Test de The Flower Collectors - Meurtre au balcon
Après l'Autriche du début du 20ème siècle dans The Lion's Song, les développeurs de Mi'pu'mi Games nous reviennent avec un nouveau jeu d'aventure prenant place dans un contexte historique particulier : l'Espagne au début de son voyage vers la démocratie. Un jeu qui sent bon l'hommage à Alfred Hitchcock : The Flower Collectors.
Préambule historique
The Flower Collectors situe son histoire en Espagne, durant la transition du pays vers la démocratie qui a suivi la mort de Franco en 1975. Après la guerre civile qui a amené ce dernier au pouvoir, les opposants au régime ont été assassinés. Les intellectuels, philosophes, artistes ou poètes ont également été réprimés. La police obtient une grande liberté d’action qui la conduit à lancer un coup d’état se soldant par un échec en 1981. Le jeu reflète cette période trouble dans les propos de ses personnages.
Alfred Hitchcock aime ça
Nous sommes en 1977. Jorge, un ancien policier à la retraite après un accident qui l’a laissé dans un fauteuil roulant vit seul, reclus dans son appartement de Barcelone. Sa seule activité consiste à observer ses voisins avec ses jumelles puis à dessiner des scènes de vie qu’il aperçoit de son balcon. Une nuit, un meurtre est commis sur la petite place située devant chez lui. C’est là que Melinda, une jeune journaliste qui avait rendez-vous avec la victime, frappe à votre porte, cherchant de l’aide. Ensemble, vous devez découvrir la vérité sur ce meurtre que la police semble négliger et percer les secrets des habitants du quartier.
Cluedo en format réduit
À la manière de Fenêtre sur Cour, un classique d’Alfred Hitchcock, notre héros doit mener l’enquête sans jamais quitter son domicile. Ses seuls outils sont donc ses jumelles, un appareil photo et une vieille radio qui lui permet de rester en contact avec Melinda lorsque cette dernière effectue le travail de terrain. Vous devez donc observer vos voisins pour assister à des scènes vous donnant des indices et vous apportez ensuite des indications radio à Melinda sur les témoins potentiels à interroger. Occasionnellement, il vous faut également trouver un moyen d’aider la jeune femme à esquiver les patrouilles de police, dans ce qui est probablement la partie la moins réussie du jeu. On doit alors trouver où cacher Melinda, sans indication ni même logique tant les couvertures semblent bien visibles. Pas fun.
Tout du long des 10 chapitres qui constituent l’intrigue du jeu, on doit donc mener ses petites investigations avant de se réunir devant le classique tableau des preuves. Un tableau sur lequel il faut répondre à diverses questions à l’aide des éléments découverts durant la phase d’enquête. Bon point, s’il est nécessaire d’établir une théorie solide pour passer à la suite, il ne semble pas obligatoire qu’elle soit parfaite en tout point. J’ai ainsi pu atteindre le terme du jeu sans avoir découvert l’intégralité des liens entre les personnages. Ceci dit, le jeu reste linéaire dans son déroulement : on se retrouve plusieurs fois à remarquer un élément que l’on ne peut utiliser, car le scénario du jeu ne le prévoit pas encore.
Pour éviter de s’y perdre, The Flower Collectors a fait le choix de ne proposer qu’un nombre limité de personnages, assez stéréotypés. La vieille dame toujours à sa fenêtre à observer la place. Les deux jeunes mécaniciennes qui ont ouvert un garage. Le serveur du café du coin qui semble amoureux de la chanteuse du cabaret du quartier. La patronne du cabaret et son homme de main. Un prêtre et un clochard. Quelques flics et un politicien. Voilà pour le casting. Évidemment, il y a une contrepartie à payer pour ce nombre réduit de personnages et de lieux à observer : trois petites heures suffisent pour avoir le fin mot de l’affaire. C’est peu, mais je ne m’en plaindrais pas.
Une technique avec ses limites
Difficile par contre de ne pas noter les limites techniques du titre. Le jeu est sur ce point extrêmement en retrait. Les textures employées restent très simples et peu détaillées et il est difficile, dans un jeu qui nous oblige à les observer de près, de ne pas être un peu choqué par la raideur des personnages et leur trop visibles boucles d’animation. Difficile également de ne pas se dire que le parti pris anthropomorphique du jeu est plus une solution de facilité qu’un choix artistique. C’est fonctionnel à défaut d’être totalement convainquant. Autre petit bémol, j’aurais voulu que les dialogues se déroulent automatiquement sans attendre une intervention du joueur entre deux répliques. Le monde continue ainsi à évoluer durant les dialogues et il est parfois assez étrange de signaler un événement à Mel en retard parce qu’on n’a pas passé assez rapidement un dialogue.
Pourtant, je me suis pris au jeu. L’alchimie entre les deux personnages fonctionne malgré leurs différences. Jorge illustre l’Espagne de Franco et son handicap l’a rendu encore plus aigri ; Mel représente un futur plus ouvert en révolte avec la dictature du passé. La relation entre les deux personnages évolue donc durant ces quelques jours, avec ses hauts et ses bas. Les doublages de ces deux personnages principaux sont de qualité et rendent l’ensemble plaisant.
Conclusion
J’ai passé un bon moment sur ce jeu qui aborde une partie de l’histoire européenne peut être méconnue chez nous. Reste qu’entre sa durée de vie fort réduite et sa forte linéarité, la question du prix peut se poser. Le jeu est actuellement disponible pour une vingtaine d’euro sur Steam, ce qui est probablement un prix un peu élevé. Un jeu qui risque de diviser donc, entre ceux qui parviendront à mettre de côté les réelles lacunes techniques du jeu pour profiter de l'histoire et ceux qui trouveront la proposition indigne de son prix.
Test réalisé sur PC par Grim à partir d'une version fournie par le développeur.
Plateformes | Windows |
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Genres | Aventure, indépendant, historique, réaliste |
Sortie |
21 avril 2020 (Windows) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
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