Test de Youtubers Life OMG! Edition - dans l'univers sombre des vidéastes
Amour, gloire et beauté, telle est la vie des youtubeurs ou en tout cas ceux de Youtubers Life. Sorti il y a deux ans sur PC, le simulateur de vie de youtubeurs nous propose en cette fin d'année un portage sur consoles de salon. L'occasion pour nous d'y jeter un oeil et de voir s'il suffit d'une chemise à fleurs pour rouler sur le youtube game.
Un youtubeur, une chambre chez notre maman et un PC un peu cassé : voilà ce qu'il nous faut pour nous lancer dans l'aventure. Néanmoins, le premier choix sera le plus terrible : choisir entre les jeux vidéo, la musique ou la cuisine. Un choix limité, mais néanmoins suffisant pour devenir de véritables stars.
Cartes et vidéos
Les premiers pas sont les plus simples ; il faut ouvrir sa chaîne et créer le personnage qui deviendra une étoile dans le petit monde de YouTube. Comme on m'a toujours dit que l'actualité constitue une bonne accroche et que nous sommes ici sur un site de jeux vidéo, ma première partie est celle d'un youtubeur "gaming", fondateur de la chaîne "Article 13 Gaming".
Armé d'un PC en fin de vie et d'un micro d'une autre époque, notre héros lance la production de sa première vidéo de gameplay. Une vidéo qui n'attire pas les foules, à peine quelques dizaines d'abonnés, pas la moindre rémunération, mais peu importe. Rome ne s'est pas faite en un jour. Et puis, après des années de galère, le succès est à notre porte : on peut bien attendre quelques jours de plus.
Enfin, et une fois arrivé à un nombre d'abonnés suffisant qui nous permette de gagner une poignée de dollars par vidéo, on peut déménager et commencer à bosser sérieusement sur notre chaîne. Exit le temps perdu à étudier et à manger, la startup nation n'a pas le temps pour ça. Désormais, ça sera la colocation avec son meilleur pote, puis des duplex avec vue sur la ville, la coke et les... Non pardon, le youtubeur ne fera jamais rien d'illégal et se contentera juste de jouer aux jeux vidéo dans son immense duplex entre deux soirées, pendant que ses larbins fraîchement recrutés créent des vidéos à sa place en lui reversant l'intégralité des revenus, moyennant un salaire de misère.
Célébrité et larbins
En effet, rapidement, Youtubers Life délaisse ce côté qui rappelle pratiquement les Sims pour virer à une simili-gestion. Pendant que l'on s'amuse en soirée pour développer notre carnet de contacts et pour avoir plein de choses à raconter sur Pipper (le Twitter local), les quelques larbins que l'on a recrutés au passage moyennant quelques centaines de dollars s'efforcent de travailler jour et nuit sur des vidéos pour faire grossir notre chaîne. Si de temps en temps ils rentrent chez eux pour manger un peu, on a quand même le sentiment d'exploiter ces braves gens, mais peu importe, la célébrité n'attend pas et ce n'est pas en travaillant seul dans sa chambre qu'on sera acclamé lors des photocall des conférences d'annonce de consoles et jeux vidéo. Très franchement, cette gestion d'une micro-entreprise rappelle énormément les jeux mobile de Kairosoft, avec cette même manière de calculer la qualité de la vidéo, avec les différentes caractéristiques dont je parlais plus tôt, qui gagnent des points selon la combinaison de cartes ainsi qu'en fonction de la popularité de la console utilisée ou du jeu sur lequel on crée une vidéo. Et si ce système fonctionnait plutôt bien pour de courtes sessions sur mobile, il faut malheureusement avouer que le genre peine à convaincre sur console.
