Test de Disgaea 6 - Déjanté dans le ton, sage dans la forme

Information : Afin de ne pas  vous spoiler certains éléments du jeu, notamment son histoire, et afin de respecter les directives données par KOCH Media France, vous ne verrez que des images issues des premières heures de jeu.

Les classiques sont là

Un gameplay connu

La formule Disgaea est totalement conservée dans cet opus, on y retrouve donc un système tactique au tour par tour dans lequel vous devez déplacer un ou plusieurs personnages sur un damier. À chaque tour de jeu, vos personnages peuvent réaliser un déplacement et une attaque ou une action spéciale (qui peut être offensive ou défensive).

Le placement de vos personnages a une importance puisque des effets de combo sont de la partie. Si l'un de vos personnages réalise une attaque et que d'autres personnages alliés se trouvent autour de lui (dans une zone de 2 cases), ces autres personnages attaquent automatiquement pour réaliser un enchaînement d'attaques, de quoi infliger des dégâts plus importants.

Suite à une attaque portée ou subie, une contre-attaque automatique peut survenir, relançant ainsi de nouvelles actions automatiques qui peuvent, elles aussi, être améliorées par des enchaînements à plusieurs. Et si une seule contre-attaque ne suffit pas, la contre-contre attaque existe, ainsi que la contre-contre-contre attaque, eh oui.

Il vous est également possible d'augmenter la zone de déplacement d'un personnage en vous servant d'un autre allié comme point d'appui. Celui-ci peut vous soulever et vous lancer plus loin. Il en va de même avec certains obstacles qui peuvent se présenter à vous sur la carte, comme des caisses ou des tonneaux. Cela pourrait vous être utile pour avoir le contrôle de la situation et orienter les déplacements de vos adversaires.

Les géo-symboles que l'on pouvait notamment retrouver dans l'opus précédent sont toujours présents, mais ont globalement un peu moins d'impact sur la partie, probablement en lien avec un level design moins poussé. Pour ceux qui ne savent pas de quoi je parle ici, ces géo-symboles permettent d'activer certains bonus ou malus pour les entités en combat se trouvant dans des zones bien précises, et leurs effets peuvent se cumuler.

Ces géo-symboles apportent un côté puzzle aux affrontements, en plus de la tactique initiale, mais comme dit plus tôt, leur utilisation devient moins intéressante dans ce nouvel opus de la série.

Une histoire dans la lignée de la série

Comme dans l'épisode précédent, l'histoire contée dans ce titre reste assez secondaire même si elle englobe une partie de votre expérience sur Disgaea 6. Vous incarnez Zed, un démon qui a la particularité de se réincarner indéfiniment lorsque la vie le quitte, qui a pour seul but de vaincre le Death-Tructor divin ayant ravagé le Sous-Monde dans lequel de nombreuses créatures vivent. Zed semble avoir perdu sa sœur cadette lors de cette tragédie et il fera tout pour arriver à ses fins.

Pour cela, il voyage dans le Sous-Monde et même au-delà. Il y rencontre de nombreuses personnalités, alliées comme ennemies et surtout très déjantées. Il s'associe progressivement à de nouvelles personnes, comme Piyori la super héroïne ou Pingredor le roi trop riche, pour que la bataille à venir face au Death-Tructor divin se déroule dans les meilleures conditions.

Loin d'être mauvaise, l'histoire de cet épisode n'est cependant pas extraordinaire malgré quelques rebondissements intéressants et la mise en scène présentée reste très classique et sans surprise.

Les nouveautés aussi

La boucle éternelle de la réincarnation

Au cours de l'histoire, Zed est amené à combattre plusieurs fois le Death-tructor divin, dans l'espoir de le vaincre. À chacune de ses défaites, et donc de mort théorique, Zed se réincarne au sein d'un nouveau Sous-Monde. Lorsqu'il se réincarne, Zed perd l'intégralité de ses niveaux acquis, mais conserve toutefois toute sa puissance.

Plus vous mourez, plus vous vous réincarnez et plus votre puissance sera élevée. La réincarnation de Zed ne sert pas qu'à revenir au niveau un. Elle permet également à Zed de gagner du Karma qui lui sert à améliorer toutes ses caractéristiques, de renforcer son statut, d'augmenter son nombre d'attaques, d'accroître sa portée de déplacement en combat, etc. Des bonus permanents (gardés d'une réincarnation à l'autre) peuvent alors être obtenus et cumulés, alors que d'autres bonus sont actifs pour la réincarnation actuelle.

Direction l'usine de combat

Alors non, je ne parle pas ici d'une fonctionnalité réclamée jusqu'à la mort par les fans de Pokémon, mais de l'orientation donnée au jeu à travers l'ajout d'un mode automatique qui vous permet de ne pas avoir à combattre vous-même.

Plutôt utile pour des sessions de farm intensives sans prise de tête, ce mode permet à vos personnages de jouer sans que vous n'ayez à toucher le moindre bouton. Vous avez toutefois la possibilité de paramétrer en amont l'intelligence artificielle qui joue à votre place à travers des conditions et des actions prédéfinies. Cette manière de jouer sera plutôt destinée aux joueurs qui ont terminé le segment principal du jeu et qui souhaitent acquérir de nombreux objets, gagner de l'expérience rapidement et se concentrer sur l'essentiel en laissant les combats "de base" entre les mains de l'ordinateur.

Une 3D pas si nécessaire ?

