Test de la PC Engine CoreGrafx Mini - le NEC plus ultra
Entre la formidable Super Nintendo Mini, la désastreuse PlayStation Classic et la très questionnable Mini Atari HD, tout le monde veut sa part du gâteau de la rétro-nostalgie en éditant des "mini" consoles aux looks d'époque et à la ludothèque définie, plus ou moins fournie. L'an dernier, Konami a fait la surprise de dévoiler la PC Engine Mini, console hommage à son ancêtre 8 bits qui avait eu son petit succès au Japon et importée presque sous le manteau dans nos contrées.
Tout d'abord, un peu d'histoire
1987 : cela fait déjà 4 ans que la Famicom règne en maîtresse au Japon où elle bataille contre la Master System de Sega, dans une guerre entre consoles 8 bits de 3è génération. C'est l'année où NEC, fabricant de matériel électronique, et Hudson Soft pour l'édition de jeux, se décident à lancer la première console de 4ème génération, quoi qu'un peu précipitée : la NEC PC Engine (première version, blanche). En réalité un mélange entre composants 8 et 16 bits, elle fait figure à sa sortie de bon challenger pour le marché japonais. La console se démarque par ses dimensions vraiment minimes et ses cartouches plus petites et presque aussi fines qu'une carte bancaire ; elle a une seconde version deux ans plus tard (la NEC CoreGrafx I, anthracite/bleu) et d'autres déclinaisons plus douteuses (comme la version "Shuttle" avec un design de navette spatiale) ou la version américaine TurboGrafx16 avec une coque complètement refaite (et laide, avis perso). La CoreGrafx II arrive juste avant la sortie de la Super Famicom, pour un simple changement de couleur secondaire (anthracite/orange).
En France, c'est feue la société Sodipeng qui se chargea d'importer la console en ayant une très grande liberté de la part de NEC - il faut dire qu'ils avaient peu d'intérêt pour le marché français, déjà que la console souffrait aux États-Unis et que la concurrence quasi hégémonique de la Famicom/NES au Japon était plus que rude pour la console de NEC/Hudson Soft. La France est d'ailleurs le seul marché européen où la console est importée officiellement, et où elle remporte un succès d'estime à défaut d'un succès de ventes.
La CoreGrafx n'étant pas une "vraie" console 16 bits, sa petite soeur SuperGrafX a tenté de reprendre le flambeau, mais se ramassa complètement les pieds dans le tapis. Malgré sa totale rétrocompatibilité (déjà à l'époque, oui), la dernière-née de NEC ne bénéficie que de... cinq jeux complètement exclusifs au support. Fatalement, il y a mieux pour assurer un démarquage total de la CoreGrafx, d'autant que le designer était sans doute parti en vacances au moment de concevoir la coque.
Au niveau hardware, Hudson avait présenté à NEC le concept de "Core system" (ce qui donna ensuite le nom à la seconde version de la console par ailleurs) : il était prévu que la console soit évolutive, via un port spécifique à l'arrière de la console, pour accueillir des extensions diverses dont la plus importante reste le CD-Rom² : la PC Engine est alors la toute première console de jeux vidéo à accueillir un lecteur CD et reste la pionnière en la matière, avant le Mega-CD et toute la clique à venir ensuite. On note aussi l'existence de la PC Engine GT, surnommée à l'époque "la Rolls des portables", déclinaison portable de la NEC aussi capable de lire les cartouches de la console de salon que de sucer l'existence même des piles qu'elle avale goulûment.Malgré toutes leurs qualités, l'arrivée de la Megadrive sonne le glas des ambitions de NEC aux USA autant qu'au Japon et la Super Nintendo est le clou dans le cercueil. NEC jette plus tard l'éponge après une dernière tentative ratée, la console 32 bits PC-FX qui mangea ses dents en ne sortant même pas du Japon. Quelques années plus tard et après de beaux succès dans le développement et l'édition de jeux vidéos, Hudson Soft est ensuite racheté par Konami... Qui s'est donc décidé, une trentaine d'années plus tard, de s'engouffrer dans le marché des consoles-émulateurs.
Elle a tout d'une grande
Petite parenthèse avant de continuer, désolé par avance pour les photos illustrant l'article, n'ayant pas de boîtier de capture je me suis contenté de faire des photos avec mon OnePlus 3T.
Côté design, il n'y a guère que la Neo Geo Mini qui se soit écartée de la tradition qui consiste à adopter le look d'origine de la console. Ce n'est donc pas une surprise que la PC Engine CoreGrafx Mini reprenne le design de la console de 1989 avec son alliance de couleurs anthracite/bleu, mais comme vous pourrez le voir sur la photo d'illustration sur la gauche, la CoreGrafx étant déjà minuscule à la base, la miniaturisation est bien moins impressionnante que celle d'une Super Nintendo Mini. Le plus impressionnant reste la fidélité à l'originale : le plastique et la coque sont toujours aussi solides et les pads ont exactement les mêmes feelings que chez l'ancêtre. La reproduction miniature est diablement réussie, et rien que pour ça, je félicite Konami. On notera juste la disparition de la mention "NEC" sur la console et la manette.Les connectiques HDMI / secteur sont placées à l'arrière de la console, là où se trouve normalement le port d'extension (auparavant les connectiques étaient situées de chaque côté). À l'avant, deux ports USB pour brancher autant de manettes. Premier défaut : le câble d'alimentation fourni micro-USB - USB n'a... pas l'adaptateur secteur. Il faut donc fouiller son carton de vieux téléphones pour retrouver un adaptateur 5V/2A recommandé... Alors oui, cela sera bientôt une obligation légale de faire ce genre de choses, mais là ça fait quand même économie de bout de chandelle. Bon, passons. Autre problème, une seule manette est fournie, ce qui est encore plus discutable surtout avec certains jeux fournis multi (comme Bomberman).
