Test d'Atelier Shallie Plus : Alchemists of the Dusk Sea
Alors que la série Atelier entame une nouvelle trilogie dont le second opus arrivera d'ici quelque mois, Koei/Tecmo poursuit en parallèle sa campagne de remise à jour de certains titres précédents au travers des versions Plus. Entamée avec la trilogie Arland, elle continue avec Dusk dont le troisième et dernier opus, Atelier Shallie Plus, arrive sur PlayStation 3 et PlayStation Vita. L'occasion de (re)découvrir ce titre.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette licence, la série Atelier rentre dans la catégorie du j-rpg mettant l'accent sur l'artisanat. On y incarne invariablement une (plus rarement un) alchimiste qui va au fil du jeu amasser divers composants, apprendre de nouvelles recettes et fabriquer toutes sortes d'objets. La série fonctionne également par trilogie, au sein de laquelle on retrouve le même monde et certains personnages récurrents bien que le protagoniste change d'un épisode à l'autre. Atelier Shallie Plus : Alchemists of the Dusk Sea constitue pour sa part le troisième et dernier épisode de la trilogie Dusk et reste dans la continuité de l'opus précédent en proposant non pas une, mais deux héroïnes.
L'histoire du jeu nous dépeint un monde sur le déclin. En effet, l'eau devient une ressource rare, au point que les océans ont disparu pour laisser place à de vastes étendues désertiques. Pire encore, de plus en plus de villages souffrent par dessus le marché d'une sécheresse persistante qui menace les maigres réserves d'eau encore disponibles, menaçant de les mener purement et simplement à leur perte. Shallistera (surnommée Shallie) vient justement d'un de ces villages, Lugion. Fille du chef et elle-même apprentie alchimiste, elle a pour tâche délicate de trouver des réponses et de l'aide pour combattre la sécheresse qui menace son village. Pour se faire, elle part pour Stellard, l'une des rare villes de la région où l'eau abonde encore et où vit Shallotte (surnommée Shallie), elle-même alchimiste autodidacte et qui aimerait bien trouver un travail un peu plus glorieux que balayer les rues pour quelques piécettes.
Le destin de nos deux Shallie vont bien sûr se télescoper par le biais d'un dragon des sables s'ennuyant profondément et décidant de jouer à la baballe avec le bateau de Shallistera, qui se crashe aux abords de Stellard.
Ce prologue servant également de tutoriel achevé, le jeu nous propose de choisir laquelle de nos deux Shallie nous souhaitons incarner pour enfin débuter l'aventure ! Le choix n'est pas anodin puisqu'il permet de découvrir l'histoire et ses enjeux du point de vue de l'une ou de l'autre Shallie, qui ont des personnalités et motivations différentes. Shallistera porte sur ses épaules le destin de son village, est plus réservée et souffre d'une certaine naïveté alors que Shallotte est énergique et souhaite avant tout se faire un nom et de l'argent pour soutenir sa mère. Suivant que l'on incarne l'une ou l'autre, le ton général change légèrement, jusqu'à certaines musiques proposant des variations plus dynamiques et enjoués pour Shallotte que Shallistera.
S'il te plaît, craft moi un mouton.
L'artisanat forme bien entendu le cœur du jeu. Shallotte comme Shallistera sont des alchimistes débutantes et que l'on choisisse l'une ou l'autre, on commence avec quelques recettes et ingrédients tout juste suffisants pour mettre le pied à l'étrier. Les vétérans des Ateliers ne seront pas trop dépaysés, le principe restant fondamentalement le même : on combine des ingrédients permettant d'obtenir un objet qui sera lui-même utile en tant qu'ingrédient ou de consommable.
Mais derrière cette simplicité apparente se trouve une complexité qui va grandissante à mesure que l'on gagne des niveaux d'alchimiste et que l'on débloque de nouvelles capacités. On passe donc de simplement choisir les ingrédients à y rajouter des compétences tout en arrangeant l'ordre des ingrédients et en prêtant attention aux éléments pour optimiser au mieux la création d'un objet. Le principe des paliers permet aux joueurs débutants de se familiariser en douceur avec le système d'artisanat sans devoir jongler directement avec un nombre conséquent de paramètres.
