Test de Need for Speed Heat - Sous la pluie de Palm City
Il y a deux ans sortait Need for Speed Payback, un jeu qui se retrouvait dans la tourmente à une époque où EA tentait d'orienter ses jeux vers un certain modèle économique à base de lootbox, choix qui déchaînait les passions. On pointait d'ailleurs dans notre test à l'époque un véritable problème, celui d'une progression en solo entravée par cette tentative de nous vendre du contenu permettant d'accélérer la progression. La série nous revient deux ans plus tard, avec un épisode nommé Need for Speed Heat, toujours développé par Ghost Games et édité par EA, mais cette fois-ci entièrement nu de toute forme de micro-transactions. Est-ce un retour gagnant pour autant ? Rien n'est moins sûr.
Ni rapide ni très chaud
Ah, cette bonne vieille licence des Need for Speed (NFS). Longtemps référence du secteur avec ses courses urbaines et ses poursuites avec la police, la série a perdu de son aura avec le temps. La faute à une concurrence de plus en plus féroce, à l'image de Burnout fut un temps, puis de Forza Horizon ou plus récemment The Crew. Des licences qui, néanmoins, n'ont pas suivi cette idée du gendarme et du voleur qui anime les NFS depuis bien longtemps. Et c'est bien pour ça qu'on y va, pour des batailles terribles avec la police à plus de 250km/h sur l'autoroute. NFS Heat en profite pour nous caler dans une campagne très scénarisée où notre héros ou héroïne (au choix parmi un panel d'avatars) est une apprentie pilote qui s'adonne aux joies de courses organisées dans la ville de Palm City, très inspirée par Miami. Une histoire tout à fait anecdotique, vague histoire de flics corrompus et de pilotes au grand coeur qui rappelle Fast & Furious sans le semblant d'affection que l'on peut avoir au fil des années pour ses personnages. À cela, on ajoute des voix françaises où personne ne semble y croire, mais il est bien difficile d'en vouloir aux doubleurs qui doivent faire avec un script qui délivre des dialogues souvent risibles, des personnages clichés et mal amenés ainsi qu'une mise en scène d'un autre âge. Néanmoins, une fois évacué toute forme d'intérêt pour la campagne scénarisée, le cœur du jeu est fait de courses. Des courses qui ont une ambiance bien différentes selon l'heure de la journée, puisqu'elles sont légales de jour, sans police et sur des parcours fermés, tandis que les courses de nuit sont plus libres, mais finissent souvent en course poursuite avec la police qui tente de nous mettre hors piste, pendant que l'on se balade au milieu d'un trafic routier trop clairsemé pour poser le moindre problème. Se balader de jour est plutôt drôle puisque même en passant à plus de 200km/h devant la police, ils ne s'intéressent pas à nous. La dichotomie imposée par la structure du jeu, entre jour et nuit, a un réel impact sur la progression ; la journée, les courses nous permettent de remporter de l'argent ; le soir, elles nous rapportent de la réputation. L'argent permet d'acheter de nouvelles pièces pour customiser visuellement nos véhicules et améliorer leurs performances, tandis que la réputation débloque de nouvelles pièces et de nouvelles missions. Le jeu est malin dans sa manière de comptabiliser les gains : si on obtient aussitôt l'argent gagné la journée, la réputation de nuit, elle, s'accumule et les gains peuvent même augmenter considérablement selon notre niveau d'alerte de la police. Plus l'alerte est haute, plus la police ramène de renforts (béliers, herses, hélicoptères...) et plus les gains sont élevés. Cependant, pour valider ces gains, il faut retourner à l'une des nombreuses planques du jeu, après avoir réussi à échapper à la police. Il faut donc prendre des risques pour progresser plus rapidement, d'autant plus que les policiers ont des voitures très puissantes et nous font mal. Heureusement, des stations services permettent de réparer nos dégâts trois fois par nuit et quelques pièces peuvent être achetées et installées sur notre voiture pour la renforcer ou bénéficier de compétences à utiliser contre la police, comme la possibilité de brouiller leur radio pour s'échapper plus facilement. Le tout se déroule au garage, qui offre une customisation rappelant de bons souvenirs, ceux qui réveillent notre esprit amateur de tuning comme à la belle époque de NFS Underground. Couleurs flashy, carrosserie en carbone, jantes démesurées et néons de toutes les couleurs, tout est bon pour faire le malin sur les pistes. Un élément très réussi sur NFS Heat et on doit bien avouer qu'on a passé plus de temps à tenter de gagner des sous et de la réputation pour customiser nos bolides plutôt qu'à avancer l'histoire. Toutefois, cela a un coût : le rythme du jeu est très saccadé, avec des missions de campagne qui se déverrouillent au compte-goutte et qui nécessitent parfois d'enchaîner plusieurs courses sans grand intérêt pour enfin avoir le bon niveau de réputation. Or, ce