Test d'Ancestors Legacy
Développé par les très décriés Polonais de Destructive Creations (à qui l'on doit le sordide « Hatred ») et édité par les Russes de 1C Company (et leur excellent Men of War entre autres), Ancestors Legacy vous plonge dans l'Europe médiévale avec entre les mains un STR disponible uniquement sur PC.
J'emprunte ça et là…
Ancestors Legacy (AO) vous place à la tête de l'une des quatre nations disponibles, à savoir les Vikings, les Saxons, les Germains ou les Slaves dans une Europe médiévale où la trame scénaristique vous dépeint des contrées déchirées par les guerres et les pillages.
Côté narration et ambiance, il faut admettre que ce titre est franchement bien réalisé. Outre le style des animations de chapitres (dessins plus ou moins animés), les musiques posent une ambiance très prenante et l'histoire, bien que très classique pour ce thème, est très sympathique. Techniquement, les graphismes et les animations des soldats sont très soignés et léchés, nous faisant profiter pleinement de l'Unreal Engine 4, le tout en étant optimisé bien comme il faut.
Mais qu'en est-il du gameplay ? Dans la famille des STR (Stratégie en Temps Réel), cette dernière pourrait se diviser, selon moi, en plusieurs sous-familles. La plus connue et à mon sens la plus ancienne est celle de Warcraft / Age of Empire / Starcraft ou encore Dawn of WAR premier du nom et j'en passe. Un build and destroy tourné vers la mise sous pression de l'adversaire, où la construction de bâtiments a toute son importance et où les combats se livrent très rapidement dans la partie.
Puis vint une nouvelle sous-famille, avec des titres qui ont voulu se démarquer de ce gameplay comme Company of Heroes (1 et 2), Dawn of War 2 (et dans une moindre mesure le 3), Men of War et d'autres, dans lesquels la gestion des couverts, de la retraite des unités et autres pans de gameplay leur ont permis de se démarquer.
Et dans tout ça, AO aurait tendance à se rapprocher des CoH et de DoW 2, plutôt que d'un Warcraft, tout en se démarquant avec son style propre et ses fonctionnalités particulières.
Ici, comme dans tout STR, il est question de ressources et de limite de population. Il vous revient donc de capturer des villages, à qui vous ordonnez ensuite de produire des ressources (bois/métal/nourriture). Le bois et le métal ont vocation à permettre la construction de bâtiments et de troupes, l'amélioration de votre armée, etc. La nourriture, quant à elle, contribue à l'entretien de cette dernière. Sans nourriture, la famine s'installe, vos troupes se voient affublées de malus et autant dire que la partie tourne en jus de vinaigre si vous ne palliez pas rapidement à cette situation.
Tout comme dans les deux familles de STR mentionnées plus tôt, les bâtiments vous permettront d'augmenter votre limite d'armée, de débloquer certaines troupes, de les améliorer, mais aussi de placer certaines structures défensives.
AO se rapproche de la deuxième sous-famille de STR mentionnée dans l'approche des combats. Ici, même si cela a son importance, ce n'est pas nécessairement celui qui amoncelle le plus de ressources qui gagne. En effet, les troupes sont précieuses et il est fortement conseillé d'user et d'abuser du système de retraite des troupes quand cela file en eau de boudin. Perdre une troupe sous-entend de perdre son éventuelle expérience, car les unités peuvent en effet évoluer au fil de la partie en prenant de l'expérience et en se spécialisant (défensif/offensif/vitesse), tout en se perfectionnant, notamment par l'adjonction d'armures, etc. Dans la première sous-famille de STR, ce principe était moins vrai. Dans la seconde, le gameplay était basé dessus, accentuant le côté tactique au détriment du côté massif.
C'est ici que l'on peut avoir notre premier regret
AO s'entiche clairement de l'envie d'être un titre tactique et stratégique, mais loin du côté massif des affrontements d'un Age of Empire ou d'un Warcraft. Ici, vous n'aurez la possibilité de contrôler que 10 unités, escouades et héros confondus. C'est peu, trop peu pour obtenir des affrontements dantesques comme il est sous-entendu dans la description du jeu sur Steam, mais bien assez pour vous donner du fil à retordre et vous forcer à faire des choix. Dois-je privilégier des régiments de piquiers ? D'archers ou de frondeurs ? De boucliers ? Autant de choix qui doivent jouer dans votre stratégie, en sachant que chaque type d'unité est basé sur le principe du pierre/feuille/ciseau avec la présence potentielle en face de son contre.
Nouveauté que je n'ai pas le souvenir d’avoir déjà rencontrée dans un STR auparavant, la présence des pièges et des embuscades (si l'on fait abstraction des barbelés et autres mines que l'on retrouve dans les STR de WWII). Pour les premiers, moyennant un peu de bois, vos troupes ont la possibilité de fabriquer rapidement une fosse (de boue pour ralentir ou de piques pour tuer) sur le terrain en vue d'affaiblir l'ennemi, voire de lui tendre une embuscade. C'est d'autant plus vrai et appréciable si vous utilisez les hautes herbes. Celles-ci vous camouflent totalement de la vue de l'ennemi et permettent, une fois ceux-ci tombés dans votre piège, de les assaillir soit par vos archers soit par une charge sauvage de vos hommes d'armes.