En effet, la répétitivité des actions provoque une certaine lassitude et atteindre les derniers niveaux du jeu à base de déménagement dans un manoir spatial est une corvée. Sans véritable difficulté, malgré des obstacles tout à fait artificiels comme des concurrents qui viennent voler vos employés sans que vous ne puissiez réagir à aucun moment, Youtubers Life est une sorte de mélange un peu limité entre les Sims et les jeux Kairosoft où chaque genre aurait été amputé d'une bonne partie de son contenu, ainsi que de son intérêt. Si les premiers pas de notre micro-entreprise ont du bon, avec une dynamique de gameplay qui change radicalement (on passe d'acteur à gestionnaire), c'est aussi l'étape où tout devient répétitif. Aller en soirée devient rapidement barbant tant les options de dialogue avec les autres personnages sont limitées, les décors sont toujours les mêmes et le jeu ne nous surprend plus jamais.Le jeu tente péniblement de nous raconter que notre popularité lors des soirées dépend aussi de la manière dont nous nous présentons, avec des caractéristiques qui sont aussi présentes sur les vêtements (sport, chic, décontracté...) mais force est d'avouer que mis à part une poignée d'événements où la tenue chic est exigée, le reste du temps, vous pourriez vous balader en jogging que personne n'en tiendrait compte. Le plus terrible dans l'histoire cependant, c'est l'absence de chemise à fleurs dans le magasin de vêtements.
Rapidement, on n'ira plus à ces soirées, sauf aux conférences pour obtenir un jeu gratuit. Le reste du temps, cela ne ressemble qu'à une perte de temps puisque si le jeu inclut une barre de satisfaction des fans, qui intègre notamment la présence sur les réseaux sociaux et en public, nous avons noté que que ne jamais sortir de l'appartement et ne jamais envoyer de message sur Pipper n'empêche pas de faire de très gros chiffres d'audience.
Claim ton bug
C'est dans cette manière de ne jamais vraiment aller au bout de ses idées que Youtubers Life se plante lamentablement. Ni très intéressant en tant que simulation de vie à cause du nombre très limité d'options, ni très passionnant dans la création vidéo à cause de combinaisons que l'on identifie trop vite et qui ne laisse aucune place à l'expérimentation, Youtubers Life propose un contenu bien trop limité pour tenir sur la durée. Les premiers pas sont sympathiques, puis on se lasse face à l'évidence : nous sommes condamnés à toujours faire la même chose, à produire les mêmes vidéos de la même manière, jusqu'à arriver à déménager dans le manoir spatial. Après quoi il ne se passe plus grand chose. D'autant plus que le système de création de vidéos, avec les cartes de réactions, semble parfaitement inadapté à la plupart du contenu que l'on peut produire. Que l'on fasse une vidéo d'unboxing, de gameplay ou une interview d'un youtubeur populaire, les cartes de réaction sont les mêmes et nous n'avons aucun mal par exemple à utiliser la carte qui consiste à "crier sur le jeu" en pleine interview. Pourtant, crier sur la personne que l'on interroge, ce n'est jamais une très grande idée.De manière générale, le jeu est assez désagréable à parcourir sur consoles, le curseur de la souris étant remplacé par un curseur à utiliser au stick. Assez lent et imprécis (même avec la sensibilité la plus élevée), il est parfois mal positionné par le jeu. En effet, on reçoit des invitations à aider un ami ou à assister à des conférences dans des pop-up en premier plan, mais parfois le curseur reste en arrière plan et il est impossible d'aller dessus faire notre choix. Seul moyen de s'en sortir, appuyer sur une touche pour supprimer la pop-up et refuser, par défaut. Plus encore, Youtubers Life se plante dans un portage assez scandaleux. Plutôt qu'énumérer les nombreux bugs auxquels j'ai fait face durant le test, il suffirait de dire qu'il est injouable dans la version PlayStation 4, ici testée. Injouable, car des employés se bloquent parfois en marchant vers le bureau, auquel cas il faut espérer que leur parler débloque le script, sinon il ne reste plus qu'à les virer (et ainsi être détesté par cette personne - une conséquence terrible pour le youtubeur narcissique que l'on nous pousse à incarner). L'autre bug le plus significatif est véritablement bloquant puisqu'arrivé au niveau 22, dans un jeu où gagner des niveaux permet notamment de débloquer de nouveaux types de vidéos grâce à un arbre de compétences, j'ai eu l'incroyable surprise de voir mon youtubeur retomber au niveau 1. Avec un arbre de compétence rempli au tiers, je n'avais donc qu'une petite moitié du type de vidéos débloquées et il était impossible de gagner à nouveau de l'expérience puisque malgré les vidéos réussies, la barre d'expérience ne s'est plus jamais remplie.
