Test de Earth Defense Force 5 - c’est ce que j’appelle une rencontre du 3ème type...

La menace était petit à petit oubliée, mais elle, elle ne nous oublie pas. Il est l'heure pour l'Earth Defense Force (ou E.D.F., ou Force de Défense Terrestre) de reprendre du service et de mettre les bouchées double pour repousser les envahisseurs qui se pressent par dizaines de milliers aux portes de notre planète, bien décidés à nous éradiquer. C'est parti pour plusieurs dizaines de missions d'un shooter pas si bête et simple qu'il n'y paraît...

Engagez-vous, rengagez-vous qu'ils disaient

Alors ça, c'est bien ma veine. En pleine période de paix, je viens visiter les installations pas si secrètes de l'EDF (pas les fournisseurs d'électricité... Eux nous doivent bien plus que la lumière), qui sont en pleine opération portes ouvertes, avec mon autocollant "Bonjour, mon nom est Bardiel" sur la poitrine, et voilà que les lumières d'urgence se mettent à danser la carioca. "Ce n'est rien", dit le guide, "sans doute un exercice". Il dure drôlement longtemps ton exercice... et si on passait par une issue de secours ? "Tiens, voilà un fusil mitrailleur, euh... Au cas où". Au cas où... Quoi ?

Un mur qui explose, des dizaines de fourmis géantes s'engouffrant dans la brèche quelques secondes plus tard et je me dis que, finalement, ce n'est pas une si mauvaise idée d'avoir de quoi me défendre. Alors, je me mets au charbon, moi, le simple civil non formé aux arts militaires. Je dois défendre ma vie avant de défendre celle des vétérans qui se font submerger inexorablement. C'est presque un petit miracle qu'il reste des survivants, mais... C'est moi qui ai sauvé tout ce petit monde ? Et pourquoi tout le monde m'appelle "newbie" ? La radio d'un capitaine crachote et on entend un rapport qui achève ce qui restait de moral de tout ce petit monde : des monstres géants apparaissent un peu partout, ici au Japon, et partout ailleurs sur Terre. L'attaque n'est pas isolée et les monstres se comptent en dizaines de milliers...

J'ai comme l'impression que cette histoire est loin d'être finie et que je suis bien loin de revenir à ma vie de civil. À peine sorti de la base et les rapports affluent : ce sont des extra-terrestres et la panique est planétaire. Bon eh bien, il faut bien que quelqu'un retrousse ses manches hein ? Allez hop, au turbin. Cela m'apprendra à faire des visites guidées dans une base militaire.

La Défense de la Terre, une affaire de civils

C'est parti pour plus d'une centaine (!) de missions diverses et variées, ayant pour point commun l'éradication totale des aliens venus nettoyer l'humanité. Le moins qu'on puisse dire, c'est que les développeurs n'ont pas lésiné sur la durée de vie et c'est bien l'un des points forts du titre. On pourrait se dire qu'on serait lassé au bout d'une dizaine ou d'une vingtaine, mais le titre parvient étrangement à rester attractif de bout en bout et ce pour plusieurs raisons.

La première est la diversité des objectifs : d'une mission de défense d'un point stratégique comme un pont, on peut enchaîner sur une infiltration dans des galeries souterraines pour secourir des unités isolées, sur l'offensive contre un massif débarquement ennemi ou encore sur la retraite méthodique, acculé seul contre plusieurs aliens vous guettant dans une ville où le moindre parking ouvert sera une cachette salvatrice pour échapper à leur regard.

Il peut évidemment arriver qu'on ressente un goût de déjà-vu entre certaines missions. Cependant, on ne peut nier que le jeu est diablement efficace pour ce qui est de garder l'intérêt intact, aussi grâce à une certaine variation dans les hordes ennemies : entre les fourmis grises qui vous vomissent au visage, les rouges qui vous foncent dessus pour vous croquer goulument, les araignées différentes, les grenouilles bardées d'armes (!), les astronefs, monstres reines ou rois ou encore ces f... ichus cosmonautes, les combinaisons entre le type de mission et les types d'ennemis permet de faire taire la sensation de recyclage.

On combine à cela la possibilité de looter des centaines d'armes différentes pour les quatre classes de personnages, armes qui peuvent monter de niveau aussi à force de récolter les mêmes calibres, et la collectionnite aigüe nous prend. "Eh, mais il est cool ce Minion Buster, mais encore mieux avec la fréquence de rechargement améliorée ! Oh, mais attends... Le Minion Buster MK2 ?? Je ne l'avais pas dans mon Pokedex !!". Personnellement, je confesse sans complexe avoir refait certaines missions plusieurs fois, rien que pour pouvoir augmenter la puissance d'un fusil de sniper ou d'un fusil d'assaut... Quel mal y a-t-il à vouloir le meilleur matos pour en faire tâter la racaille extra-terrestre, hmm ?