Un élément important mis en avant par ce nouvel opus est la modélisation en 3D des personnages et des créatures du jeu. Ces créations sont plutôt bien réalisées et le cell shading mis en place apporte une pâte visuelle intéressante qui, dans certains cas, pourrait nous faire croire à des rendus en 2D. Il en va de même pour les animations affichées lors d'attaques spéciales. Cela apporte des effets visuels supplémentaires et de la profondeur pour un rendu plus détonnant que jamais. Cependant, est-ce vraiment si nécessaire dans un tactical, et plus spécifiquement dans la série Disgaea ?

Je ne suis pas un grand habitué de la licence, mais je trouve que le passage en 3D rend les animations plus longues et complexes alors que j'ai quand même l'impression que l'on pousse le joueur à enchaîner les missions et à farmer continuellement pour gagner des niveaux, avoir une puissance démesurée, amasser des objets, etc. Il existe des paramètres de jeu pour accélérer les animations, en supprimer certaines et même de quoi automatiser les combats, mais ces options mettent directement de côté le travail qui a été mené par l'équipe graphique qui a plutôt bien travaillé sur ce titre et je trouve ça un peu dommage, alors que conserver un rendu 2D avec des animations plus directes aurait permis d'avoir un visuel intéressant en toute circonstance.

Une technique qui pèche

Le passage à la 3D n'a pas apporté que de belles animations. Le jeu devient plus lourd à gérer et la Nintendo Switch peine à proposer une aventure fluide dans certaines conditions.

Dans ses options, le jeu propose trois modes de qualité graphique :

• Jouabilité: ce mode réduit les paramètres graphiques à leurs valeurs les plus basses. Cela passe par un retrait de l'anti-aliasing, de l'ajout d'un filtre flou sur l'ensemble de l'écran et d'une forte pixellisation des personnages.

• Balancé: ce mode est à mi-chemin entre Jouabilité et Performance. Il atténue le filtre flou du mode précédent et ajoute un peu d'anti-aliasing. Le jeu n'est cependant pas tout à fait fluide, on y ressent en effet des saccades constantes.

• Performance: dans ce mode, les paramètres graphiques sont poussés au maximum et les modélisations 3D sont plus fines et agréables à l'oeil, avec un anti aliasing ajouté. Cependant, la console ne semble pas suivre le rythme et de fortes saccades surviennent lors des déplacements et des ralentissements sont présents en combat. Je pense honnêtement qu'il est impossible de jouer dans ce mode de qualité.

Le fait d'avoir une console peu puissante couplée à une technique sans doute nouvelle pour l'équipe de développement fait davantage ressortir les défauts techniques du jeu. Il devient plus agréable de jouer dans le mode "Jouabilité" pour profiter d'une meilleure fluidité de jeu, mais en sacrifiant la qualité graphique lorsque l'on se trouve en mode docké face à un grand écran alors que jouer dans le mode "Balancé"  devient moins gênant lorsque l'on se trouve en mode portable, en profitant d'un écran bien plus petit et d'une sensation de finesse des éléments graphiques. On y ressent ainsi beaucoup moins les saccades liées à la perte de fluidité du titre puisque les yeux sont focalisés sur une moins grande surface de jeu.

On achète ou pas ?

Disgaea 6: Defiance of Destiny est un jeu s'inscrivant dans la droite lignée de ce que la licence propose aux joueurs depuis de nombreuses années et qui apporte quelques mécaniques supplémentaires afin d'aller encore plus loin, mais qui simplifie aussi certains aspects de jeu pour faciliter l'arrivée de nouveaux joueurs.

Les fans de la licence se sentiront en terrain connu et pourront reprendre de longues sessions de farm pour leur plus grand plaisir et espérer atteindre des niveaux de puissance plus élevés que jamais, mais ils pourraient également regretter la simplification de certaines mécaniques de jeu. Les plus néophytes pourraient également se sentir un peu perdus entre les nombreuses informations affichées et les différents menus proposés. Le ton totalement décalé de la licence rend certaines phases de jeu plus agréables et vous ne manquerez pas d'esquisser au moins un rictus lorsque votre fidèle Cerbère lâchera quelques punchlines.

De par son genre tactical qui reste encore très présent, profond ainsi que bien réalisé et de la quantité d'informations qui sont disponibles, ce n'est peut-être pas un jeu à mettre entre les mains de jeunes adolescents, mais il ne devrait y avoir aucun problème de prise en main pour une personne un peu plus âgée.

En dehors des points techniques évoqués plus tôt qui peuvent être artificiellement atténués en jouant avec votre Nintendo Switch en mode portable, Disgaea 6 saura vous amuser au cours d'une longue aventure pour de courtes ou longues sessions, ce qui s'adapte plutôt bien à ce que la console de Nintendo a à proposer.

Il ne faut cependant pas s'attendre à ce que le jeu soit l’expérience Disgaea ultime. Comme le titre de ce test l'indique, le ton donné au jeu est bon, comme les précédents titres de la licence, mais la forme est assez sage et sans grosse surprise.

Une version vidéo de ce test est disponible avec des images de gameplay capturées sur Nintendo Switch, de quoi vous forger un avis sur ce qui est proposé par Nippon Ichi Software.

Les +	Les -
Un gameplay toujours qualitatif Une durée de vie correcte Un univers déjanté Direction artistique réussie Une traduction de qualité Les options pour varier la difficulté de jeu	Beaucoup d'informations pour un néophyte (surtout en début de jeu, ça peut faire peur) Une technique assez compliquée Une mise en scène pauvre de l'histoire Des musiques assez quelconques Une usine à farm une fois l'histoire terminée

Ce test a été réalisé par Salakiss sur une version du jeu fournie par le distributeur, sur Nintendo Switch.
Merci à Thomas Losilla et à son équipe.