Test de Nights of Azure, l'action-RPG de Gust

Après quelques tentatives plus ou moins fructueuses, Gust (développeur de la série des Atelier et des Ar Tonelico) décide une nouvelle fois de sortir des sentiers qu'il a battus et rebattus en nous proposant un jeu plus orienté action et moins chronophage que ses productions habituelles. Que vaut donc Nights of Azure ? On essaye de vous donner des éléments de réponses dans cet article.

L'île mystérieuse

Nights of Azure vous transporte dans une vision alternative de notre 19ème siècle, sur une toute petite île perdue en plein milieu de la North Sea. 800 ans avant le début de votre aventure, une créature diabolique, connue sous le nom de Lord of the Night, régnait sans partage sur ces terres avant d'être vaincu par les habitants de l'île. Seul hic, et non des moindres : en venant à bout de l'infâme maître des lieux, ses bourreaux ont laissé son sang se répandre sur la quasi-totalité de l'île, transformant tout ce qu'elle touchait en créature de cauchemar. Les humains touchés par le sang bleu de la créature se transformèrent en jayou, des monstres rôdant la nuit dans les coins les plus sombres de l'île, attaquant les humains qui n'ont plus d'autre choix que de ne sortir que le jour. Ceci explique le nom donné à l'île : The Land Without Night, la terre sans nuit, puisque personne ou presque ne peut sortir la nuit sous peine de perdre la vie.

Les humains survivants, qui n'ont pas été totalement corrompus par le sang bleu, s'organisent pour tenter de lutter contre les jayou. L'Église, notamment, ne reste pas les bras ballants et rassemble des chevaliers pour combattre les créatures et rassembler autant d'échantillons que possible de sang bleu, qui sera ensuite purifié par ses prêtres...

Thelma et Louise

C'est dans ce contexte qu'on vous présente les deux personnages principaux de votre aventure.

Vous incarnez Arnice, un des chevaliers de l'Église, un être exceptionnel et pas seulement pour ses tenues bigarrées ou sa plastique généreuse, non : Arnice est humaine, a été touchée par le sang du Lord of the Night et n'a pas été transformée en jayou.  Elle a pour on ne sait trop quelle raison résisté à la tentation et en a tiré des pouvoirs surhumains, qui l'aideront dans sa mission : tuer les démons à tour de bras.

À son arrivée sur l'île de Ruswald, théâtre de l'affrontement entre l'Église et les jayou, elle rencontre la partenaire que l'Église lui a assignée. En tant que chevalier, elle devra faire équipe avec une prêtresse qui ne lui est pas inconnue. En effet, il s'agit ni plus ni moins que de Lilysse, une amie d'enfance de notre jeune tueuse de démons. Ô joie : ça va être super, on va zigouiller des méchants tout en se rappelant nos batailles de polochons et la découverte de nos corps tard le soir sous la couette à l'internat.

Un planning somme toute réjouissant, mais trop beau pour durer, comme vous vous en doutez. En effet, Lilysse apprend très rapidement qu'elle sera la prochaine Sainte, le prochain sacrifice humain qui doit avoir lieu à intervalles réguliers pour empêcher le Lord of the Night de quitter son tombeau. Si Lilysse accepte bon gré mal gré son sort, Arnice, elle, n'accepte pas le destin tragique de son amie et tente de trouver une alternative pour sauver son amie...

*Breathing intensifies* Mais les deux héroïnes...

Autant mettre directement le holà sur un point bien précis dont on sent bien qu'il est l'unique raison pour laquelle vous, oui, vous, là-bas, le weeaboo à peine creepy caché dans la pénombre au fond de la classe, venez lire ce test.

Oui, les deux personnages principaux sont des filles. Oui, il y a bien une romance qui se crée ou se renoue entre les deux personnages. Oui, on a un jeu qui a pour héroïnes deux personnages au moins homosexuelles. Oui, il y a des scènes romantico/érotiques dans le jeu.

Mais non, ce n'est pas un jeu de yuri. Non, ça n'aspire pas à être un hentaï non plus.

On a un jeu qui parle avec respect et on pourrait même dire avec une banalité des plus rafraîchissantes d'une relation homosexuelle entre deux personnages. Par les temps qui courent, ça fait vraiment du bien.

La relation entre les deux personnages est la clé de voûte de l'histoire, mais au final, le sexe des personnages importe peu et c'est bien ça qui est génial dans le traitement de l'histoire de ce couple : on sort du carcan traditionnel Cloud/Aerith ou Tidus/Yuna (il y a vraiment énormément de points dans le jeu qui rappellent l'histoire de FF10, avec notamment l'aspect sacrificiel pour le bien de l'humanité), mais leur aventure reste similaire et le fait que ça soit deux filles devient complètement anecdotique.

