Test de Titan Quest (console) - Un titan de papier
Surfant sur la vague des remasters, c'est un titre phare des années 2000 qui revient sur le devant de la scène avec Titan Quest. Défi supplémentaire, il débarque dans une version prévue pour les consoles de salon. Pari réussi ?
Si on doit être honnête avec vous, notre première réaction au moment de l’annonce d’un portage de Titan Quest sur PlayStation 4, ça a été quelque chose du genre “OMG WTF BBQ, trop bien, j’adorais ce jeu quand j’étais gosse et si c’est moitié aussi bien que la version de Diablo III sur console, ça va être terrible”. Bon, et bien, force est de constater que ce n’est même pas moitié aussi bien que Diablo III sur console. On aurait aimé pouvoir vous accrocher et prétendre qu’on allait trouver des bons points ou des trucs cools à dire, mais autant vous aider à gagner du temps de jeu. Si vous préférez perdre votre temps à nous lire plutôt qu’à jouer à un bon jeu, merci !
Un jeu de légende(s)
On ne peut pas vraiment remettre en cause les qualités intrinsèques de Titan Quest. Les vieux savent tous très bien de quoi il retourne et que c’était un très bon jeu à son époque. Pour les plus jeunes, on va quand même revenir quelques temps en arrière par moments. On se concentrera malgré tout essentiellement sur la qualité du portage.
De prime abord, l'idée d'un RPG hack and slash à la Diablo dans un environnement mythologique est séduisante. En effet, le contexte est propice à la création de terribles méchants avec moult vilains dieux, des monstres un peu glauques, des décors fantastiques qui font tous partie du patrimoine commun en Occident. Rajoutez à cela la possibilité d’utiliser des dizaines d’objets légendaires en guise de butin et vous êtes parés pour proposer une alternative plutôt sympathique à ce qui est proposé sur le marché… en 2006, date de sortie initiale du jeu. Et franchement, à l’époque, Titan Quest s’en tire plutôt très bien, envahit les cybercafés et arrive à se créer une solide communauté qui se réjouira de l’arrivée d’une extension l’année suivante et même, bien des années plus tard, de la sortie d’une autre extension, dans un contexte qui ne sera pas gréco-romain.
Le voilà donc qui débarque sur consoles en ce mois de mars, avec une résolution augmentée, de nouvelles textures et bien sûr de nouveaux contrôles pour le rendre jouable à la manette et tirer parti des nombreuses fonctions de la manette DualShock 4. De ce côté, aucun problème : Black Forest Games, le développeur auquel THQ a confié la responsabilité de ce portage, a réussi à faire en sorte que le jeu soit jouable. Ou tout du moins, qu’on puisse le lancer sur une console.
C'est dans les vielles amphores...
Parce que bon, après tout, le principe de base d’un hack-and-slash n’est pas bien compliqué : vous parcourez une carte de part en part, vous démontez des monstres à la chaîne, vous accomplissez des quêtes, vous gagnez de l’expérience se faisant et vous récupérez du matos plus ou moins cool. Généralement, les joueurs sont assez tolérants avec les environnements ou l’histoire tant que les mécaniques de jeu ou les arbres de progression de votre personnage sont intéressantes, complexes et logiques, ou les invitent à étudier en profondeur comment monter tel ou tel avatar. Cependant, là, on avait un pot pourri de références culturelles grecques, romaines, perses ou égyptiennes, que ce soit pour le décor ou pour les monstres, donc cela ne gâchait rien et c’était vraiment une des forces du titre et c’est toujours présent dans cette version PlayStation 4.
C’est triste à dire, mais au final, les seules bonnes choses qu’on a pu trouver à dire sont le fruit du travail sur le jeu original il y a douze ans et non pas du travail plus récent de réadaptation : le système de compétences, qui aide à spécialiser votre personnage et favorise la rejouabilité du titre (il n'est pas possible de jouer toutes les spécialités à la fois), fonctionne toujours bien, ce qui vous permet de personnaliser votre alter ego comme vous le souhaitez, que ce soit en se concentrant sur le combat rapproché (Maîtrise du Combat) ou l’invocation de morts-vivants pour attaquer vos ennemis (Maîtrise de l'Esprit), sans oublier les compétences de guérison (Maîtrise de la Nature) et celles avec l'arc et les flèches (Maîtrise de la Chasse).
De Charybde en Scylla
Pour le reste, c’est un peu parti à vau-l’eau, surtout quand le jeu se contente d’un simple portage et ne tient pas compte des évolutions du genre, notamment sur console, avant de se lancer. Par exemple, premier point qui nous a choqué alors même qu’on se disait que ce serait une nouvelle expérience coopération sympa, les seules possibilités de jeu multi sont en ligne, jusqu’à six joueurs : pas de coopération depuis votre canapé, pas de massacre de manette entre potes autour d’une pizza. Toute la concurrence ou presque propose cette option (qui semble pourtant essentielle au concept même de jeu sur console), elle ne semble pas beaucoup plus compliquée à mettre en place qu’un coop en ligne, on ne comprend donc vraiment pas pourquoi elle a été ainsi mise de côté.
