Test de Deadly Premonition 2: A Blessing in Disguise - True Mindhunter Peaks claqué

À la fois suite et préquelle de Deadly Premonition, sorti sur PlayStation 3 et Xbox 360 en 2010, l'annonce de ce Deadly Premonition 2 exclusivement sur Switch (pour le moment) a été une surprise et a créé l'attente chez les fans du premier opus. Et autant le dire tout de suite : il faut être très fan et très tolérant pour apprécier ce nouvel opus.

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Agent très spécial

Le jeu démarre en 2019 par une assez longue introduction pendant laquelle on incarne l'agent Aaliyah Davis, accompagnée de son collègue fan de pizzas, l'agent Simon Jones. Ils interrogent un ancien membre du bureau nommé Francis Morgan suite à la découverte d'un corps lié à une affaire datant de 2005.

Cette introduction très dirigiste permet de poser l'ambiance avant de démarrer le vrai jeu, dans lequel on incarne l'agent Morgan en 2005 pour une enquête flashback. Ceci fait de Deadly Premonition 2 à la fois une suite et une préquelle du premier, procédé plutôt malin qui devrait ravir les fans.
Pour les autres qui - comme moi - découvrent la licence avec cet opus, les choses se font de façon assez naturelle et à part quelques petites références à l'enquête de 2010, on n'est jamais gêné dans notre compréhension de l'histoire.

Un des gros points d'intérêt du titre est l'agent Morgan, que l'on incarne pendant la majeure partie du jeu. Mélangez Fox Mulder et Dale Cooper, ajoutez une bonne dose de folie, secouez fort et vous avez l'agent Morgan. Ce dernier est toujours très en décalage avec le monde qui l'entoure, tout particulièrement parce qu'il est doté du troisième œil qui lui permet de voir des choses au-delà de la réalité et passe son temps à parler avec "Zach", ce qui ressemble pour les autres personnage à un monologue. D'ailleurs, ces derniers ne manquent pas de régulièrement remarquer à quel point Morgan est perché.

L'enquête se déroule dans la ville de Le Carré (sûrement une référence au vieux carré français de la Nouvelle-Orléans), en Louisiane, avec évidemment au menu tout ce qu'on peut attendre d'un tel endroit en terme de cajun, vaudou, alligators et musiques jazzy.

Agent à mi-temps

L'enquête se déroule et se répète selon un schéma classique : on découvre une piste, un QCM très simple permet d'indiquer que l'on a bien compris où on en est et on part enquêter sur divers lieux en conduisant notre... planche à roulette. L'agent Morgan n'a pas de voiture et nous verrons plus tard que la raison n'est pas que scénaristique.

La ville de Le Carré fait office de monde ouvert. On peut flâner et découvrir des petits secrets sans se perdre ni être débordé devant le peu de points d'intérêts proposés. Certains événements demandent d'être effectués à des horaires bien précis et l'on peut faire avancer le temps en dormant à l’hôtel ou en fumant des cigarettes.
Il faut gérer la fatigue et la faim de notre agent sous peine de malus en vie et en endurance. Toujours avoir un costume propre et être rasé est également conseillé pour ne pas être repoussé par certains habitants si l'on décide d'avoir une hygiène douteuse.

Cette partie enquête est une des forces du titre, car elle contribue beaucoup à l'ambiance à la Twin Peaks : aucun des habitants n'est véritablement normal et la ville elle-même a un côté irréel avec ses écureuils qui vous attaquent pour vous voler vos objets. Les différentes interactions ne manquent pas de déclencher chez l'agent Morgan l'envie de raconter des anecdotes liées à un film : grand cinéphile, il arrive toujours à rapprocher les événements en cours d'une oeuvre cinématographique plus ou moins connue.

Le don de troisième œil permet de repérer des entrées vers une dimension bizarre peuplée de monstres dans laquelle le jeu devient TPS assez peu inspiré.

