Test de Blood & Truth - Une aventure de qualité trop inégale

Si vous me demandiez de vous conseiller un jeu sur le PlayStation VR, je vous recommanderais probablement Astro Bot PlayStation VR Worlds, qui constitue à mon sens la première killer app du casque. Alors, quand le studio à l'origine du titre annonce un nouveau jeu, comment ne pas lui accorder toute notre attention ?

Un jeu avec des gentils et méchants

Blood & Truth est présenté depuis son annonce comme une version étendue de The London Heist, l'une des cinq expériences proposées au sein de la compilation PlayStation VR Worlds. Or, on comprend très vite que le titre est complètement indépendant de son prédécesseur, tant sur le plan narratif qu'en termes de mécaniques.

Ryan, le personnage que l'on incarne, est un soldat rentrant à Londres pour l'enterrement de son père. Ce dernier étant à la tête d'un réseau criminel, sa mort attire l'appétit de ses anciens concurrents. La suite, vous l'imaginez aisément : tirs, enlèvements, tirs, infiltration, tirs, complot organisé par une société secrète, tirs. Le scénario est clairement le point noir du titre, car il tient de la mauvaise série B : les personnages sont caricaturaux et l'intrigue extrêmement simpliste. Le titre s'inspire visiblement des récits d'espionnage, ce qui n'est pas un défaut, mais il ne le fait ni avec humour (contrairement à Kingsman) ni avec talent.

La réalité virtuelle est un excellent moyen de raconter des histoires, car elle permet une immersion sans égal. Néanmoins, pour que cela fonctionne, il faut que l'écriture soit de qualité, car sinon le joueur décroche, tourne la tête de tous les côtés et joue avec les limites du jeu, perdant toute immersion.

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Aïe, ma tête

Le gameplay du jeu ne le sauve pas. Sa découverte a commencé par une douche froide : le titre propose un déplacement semi-autonome. Certes, celui-ci contient un certain nombre de limitations améliorant le confort. On ne peut par exemple qu'aller à des endroits prédéfinis, on ne peut pas retourner en arrière et un bord noir est présent lors des déplacements pour réduire leur impact. Néanmoins, vous commencez à me connaître : je pense qu'aucun jeu en réalité virtuelle ne devrait proposer de telles commandes, car les effets sur le joueur sont parfois bien trop lourds.

Bien sûr, certains n'y sont pas sensibles, mais personnellement, cela m'a forcé à diviser mon expérience en de multiples petites sessions. Blood & Truth est pourtant un jeu court (comptez environ 6h pour en voir le bout), qui devrait se parcourir d'une traite, mais cette possibilité est annihilée par le gameplay du jeu, empêchant d'en profiter pleinement

Quelques autres soucis de gameplay existent également, principalement lors des phases de tir. En effet, la visée est parfois capricieuse, le rechargement délicat et la prise en main ou le rangement d'une arme difficile, ce qui est problématique dans les moments critiques.

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Un mauvais parc d'attraction

Pourtant, malgré tous ces défauts, la magie de la réalité virtuelle finit par opérer. Ma première impression sur le jeu était très négative, mais celle-ci s'est progressivement améliorée. En approchant de son milieu et en dépassant celui-ci, le jeu commence à être plus généreux avec le joueur : il offre plusieurs chemins alternatifs, un peu d'infiltration, quelques séquences très efficaces et des récompenses à l'exploration. Cela n'a l'air de rien, mais le fait de prendre un cookie et de pouvoir l'amener à sa bouche pour le manger renforce incroyablement l'immersion.

Les phases de tir sont ratées, surtout celles en véhicule. En revanche, le reste du jeu est agréable à jouer. On adore se balader dans les bureaux et ouvrir chaque tiroir à la recherche de secrets. Les objets interactifs sont malheureusement trop rares, mais les quelques possibilités originales ainsi offertes rehaussent l'intérêt du titre. En outre, on aime assez l'escalade (une des grandes réussites de la réalité virtuelle), les passages dans des conduits d'aération et quelques spectacles impressionnants.

Oui, le titre s'améliore à mesure que le joueur progresse dans l'histoire. Puis, il offre un final rassemblant tous les défauts du jeu : des phases de tir interminables contre des sacs à points de vie, une méchante incompréhensible, des pics de difficulté absurdes et, cerise sur le gâteau, des bugs, dont l'un m'a forcé à quitter le jeu avant de le relancer.

Les haters ont souvent dit que la réalité virtuelle n'était qu'une compilation d'expériences, mais le problème ici, c'est justement que Sony London a cherché à proposer un jeu complet. L'état d'un jeu est souvent éloquent sur les conditions dans lesquelles il a été développé. En l'occurrence pourtant, il est difficile de comprendre ce qui a pu aboutir à un tel résultat.

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La qualité du jeu est extrêmement inégale. Certaines phases sont excellentes, mais elles sont séparées par des moments bien plus médiocres. C'est un peu comme si chaque séquence avait été créée par une équipe différente, puis le tout assemblé avec une histoire bateau écrite à la va-vite.

Ce sentiment domine également concernant les armes à disposition du joueur. L'arsenal fourni est riche et varié, bien que toutes les armes ne soient absolument pas aussi intéressantes les unes que les autres. En revanche, les niveaux étant assez courts et linéaires, on trouve une nouvelle arme tous les cinq mètres, ce qui est étrange et empêche de pleinement profiter de chacune.

Une fois, mais pas deux

Si vous souhaitez faire essayer votre PlayStation VR à des amis, Blood & Truth fait très bien le job, pour peu que l'on choisisse la bonne mission. Cet aspect est facilité par la possibilité de refaire individuellement chacune des missions débloquées, par l'existence d'un système de score et par les quelques éléments à débloquer dans chaque mission.

En revanche, si vous espérez profiter de Blood & Truth sur la durée, en tant que jeu, vous risquez d'être très déçu, à moins d'être absolument insensible à la qualité d'écriture d'une histoire et à la cinétose. Blood & Truth aurait pu être un bon rail shooter ; il n'est finalement qu'un jeu douloureux et mal écrit, proposant trop rarement de bons moments.

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Test réalisé par Alandring à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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