Suivant le produit finit, l'approche est d'ailleurs sensiblement différente. Par exemple, si l'on fabrique un objet destiné lui-même à servir d'ingrédient, on s'intéresse surtout à sa qualité et (une fois le palier atteint) aux propriétés pouvant être transmises. Si, en revanche, on fabrique un consommable, on favorise alors les attributs et leur valeur afin d'obtenir les meilleurs effets possible. C'est d'ailleurs là que l'on note un certain déséquilibre dans l'utilisation des compétences, qui globalement favorisent la création de consommables, mais surtout rendent certains éléments pratiquement indispensables puisque liés aux compétences les plus utiles pour justement optimiser les attributs.
Enfin, n'espérez pas simplement choisir les meilleurs ingrédients sans réfléchir puisque chaque ingrédient possède son propre niveau et que la somme des niveaux des ingrédients doit être inférieur ou égal à votre niveau d'alchimie. Bien que certaines compétences permettent de réduire le niveau d'un objet, il faudra parfois soigneusement réfléchir aux ingrédients à utiliser afin d'obtenir le meilleur résultat possible. Pour cela, il est important d'avoir de la variété dans les ingrédients à disposition.
Promenons-nous dans l'désert.
Pour cela, il faudra passer par la case exploration ! Autre gros morceau du jeu, cette partie consiste à se déplacer sur la carte du monde afin de visiter des zones dans lesquelles on trouve des points de récolte et des monstres vaquant à leur occupation favorite : vous croquer un bout de fesse. Les monstres peuvent être évités, mais les combattre offre quelques avantages non-négligeables.
Le premier est bien entendu de pouvoir ramasser sur leur dépouille encore fumante quelques ingrédients autrement introuvables. Le second de gagner des niveaux de combat, séparés des niveaux d'alchimie. N'espérez donc pas rester dans votre atelier pour gagner des niveaux vous permettant de botter le fondement de la faune locale, vous risquez de rapidement déchanter. Débloquer des niveaux de combats permet essentiellement de pouvoir s'aventurer dans des zones plus dangereuses afin de récupérer des composants plus puissants pour fabriquer des objets mieux optimisés et donc eux-même plus efficaces, bouclant la boucle formant un jeu Atelier !
Un aspect appréciable de cet opus est la disparition du temps et de ses limitations. Si le temps passe bien, vous n'en n'avez aucune indication et il n'y a pas de limite de temps pour finir le jeu. On peut donc explorer et crafter au rythme qui nous plaît, sans plus avoir besoin de calculer ses déplacement et récoltes pour éviter de passer un mois dans la nature voire enfermée dans son atelier. D'ailleurs, le fait de fabriquer des objets ne consomme plus de mana, n'imposant plus de devoir se reposer plusieurs jours d'affilés pour se remettre en forme. Nos deux Shallie ont visiblement découvert les bienfaits d'une bonne nuit de sommeil régulière plutôt que de passer des nuits blanches sur leur chaudron !
À mesure que vous explorez des zones et avancez dans les chapitres, vous en débloquerez de nouvelles, étendant toujours plus le champ possible de vos explorations. Votre panier est toujours limité en taille et vous aurez maintes occasions de le remplir, surtout si votre Shallie est motivée. Car la motivation est une statistique dont il faudra tenir compte puisqu'ayant une légère influence sur l'exploration. En effet, une Shallie motivée se déplacera plus vite et ramassera plus d'ingrédients sur un point de récolte là où le manque de motivation se traduira par une flemme de se bouger et le ramassage du strict minimum histoire de dire « c'est bon, j'ai bossé, on rentre ! ». Pas d'inquiétude, la gestion de la motivation est des plus simples puisque liée à la complétion de requêtes.
Ces dernières sont des mini-quêtes consistant soit à botter l'arrière-train de monstres soit à fournir des ingrédients ou objets précis contre rémunération. Il s'agit d'ailleurs là de votre principale source de revenus, à moins de vouloir revendre objets et ingrédients aux marchands. Outre la motivation, accomplir ces requêtes permettra de rendre la population mieux disposée à votre égard, ce qui se traduira par des requêtes plus difficiles, mais mieux rémunérées ainsi que par quelques bonus comme l'augmentation de la capacité de votre panier et de la grille de consommables.