Impossible de savoir ce qui a provoqué ce bug puisqu'une deuxième partie m'a permis d'aller plus loin, mais dans une troisième partie j'ai eu à nouveau ce bug, cette fois-ci vers le niveau 14.
Le problème de ne pas pouvoir débloquer l'intégralité des types de vidéo, mais aussi des cartes, est l'impossibilité de progresser à partir d'un certain point : les fans détestent que l'on fasse toujours le même genre de vidéos et la liste d'objectifs finit par nous demander de créer des vidéos que l'on ne sait pas faire (et qu'on ne peut donc plus débloquer) pour pouvoir passer à l'étape suivante.
Sorti dans un tel état, et avec un framerate asthmatique qui passe souvent bien en-dessous des 30 images par seconde, Youtubers Life dans sa version console est une aberration technique qu'il est bien impossible de conseiller à qui que ce soit. Si le jeu ne manque pas de nous faire sourire avec quelques références à la réalité, notamment avec nos vidéos qui sont "claim" par les ayants droit si l'on utilise des cartes soumises au droit d'auteur ou encore la possibilité de rejoindre des networks dont l'objectif n'est pas de produire de la qualité, mais des starlettes (puisqu'assister à des soirées de sponsors sera parmi les conditions à remplir chaque mois pour rester chez eux, au contraire des scores de qualité des vidéos), il est difficile d'accorder beaucoup de crédit à un jeu qui non seulement n'arrive pas à nous intéresser plus d'une heure ou deux, mais en plus finit par être purement et simplement injouable. D'autant plus que la traduction française, bourrée de fautes, semble avoir été rajoutée à la va-vite puisque de nombreuses phrases sont coupées, incomplètes, car les bulles de dialogue n'ont pas été adaptées à la longueur de celles-ci.
Conclusion
Concept amusant et inspiré de jeux mobile sympathiques, Youtubers Life rate à peu près tout ce qu'il entreprend. S'il multiplie les références à la réalité avec des marques factices inspirées de sites de ventes ou d'éditeurs, s'il m'a même fait sourire à de multiples reprises lorsque ma chaîne Article 13 Gaming s'est fait taper dessus pour violation des droits d'auteur, il est incroyable que le jeu puisse sortir dans un état pareil. Mis à jour quelques jours après sa sortie, le portage reste injouable à cause de bugs bloquants et d'un framerate qui peine à maintenir les 30 fps, une situation assez difficile à comprendre puisque le jeu n'est ni très beau ni très généreux dans ce qu'il affiche à l'écran.
En bref, il est compliqué de conseiller ce portage sur consoles à qui que ce soit compte tenu l'état dans lequel le jeu est sorti.
Test réalisé par Hachim0n à partir d'une version fournie par l'éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | Android, MacOS, Nintendo Switch, PlayStation 4, Windows, Xbox One, Xbox One X, iOS |
---|---|
Genres | Simulation, contemporain |
Sortie |
2 février 2017 (Windows) 2 février 2017 (MacOS) 20 novembre 2018 (Xbox One) 20 novembre 2018 (PlayStation 4) 20 novembre 2018 (Nintendo Switch) 20 novembre 2018 (Xbox One X) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (1)
Afficher sur le forumPas de compte JeuxOnLine ?
Créer un compte