Test de Donkey Kong Bananza - Le singe qui met des grosses mandales
Donkey Kong et 3D n'avaient, jusqu'ici, pas vraiment fait bon ménage. Seule une tentative en 1999 avec Donkey Kong 64, bien peu apprécié des fans et échec critique, avait scellé le destin du singe de Nintendo et l'avait cantonné à du platformer 2D pour les 25 années suivantes. La méfiance était alors de mise quand Nintendo annonçait Donkey Kong Bananza, un nouvel essai en 3D avec un titre développé par l'équipe en charge de l'excellent Super Mario Odyssey, où le studio japonais nous promet de pouvoir tout détruire à grands renforts de coups de poings. Alors, formule gagnante ?
À la recherche des bananes perdues
Bien décidé à moderniser Donkey Kong, Nintendo a vu les choses en grand pour un jeu que l'on n'imaginait pas voir venir porter la Switch 2 sur ses premiers mois de vie. Annoncé très tard, à peine trois mois avant sa sortie, Donkey Kong Bananza ressemble à un pari : moderniser oui, mais aussi accrocher un nouveau public alors que la licence s'était longtemps enfermée dans un schéma assez répétitif, avec des platformers 2D qui évoluaient assez peu dans leur formule. Plus encore, c'est une licence vieillissante qui n'avait pas connu de nouveau jeu original depuis Donkey Kong Country: Tropical Freeze en 2014. La curiosité est alors évidemment de mise au moment où le gorille de Nintendo fait son retour, d'autant plus qu'il fait table rase du passé avec un nouveau style et une nouvelle formule. D'abord, son design interpelle : c'est celui du film d'animation Super Mario Bros. sorti en 2023, un design plus expressif et sympathique que l'original, mais qui n'avait pas nécessairement séduit tous les fans de cet univers-là. L'autre nouveauté, c'est le style de jeu, exit le platformer 2D, et place à un jeu d'aventure en 3D qui rappelle énormément le game design des Mario 3D les plus récents, à commencer par Super Mario Odyssey. Et ce n'est pas un hasard si l'équipe en charge de celui-ci s'est chargée de rajeunir Donkey Kong, car la formule se révèle vite très appropriée pour le gorille. Dans son monde, Donkey Kong part à l'aventure sur l'île Lingot, où les singes organisent une véritable ruée vers l'or dont déborde l'île. Mais les choses tournent mal quand VoidCo, une infâme société de minage, et son insupportable président Void King, décide d'attaquer l'île et d'en voler au passage toutes les bananes, avec l'objectif d'atteindre le cœur de la planète qui renfermerait quelque chose d'exceptionnel. Bien décidé à les arrêter (et à manger plein de bananes au passage, aussi), Donkey Kong part à leur chasse dans un jeu qui inverse complètement la structure habituelle des jeux de plateformes Nintendo. Ici, il est rarement question de sauter de plateformes en plateformes, même si quelques défis occasionnels se plaisent à rendre hommage aux origines de la série. Il est plutôt question de tout détruire, de creuser et de descendre toujours plus profondément sur cette île qui, parait-il, permet d'atteindre le cœur de la planète, en passant d'une strate à l'autre. Pour l'aider dans sa quête, Donkey Kong fait la rencontre de Pauline, un personnage récurrent de l'univers de Mario qui apparaît là dans une forme plus jeune, plus enfantine, et qui l'aide grâce à sa voix de chanteuse pour accéder à certaines zones qui le nécessitent. Le duo fonctionne extrêmement bien, avec une Pauline très bavarde, et adorable, et un Donkey Kong aux expressions toujours drôles qui lui donnent un aspect très attachant.On tape, on tape, et ensuite ?
Les premiers pas dans Donkey Kong Bananza sont un peu chaotiques, mais on s'aperçoit vite que c'est le chaos qui fait le charme du jeu. La promesse est simple : pouvoir tout détruire, à l'exception de quelques rares éléments indestructibles (mais nécessaires au level design), quitte à hacker la progression du jeu. En effet, si le jeu offre une progression assez classique avec un marqueur de quête à suivre, il est souvent bien possible de sauter certains dialogues, certaines zones, en allant explorer soi-même et en tapant un peu partout jusqu'à trouver la solution avant que le jeu ne nous la donne. Toujours rémunératrice, cette exploration à base de sous-terrains créés à la force des poings de Donkey Kong ou de flans de falaises détruits en tapant comme un forcené, nous mène toujours à des récompenses diverses. Soit des bananes plantées dans le décor, que l'on peut comparer aux lunes de Super Mario Odyssey (il y en a plus de 700, au total), soit des fossiles qui permettent d'acheter de l'équipement offrant des bonus passifs (fourrures, pantalons et cravates pour Donkey Kong, tenues complètes pour Pauline), soit encore de l'or qui sert de monnaie d'échange avec certains PNJ ou enfin des trésors qui offrent aléatoirement de l'or ou des cartes qui localisent bananes et fossiles. L'exploration permet aussi de rencontrer des PNJ qui vont offrir des mini-défis afin d'obtenir des bananes supplémentaires et des salles de challenges divers, soit de combat, soit de plateformes. Ce grand bordel organisé peut déconcerter au premier abord, mais il devient vite l'essence même du plaisir pris dans un jeu qui arrive toujours à retomber sur ses pattes. Alors oui, il nous est arrivé plus d'une fois de, littéralement, tomber dans le vide à force de trop creuser dans une zone faite d'îles suspendues, ou encore de nous perdre dans les tréfonds d'un niveau en nous