Test de Fate/Extella : The Umbral Star
Principalement connue en occident au travers de l'adaptation animée de Fate/Stay Night et plus récemment de Fate/Zero, la série Fate narre l'histoire de magiciens invoquant les esprits d'anciennes figures historiques et mythologiques afin de lutter dans une guerre, dont le vainqueur obtiendra le Graal, permettant d'exaucer n'importe quel vœu. En 2010, une nouvelle pierre est ajoutée à la licence coté jeux vidéo avec Fate/Extra, quittant le petit monde du visual novel pour incorporer des éléments de J-RPG. En 2016, les studio Marvelous remettent le couvert avec Fate/Extella: The Umbral Star, qui, cette fois, lorgne plus vers l'action pure et dure. Sorti en occident en janvier 2017 sur PlayStation 4 et Vita, c'est sur cette dernière version que se porte ce test.
Ce nouvel opus fait directement suite à Fate/Extra, qui lui-même se place dans un univers alternatif de Fate/Stay Night. Le joueur vient de gagner la guerre accompagnée de son servant Saber, qui a reçu comme preuve de sa victoire un anneau Regalia permettant de contrôler le graal. Problème : non seulement le personnage incarné par le joueur a des soucis de mémoire au réveil, mais le territoire gagné par Saber est envahi par une armée commandée par un autre Servant possédant également un Regalia. Notre protagoniste et Saber vont donc devoir unir leurs forces pour reconquérir leur territoire, vaincre leur ennemi et découvrir comment elle est entrée en possession du Regalia censément unique.
Un versus Plein
Pour cette suite, le gameplay abandonne le tour par tour du premier opus pour un jeu d'action, qui n'est pas sans rappeler les jeux Dynasty Warriors : on prend le contrôle de Saber (ou d'autres Servants par la suite) pour mettre une tannée aux hordes d'envahisseurs à grand coup d'épée en travers de la fiole, le tout en se déplaçant de secteur en secteur pour conquérir ou défendre les territoires. Le principe est celui de la conquête ; la victoire s'acquérant en contrôlant un maximum de secteurs dont la valeur varie et le premier à remplir la jauge de conquête remporte la bataille.
De ce coté, le gameplay est fluide et nerveux ; Saber enchaînant les coups aisément avec diverses possibilités de combos permettant de couvrir diverses situations, parfois en mettant l'accent sur la force brute, parfois permettant de couvrir une plus grande surface de ses attaques. Il faut d'ailleurs en user et abuser suivant les cas, puisque pour contrôler un secteur, il faut éliminer ses gardiens qui n'apparaissent qu'en se débarrassant des ennemis de base, lesquels attaquent en force et continuent d’apparaître tant que le secteur n'est pas sous contrôle. Et afin de varier les plaisirs tout en corsant un peu les choses, il arrive qu'un ennemi se joigne à la bataille avec pour capacité de générer des gardiens à volonté.
Si les amateurs d'actions soutenues seront ravis, on regrettera surtout une caméra un peu trop rigide qui se contente de suivre Saber sans jamais pivoter automatiquement. Il est possible de la faire pivoter manuellement avec le stick analogique droit, mais du coup, pendant qu'on la déplace, il est difficile d'attaquer en même temps, ce qui complique un peu les choses dans les plus grosses mêlées si on est littéralement face à un mur. Au moins, la caméra se remet à niveau automatiquement permettant de ne pas avoir à trop se soucier de l'angle vertical, mais un minimum d'automatisme sur l'angle horizontal aurait été le bienvenu afin de permettre au joueur de se concentrer sur le combat plus que sur la caméra. Soulignons, toutefois, que ce souci est relativement négligeable quand on affronte les péons de base qui tombent facilement sous quelques coups d'épées bien sentis, mais devient rapidement gênant quand on affronte un gardien déjà plus résistant et nécessitant un peu plus de précision que « je cogne en aveugle ». La quasi-absence de lock-on rend la caméra d'autant plus frustrante que l'action est incessante.
