Test de Need for Speed Payback
Deux ans après Need for Speed, reboot d'une licence arrivée à bout de souffle, c'est avec un épisode intitulé Need for Speed Payback qu'Electronic Arts et Ghost Games cherchent à développer les bonnes idées entrevues à l'époque.
Avec ses fortes inspirations hollywoodiennes, Need for Speed Payback nous met dans la peau de trois personnages : Tyler, Mac et Jess, des délinquants de bas étage qui s'adonnent à divers courses de rue. Mais quand leur ville Fortune Valley tombe entre entre les mains du "Clan", ils dépassent leurs limites pour gravir les échelons du Clan et reprendre la main sur la ville.
Le jeu mêle ainsi des courses de rue tout à fait classiques et des missions plus spectaculaires qui rappellent sans mal les films Fast & Furious : vol de voitures, explosions et cascades improbables.
Il était une fois...
Le joueur alterne ainsi selon les besoins de l'histoire entre les trois personnages, chacun ayant ses spécificités et un différent type de véhicule : Tyler fait les courses les plus classiques, Mac se charge des épreuves de drift et de drag et enfin Jess se charge essentiellement des missions de transport de VIP dans des courses-poursuites avec la police, rappelant les origines de la série. De quoi apporter une certaine diversité au cours du jeu, sachant qu'il faudra maîtriser les différentes épreuves pour espérer aller jusqu'au bout. Un trio des plus sympathiques qui abreuve le joueur de dialogues non pas moins agréables au cours des différentes épreuves. La synergie est là et laisse présager de bonnes choses, d'autant plus que les fans de la série télévisée The Expanse seront contents de retrouver Dominique Tipper dans la peau de la principale antagoniste.Les épreuves se déroulent sur une carte en monde ouvert, assez vaste avec des environnements variés : la ville, qui est en réalité une Las Vegas qui ne dit pas son nom, mais également des courses au milieu du désert et son aérodrome abandonné, un canyon et une vallée assez peu accueillante. Les nombreuses épreuves nous amènent aux quatre coins de la carte tandis que divers objectifs secondaires comme des panneaux à détruire ou des radars à rendre fous en explosant les records de vitesse font office de collectibles. On remarque assez aisément la principale inspiration de Ghost Games : Forza Horizon. Tant dans le ton que dans les épreuves proposées, le jeu y ressemble beaucoup bien qu'il s'appuie sur un gameplay propre à la série des Need for Speed. Ceux qui ont joué au reboot de 2015 ne seront pas perdus et pourront reprendre les habitudes de l'époque, tandis que les autres risquent d'être quelque peu surpris par la physique du jeu, notamment avec le système de drift qui n'a pas grand chose à voir avec les autres jeux du genre. On note surtout un retour des plus plaisants, celui des courses de dragster. Vestige de l'époque des Need for Speed Underground, elles mettent le joueur dans des courses en ligne droite où il s'agit de gérer de la meilleure manière possible le turbo et le passage de rapport (puisqu'il faudra obligatoirement jouer en boîte manuelle lors de ces épreuves) : en passant les rapports de manière optimale, on pourra glaner quelques mètres sur l'adversaire et ainsi arriver en premier sur la ligne d'arrivée. Le jeu se déroule en plusieurs actes, chacun entrecoupé d'une ou deux missions scénarisées qui représentent l'intérêt essentiel du mode solo. Ces missions, longuement annoncées par Electronic Arts lors des diverses présentations du jeu, mettent le joueur aux prises avec la police et le Clan dans des séquences qui s'inspirent d'Hollywood en matière de mise en scène. Il s'agira par exemple d'aborder un camion sur l'autoroute pour récupérer le bolide qu'il transporte ou encore de se débarrasser d'un hélicoptère de la police en enchaînant diverses cascades. Entièrement scriptées, ces missions offrent néanmoins des moments assez jouissifs qui permettent de souffler entre des épreuves classiques qui ont elles tendance à toutes se ressembler. Le problème étant que le nombre de ces missions se comptent sur les droits d'une main et ne constituent finalement qu'une infime partie du mode solo. Le contenu est donc bien étoffé, avec ses nombreuses épreuves et bolides qu'il faudra débloquer tout au long du jeu. D'autant plus que le jeu permet également aux artistes de laisser libre court à leur imagination avec la personnalisation des véhicules grâce aux pièces customisées et autocollants en tout genre. Les collectionneurs, eux, s'amuseront probablement à rechercher les "épaves", des véhicules à restaurer dont il faut retrouver les diverses pièces sur la carte avec pour seul indice des photos. Ces chasses aux trésors viennent elles aussi tout droit des Forza Horizon et constituent tout de même un ajout sympathique au jeu qui change de la monotonie des radars et pancartes à détruire.