Celle-ci est d'ailleurs essentielle à une bonne exploration, histoire que votre Shallie ne finisse pas ses promenades dans l'estomac d'une bestiole affamée de passage. Chaque consommable, qu'il s'agisse d'une pommade de soin où d'une bombe de glace, occupe un certain nombre de cases (qu'il est possible de réduire ou d'agrandir par le craft) avec une forme donnée. Vous devrez donc agencer ces formes sur la grille d'objets à emporter pour en caser le maximum, d'une manière qui ne sera pas sans évoquer Tetris. Chaque consommable dispose d'un nombre de charges limité, qui se rechargeront une fois de retour à Stellard. Ce dernier point mitige par ailleurs l'intérêt de l'artisanat puisqu'il n'y a plus besoin de refaire son stock de consommables régulièrement : une fois obtenue une version optimisée d'un consommable, il n'y a plus grand intérêt à en crafter d'autres en dehors d'une occasionnelle requête...
La récolte est également facilitée par la jauge d'événements qui se remplit à mesure que l'on récolte ou combat des monstres, jusqu'à trois niveaux. On peut à loisir en consommer un pour obtenir un effet parmi trois permettant de déclencher des événements d'explorations. Il est ainsi possible de déclencher un combat contre des monstres pour plus de chances de récupérer leur ingrédient, trouver des ingrédients rares ou plus simplement automatiquement récolter tous les points non visités. Cette dernière option permet de grandement faciliter la récolte puisque tant qu'on dispose de charges, il suffit de rentrer dans la zone puis de l'utiliser pour vider la carte de ses ressources sans avoir à bouger un orteil.
Signalons enfin que vos explorations auront un impact sur le monde. Par exemple, récoltez un maximum tout en évitant autant que possible les combats et les prochaines fois que vous repasserez dans le coin, vous allez peut-être constater que la région souffre d'une pénurie d'ingrédients et que la faune pullule. Cela évite de toujours rester dans les même coins et encourage à explorer d'autres régions.
Sonnez clochettes et brandissez balais !
Pour ce qui est des combats, ceux-ci sont en tour par tour, dans un style assez classique des j-rpg, vous permettant de choisir d'attaquer, d'utiliser une compétence ou de rester sur la défensive, voire fuir. Seuls les alchimistes sont capables d'utiliser les objets craftés, leur donnant une plus grande versatilité, mais en contrepartie les rendant un peu plus faibles que les autres personnages. Les autres personnages ont, pour leur part, accès à diverses compétences, permettant parfois une certaine synergie.
Votre équipe peut comporter un total de six personnages : trois en première lignes et trois en support. Les personnages en support peuvent remplacer un personnage de première ligne en prenant sa place soit sur commande, soit pour défendre un personnage attaqué, soit en réaction à une attaque ou compétence d'un de vos personnages, tout simplement en appuyant sur la touche correspondante. Quand un personnage actif est remplacé, il devient indisponible pendant quelques tours, afin de ne pas pouvoir permuter ses personnages à la chaîne.
L'aspect stratégique de cette fonctionnalité prend surtout son sens via le principe du Burst. Pour chaque attaque et compétence (ou objet) utilisé, une jauge en haut de l'écran se remplit. Quand elle atteint ou dépasse les 100%, le mode burst s'active, ce qui se traduit par une amélioration conséquente des dégâts. Mieux encore, il devient possible d'enchaîner les attaques de vos personnages de réserve et, cerise sur le gâteau, si vous arrivez à tous les faire intervenir, le troisième déclenche non seulement une attaque spéciale, mais vos deux autres personnages actifs peuvent caser une attaque gratuite dans la foulée. Bien sûr, le burst est limité du fait que chaque action réduit la jauge, mais une utilisation judicieuse de cette mécanique fait toute la différence quand il s'agit d'affronter les boss.
Comme pour l'alchimie, les niveaux de combats proposent des paliers qui débloquent des fonctionnalités supplémentaires, dont le Burst fait partie, ainsi que des attaques ultimes et même des points de customisation permettant de faire évoluer les compétences de bases vers des versions plus puissantes ou d'augmenter les statistiques de vos personnages.