n'est pas la conduite qui provoque un quelconque plaisir de jeu puisque si elle repose essentiellement sur le drift, l'impression de piloter un tank empiète rapidement sur le moindre plaisir à réussir de belles courbes sur les virages. Les véhicules sont d'ailleurs plutôt nombreux, allant de la citadine à la supercar, en passant par les SUV et autres berlines, mais ils peinent à se distinguer les uns de autres et offrent un pilotage toujours identique. On peut bien régler les véhicules pour les orienter vers la piste, le hors-piste ou encore le drift, mais on n'a jamais eu aucun mal à drifter avec une voiture censée être pleinement orientée vers la course sur route et la vitesse de pointe plutôt que l'accélération et les dérapages. Pire encore, le jeu n'offre que très peu de sensation de vitesse, la faute notamment à un nitro qui semble n'avoir aucune intensité, et le phénomène "Mario Kart" reste encore trop présent avec des concurrents qui peuvent parfois faire une remontée fantastique ou, au contraire, ralentir pour nous attendre et offrir un peu plus de bataille.C'est joli, quand même
Pourtant, il faut bien avouer que "Palm City" est un terrain de jeu sympathique à parcourir tant en solo qu'en multijoueur. Très largement inspirée par Miami, la ville offre des paysages qui donnent envie de partir en vacances, proposant autant de plages que de montagnes que l'on dévale à grands coups de drifts sauvages. Sans être gigantesque, la carte offre bien assez de diversité pour être charmante à découvrir. D'ailleurs, elle offre quelques beaux panoramas de nuit, où les effets de pluie (et il pleut énormément) permettent de multiplier les reflets et lumières qui sont parmi les points forts du moteur Frostbite. La journée, le constat est plus mitigé, avec un clipping omniprésent et des textures qui prennent parfois trop de temps à charger, sans parler de leur qualité toute relative. On en retient donc vraiment les séquences de nuit lors desquelles le jeu a un vrai cachet, mais c'est aussi le moment pendant lequel il assume pleinement son héritage autour des courses poursuites avec la police, au contraire des séquences de jour où il fait la même chose, en moins bien, que Forza Horizon et The Crew. Le jeu installe d'ailleurs une ambiance qui rappelle sans mal Fast & Furious, une licence cinématographique dont il s'inspire très clairement. Tant du côté de son histoire que de sa terrible bande-son, un mélange de synth-pop et de R&B pas bien passionnant auxquels ils ont ajouté des pointes de reggaeton cubain qui nous a rapidement donné envie de nous taillader les veines (ou de baisser le son, à défaut). Une bande-son qui colle certes très bien à l'univers de Fast & Furious dont s'inspire le jeu, mais il faut bien avouer qu'on aurait préféré quelque chose de plus proche de Miami Vice. On ne peut pas tout avoir. Cela dit, à défaut d'être charmé par sa bande-son, NFS Heat offre quand même une très belle surprise : aucune micro-transaction n'est à signaler dans le jeu. Une belle avancée après le mauvais souvenir de NFS Payback et de son interminable farming imposé pour ceux qui ne souhaitaient pas payer un supplément (un système qui avait été revu quelques semaines plus tard grâce à une polémique et une mise à jour). Enfin, nous avons testé le jeu dans sa version PC via Origin, une version techniquement déplorable. Victimes de dix crash du jeu (retour bureau) en une quinzaine d'heures, on a arrêté les frais. Ce n'est pas faute d'avoir tenté des choses pour améliorer la stabilité du jeu, mais il faudra certainement attendre un éventuel patch venant des développeurs.Conclusion
Rarement passionnant et souvent frustrant, Need for Speed Heat a bien tenté de raviver cette flamme lointaine qui faisait de nous de grands amateurs de tuning flashy et de néons à la belle époque de son épisode Underground. Néanmoins, quand bien même on aurait ce plaisir coupable symbolisé de nos jours par Fast & Furious, on doit bien avouer qu'on a du mal à retrouver le plaisir d'antan. D'autant plus que le jeu peine à capter notre attention avec un système de progression en deux temps, terriblement bancal et mal amené, et une conduite qui n'offre que peu de sensations. De plus, ce ne sont pas les multiples plantages sur PC qui nous ont donné envie d'y retourner. Sur ce, on essayera vite de trouver de quoi oublier ces longues heures reggaeton cubain avant de succomber et de nous lancer dans un discours sur la famille avec Dominic Toretto.
Test réalisé par Hachim0n sur PC à partir d'une version fournie par l'éditeur.
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Plateformes | PlayStation 4, Windows, Xbox One, Xbox One X |
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Genres | Course, contemporain |
Sortie |
8 novembre 2019 (Monde) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions (1)
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