Test de Déraciné - Ennuis et maux de tête

La fin d'année est chargée pour le casque de réalité virtuelle de Sony. Ce dernier a reçu le génial Astro Bot : Rescue Mission, mais aussi Firewall : Zero Hour, Tetris Effect ou encore Beat Saber, trois titres qui ont marqué les esprits à leur façon. Il a également eu Déraciné, jeu développé par From Software. Que vaut-il ?

Pauvre petite fille

Commençons par présenter le concept de Déraciné. Le jeu se déroule dans un orphelinat regroupant quelques enfants. Le joueur, lui,  incarne un "esprit". Il n'est pas un personne à part entière de l'orphelinat, mais parcourt le temps pour le visiter à différents moments et aider ses pensionnaires.

En soi, le cadre semble intéressant. Le nombre de personnages est assez réduit, ce qui permet d'apprendre à connaître chacun d'entre eux. De plus, l'usage de voyages dans le temps favorise la découverte : le joueur récupère à chaque fois de petites bribes d'informations sur chacun ainsi que sur le lieu dans lequel il se trouve. Cette structure, non linéaire, fonctionne assez bien.

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FedEX

Ce qui fonctionne nettement moins, en revanche, c'est le système de jeu intégré à cette histoire. L'orphelinat est assez grand et le joueur est en général assez libre de le parcourir ; cela lui permet de réaliser les objectifs du chapitre en cours, mais surtout d'accéder à de nouvelles informations. En général, c'est une bonne chose ; je suis, à titre personnel, un grand amateur d'exploration. Néanmoins, dans un jeu en réalité virtuelle, c'est à mes yeux une très mauvaise idée.

Heureusement, Déraciné ne propose pas de déplacement libre : seulement un système de téléportation, servant aussi bien à se déplacer qu'à changer l'angle depuis lequel on observe une scène. Cela limite le désagrément, mais même ainsi, se déplacer en réalité virtuelle n'est pas aussi agréable que de le faire manette en main en jouant à un jeu traditionnel affiché sur la télévision.

Or, Déraciné ne se contente pas de proposer des déplacements libres : il en abuse sans vergogne. Lors de chaque chapitre, l'objectif consiste en général à réaliser un certain nombre d'interactions avant de pouvoir partir. Prenons en exemple une des premières quêtes du jeu : le joueur doit rassembler des herbes cachées un peu partout, puis les mettre dans une soupe. Il est donc nécessaire d'explorer la zone de fond en comble pour les trouver, parfois à plusieurs reprises parce qu'un nouvel objet permet de faire une action impossible jusqu'alors.

Ce problème est majoré par le fait que le jeu est très pauvre en indications. Il donne un objectif général, mais charge le joueur de comprendre par lui-même comment y parvenir. Il est donc régulier de se retrouver à tourner en rond, parce que l'on ne comprend pas qu'on est censé utiliser un certain objet en un lieu précis.

Conséquence de ces choix, effectuer un chapitre de Déraciné est une tâche très désagréable. On découpe donc naturellement le jeu en de multiples sessions, bien qu'il soit très court (comptez environ cinq heures pour en voir le bout). Pis, revenir dessus n'est jamais une perspective tentante, en raison de son gameplay désagréable, mais aussi d'un rythme ennuyeux.

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Zzzzzz

Ainsi, les nombreux déplacements nécessaires diluent l'action, lui faisant perdre sa saveur. En outre, le très faible nombre d'interactions possible dans chaque chapitre renforce encore cette impression, car le titre offre un panel d'actions très limité au joueur, qui consacre donc la majorité de son temps à se déplacer sans savoir où aller.

De plus, l'expérience est fade. En effet, les informations qu'il est possible d'obtenir sont souvent d'une qualité très moyenne, que ce soit parce qu'elles sont extrêmement basiques ("J'aimerais faire ceci") ou tout simplement parce que leur écriture n'est absolument pas transcendante.

À dire vrai, on peine à comprendre l'origine de Déraciné. Le point de départ est intéressant, mais le jeu aurait probablement été plus agréable sans l'obstacle de la réalité virtuelle. On est impressionné lors des premières minutes de jeu, mais la magie disparaît rapidement, vaincue par la lenteur du rythme ainsi que par les nombreux déplacements exigés. Déraciné est le type de jeux qu'on imagine parcourir avec une manette dans une main et un téléphone dans l'autre, servant à chercher sur internet comment faire pour progresser jusqu'au point de sauvegarde suivant. Un rythme lent n'est pas un problème en soi, mais il se marie mal avec la réalité virtuelle, qui impose toute une procédure pour être enclenchée et isole le joueur.

En outre, pour proposer un titre centré sur sa narration, il faut avoir des scénaristes de qualité pour que celle-ci soit irréprochable. Or, ce n'est pas du tout pour la qualité de son écriture que From Software est connu et cela se sent en jeu. Déraciné est très loin de titres comme Everybody's Gone to the Rapture ou Firewatch sur ce plan.

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Touche pas à ma VR

Deux sentiments contradictoires m'animent au moment de conclure ce test. D'un côté, j'aimerais saluer la prise de risque du studio de développement et son choix d'offrir une expérience narrative. En soi, Déraciné a beaucoup plus d'arguments pour me plaire que Dark Souls, Bloodborne ou le futur Sekiro. Néanmoins, comme je l'ai déjà dit dans d'autres tests, je suis convaincu que déplacements et réalité virtuelle se marient extrêmement mal. Déraciné apporte de l'eau à mon moulin ; sans réalité virtuelle, il aurait constitué un titre oubliable, mais avec il devient en plus désagréable. Le gameplay est mal pensé pour cette technologie et l'écriture n'est pas au niveau requis pour proposer un jeu centré sur la narration.

Test réalisé par Alandring à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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