Si donner un rythme à l'enquête en imposant certains horaires est une idée intéressante sur le papier, dans les faits c'est assez vite agaçant : retourner à l’hôtel dormir 22 heures parce qu'après avoir été au bowling à son ouverture à 8h on doit enchaîner sur un événement qui ne se déclenche qu'entre 6 et 8h n'est pas la sinécure en terme de gameplay, surtout que malgré le monde ouvert il n'y a pas grand chose pour s'occuper à Le Carré. Il y a bien quelques mini-jeux allant du peu au pas amusant, mais rien qui donne vraiment envie de voir l'horloge s'écouler normalement.

Agent cassé

Dans l'absolu les quelques défauts que j'ai cités pourraient être tout à fait acceptables vu l'excellente ambiance du titre, mais on ne peut faire abstraction de la réalisation qui est a- delà de l'abominable. Étonnant venant d'une exclusivité Switch, vu que même si ça avait été un portage, ça aurait été honteux.

Tout d'abord, graphiquement, le celshading a été choisi pour cacher la misère, mais même comme ça on a l'impression d'être devant un titre moyen de PlayStation 2 : l'aliasing est omniprésent, les textures sont atroces et les quelques animations faciales sont plus flippantes de médiocrité qu'autre chose.

Quand on se met à bouger, l'horreur prend une nouvelle dimension : en plus d'être soumis à un horrible clipping, le titre passe du 30 images par secondes à moins de 10 dès qu'on prend un peu de vitesse. Vitesse limitée vu qu'on est en skateboard : je vous avais dit que la raison n'était pas que scénaristique.

Du coup, on peut trouver dans les longs temps de chargement un repos mérité à nos rétines violentées par cette horreur visuelle. Et vu que chaque entrée ou sortie de bâtiment déclenche un chargement, on trouve bien le temps pour se détendre.

Sachez que vos oreilles ne sont pas non plus épargnées, car les musiques, souvent agréables, sont totalement écrasées par des effets sonores démesurés comme si l'agent Morgan marchait avec des parpaings à la place des pieds.

Jetons un voile pudique sur les quêtes secondaires, inintéressantes quand elles ont la chance de ne pas être pleines de bugs.

Pis, la stabilité du jeu semble se dégrader avec le temps et j'ai pu expérimenter des plantages (in)dignes de l'époque des jeux PC mal optimisés.

Agent quand même ?

Je suis loin d'avoir besoin d'une réalisation de haute qualité pour apprécier un jeu. La preuve : ma console de prédilection est la Switch. Néanmoins, concernant Deadly Premonition 2, ce soit-disant hommage au premier jeu qui était déjà techniquement à la ramasse à l'époque tient presque du foutage de gueule.

Alors, oui, le titre a une ambiance qui donne envie de l'aimer et on pourrait passer outre la réalisation si tout le reste allait. Mais le gameplay en lui-même est lourd avec ces aller-retours incessants, imposant de traverser la ville moche en mode diaporama et de s'infliger temps de chargement sur temps de chargement.

Dans un premier temps, Hidetaka "Swery" Suehiro - le réalisateur et scénariste - avait indiqué assumer pleinement et que le jeu resterait tel quel. Cependant, devant les retours unanimes sur la honte technique qu'est le jeu, il a changé son fusil d'épaule et promet une optimisation du titre. Enfin, quand il aura réglé la soi-disant transphobie de son jeu à travers l'utilisation d'un "deadname"... on apprend de nouveaux mots tous les jours avec Twitter.

Aussi, même aux fans du premier jeu, j'ai envie de conseiller d'attendre avant d'acheter ce deuxième opus pour limiter au maximum l'inconfort technique et pouvoir profiter au mieux de l'histoire, qui est intéressante et bien doublée (uniquement en anglais avec des sous-titres français très corrects), ce qui n'était pas gagné vu le reste du jeu.

Testé par Aragnis sur Switch avec une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes Nintendo Switch, Windows
Genres Action-RPG, contemporain, fantasy

Sortie 10 juillet 2020 (France) (Nintendo Switch)
11 juin 2022 (Windows)

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