"Y a plein de monstres, piou piou jet pack boom boom"

Eh bien non Hachim0n, ce n'est pas tout à fait aussi simple que ça ! Alors oui, on peut se dire que ce jeu consiste en un gros foutoir généralisé où balancer la purée à l'aide du plus gros canon possible est la meilleure option... Bon, il y a du vrai... Sauf qu'on n'est pas tout seul dans la mêlée et à mesure que les missions avancent, on peut "recruter" des PNJ alliés sur le terrain pour aider à contrer la menace. Des fois même, on n'aura tout simplement pas le choix si on veut survivre - que ce soit pour gagner de la puissance de feu ou pour concentrer les tirs ennemis ailleurs (on survit comme on peut, hein ?). Le tir allié étant activé et pouvant être assez violent, tirer n'importe comment peut très bien toucher vos camarades de jeu (y compris en multijoueur) et on peut bien vite se retrouver seul à prendre très, très cher. Alors oui, il est bien beau ce lance-grenades multiples qui balance 3 grenades faisant 500 points de dégâts, oui ça dégage sec les rangs ennemis, mais est-ce vraiment une bonne idée de l'emporter dans ce hangar ?

En outre, il faut être un tant soit peu observateur concernant les données des missions et l'équipement qu'on emporte. Ces fusils d'assaut sont parfaits, mais leur portée est vraiment limitée : comment, dans ces conditions, peut-on rêver toucher ces maudits vaisseaux de téléportation qui se trouvent à plusieurs centaines de mètres d'altitude ? Se retirer d'une mission est vite arrivé, quand le matos embarqué limite sa capacité à la terminer, forcément... De mon côté, il m'est arrivé de devoir affronter des astronefs qui ne prennent l'aggro que lorsque l'un d'eux est attaqué et la seule raison pour laquelle je ne pouvais les atteindre, c'était que les balles de mes fusils n'allaient pas assez vite ou loin pour pouvoir les toucher efficacement... Quand je vous dis que ce n'est pas si simple !

Et ça, c'est seulement pour le Ranger, dont l'arsenal est plutôt classique : fusils d'assaut, grenades, lance-roquettes ou lance-missiles (attention, à bout portant on prend cher et les alliés aussi !), fusils de sniper... Dans les autres classes de personnage, on a le Wing Diver, une unité féminine à l'armure (bien) plus légère, mais bénéficiant de ce jet pack si précieux pour virevolter dans les airs et d'armes beaucoup plus puissantes en contrepartie de sa faiblesse aux dégâts.

Le tank de la bande est le Fencer, à l'armure bien plus solide et pouvant équiper deux armes à la fois ! Il peut s'équiper d'un bouclier sur un bras et d'un énorme marteau dans l'autre ou de deux fusils lourds dans chaque main... Il peut faire la toupie avec ses armes de contact, occasionnant des dégâts massifs, mais est tellement plus vulnérable aux dégâts et tellement plus lent !

Enfin, l'Air Raider est l'unité de soutien, qui n'a pas vraiment d'armes en mains, mais plutôt un arsenal. S'il peut user de certains totems pour défendre ses alliés (et là, on voit la nécessité de compter sur eux...) ou lui-même, il peut aussi faire appel à des armures de combat en échange de points glanés en tuant des ennemis et même carrément à des frappes aériennes décimant les forces ennemies sur de larges étendues. J'avoue que voir une frappe orbitale a quelque chose de jouissif quand ça rase une cohorte de centaines d'ennemis en une fois... Néanmoins, c'est une classe assez dure à jouer, car on compte beaucoup sur ses alliés/camarades pour gagner des points et réarmer au plus vite son matériel (contrairement à la recharge plus ou moins standard des autres classes). La classe la plus dure à jouer étant, selon le jeu, le Fencer. Sans doute en raison de sa nature de corps-à-corps...

Des monstres parfois techniques à défaut d'une technique monstre

Les aliens viennent le plus souvent en vagues soutenues et régulières ; la plupart sont relativement c... bêtes comme des chaises et se contentent de venir se prendre des bastos en série. On se retrouve perpétuellement au milieu d'un océan de bestioles ultra sanguinaires dont on n'émerge le plus souvent qu'à la fin, alors que les cadavres disparaissent petit à petit. Cette profusion de monstres a un prix, celui de la technique : le jeu n'est franchement pas beau. Les personnages sont quasi cubiques (mis à part les sémillantes Wing Diver, bon...), les ennemis taillés grossièrement pour la plupart et les textures fleurent la PS3 (voire parfois la PS2, mention spéciale au gloubiboulga qui reste au sol après la chute d'un vaisseau de téléportation).
Le framerate est bien ce qui est privilégié de façon logique, mais même en coupant les vivres au département graphique, la PlayStation 4 (Slim, du moins) plie le genou de temps à autres (surtout dans les missions de fin) sous le poids des centaines de monstres à tenter d'afficher et de gérer, avec ce bon vieux moteur Havok en soutien pour gérer les ragdolls. Des fois, on n'y voit de toute façon tellement rien que la seule indication pour savoir si le jeu rame est la baisse des balles envoyées à la seconde... Et on se retrouve parfois avec comme seul repère la boussole en bas à gauche pour viser l'ennemi comme on peut, bloqué derrière des cadavres refusant de disparaître...

