toujours au même endroit, en bas du clip si vous êtes seul, en haut et en bas quand vous jouez à plusieurs en fonction du mode de jeu. Un découpage syllabique est proposé directement dans la bande indiquant la hauteur du chant, ce qui est plutôt bien pour les chansons proposant des variations mélodiques sur un refrain par exemple.
Chantez au bon moment (n’hésitez pas à prendre toujours un petit peu d’avance sur le curseur), marquez des points, atomisez vos potes qui vous inscriront à la prochaine édition de The Voice pour que vous bénéficiez de la sagesse fiscale de Florent Pagny dans ces temps troublés.
Le mode Par Coeur, qui nous avaient valu les quolibets joliens à Noël dernier, car nous connaissions par coeur une chanson de Kyo, a un successeur spirituel dans dans le mode TV qui reprend le principe en mode “N’oubliez pas les paroles”. En gros, maintenant, vous chantez une chanson en entier et vous devrez remplir une centaine de trous répartis dans la chanson que vous aurez choisie. Sur le principe, OK, sauf que comme de coutume, que tu dises le bon mot, “caca” ou “abracadabrantesque”, tant que tu le fais en rythme et dans le ton, tu marqueras des points. À la manière d’une chanson compliquée sur Rock Band, il suffira de fredonner pour tout passer.
Le mode Passe le micro devient lui le mode Feat, qui est conçu pour être joué à deux joueurs, mais le jeu est tellement bon dans sa mansuétude qu’il pense à tous les Rémi sans famille de France et de Navarre et vous permet d’y jouer avec l’IA. Rien ne vous empêche d’avoir plus de deux chanteurs, les transitions d’un chanteur à l’autre sont rarement chaotiques et plutôt bien amenées, n’entraînent que rarement une précipitation dommageable à la performance. Vous avez même la possibilité de chanter en harmonie. C’est plutôt pas mal ; un bon point, donc.
Le mode Mix Tape est, lui, si on ne se trompe pas, nouveau. Il propose en somme de chanter avec un ami en mode affrontement une série de chansons ou plus précisément des extraits de chansons d’une trentaine de secondes et celui qui marque le plus de points l’emporte. Les listes de chansons sont pré-établies et on peut choisir parmi différents thèmes (Rock, Pop, Eighties…). L’idée est bonne dans l’absolu, mais la liste de chansons fait qu’on en fait rapidement le tour et que c’est rapidement ennuyeux.
Tous les cris, les SOS...
Tant qu’on parle de la playlist… Alors bon, oui, il en faut pour tous les goûts et les couleurs et il faut avouer que ce jeu de karaoké est chaque année notre seul contact réel avec la chanson francophone.
L’an dernier, on supportait tant bien que mal les rimes insipides et sans queue ni tête de Ridsa et ses semblables, mais cette année, la barre est mise encore plus haut. Il aurait juste manqué un petit JUL pour parachever le tout. Non seulement ils remettent le couvert avec cet artiste en éternel devenir, mais on trouve aussi du Kendji Girac qui tente une reconversion en Maluma avec un accent soi-disant hispanisant des plus risibles (NdlR : faites écouter cela à n’importe quel espagnol qui parle un peu français et il sera catastrophé de voir qu’on pense que les Espagnols parlent comme cela en français). Découverte de l’année : KeBlack, à qui on rendra hommage pour ne pas utiliser de vocoder sur la chanson proposée dans le jeu, mais c’est à peu près tout. Le reste est très orienté pop ou peut-être un peu trop franco-francais. Voir des artistes comme L.E.J. ou Olivia Ruiz est intéressant pour un amateur, mais elles font peut-être un peu tâche dans le sens où ce n’est pas vraiment le genre de chansons sur lesquelles n’importe qui s’emparera d’un micro pour pousser la chansonnette. Sur ce point, on a peut-être à peine trois valeurs sûres, avec les chansons de Jean-Jacques Goldman, Johnny Halliday et Alain Bashung. Cependant, quand tu les vois ramenés au niveau de ce qu’on a trouvé le moyen de présenter à l’Eurovision ou de Vianney, une fois encore… Cela fait mal.
Au niveau international, c’est solide, par contre. Néanmoins, il y a fort à parier que tonton Robert ou mamie Gisèle soient moyennement chauds pour se lancer sur du Queen autrement que pour le refrain ou du Charlie Puth voire du Chainsmokers. Toutefois, là, il y en a vraiment pour tous les goûts et même si les choix restent discutables, car totalement subjectifs, on a une vraie variété. En somme, on aurait préféré plus de vrais tubes, quitte à ce qu’ils datent un peu, plutôt que de les voir claquer le budget des droits d’auteurs dans des soi-disant hits de pacotille.
Crache ton jukebox, Myrhdin
Que dire de ce Let’s Sing 2018… Et bien, il ne réinvente pas la poudre ni la série, c’est le moins qu’on puisse dire. Il continue le bonhomme de chemin de la licence, change les choses sans vraiment les changer et c’est bien dommage. Le jeu a pris le parti de refondre des modes de jeu qui marchaient très bien dans des nouveautés qui sont presque identiques sur le papier et qui ne corrigent en aucun cas les manquements observés par le passé. Une illusion de nouveauté, en somme.
Pour ce qui est de la playlist… Franchement, on a beau vouloir rester neutre, c’est impossible de la trouver satisfaisante, car il n’y a vraiment que très peu de chansons qui font qu’on a envie de prendre le micro. La vraie question est de savoir si le modèle choisi par le développeur est le bon : leur seul vrai concurrent, SingStar, comme on l’évoquait plus haut, a pris le parti de passer quasiment exclusivement sur des mises à jour d’une plateforme en ligne et sortira pour la première fois depuis presque trois ans un jeu physique en cette fin d’année. Ils ne révolutionneront pas le monde du jeu de Karaoké, mais au moins, ils ne font pas passer des vessies pour des lanternes aux amateurs et proposeront à n’en pas douter un pack de chansons qui vaudra son prix d’achat.
Est-ce qu’ils ne gagneraient pas à travailler sur un cycle de plusieurs années pour développer de nouvelles fonctions et proposer en attendant des packs de contenu supplémentaire thématique pour faire patienter les joueurs ? Vu qu’ils arrivent à faire des playlists thématiques, ils devraient être en mesure de faire des packs “Rock FR 2018”, “Pop 2018”, “JUL, PNL et leur clique 2018”, “Nouvelle Scène FR 2018” qui laisseraient le choix aux amateurs de karaoké de chanter ce qu’ils veulent et de ne pas donner de thunes à des tocards.
Donc bon, voilà. Pas grand chose de plus à dire sur le jeu en lui-même qui n’est pas mauvais du tout, qui pêche juste peut-être sur sa playlist, mais peut-être n’est-on pas le public ciblé. Si vous cherchez un karaoké à faire tourner dans des soirées entre amateurs d’actualité musicale, il fera sans aucun doute l’affaire.
Test réalisé par Myrhdin à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Plateformes | Nintendo Switch, PlayStation 4, Wii, Wii U |
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Genres | Rythme, contemporain, post-apocalyptique |
Sortie |
20 octobre 2017 (France) (Wii) 20 octobre 2017 (France) (Wii U) 20 octobre 2017 (France) (PlayStation 4) Décembre 2017 (France) (Nintendo Switch) |
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