Test : Age of Mythology: Retold - Immortal Pillars - L'Empire du Milieu entre en scène

Le nouveau DLC Immortal Pillars enrichit Age of Mythology: Retold avec l'introduction de la civilisation chinoise, représentant la plus importante addition au jeu depuis son remaster. Cette extension développée par World's Edge et Forgotten Empires apporte non seulement une nouvelle faction, mais révolutionne également les mécaniques de jeu traditionnelles avec son système unique de "terre privilégiée".

Là où les civilisations classiques suivaient des schémas de développement relativement similaires, les Chinois introduisent une approche radicalement différente de la gestion des ressources et de l'expansion territoriale, tout en maintenant un équilibre délicat avec l'ADN du jeu original.

Ce qu'on a aimé

Un système de divinités approfondi

Les trois divinités majeures - Fuxi, Nuwa, et Shennong - représentent bien plus qu'un simple choix cosmétique ou tactique. Chaque dieu introduit des mécaniques qui transforment fondamentalement l'expérience de jeu.

Fuxi, maître de la civilisation, implémente un système Yin-Yang sophistiqué qui alterne entre bonus militaires et économiques selon un cycle temporel précis, forçant les joueurs à adapter leur stratégie en temps réel. Son système unique permet d'obtenir 300% de recherche sur la terre privilégiée pour les bâtiments, tandis que les camps militaires et les ateliers de machines de guerre bénéficient d'une réduction de coût de 50%. Il permet aussi d'invooquer un héros secondaire, Nezha, qui gagne en puissance à chaque âge.

Nüwa, déesse de la création, révolutionne la construction avec son système d'auto-construction et d'extension de la terre privilégiée, permettant une expansion territoriale sans précédent. Sa capacité "Creator's Auspice" réduit le coût des paysans et améliore les points de vie des bâtiments au fur et à mesure que la faveur s'accumule.

Shennong, quant à lui, réinvente l'économie du jeu avec ses bonus agricoles considérables (il peut transformer des fermes en améliorant leur production, leur permettant de soigner des unités tout en les rendant invisibiles sur leur territoire) et son système unique d'unités mythiques gratuites, qui évolue naturellement au fil de la partie. Sur la terre privilégiée, les unités mythiques récupèrent des PV par seconde, un avantage qui augmente de 1,5 à 6 PV au fil des âges.

Des mécaniques innovantes

Le système de terre privilégiée constitue la pierre angulaire de l'innovation apportée par ce DLC. Contrairement aux autres civilisations qui génèrent leur faveur divine via des temples ou des actions spécifiques, les Chinois étendent leur influence à travers la construction stratégique de bâtiments.

Chaque structure contribue à étendre la zone de terre privilégiée, créant un maillage territorial complexe qui génère automatiquement de la faveur divine. Cette approche révolutionne non seulement la gestion des ressources divines mais influence également le placement des bâtiments et la stratégie d'expansion.

Les joueurs doivent constamment équilibrer leurs besoins tactiques immédiats avec la nécessité d'étendre leur zone d'influence, créant une couche supplémentaire de profondeur stratégique. Ce système est complété par des mécaniques uniques comme les villageois spéciaux qui récoltent le bois et l'or quatre fois plus rapidement et la nourriture deux fois plus vite que les paysans normaux.

Une riche palette d'unités

L'arsenal militaire chinois se distingue par sa diversité tactique et sa profondeur stratégique. Les héros immortels évoluent au fil des âges, devenant de plus en plus puissants et adaptant leurs capacités aux défis croissants.

Les unités mythiques, telles que les majestueux dragons volants et les redoutables Taowus, offrent des options tactiques uniques qui se démarquent clairement des autres civilisations. Les Taowus, par exemple, peuvent utiliser une capacité spéciale leur permettant de se précipiter directement dans la bataille, offrant une mobilité tactique incomparable.