La liste des jeux fournis est séparée en deux : d'un côté les jeux "PC Engine " (donc japonais) et de l'autre les jeux "TurboGrafx16" (donc américains). Si on passe outre quelques doublons genre Neutopia, on a tout de même une bonne cinquantaine de jeux jouables sur la PC Engine Mini, ce qui est un nombre tout à fait respectable... Mais autant j'étais heureux de voir (enfin) Cadash en version américaine, autant certains jeux sont en japonais et pour pouvoir y toucher il est indispensable de connaître la langue... N'est-ce pas Snatcher ? N'est-ce pas Ys I&II ? (Ys I & II sont à la fois en Japonais ET en Anglais, c'est l'un des doublons) C'est vraiment cruel pour nous autres non versés dans la langue de devoir passer à côté de vieux chefs-d’œuvre (et plus pragmatiquement, de certains jeux de la sélection) en raison de la barrière du langage. Heureusement, ces jeux sont en nombre limité dans le total, mais ça reste tout de même vraiment dommageable pour l'accessibilité de la machine. On peut aussi émettre des doutes sur certains titres sélectionnés. Je veux bien que Kung-Fu soit retenu parce que c'est le tout premier titre de la console, mais franchement n'y avait-il pas mieux ? (pour en avoir quelques-uns, si, il y a mieux)
Une console qui a du coeur(Grafx)
Malgré ces quelques défauts, la PC Engine Mini regorge de bonnes intentions. Les menus de l'interface sont intégralement en français et on peut choisir parmi une petite palette d'affichages : standard, étiré, avec ou sans image en fond, avec un filtre spécial CRT imitant les écrans cathodiques d'il y a 30 ans... On peut même choisir l'affichage de la PC Engine GT (avec son écran objectivement dégueulasse) ! Konami a fait les choses bien à ce niveau. Elle est tout aussi simple d'utilisation que n'importe quelle console mini et l'émulation est parfaite. Aucun reproche à faire aussi bien au niveau des jeux Hu-Card (la petite cartouche de jeux NEC) que sur les jeux Super CD-Rom².
Parmi la cinquantaine de jeux disponibles, même si certains sont injouables pour la plupart d'entre nous ne sachant pas lire le japonais, et même si on déplore quelques bouses dans le tas, il y a tout de même une belle sélection comme Bomberman 94, Dracula X, Ghouls'n Ghosts (Dai Makaimura) ou les PC Kid1&2, voire les fabuleux Ninja Spirit et Splatterhouse. À titre personnel, je déplore la sélection de Alien Crush au détriment de Devil Crush (qui est largement meilleur), mais au moins le genre flipper est aussi représenté. La reine des shoot'em up n'usurpera cependant pas son titre et même si on peut regretter l'absence de ténors ou de classiques de la console (Dead Moon, Gate of Thunder, Aero Blasters...) on a tout de même un échantillon clairement de qualité, avec Star Parodier, Air Zonk (connu en VO sous le nom PC Denjin, avec la mascotte PC Kid), Super Star Soldier, Gunhed (sous le nom américain Blazing Lazers, merci Foxeid pour la correction) et même Lords of Thunder.
Comme de bien entendu, au rayon des améliorations notables et pourtant inévitables à l'heure actuelle, chaque jeu dispose de 4 emplacements de sauvegardes accessibles facilement via une pression sur les boutons Select+Start (menu qui sert aussi pour quitter le jeu par ailleurs).
Mais alors, banco ?
La console est parfaitement réactive, l'interface bien finie ; la liste des jeux fournis est plutôt conséquente et variée malgré quelques accrocs. Mais à qui s'adresse la console ? Il faut avouer que la console d'origine a eu un d'estime en France, mais elle est restée dans un très large anonymat. Si la proposition de la mini console est bien pertinente dans son pays de naissance, on peut légitimement se poser la question par chez nous ; il est clair qu'elle s'adresse avant tout aux amateurs de son ancêtre qui y ont fait leurs armes ou se sont régalés sur la console de NEC-Hudson Soft. Les collectionneurs sont aussi visés et vue la finition de la console, il serait vraiment dommage pour eux de passer à côté. Pour les autres, j'ai bien plus de doutes, mais si la Konami PC Engine CoreGrafx mini vous fait de l'oeil, n'hésitez pas à piocher dans sa belle ludothèque. Pour finir, comme pour d'autres mini-consoles, 8BitDo fait des manettes sans fil facilement trouvables ; il existe aussi un Multi Tap officiel de chez Hori, pour brancher jusqu'à 5 manettes (et donc jouer en conditions optimales à Bomberman... Mais ça reste un peu limité).
Test réalisé par Bardiel Wyld avec une console fournie par le distributeur.
Type | Console de jeu |
---|---|
Par | Konami |
Sortie |
2020 (Monde) |
Réactions (7)
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