Au rayon des mauvaises nouvelles, à part le rayon technique déjà bien chargé, le jeu est intégralement en anglais et l'interface parfois un peu fouillis n'aide pas vraiment dans le chaos général. Sur le terrain, les commandes peuvent laisser à désirer : appuyer sur R2 en gardant une direction avant, neutre ou arrière vous fait sauter et dès le moment où le stick prend un minimum une autre direction, il s'agit d'une roulade. Alors, quand on se retrouve derrière un petit muret qu'on ne peut franchir et qu'on aimerait sauter pour éviter des tirs, laissez-moi vous dire qu'il est assez compliqué de rester scotché derrière en roulant n'importe comment.

De plus, certains cadavres sont immatériels, autorisant à traverser et à tirer au travers comme s'ils n'existaient pas, mais d'autres restent en plein milieu, bloquant la progression et les tirs, puis disparaissent. Là aussi, rester bloqué à cause d'un cadavre géant est... frustrant, pour rester poli.

Oh, nous sommes la vaillante infanterie...

Alors, on se bousille les yeux il est vrai, mais bon sang, c'est jouissif. Vraiment. Très honnêtement, pendant les premières missions, j'étais plutôt navré de la technique à la ramasse (et même encore maintenant, j'en rigole à certaines occasions), pourtant ça passe au second plan alors qu'on s'échine à évaporer une colonie de fourmis géantes sous cocaïne, ou de sournoises grenouilles de la taille d'un immeuble qui nous menacent de leurs fusils laser et font des roulés-boulés pour éviter nos tirs (je n'aurais jamais cru dire ça dans un test, tiens...).

À mesure qu'on avance dans les missions, comme déjà évoqué précédemment, on ajuste son petit arsenal, on l'améliore (au hasard) en récupérant des caisses d'un vert vif affublées d'un "WEAPON" qu'un cadavre de monstre laisserait traîner ("cool, cette araignée avait un viseur pour mon fusil de sniper qui me fait gagner 650m de portée !"), on pimp son agent de terrain et on retourne au champ de bataille sans fleur au fusil, car même si au début on est traité de "débutant", au final on est le civil qui constitue la plus grande chance de l'humanité de repousser l'invasion venue d'une autre galaxie. Fort de chants guerriers auxquels font écho vos compagnons, on arpente villes, champs, grottes et autres collines pour pourfendre l'alien.

Un mot sur le multijoueur : la mise en relation est rapide, je n'ai souffert d'aucun lag et c'est là où avoir une petite équipe de 4 profils plutôt complémentaires est appréciable. Deux Rangers, un Wing Diver et un Air Raider ont fait des miracles et les chants des uns sont repris par les autres en choeur via l'interface de communication rapide, accessible via les touches de la croix directionnelle. C'est assez cool et facile d'accès et cela donne une autre dimensions aux combats quand il s'agit aussi d'aller relever ses coéquipiers au milieu du feu ennemi.

"Nous n’entrerons pas dans la nuit sans combattre ! Nous ne voulons pas disparaître sans nous battre !"

En bref, EDF5 est un jeu qui ne brille certainement pas par sa performance technique, mais il reste un jeu sacrément accrocheur, pour peu qu'on aime décimer des légions de monstres vouant une haine infinie à l'humanité toute entière. Côté durée de vie, rien à redire : plus d'une quarantaine d'heures pour finir le jeu en solo avec plus d'une centaine de missions, déjà ; la même durée de vie en multi (les missions étant les mêmes, mais comptées séparément et la plupart du temps soumises à une restriction du niveau des armes et des armures) et, surtout, cinq modes de difficulté, dont les deux derniers ne sont accessibles qu'à condition d'avoir fini le jeu une première fois.

En outre, pour les amateurs de 100%, le challenge est de longue haleine : pour obtenir le sésame du 100% absolu, il faut avoir fini le jeu avec chaque classe de personnage, dans chaque mode de difficulté (heureusement, finir une mission dans une difficulté élevée compte la complétion aussi dans les niveaux inférieurs), aussi bien en solo qu'en multijoueurs. Et là, ça se compte en centaines d'heures. Bon courage.

En définitive, je ne pensais sincèrement pas que j'y reviendrais, mais pourtant, même après avoir fini le mode Normal, j'ai bien envie de tenter les niveaux supérieurs... Allez, je vous laisse, j'y retourne. "Bienvenue sur la Terre !"

Test réalisé par Bardiel Wyld à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes PlayStation 4
Genres Action, tir, tir à la première personne (fps), science-fiction

Sortie 7 décembre 2017 (Japon) (PlayStation 4)
11 décembre 2018 (Europe) (PlayStation 4)

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