Enfin, notons que tous vos personnages, même ceux qui sont en réserve et n'interviennent pas durant les combats, gagnent de l'expérience afin de rester sensiblement au même niveau, permettant de permuter votre équipe pour suivre vos envies ou besoin du moment.
Où est Shallie ?
Concernant l'aspect technique du soft, c'est joli principalement de par sa direction artistique. Non pas que les graphismes en eux-même soient ratés, mais les textures sont simples et un peu baveuses par endroit, surtout sur les décors, au moins sur PlayStation Vita, bien que les personnages bénéficient d'un rendu des plus corrects. Les effets visuels, pour leur part, sont globalement réussis, surtout durant les Bursts et attaques ultimes. Malgré tout, la version PlayStation Vita souffre ponctuellement des ralentissements dans les zones les plus denses (boisées ou affichant beaucoup d'objets), qui sans être catastrophiques n'en restent pas moins notables.
La bande son en revanche est de qualité avec d'excellentes musiques accompagnant vos aventures de manière adaptée, parfois entraînantes quand vous êtes sur la carte du monde, parfois mélancoliques quand vous visitez d'anciennes ruines à l'abandon. Détail appréciable et déjà mentionné en début de ce test, mais méritant d'être souligné : certaines musiques varient sensiblement suivant que l'on incarne Shallistera ou Shallotte. De plus, les voix sont au choix du joueur, en anglais ou japonais.
L'interface est dans l'ensemble claire et lisible bien que le menu d'action durant les combats soit un peu déroutant en proposant une liste « infinie » et récursive. Divers tutoriels, pour la plupart optionnels, viennent expliquer les mécanismes au fur et à mesure qu'on les débloque de manière concise. On peut toutefois regretter que cette version plus ne propose pas de version française, imposant un minimum de connaissance en anglais pour profiter pleinement de l'histoire.
Quand aux ajouts de cette version plus, ils ne sont pas vraiment indispensables, tournant surtout autour de costumes, d'objets supplémentaires et de quelques événements visant à intégrer quelques personnages venus des premiers opus de la trilogie Dusk.
Niveau défauts, la plupart ont déjà été mentionnés et restent relativement mineurs, comme d'occasionnelles chutes de framerate ou une gestion des consommables n'encourageant pas vraiment l'artisanat sur la durée. Ajoutons aussi un certain déséquilibre au niveau du système de compétences propres à l'artisanat rendant certains éléments indispensables et d'autres peu utiles, ce qui rend l'ensemble un peu moins complexe qu'il n'y paraît au premier abord ainsi que certaines compétences qui sont disponibles ou non sans égards pour la recette en cours (tout particulièrement ceux liés à une catégorie d'ingrédients). Enfin, on peut aussi trouver regrettable que les requêtes proposées ne s'adaptent pas suffisamment au niveau de notre héroïne et que même plus tard dans l'aventure, on continue de nous proposer majoritairement des quêtes n'offrant qu'une dizaine de Colles (la monnaie locale) parmi celles en offrant des centaines ou des milliers.
Ces défauts n’entachent pas pour autant le plaisir de jeu et cet opus reste un excellent Atelier, bien que semblant donner la part belle à l'exploration plus qu'à l'artisanat. La durée de vie reste conséquente, offrant plusieurs dizaines d'heures en perspective ; le double si vous tenez à découvrir l'aventure suivant le point de vue des deux héroïnes.
Pour conclure, Atelier Shallie plus : Alchemists of the Dusk Sea est un excellent opus, bien que sa pertinence dans une ludothèque dépende fortement de l'éventuelle possession de la version standard. En effet, les ajouts ne semblent pas vraiment justifier le rachat de cette nouvelle mouture à moins d'être un fan inconditionnel de la série et de cette trilogie. Si en revanche vous aimez jouer sur PlayStation Vita et que vous aimez la série ou les j-rpg tournant autour de l'artisanat, vous devriez être comblés par l'acquisition de ce jeu.
Test réalisé par Chantelune à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | PlayStation 3, PlayStation Vita |
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Genres | Action-RPG, aventure, jeu de rôle (rpg), fantasy |
Sortie |
17 janvier 2017 |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (4)
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