Interview de Nicolas Godement, CEO de Twin Sails Interactive

Le 07 avril, Twin Sails Interactive a annoncé son indépendance de sa maison-mère, Asmodee. Nous avons eu l'occasion de poser quelques questions à Nicolas Godement, le dirigeant de Twin Sails.

Bonjour ! Pour commencer, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Nicolas Godement : Bonjour ! Merci de nous recevoir, c’est super sympa.

Je m’appelle Nicolas Godement, j’ai 42 ans, 2 enfants, et je dirige Twin Sails Interactive depuis 7 ans.

À la base, j’ai fait HEC, une école de commerce, mais je me suis vite rendu compte que le jeu vidéo m’intéressait bien plus que la stratégie ou la comptabilité ! Donc, depuis, j’ai fait toute ma carrière dans le jeu vidéo. J’ai commencé à Shanghai en Chine en 2006 chez la société Virtuos ; on était prestataire de service sur les plus grands jeux AAA. Ça m'a permis à l’époque de comprendre comment étaient organisés de super studios comme Guerrilla, NCsoft, EA et des dizaines d’autres.

Puis de 2010 à 2018, j’ai successivement monté 3 studios de jeu mobile free-to-play à Paris. Mon fait d’arme, ça a été, avec mon équipe chez gumi Europe, d’opérer en Europe le hit japonais Brave Frontier RPG. Certains de vos lecteurs s’en souviendront peut-être.

Lundi 7 avril, vous avez annoncé que Twin Sails Interactive avait racheté son indépendance auprès de sa maison-mère, Asmodee. Pouvez-vous revenir sur les étapes qui ont mené à cette décision ? Qu’est-ce qui vous a poussés à devenir indépendants ?

À la base, la société s’appelait Asmodee Digital et existait depuis 2016. Nous étions alors spécialisés dans l’édition d’adaptations de jeux de plateau en version numérique. Donc, c’était une activité stratégique pour le groupe Asmodee, qui est un des leaders mondiaux du jeu de société.

En 2022, nous avons fait évoluer notre activité vers l’édition de jeux indépendants : Ember Knights, un roguelite, News Tower, un tycoon, Survival: Fountain of Youth, un jeu de survie, etc. Bref, des jeux qui n’avaient plus rien à voir avec du jeu de société ! C’est pour matérialiser cela que nous avons alors changé notre nom en Twin Sails.

Puis, il y a 2 ans, avec la direction d’Asmodee, nous avons établi que Twin Sails continuerait mieux son développement dans un environnement plus “jeu vidéo”. Car le jeu de société et le jeu vidéo, c’est en fait très différent ! La discussion a été très simple ; en fait, nous étions tous d’accord. Il a quand-même fallu 2 ans pour mettre tout cela en place, mais nous y sommes parvenus !

Le secteur du jeu vidéo traverse une période particulièrement mouvementée, marquée par de nombreux licenciements et un net recul des investissements. N’est-ce pas un pari risqué de se lancer en indépendant dans ce contexte ?

C’est vrai, d’ailleurs je ne sais pas si j’aurais osé créer une société de jeu vidéo de zéro dans ce contexte ! Mais justement, le fait de pouvoir démarrer avec une activité existante, des joueurs, des clients, des employés, une belle réputation naissante, c’est une chance inouïe et l’assurance de pouvoir continuer et développer notre activité pendant plusieurs années.

Aujourd’hui, combien de personnes composent l’équipe de Twin Sails Interactive ? Votre activité se concentre-t-elle uniquement sur l’édition ou disposez-vous également de studios de développement internes ?

Nous sommes une vingtaine de personnes, sans développement interne pour le moment.

À l’origine, Twin Sails s’appelait Asmodee Digital et se concentrait sur les adaptations numériques de jeux de société. Vous avez ensuite élargi votre catalogue à l’édition de jeux indépendants. Comptez-vous poursuivre les adaptations de jeux de plateau ou cette page est-elle tournée ?

Je dirais que la page est tournée, mais que la porte n’est pas fermée. Ça ne veut rien dire ? Ce n’est pas grave !

En fait, aujourd’hui, nous n’avons pas de nouveau projet d’adaptation de jeu de plateau en développement. Par contre, nous continuons de mettre à jour certains de nos jeux, comme Terraforming Mars, qui dispose déjà de 5 extensions, ou Gloomhaven. Et puis, si nous tombions sur une super idée de jeu à adapter, nous n’y serions pas fermés, bien sûr !

Il est vrai toutefois que nous adorons le jeu indépendant, sa créativité, son énergie, et que nous y voyons beaucoup d’opportunités.

Sur Steam, Twin Sails est actuellement l’éditeur de 18 jeux. Allez-vous conserver la gestion de l’ensemble de ce catalogue ou certains jeux vont-ils repasser sous la bannière d’Asmodee ?

Nous conservons l’ensemble du portefeuille de jeux.

Récemment, l’adaptation numérique de Frosthaven a été annoncée, sans que Twin Sails semble y être associé, alors que vous aviez édité Gloomhaven, le précédent opus. Comment expliquer cette absence ? Faut-il y voir un effet direct de votre processus d’indépendance ?

Pas tout à fait ! Les développeurs de Gloomhaven, Flaming Fowl, m’ont dit qu’ils ne souhaitaient pas développer Frosthaven, qui est un jeu encore plus complexe que Gloomhaven. Donc, avec Asmodee, nous nous sommes rapidement tournés vers le studio Snapshot, dont nous avions adoré le travail sur Phoenix Point. Snapshot ayant décidé de faire de Frosthaven un beau projet de grande envergure, nous avons estimé tous ensemble qu’Arc Games seraient le meilleur éditeur possible pour le jeu. Mais nous sommes en contact régulier et comptons bien les soutenir pour cette belle sortie !

Enfin, je ne peux finir cette interview sans vous poser la question me concernant le plus à titre personnel : quel avenir pour l’édition numérique de Terraforming Mars ? De nouvelles extensions sont-elles prévues ?

Sans révéler de secret, je dirai juste que oui, notre partenaire, le super studio Artefact, est actuellement en train de développer de prochaines surprises qui raviront la communauté des joueurs de Terraforming Mars :)

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