... Des micro-transactions
Mais rapidement, on s'aperçoit que la progression au sein du jeu est une aberration : le mot est fort, mais la colère l'est tout autant. Alors qu'Electronic Arts a déjà fait scandale avec les "loot boxes" présentes dans la bêta de Star Wars Battlefront II, on aurait pu décemment s'attendre à une prise de conscience de l'éditeur. Pourtant, ce système de loot box est également présent dans Need for Speed Payback et constitue un véritable obstacle à la progression.
Pour bien comprendre le problème, il faut savoir que les épreuves peuvent être disputées à tout moment, mais nécessitent toujours d'avoir un véhicule assez puissant pour espérer terminer en tête. Les compétences des joueurs entrent assez peu en compte, d'autant plus que la difficulté (facile, normal ou difficile) n'influe en rien sur le niveau des concurrents : celle-ci permet essentiellement de baisser ou d'augmenter la résistance des voitures de police. Ainsi, quand bien même on aurait appris à gérer parfaitement chaque virage du tracé, le jeu nous met rapidement face à une marche qu'il ne sera possible de franchir qu'en achetant un véhicule plus puissant ou en achetant des améliorations, sous forme de "cartes", pour augmenter les performances de notre véhicule. Mais là où le bât blesse, c'est que le nombre de crédits obtenus en course est relativement ridicule tandis que les améliorations et véhicules, eux, coûtent assez chers. Ainsi, il sera nécessaire de s'adonner à du grind des quelques courses disponibles à chaque étape, tout en faisant les objectifs secondaires sur l'ensemble de la carte, pour enfin avoir les moyens d'acheter des véhicules ou améliorations nous donnant le droit de terminer une épreuve. Et à chaque acte de l'histoire, les choses reprennent du début, avec un nouvel obstacle qu'on ne pourra encore une fois enjamber qu'en achetant un véhicule plus puissant, ce qui ne sera possible qu'en retournant une nouvelle fois écumer le contenu présent sur la carte avant d'espérer en avoir les moyens.
Là où les loot boxes, ici intitulées "cargaisons", interviennent, c'est au moment où le joueur en aura marre de faire la même course en boucle, et ce des dizaines de fois : ces cargaisons offrent aléatoirement des récompenses qui vont de l'accessoire de customisation du véhicule (comme un klaxon ou un néon, qui, à noter, ne peuvent être obtenus que de cette manière) à des dizaines de milliers de crédits. Bien sûr, il est possible d'obtenir des cargaisons sans payer en accomplissant divers objectifs et en terminant des courses, mais il faut pour cela passer un temps similaire à des actions qui rappellent sans mal ce que les MMORPG ont pu proposer de pire depuis des années. D'autant plus que le jeu n'hésitera pas à continuer de vous mettre des bâtons dans les roues y compris lorsque vous aurez enfin, et durement, acquis les crédits nécessaires à la progression. En effet, il s'agira à ce moment-là d'emmener votre véhicule dans les ateliers de tuning afin d'acheter des cartes permettant d'améliorer les performances de votre véhicule. Soucis, il faudra procéder par étape et repasser de nombreuses fois avant d'enfin obtenir les améliorations les plus performantes : entre chaque passage, il est nécessaire d'attendre au moins 25 minutes que les ateliers se "restock" avec une liste d'améliorations aléatoires, obligeant le joueur à attendre pendant des heures jusqu'à ce qu'il tombe enfin sur ce qu'il convoite.