L'histoire du jeu en elle-même n'a vraiment rien de révolutionnaire, au point qu'on en viendra parfois à préférer explorer certaines quêtes annexes que la quête principale, mais au final, ce n'est pas tarabiscoté ; cela se laisse jouer, ça se laisse découvrir, même si ça ne révolutionnera clairement pas le genre, et au final, ce n'est pas étonnant si l'on considère ce que ce jeu représente pour son développeur.

Et elle tape, tape, tape...

Officiellement, on ne peut pas dire que ce soit la première tentative de Gust autour des mécaniques de l'action-RPG (ceux qui ont "joué" à Ar Tonelico 3 sauront de quoi on parle), mais c'est la première fois qu'ils font un jeu qui ne se veut être rien d'autre qu'un action-RPG. Et force est de constater qu'ils s'en sont bien mieux tiré cette fois-ci. Nights of Azure offre un très bon style de jeu, qui propose une bonne dose de hack 'n' slash très dynamique, agrémentée d'un système de compagnons, appelés servans, qui vous viennent en aide au combat, que ce soit pour infliger des dégâts supplémentaires ou pour renforcer vos défenses.

La recette marche bien et votre progression dans le jeu est notable, mais bien graduée. Vous passez très naturellement des premiers combats, avec votre simple épée et quelques servans à votre disposition, à des affrontements plus compliqués qui vous demanderont de donner des ordres spécifiques à vos alliés (par exemple, vous pouvez, en plein combat, leur dire de concentrer leurs attaques sur votre adversaire, d'utiliser leur compétence spéciale, de vous entourer pour vous protéger, etc.) et qui vous forceront à transformer votre arme pour infliger un maximum de dégâts à vos adversaires. Et oui, Arnice a la possibilité de transformer son arme. Passer d'une simple épée à un canon magique ou à un marteau digne de ceux Laura Marconi/Kaori Makimura vous changera parfois la vie.

Autre spécificité du gameplay de Nights of Azure : on vous l'a dit, Arnice est une hybride, à moitié humaine, à moitié démone à cause du sang bleu qui l'a contaminée. Au bout d'un certain temps, quand vous combattrez les ennemis, une jauge se remplira, en bas à gauche de l'écran. Une fois pleine, cette jauge vous permettra de vous transformer, pour une durée limitée, en une forme alternative d'Arnice. Elle en a cinq à disposition, qui ont toutes leurs qualités et leurs défauts : certaines vous transforment en véritable rouleau compresseur, d'autres vous donnent un rôle de soutien pour vos Servans.

Un point qu'il est intéressant de noter est que vous ne gagnez pas d'expérience à proprement parler dans le jeu. À la fin d'un combat ou quand vous menez à bien une quête, vous récupérez du Blue Blood, que vous pouvez utiliser pour améliorer votre personnage, acheter des objets ou créer de nouveaux servans. Les fans de From Software ne seront pas dépaysés, puisque ce système rappelle énormément celui des âmes de Dark Souls, mais ça pourra perturber les plus traditionalistes amateurs de JRPG.

On a particulièrement apprécié cette profondeur du jeu, qui nous rappelait un peu ce qu'on peut trouver dans la série des Souls. Le gameplay se déroule sous vos yeux et c'est à vous de choisir d'en être acteur ou simple spectateur : allez-vous faire attention à la petite spécificité qu'on vient de vous faire découvrir, à l'objet qu'on vient de vous donner, au pattern du boss qui est inhabituel ou allez-vous rester sur vos acquis et tenter de passer en force "comme d'habitude" ? Il y a énormément d'endroits à explorer, de nombreux objets à découvrir et de nombreuses quêtes à mener à bien, mais rien ne vous oblige à vous y intéresser : seule votre curiosité vous perdra.

On ne voit pas le temps passer

Somme toute, le jeu peut sans doute décevoir les amateurs de J-RPG. L'histoire principale se termine en à peine plus de vingt-cinq heures et encore, en prenant son temps. Mais comme nous l'avons déjà évoqué, il y a énormément d'à-côtés qui sont parfois, c'est triste à dire, plus captivants que l'histoire principale, qui vous feront dire "Bon, allez, encore une dernière petite quête" une dizaine de fois aux heures les plus indues de la nuit.