Le jeu propose également neuf héros différents, chacun disposant de capacités spéciales distinctes qui peuvent radicalement influencer le cours d'une bataille. Les Sages, disponibles depuis l'Académie Impériale, peuvent non seulement soigner les unités mais aussi étourdir les unités mythiques ennemies et en créer des copies temporaires, une capacité particulièrement puissante contre les unités légendaires coûteuses.

Ce qu'on n'est pas sûrs d'avoir aimé

Un équilibrage incertain

Le système de faveur divine des Chinois soulève des questions d'équilibrage en multijoueur. Bien que moins efficace que celui des Grecs, il présente l'avantage unique de ne nécessiter aucune action active des joueurs, ce qui pourrait déséquilibrer certaines phases de jeu.

La génération passive de faveur, combinée à la possibilité d'étendre rapidement la terre privilégiée, pourrait donner un avantage injuste dans les parties longues, où l'accumulation de ressources divines devient critique. L'impact sur l'équilibre du jeu compétitif suscite des interrogations légitimes.

La complexité des mécaniques

Les nombreux systèmes superposés (terre privilégiée, bénédictions divines, héros immortels) peuvent créer une courbe d'apprentissage abrupte pour les nouveaux joueurs. La gestion simultanée de l'expansion de la terre privilégiée, des cycles Yin-Yang, et des capacités spéciales des héros requiert une attention constante et une compréhension approfondie des mécaniques. C'est encore pire, selon nous, avec le gameplay console au pad.

Cette complexité, bien qu'offrant une grande profondeur stratégique aux joueurs expérimentés, pourrait décourager les néophytes. La nécessité de maintenir une expansion territoriale constante tout en gérant l'économie et les combats ajoute une couche de difficulté supplémentaire à la maîtrise de la civilisation.

Ce que l'on a moins aimé

Une campagne décevante

La campagne solo de neuf missions souffre d'une narration peu inspirée et d'un doublage de qualité inférieure aux standards établis par le jeu original. Contrairement à la campagne "Fall of the Trident" originale, qui s'appuyait sur des personnages mémorables et une narration captivante, "Pillars of Gods" peine à créer un récit engageant.

Sur les neuf missions proposées, trois sont des scénarios sans construction, limitant considérablement l'intérêt stratégique. Une seule mission de défense et plusieurs missions au design peu inspiré font pâle figure face aux campagnes précédentes. Le doublage, en particulier, marque un net recul par rapport à la qualité des voix originales d'Arkantos, Ajax et Gargarensis.

Des failles stratégiques persistantes

Le système de construction automatique de Nüwa peut être exploité pour créer des murs instantanés sans villageois, créant potentiellement des situations de jeu déséquilibrées en multijoueur. Cette mécanique, combinée à la capacité de spammer des murs dans la terre privilégiée, pourrait transformer les parties en situations défensives interminables.

La durabilité des structures chinoises et leur capacité à être construites rapidement sans investissement en villageois soulèvent des questions légitimes sur l'équilibre du jeu en mode compétitif. Ces problèmes pourraient nécessiter des ajustements significatifs via des correctifs futurs.

Crache ton yin-yang, Myrhdin

Malgré une campagne décevante, Immortal Pillars enrichit Age of Mythology avec une civilisation chinoise particulièrement bien conçue. Les mécaniques innovantes et la profondeur stratégique compensent largement les quelques déséquilibres potentiels, offrant une expérience de jeu rafraîchissante qui respecte l'esprit de la licence.

Si la complexité des systèmes pourrait rebuter certains joueurs, la richesse tactique et les possibilités stratégiques uniques en font une addition précieuse au jeu de base.

Ce test a été réalisé par Myrhdin avec une clé ou un jeu fournis par le constructeur. Sa rédaction n'est le fruit d'aucune transaction financière entre le rédacteur ou JeuxOnLine et le développeur, l'éditeur ou les entreprises les représentant.