Need for Speed Payback repose donc essentiellement sur du grind, le seul moyen de contourner cet état de fait, et d'accéder à une progression plus lisse et cohérente du mode solo, sera de sortir la carte bancaire une deuxième fois et d'acheter des points pour obtenir de nouvelles loot boxes, qui vous permettront, peut-être - selon les récompenses obtenues -, d'enfin progresser. Un choix absolument inacceptable de la part d'Electronic Arts, qui fait d'emblée échec à toutes les bonnes idées que le jeu propose pourtant.
Le sacrifice d'une idée
Parce que c'est bien là le problème. En termes de gameplay et d'univers, Need for Speed Payback est probablement un des meilleurs opus de la série. L'orientation très "fun" du reboot fait son retour et offre des moments de conduite très agréables. La confrontation avec la police, quoique relativement basique, rappelle les meilleurs moments de la série, même si l'on aurait aimé voir les forces de l'ordre présente en dehors des missions. La carte, elle, est un plaisir à parcourir pour ses nombreux environnements, entre la ville et ses casinos ou le canyon et ses routes dangereuses. Les épreuves de drag et de drift restent très accessibles et offrent certainement les tracés les plus intéressants, tandis que les courses classiques et tout-terrain restent efficaces. Mais c'est difficile de passer outre le scandale que représentent les loot boxes : loin d'être facultatives, elles apparaissent quasiment obligatoires si vous voulez terminer le mode solo et débloquer l'ensemble des voitures. Sans ces loot boxes, vous devrez répéter les mêmes courses encore et encore, notamment au tout début et à la fin du jeu, et voir le potentiel "fun" fondre comme neige au soleil. De plus, pour ce qui est du mode multijoueur, vous n'y piloterez que les véhicules acquis en mode solo, vous obligeant de fait à vous soumettre à ce système de jeu qui ne cherche qu'à pousser le joueur à lâcher quelques euros.
Enfin, sur un plan plus technique, le jeu est en demi-teinte. Testé sur PlayStation 4, le jeu affiche des textures et certains véhicules plutôt jolis, les balades dans le canyon offriront parfois aux joueurs quelques plaisirs pour les yeux. Malheureusement, certains autres véhicules sont complètement ratés et à quelques moments, les textures mettront un temps certain à s'afficher. Le clipping est lui très présent en ville, mais le jeu ne souffre globalement d'aucun ralentissement. Quant à l'ambiance sonore, on a toujours cette impression de piloter des tondeuses à gazon, à l'exception de quelques véhicules, et les impacts ne sont pas vraiment bien rendus au niveau du son. Un peu plus de travail sur les bruits des moteurs aurait probablement été un plus.
Conclusion
Need for Speed Payback est une aberration : une bonne idée sacrifiée sur l'autel du bénéfice. À trop vouloir intégrer de nouvelles formes de revenus, l'éditeur et le studio ont entravé le système de progression du jeu et poussent le joueur à consommer une deuxième fois pour espérer atteindre l'épilogue. Pour se donner bonne conscience, les développeurs donnent la possibilité d'aller au bout du jeu sans payer une deuxième fois, mais pour cela sachez que vous devrez passer beaucoup, beaucoup d'heures à grinder. En bref, le reboot de Need for Speed sorti il y a deux ans ou Forza Horizon 3 seront certainement de meilleurs choix, dans la mesure où ces jeux vous laisseront la possibilité d'aller au bout de l'histoire et d'acquérir les meilleurs véhicules sans le besoin de dépenser quelques deniers supplémentaires.
Test réalisé par Hachim0n à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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Plateformes | PlayStation 4, Windows, Xbox One |
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Genres | Course, contemporain |
Sortie |
10 novembre 2017 (Windows) 10 novembre 2017 (Monde) (Xbox One) 10 novembre 2017 (Monde) (PlayStation 4) |
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