Vous êtes seuls responsable de la durée de votre découverte du jeu. Vous n'avez pas besoin des quêtes annexes pour finir le jeu. Vous n'avez pas besoin des meilleures armes du jeu pour le finir. Vous n'avez pas besoin d'être très haut niveau pour venir à bout des boss les plus coriaces. Mais vous pouvez aussi choisir de vous perdre, par moments, dans l'univers de Nights of Azure et de découvrir un peu plus avant de quoi il retourne.

Un dosage de la difficulté mal maîtrisé

Le jeu en lui-même n'est pas excessivement dur et ce n'est pas forcément plus mal. Si vous êtes un joueur moyen, vous réussirez sans doute à venir à bout des boss les plus difficiles en quelques essais : l'attention que vous aurez donné aux conseils et informations sur le gameplay déterminera en grande partie la rapidité de votre progression. On a même parfois, malheureusement, le sentiment d'avoir un personnage bien trop puissant entre les mains pour venir à bout de l'obstacle sur son chemin.

On évoquait plus haut les transformations d'Arnice ou les servans : le problème est que, passé un certain point, on a vraiment l'impression qu'on peut terminer le jeu avec l'arme de base et une transformation. Il manque cet élément qui pourrait nous amener à nous dire "Il faut que je le tape ici" ou "Il faut que j'utilise cette transformation ou ce Servan, pendant que je fais ça, ça et ça...". Non. Ces éléments, qui se voulaient sans doute être au cœur du gameplay peuvent, très rapidement, devenir complètement accessoires, optionnels. Et c'est vraiment dommage.

En revanche, le jeu propose un mode de jeu, les batailles en arène, qui sont, elles, vraiment ardues. On regrette juste que cette difficulté accrue ne se retrouve que sur un ou deux boss de l'histoire.

C'est bien, c'est beau, c'est moche

D'un point de vue technique, nous avons joué à la version PS4 du jeu et rien à redire : le charadesign, les environnements et les costumes sont beaux. Le style graphique est vraiment joli, à l'image de ce qu'on a déjà pu voir sur les précédents jeux de Gust, et la palette de couleurs utilisée est des plus harmonieuses. Mais c'est tout.

L'animation des cinématiques n'est vraiment pas à la hauteur et même en combat, ça reste parfois limite, surtout quand vous avez à subir en plus quelques ralentissements quand il y a trop d'éléments graphiques à afficher. Et malheureusement, ça arrive assez souvent, notamment en fin de partie quand vous affrontez des hordes d'ennemis.

Cependant, un gros 10/10 sur la bande son. Elle s'écoute sans fin, accompagne idéalement l'action et n'est que rarement répétitive.

Crache ton servans, Myrhdin

Au final, le sentiment est un peu mitigé au moment de rendre un verdict sur ce jeu. Avoir joué à Dark Souls 3 juste avant de le prendre en main n'a sans doute pas aidé à apprécier comme il se doit la difficulté de ce jeu, mais il n'est pas impossible que les gros amateurs d'action-RPG soient un peu déçus à ce niveau.

Toutefois, il faut garder en tête que c'est un essai dans un genre nouveau pour un studio qui produit en temps normal des jeux dans lesquels l'action et le dynamisme sont inconnus.

Le jeu n'est pas mauvais, il n'est pas excellent. Son seul véritable problème est qu'il risque fort de ne pas trouver son public : il est trop facile pour les amateurs du genre, il est peut-être trop subtil pour que des joueurs plus occasionnels se rendent compte de sa profondeur.

Si vous vous laissez tenter, vous ne regretterez sans doute pas : l'histoire est mignonne sans être mièvre, le gameplay vraiment profond et souple, la difficulté est raisonnable et loin d'être frustrante, les personnages jolis et attachants.

On a particulièrement aimé la possibilité que le jeu offre de jouer pour quelques minutes tout en ayant la sensation de progresser, en accomplissant une ou deux quêtes avant d'éteindre sa console. Le jeu ne se veut pas un long grind, comme bien trop de J-RPG. Il reste cohérent et intéressant, même pour les chasseurs de trophées les plus acharnés, ce qui est un très bon point.

Test réalisé par Myrhdin à partir d'une version fournie par l'éditeur.

Réactions (4)

Afficher sur le forum


Plateformes PlayStation 3, PlayStation 4, PlayStation Vita
Genres Jeu de rôle (RPG), fantasy

Sortie 1 octobre 2015 (Japon) (PlayStation 4)
1 octobre 2015 (Japon) (PlayStation 3)
1 octobre 2015 (Japon) (PlayStation Vita)
29 mars 2016 (États-Unis d'Amérique) (PlayStation 4)
1 avril 2016 (France) (PlayStation 4)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.