Test de Pokémon Diamant Étincelant / Perle Scintillante - Du pas très neuf avec du vieux

Attendus depuis des années, les remakes de Pokémon Diamant et Perle sont enfin arrivés en 2021… mais pas vraiment sous la forme qui était espérée. Le maître-mot était la fidélité aux opus originaux, mais les sensations de 2021 sont-elles les mêmes que celles de 2007 ? On essaie d’y voir plus clair !

Une douche froide

L’annonce du 26 février a fortement fait tanguer le frêle navire des amateurs de Pokémon. La 4G, qui est l’une des générations préférées, si ce n’est LA génération préférée du plus grand nombre, allait non pas avoir droit à un remake, mais deux. Tout d’abord, Diamant Étincelant et Perle Scintillante, délégués au studio ILCA qui a notamment travaillé sur le dernier Dragon Quest, qui se veulent aussi fidèles que possibles aux opus originaux, et un peu plus tard Légendes Arceus, tout en 3D, prévu pour janvier 2022 et développé par les habituels membres de Game Freak. D’ailleurs, c’est ce futur jeu qui a aidé à faire passer la pilule de la déception, car ce retour à la 2D a été très surprenant, surtout avec les personnages qui arborent de nouveau un style chibi abandonné durant l’époque 3DS. Et encore.

Graphiquement, il faut dire que les captures d’écran et les vidéos ne rendent pas vraiment hommage à ces versions. Il faut bien le reconnaître, une fois la déception digérée, ça fonctionne plutôt bien. L’ensemble est coloré, vivant et chatoyant, le jeu des ombres et des lumières est assez réussi et les écrans de combats sont sans aucun doute possible d’une qualité bien supérieure à celle d’Épée et Bouclier, sortis il y a déjà deux ans. Le seul bémol vient du système de Pokémon qui peut suivre le protagoniste : il n’a pas les proportions des chibis et le mélange des deux dénote un peu, surtout que les créatures ont ici toutes la même taille. Pour Pikachu ou Tortipouss, ça passe, mais les Pokémon légendaires en format minuscule donnent un rendu totalement ridicule.

Une fidélité à toute épreuve

L’histoire est identique à celle de Diamant et Perle, à la virgule près. Là où Saphir Alpha et Rubis Oméga prenaient quelques libertés par rapport à leurs versions d’origine, on est ici sur la même chose. Il faut obtenir les 8 badges d’arène tout en déjouant les plans de la Team Galaxie qui veut réveiller un Pokémon légendaire pour détruire le monde afin d’en rebâtir un nouveau soit-disant parfait. On touche ici du doigt le plus gros souci de DEPS : on est en réalité bien plus proche d’un remaster que d’un remake, ce à quoi on n’avait pas été habitués chez Pokémon. Les dresseurs ont les mêmes Pokémon avec les mêmes niveaux qu’à l’époque, on y trouve les mêmes créatures qu’en 2007 pendant l’aventure et même après ! En effet, aucun des Pokémon apparus à partir de la 5ème génération n’est présent… 

Il faut quand même noter qu’une bonne partie des innovations qui sont passées depuis Diamant et Perle ont été conservées. La plus notable est le type Fée qui est ici malgré son apparition sur 3DS, même si on déplore l’absence de Nymphali, qui coupe une patte à la lignée Évoli. Les CS, compétences permettant de débloquer des passages sur la carte en cassant des rochers ou en nageant, sont maintenant des capacités externes qui ne nécessitent pas d’avoir un Pokémon dédié dans l’équipe, et c’est appréciable ! De la même façon, le PC est accessible partout et tous les outils d’optimisation statistique comme les Capsules, les Pilules Talent ou les Aromates sont de la partie. C’est un bon point.

Un terrain trop connu

Cela dit, à part ça, le jeu ne surprendra à aucun moment les vieux de la vieille, l’aventure est une promenade de santé amplifiée par le Multi Exp qui fait monter les niveaux des Pokémon bien plus rapidement qu’à l’époque et l’accès à des Fabuleux comme Mew, Jirachi et Manaphy très tôt dans le jeu. Et là, si on ne s’y attend pas, une grosse claque dans la figure au moment du Conseil 4. Il s’agit sans aucun doute du plus difficile que l’on ait pu affronter en 25 ans de Pokémon grâce à une conception plutôt intelligente, ce qui n’est pas pour déplaire.

Malheureusement, les nouveautés sont extrêmement minces. Le Super Show Concours, remplaçant du Super Concours, n’a que peu d’intérêt, et le contenu post-game s’articule autour des Grands Souterrains. Jouables seuls ou à plusieurs, avec des amis ou des inconnus sur internet, ils permettent de déterrer des trésors et de capturer la plupart des 493 Pokémon de ce jeu grâce à un système d'apparition personnalisable. Comme d’habitude, un grand nombre d’anciens Pokémon légendaires sont trouvables dans un endroit précis nommé le Parc Rosa Rugosa, mais leur apparition est conditionnée au farm des souterrains. Si on a du mal à y adhérer… ça devient tout de suite un argument recevable pour ranger la carte de jeu dans sa boîte et ne plus jamais y retoucher.

Une finition contestable

Ces versions ont renoué avec les origines de la saga et se sont même payé le luxe de dépasser leurs modèles Diamant et Perle et même les vénérables Rouge et Bleu. Pas en termes de ventes ni de surprise, mais bel et bien à cause de leurs bugs. On a rarement vu un pareil gruyère avec des bugs de collision entraînant des blocages, des manipulations permettant de passer sous des textures et d’atteindre des endroits normalement impossibles ou même d’esquiver des combats ou encore des combinaisons ouvrant la voie royale au clonage massif de Pokémon et d’objets. Grâce à tout ça, les meilleurs speedrunners ont pu fixer des records situés autour du quart d’heure, avant que quelques patchs ne corrigent le tir. Mais le mal était déjà fait, surtout que de nouvelles combines sont trouvées chaque jour, ou presque.

Une formule qui marche

Pokémon Diamant Étincelant et Perle Scintillante sont des jeux qui ont été développés très rapidement par une équipe qui n’a pas vraiment eu l’occasion de s’exprimer. Il ne faut surtout pas y aller en pensant être surpris, parce que ça ne sera pas le cas, ou alors à d’extrêmement rares occasions. Mais en partant de ce postulat, l’expérience est plutôt bonne. La magie fonctionne encore très bien et la patte graphique, couplée aux réarrangements musicaux de bonne facture, y est pour beaucoup. Ces versions sont à réserver aux nostalgiques de la première heure ou aux parents qui veulent partager leurs souvenirs avec leurs enfants. D’ailleurs, pour nos petites têtes blondes, il n’y a sans doute pas de meilleure version pour mettre le pied à l’étrier et il y a de grandes chances que certaines boîtes se cachent sous des sapins le 25 décembre au matin. Pour les autres, il faudra attendre un mois de plus et Légendes Arcéus qui, lui, s’annonce beaucoup plus ambitieux… mais pas forcément plus réussi.

Test réalisé sur Switch par Malison à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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