À noter que cet aspect n'est pas imparable. Une posture de troupe (défensif) permet de détecter les pièges et les troupes cachées, ce qui oblige, ici aussi, à faire des choix. En mode normal (offensif), vos troupes se déplacent rapidement, mais risquent de tomber dans un piège. En défensif, elles sont ralenties et se déplacent très lentement, mais peuvent détecter les menaces alentours.
Outre ces aspects, le jeu offre plusieurs facettes
En solo, il vous est possible de vous livrer à 4 campagnes différentes (une par nation évoquée plus haut). Celles-ci sont d'une durée plus qu'acceptable, d'autant que la difficulté y est, en tout cas pour moi, bien présente. Je déconseillerais en effet de filer la fleur au fusil sur les missions, celles-ci pouvant se révéler particulièrement ardues et obligeant régulièrement à faire machine arrière par une retraite bien placée (et parfois insuffisante lorsque l’adversaire décide de vous poursuivre pour mettre fin à vos souffrances). Je ne suis pas un PGM, mais ai roulé ma bosse sur les STR depuis Warcraft premier du nom. Cependant, malgré ça, l'IA arrive à me surprendre de façon intelligente (enfin, ce qui semble en être) et parfois à me malmener. Néanmoins, une fois que l'on a compris que l'approche se doit d'être tactique et non en mode Yolo, on s’aperçoit de la faiblesse du titre par l'existence du script, permettant de facto de prendre facilement le dessus fonction de la difficulté choisie.
S'offre alors le mode escarmouche (également disponible en multijoueur). Ici, deux choix : le mode Domination (celui qui domine l'adversaire pendant un temps imparti l'emporte) et le mode annihilation (celui qui détruit l'adversaire l'emporte). J'aurais tendance à dire, du moins pour les quelques tentatives que j'ai faites en escarmouche, que l'IA y est beaucoup plus sournoise et vous met la pression durant toute la partie. En tout état de cause, elle sait vous malmener, en vous harcelant là où il faut, en faisant en sorte de diviser vos troupes afin de protéger vos terres au risque de les perdre, etc. L'annihilation permet plus facilement de prendre son temps et de venir à bout de l'IA, par un phénomène d'usure, en avançant petit à petit. Toutefois, rien n’exclut un retournement de situation sur une vilaine embuscade ou un combat mal engagé.
Dans l'ensemble, j'estime que le titre donne facilement du fil à retordre et ne permet pas - en tout cas, ne me permet pas - de rouler sur toutes les parties. Il est d'autant plus vrai qu'il sera nécessaire de se laisser un certain laps de temps pour acquérir les réflexes en raison du gameplay, propre au titre, et à l'absence par exemple de raccourcis pour la gestion des groupes d'escouades (un retour en arrière selon moi, pas des plus agréables).
Bref, comme dans un CoH ou dans un DoW, il vous faudra jouer de la retraite pour ne pas perdre vos troupes, car il est en effet plus court et moins coûteux de reconstituer une troupe amoindrie que d'en refaire une nouvelle. Et cela peut vite tourner à la Bérézina si vous n'y prenez pas garde. Cependant, gardez à l'esprit qu'Ancestrors demeure différent sur bien des aspects et qu'il faudra donc vous faire vos propres automatismes en faisant abstraction de ceux que vous aviez acquis dans les précédents STR auxquels vous avez joué. Cela pourra sembler ardu au départ, mais avec un peu de persévérance, la prise en main se fait et l'IA devient tout de suite plus prévisible et abordable.
Pour le multijoueur, je ne l'ai pas essayé, si ce n'est naviguer dans les menus pour voir de quoi il en retourne. Il offre donc la possibilité de rejoindre une partie rapide, des parties classées (non disponibles pour moi sans trop savoir pourquoi), héberger une partie ou naviguer dans le lobby pour en trouver une qui vous sied. Les parties multijoueurs, tout comme les escarmouches en solo, permettent d'avoir des cartes en 1 vs 1, 2 vs 2 et 3 vs 3, ce qui est somme toute classique.
Le 3 vs 3 devrait dès lors permettre de donner plus d'envergure au titre, les batailles pouvant en effet rassembler 30 unités dans chaque camp, ce qui pourra être déjà plus épique qu'en 1 vs 1.
À noter la présence d'un classement, général d'abord, puis nation par nation, qui permettra de se distinguer pour les plus vaillants d'entre vous.
Verdict…
Pour conclure, je dirais que ce titre m'a grandement surpris. Il y a une réelle prise de risque en tentant de nouvelles choses, tout en restant très proche des grands ténors sur bien des aspects. Les férus de STR ne seront pas totalement dépaysés, mais suffisamment selon moi pour apprécier ces petites nouveautés qui permettent à Ancestors Legacy de se démarquer de la concurrence.
À l'heure ou j'écris ces lignes et malgré des critiques positives, AO ne semble pas avoir trouvé un public très large si l'on en croit SteamCharts. C'est regrettable, car outre le fait qu'il soit très appréciable, il présente de grandes qualités dans un ensemble très soigné et bien fini, avec une rejouabilité intéressante du fait de ses 4 campagnes, des escarmouches et du multijoueur.
Pour les fans de cette époque et de STR combinés, je ne vous dirais qu'une chose, foncez !
Test réalisé par Qui'Leto Kyja à partir d'une version commerciale
Plateformes | Windows, Xbox One |
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Genres | Stratégie, historique |
Sortie |
2017 (Windows) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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9 juin 2018
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6 septembre 2017
Réactions (2)
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