Quasi-absence, car il n'est possible d'utiliser le verrouillage que pour les combats contre les boss. En effet, de temps en temps ou vers la fin d'une mission, un Servant adverse va se joindre à la bataille. Bien plus résistant et puissant que les gardiens, ces adversaires vont demander un peu plus de stratégie, notamment en usant la parade et les coups spéciaux à disposition - que l'on développera un peu plus loin. Afin de faciliter un peu les choses, le jeu vous permet de verrouiller la caméra sur ces adversaires particuliers afin de vous concentrer entièrement dessus, bien que n'espérez pas les affronter en un contre un, vous aurez toujours droit au bain de foule. Mais du coup, dommage de ne pas permettre de verrouiller également les gardiens afin de rendre les combats moins brouillons. Car c'est le principal reproche que l'on peut faire au jeu : c'est le bordel. On se fait attaquer de tous les cotés, il faut cibler en priorité les gardiens, bien choisir les secteurs à attaquer ou défendre pour ne pas se faire déborder, le tout en devant se battre en permanence. Devoir en plus gérer manuellement la caméra, par dessus le marché, est un élément dont on se serait bien passé.
Heureusement, vous avez quelques cartes en plus de vos attaques et combos pour vous aider à vous défaire d'une situation épineuse. En plus de votre barre de santé, vous avez une barre de mana qu'il vous est possible d'utiliser pour une attaque spéciale figeant le temps et permettant de rajouter des attaques en pressant encore le bouton, dépensant plus de mana. A la fin de l'attaque, vous calez des dégâts sur la zone autour de la ou les cibles, permettant de faire un brin de ménage en plus d'entamer ou achever les gardiens. Cette attaque spéciale permet de souffler un peu au cœur de la mêlée, ce qui est toujours appréciable. Autre capacité des plus utile, à mesure que vous dégommez du sous-fifre, une jauge se remplit et quand elle est pleine, vous pouvez l'activer pour une séquence de transformation à la magical girl où votre personnage va changer de tenue et d'arme pour une version plus puissante, qui vous donne un bonus de dégâts non-négligeable pour décimer l'armée ennemie en un rien de temps, jusqu'à ce que la jauge soit vide à nouveau. Également très utile contre les Servants adverses, puisque permettant de briser la garde de ces derniers et donc d'en finir plus rapidement avec eux. Enfin, le troisième et dernier spécial est plus circonstanciel, puisque pour l'activer, il faut récolter trois objets répartis sur la carte. Si vous arrivez à les récupérer, vous pouvez alors utiliser l'attaque ultime de votre Servant, qui va provoquer des dégâts monstrueux sur le secteur où vous vous trouvez. Vous ne pouvez toutefois l'utiliser qu'une seule fois par bataille, aussi il convient de bien choisir le moment de l'activer afin d'en tirer le maximum.
Soulignons également qu'il est possible d'utiliser quelques sorts suivant l'équipement porté, incluant des sorts de soin, de protection ou d'amélioration. Les charges sont limitées, aussi faut-il éviter de les utiliser à la légère. Certains de ces sorts ont également une utilisation plus tactique. En effet, il arrive qu'un secteur soit piégé par un sort élémentaire, qui se déclenche à un moment donné quand vous y combattez et qui est désastreux pour votre petite santé à moins d'utiliser le sort de protection élémentaire juste avant qu'il ne s'active. Une bonne idée, mais dans le bordel ambiant, il n'est pas toujours facile d'y prêter attention.
En remportant des victoires, vous gagnez des niveaux, qui, non contents de renforcer vos compétences, vont également débloquer des emplacements de compétences, elles-mêmes récoltées sur le champ de bataille et se distinguant par catégories de couleurs. Le tableau se présente sous la forme d'une carte à puce avec parfois des liens entre deux cases. Ceux-ci présentent un intérêt puisque si deux cases liées se voient attribuer des compétences de la même couleur, alors les deux bénéficient d'un pourcentage de bonus. Il faut donc bien choisir ces compétences afin d'en tirer le maximum. Les effets associés sont pour le moins variés, bien qu'assez classiques, comportant les bonus d'attaque ou de défense, l'ajout de dégâts élémentaires à votre arme, le renforcement de vos coups spéciaux, etc...