Tant qu’on parle de mise de côté, on pointera d’ailleurs du doigt le fait que le contenu de la première extension Immortal Throne a été rajouté, mais paradoxalement pas celui de l’extension Ragnarok, pourtant plus récente. On notera aussi que la version PC offre elle une gestion de mods ainsi qu'un éditeur de niveaux, qui sont absents de la version console.
La mise à jour graphique en elle-même est aussi assez faible. Alors certes, on note bien une amélioration, cela aurait été triste, sinon, mais la qualité est vraiment inégale. Les cinématiques qui claquaient la rétine en 2006 ont pris un sacré coup de vieux dans les dents et ont clairement perdu de leur superbe sur un écran HD. On avait encore sous la main le matériel de test de Shadow of The Colossus et on peut vous assurer que le passage à la 4K est juste à vous arracher les yeux avec des pinces à escargots.
Dans le même genre, évoquons la refonte des dialogues. Ils apparaissent toujours dans des bulles au dessus des personnages, mais leur taille est assez ridicule, surtout en 4K et en mode console de salon avec votre canapé à 2 mètres au moins de votre télé. Vous avez de quoi générer une bonne crise de tension sur votre nerf oculaire si vous cherchez à en lire plus de deux. On a préféré s’en remettre au doublage en anglais.
Aussi fragile que le talon d'Achile
Rajoutez à cela que, comble pour un hack and slash, le taux de rafraîchissement des images s'effondre aussi vite que chute la pierre de Sisyphe sur le flanc de sa montagne dès que les effets de sorts ou les monstres se multiplient ou dès que vous essayez de zoomer dans un sens ou dans l’autre. C’est plutôt étonnant parce qu’au final, le jeu a subi un lifting, soit, mais ce n’est clairement pas une révolution et un si vieux jeu ne devrait pas rencontrer ce genre de problème si son remaster avait été optimisé correctement.
Cependant, le plus gros problème avec cette mouture de Titan Quest, et de loin, c'est qu'elle n'est pas aussi réactive qu'elle devrait l'être, avec une espèce d’inertie bizarre dans les mouvements de votre personnage. Par exemple, vous déplacez votre personnage avec une simple pression du joystick, mais si vous le relâchez, votre personnage continuera à avancer pendant quelques instants. De même, le ciblage est assez chaotique, car très peu précis, avec une espèce de ciblage automatique qui est très peu pratique notamment quand il y a une multitude de monstres à l’écran, alors même que Diablo 3 a mis en place un système parfait pour cela sur console. Autre exemple qui illustre très bien les soucis sur cette version console : vous utilisez la touche carré pour attaquer sur PlayStation 4 et si vous avez le malheur d’appuyer ne serait-ce qu’une fois de trop sur la touche en question, votre personnage s’empressera d’aller attaquer le monstre suivant, peu importe qu’il soit à 2 mètres ou à l’autre bout de votre écran. Rajoutez à cela le problème de hitboxes qui ne sont pas prises en compte et vous donnent l’impression de passer votre temps à taper une fois sur trois dans le vide et vous voyez la galère...
Après, s’il y avait bien un détail qu’on espérait voir changé dans cette nouvelle version, c’était un truc très frustrant dans Titan Quest par rapport à ses concurrents : vous ne pouvez pas péter un seul élément du décor. On n’a jamais vraiment compris pourquoi, pour être honnête, surtout quand l’absolue majorité des titres du genre le proposent, mais c’est comme ça, et cela n’a pas été changé, mais c’est un simple point de détail.
Crache ta gorgone, Myrhdin
Au final, si on est honnête, un bon nombre de ces problèmes pourraient potentiellement être résolus par un patch, mais malheureusement, il est fort probable qu’il ne voit jamais le jour. Après tout, on a encore une fois le sentiment que cette version n'est là que pour faire cracher au bassinet les fans nostalgiques qui seront assez crédules pour l’acheter plein pot dès sa sortie plutôt que d’attendre les premières critiques.
Après, si vous êtes vraiment en manque, oui, Titan Quest pourrait vous offrir quelques heures de jeu fort sympathiques, à partager en ligne avec un pote. Du loot à foison, une campagne longue et passionnante qui ne connaît pas de temps mort, des compétences par dizaines pour créer votre personnage à nul autre pareil, tous les ingrédients pour vous garder occupé pendant un bon moment, au moins une bonne cinquantaine d’heures.
C'est juste dommage que l’exécution n’ait pas été au rendez-vous, car en l’état, il ne tient pas la comparaison face à Diablo III, Victor Vran, Van Helsing ou même Wolves of Midgard et si vous voulez vraiment jouer à un HnS sur console, ce qui est déjà un choix courageux, on vous recommandera, à l’heure actuelle de vous tourner plutôt vers l’un des jeux sus-cités. Jouer à ce Titan Quest sur le même matériel qui fait tourner un Horizon Zero Dawn tient de la farce.
Ce test a été réalisé de manière indépendante sur une version PlayStation 4 mise à disposition gratuitement par l'éditeur du jeu et n'est aucunement associé à une quelconque opération promotionnelle sur JeuxOnLine.
Sur le même sujet :
Plateformes | PlayStation 4, Windows, Xbox One |
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Genres | Hack 'n' slash, fantasy, historique |
Sortie |
30 juin 2006 (France) (Windows) Mars 2018 (Xbox One) Mars 2018 (PlayStation 4) |
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