demandant comment retrouver la surface. Mais le level design est suffisamment intelligent pour que, chaque fois, quelque chose apparaisse à l'écran grâce au sonar que l'on peut utiliser, permettant d'afficher en surbrillance les objets à trouver à proximité, de manière à guider l'exploration. Pour revenir sur la route principale, faire chanter Pauline avec le bouton L permet d'afficher à l'écran la route à suivre. Mais se perdre dans chaque niveau est l'essence même d'un jeu qui laisse énormément de liberté aux joueurs, avec pour seule véritable structure des objets spécifiques à trouver pour obtenir de nouveaux pouvoirs et transformations, et des combats de boss qui entrecoupent les zones principales. Ces transformations sont des pouvoirs activables temporairement pour Donkey Kong, qui lui permettent de se transformer dans des versions plus puissantes de lui-même. La première, Kong Bananza, permet de taper beaucoup plus fort, tandis que les suivantes mettent le focus sur des pouvoirs additionnels qui simplifient l'exploration et varient le gameplay (comme le pouvoir de l'autruche qui permet de voler quelques instants). Efficace, associé à des thèmes musicaux absolument succulents et des scènes de première transformation toujours géniales, ce système fonctionne comme il faut et dynamise encore plus un jeu qui ne manque pas d'idées.C'est beau, imparfait, et on s'amuse
Certes, ses combats de boss, eux, manquent d'un petit quelque chose pour véritablement parfaire le jeu, puisque pour l'essentiel d'entre eux, il suffit d'y aller comme un bourrin avec les pouvoirs (surtout qu'il y a vite la possibilité de remplir la barre de pouvoirs rapidement et de l'utiliser presque en illimité). Les choses sont encore plus visibles en mode coopératif à deux joueurs, le deuxième joueur contrôlant Pauline, qui en plus du chant se voit alors dotée de la faculté de balancer des gros tirs de matériaux récupérés dans l'univers (en copiant leurs propriétés : terre, ciment, glace, or, pierre...) et en enchaînent les tirs comme un bazooka. Si cela rajoute du chaos au grand n'importe quoi, cela facilite aussi considérablement le jeu tant elle est plus puissante que Donkey Kong, notamment dans la première moitié du jeu. De quoi bien s'amuser, même pour la personne qui se contente de tirer sans pouvoir contrôler les mouvements de Donkey Kong, y compris avec des personnes peu habituées aux jeux vidéo. J'ai d'ailleurs fait la totalité du jeu dans ce mode-là et ça a été un vrai plaisir, même si on aurait aimé que Pauline puisse déverrouiller elle aussi de nouvelles compétences au fil du temps afin d'éviter une certaine répétitivité dans ses actions. Aussi, ce mode met un gros coup à la lisibilité, déjà rendue difficile par une caméra un peu folle dès qu'on commence à creuser, à cause des gigantesques "YEAH" qui s'affichent à l'écran à chaque tir. Mais cela n'empiète en rien sur la beauté du jeu, qui enchaîne les zones très variées, hautes en couleurs et avec des ambiances uniques. Des îles tropicales à la jungle, en passant par les sous-terrains volcaniques ou encore le monde de glace, il faut compter sur une quinzaine de zones diverses qui emmènent Donkey Kong vers le centre d'un monde sous-terrain qui ne manque décidément pas de charme. À cela s'ajoutent des animations maîtrisées, d'abord celles des deux protagonistes, mais aussi celles des nombreux ennemis qui apportent beaucoup de vie et d'entrain aux différentes strates de ce monde. Léger souci néanmoins, il n'est pas tout à fait rare que le jeu, qui tourne à 60 images par seconde, souffre de chutes de framerate qui peuvent entacher l'expérience. Rien de plus désagréable que de voir l'image ralentir à des moments où tout explose de partout, surtout contre certains boss. Heureusement, ces moments sont en général assez courts et le titre retrouve vite sa fluidité, mais il est dommage de voir ça dans un titre censé exploiter pleinement la Switch 2, mètre étalon d'une console à peine sortie.Conclusion
Rafraîchissant, Donkey Kong Bananza était vraiment le meilleur jeu pour accompagner notre été. Fort de son chaos organisé, de l'intelligence d'un level design qui laisse la liberté aux joueurs de vivre leur propre aventure sans les bombarder d'instructions. Toujours plein d'activités et d'opportunités, il fait partie de ces titres devant lesquels on a du mal à poser la manette, car il y a toujours quelque chose à faire. Allez, une dernière banane pour la route, oh et puis ce fossile-là que je vois au loin, et puis si j'allais voir tout en haut de ce monument bizarre s'il n'y a pas un truc ? Et puis d'un coup, il est deux heures du matin et il s'agirait d'enfin aller au lit. Un pari gagnant pour Nintendo qui apporte un vrai coup de jeune à la licence DK, dans un titre qui reprend la formule de Super Mario Odyssey, avec cette même chasse aux lunes/bananes sans complètement la singer, en y apportant sa propre touche et en la sublimant grâce à un duo de protagonistes absolument charmants.
Test réalisé par Hachim0n sur Nintendo Switch 2 à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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Plateformes | Nintendo Switch 2 |
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Genres | Action, plateformes, fantasy |
Sortie |
17 juillet 2025 |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (1)
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