Les affres de la narration
Le déroulement du jeu en lui-même peut se distinguer en deux parties formant un chapitre : une partie essentiellement composée de dialogues avançant l'histoire et vous permettant de vous préparer pour la prochaine bataille, et la bataille en elle-même. Assez classique me direz-vous, mais pas toujours bien rythmé. De plus, la narration souffre de petits défauts qui n'aident pas forcément à rentrer dans l'histoire. Ceux-ci touchent d'ailleurs votre personnage d'une manière pour le moins déroutante. En effet, le jeu vous laisse le choix du protagoniste entre une version masculine ou féminine. Rien de bien délirant jusque là, au contraire, c'est toujours appréciable d'avoir ce genre de choix. En revanche, votre personnage n'est pas doublé, contrairement au reste du casting. Pire, quand votre personnage s'exprime, il ou elle n'a pas le droit au classique bandeau avec son nom et son image comme dans n'importe quel autre jeu. Non, la boite de dialogue remplit tout l'écran, n'affiche aucun nom ou image et, pour couronner le tout, ne s'encombre généralement pas de guillemets pour distinguer si vous êtes bien en train de parler ou de penser. Et pour rajouter à la confusion de ce système pour le moins... original, les autres personnages réagissent parfois à des lignes de texte qui semblent pourtant faire partie de la narration plus que d'un dialogue. Ces choix, pour le moins discutables, n'aident pas franchement à l'immersion ; votre personnage étant bien trop impersonnel pour rendre les conversations faciles à suivre, puisqu'on ne sait généralement si vous parlez ou pensez qu'en fonction de la réaction du personnage parlant ensuite.
Graphiquement, le jeu est joli et assez bien réalisé tout en tournant bien sur PlayStation Vita, avec des effets spéciaux visuellement agréables et renforçant le dynamisme des combats. Les voix japonaises sont également présentes et bien choisies, avec mention spéciale pour la doubleuse de Saber, dont les intonations sont plaisantes. Les musiques sont globalement bonnes, sans pour autant être inoubliables ou vraiment marquantes. La durée de vie est raisonnable en proposant trois actes permettant de suivre les points de vue de différents Servants, mais aussi des histoires parallèles permettant d'en savoir davantage sur les personnages secondaires.
Quant aux défauts, l'aspect brouillon et bordélique des combats provoqué par la caméra a déjà été souligné, mais précisons également que le jeu semble avoir été pensé pour être joué sur PS4 et donc sur un écran de bonne taille. De fait, l'écran réduit de la Vita n'aide pas à la lisibilité et il est très possible que la version PS4 mitige (à défaut d'annuler) ce souci. L'interface est loin d'être parfaite, là encore le traitement des interventions de votre personnage venant à l'esprit, mais certains menus, notamment pour personnaliser votre Servant, sont rangés dans la rubrique options, que l'on penserait pourtant être réservée à la configuration du jeu. Signalons également l'absence de traduction française, ce qui impose une certaine compréhension de l'anglais pour suivre l'histoire.
Au final, Fate/Extella: the Umbral Star n'est pas un mauvais jeu en soi, surtout si vous aimez les jeux d'actions frénétiques du genre Dynasty Warriors, mais souffre de divers défauts techniques qui risquent d'entacher l'expérience de jeu. Si vous arrivez à passer outre, le jeu en lui-même est des plus plaisant et a le mérite de défouler un bon coup. Il laisse, hélas, une impression tenace de « peut mieux faire » et à choisir, la version PS4 est à préférer, ne serait-ce que pour limiter les soucis de lisibilité.
Test réalisé par Chantelune à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | PlayStation 4, PlayStation Vita |
---|---|
Genres | Action |
Sortie |
20 janvier 2017 (Europe) (PlayStation Vita) 20 janvier 2017 (Europe) (PlayStation 4) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (6)
Afficher sur le forumPas de compte JeuxOnLine ?
Créer un compte