Test de the Pathless – Chacun son chemin, passe le message à ton divin
Le studio Giant Squid a été créé par des anciens de thatgamecompany. La filiation était particulièrement visible dans leur premier titre, Abzû ; même si le jeu apportait un univers et des éléments bien à lui, on pouvait quand même y apercevoir l’ombre du grand frère Journey. Avec the Pathless, le studio cherche à s’envoler de ses propres ailes. Ou du moins de celles d’un aigle.
Suivez la flèche
Une archère accoste aux pieds de falaises abruptes. Elle emprunte des escaliers visiblement anciens et remonte un long défilé. Là se trouve un ancien temple. Et sur ses marches gît un gigantesque oiseau, à l’agonie. Il s’agit de Mère Aigle, défaite par le Déicide. La chasseresse doit d’abord faire disparaître le mal qui ronge l’ancienne déesse : pour cela, elle doit activer les trois monolithes qui se trouvent dans la région. L’entreprise est vite réussie, mais la divinité est trop affaiblie et n’a la force que pour une dernière action : se réincarner sous la forme d’un simple aigle. Et avant de disparaitre, cette dernière confie une mission à la femme : libérer ses quatre enfants de ce même mal qui la rongeait pour pouvoir ensuite affronter le Déicide.
Pour mener à bien votre mission, vous disposez de votre fidèle arc et de l’aide de l’aigle. L’oiseau est très utile, à la limite de l’exploitation animale, d’ailleurs. Il permet au personnage de planer sur de longues distances, et peut même l’amener en hauteur en un ou plusieurs coups d’ailes (possibilité améliorée en récoltant des gemmes). C’est également le volatile qui traîne les objets ou soulève les poids qui sont nécessaires aux énigmes. En gros, c’est lui que vous appelez quand il faut transporter quelque chose de lourd. Ce sacré Hubert apprécierait.
L’arme vous sert à déclencher divers mécanismes et autres interrupteurs. Il sert surtout à tirer sur tous ces petits cerfs-volants qui pullulent sur l’île. Les détruire remplit la jauge d’endurance du personnage, mais procure également une accélération si le tir est fait en courant. Cette accélération permet de parcourir plus vite les distances, mais aussi d’améliorer les sauts si le tir est fait en l’air. Si le mécanisme est très utile pour la course, il est cependant boudé la plupart du temps pour les sauts : il est souvent plus facile et efficace d’appeler l’aigle à la rescousse plutôt que de s’embêter à suivre la bonne succession de cible avec le bon timing.
Il arrive que la pauvre bestiole soit mise à mal dans certaines zones corrompues. Dans ces moments, il faut la caresser pour le débarrasser de la substance maléfique qui recouvre ses plumes. On est dans la mouvance actuelle lancée par “Can You Pet the Dog ?”.
Au fur et à mesure de la progression, de nouveaux pouvoirs aident le personnage dans sa quête : ces cerfs-volants différents, modification de la jauge… Les effets sont variés et vous facilitent la tâche.
Tracer sa route
Le déroulement de l’aventure s’étale sur plusieurs zones : la petite île de départ qui sert de tutoriel et les zones où règnent les enfants de Mère Aigle. Mis à part celle de départ, les secteurs sont très vastes et regorgent de choses à découvrir. Les environnements sont très jolis et détaillés ; on peut peut-être reprocher aux premiers biomes d’un peu trop se ressembler.
L’île était autrefois un lieu d’entente entre les Grands Aînés et les humains et les vestiges des divers temples et villages témoignent de cette époque. Des stèles gravées permettent d’ailleurs d’en apprendre davantage sur ces temps de paix. Mais, à présent, tout n’est que ruines jonchées de cadavres. Certaines dépouilles ont d’ailleurs une lueur spectrale qui flotte au-dessus d’elles : il s’agit là de la dernière pensée du défunt. Tout cela permet au joueur de comprendre ce qu’il s’est passé sur l’île et comment tout a basculé.
La démarche dans chaque zone est un peu toujours la même. À chaque fois, il faut d’abord récupérer suffisamment de sceaux pour pouvoir activer les trois monolithes du coin. Il faut faire attention à rester à bonne distance de la zone d’influence de l’enfant corrompu; sans quoi, les alentours s’enflamment et il faut s’enfuir sans se faire repérer par la créature. Une fois les trois tours illuminées, l’enfant devient vulnérable et vient le moment de l’attaquer. Cela consiste d’abord en une poursuite effrénée avant le combat en lui-même. Suite à cet affrontement, on obtient l’accès au plateau suivant, et rebelote.
Path of the Wild
En quelque sorte, the Pathless fait partie de ces jeux qui héritent de l’approche de Breath of the Wild. Le terrain est vaste et coloré, peuplé d’animaux sauvages et balayé par diverses manifestations climatiques. Aucune icône n’indique la direction à prendre, au joueur de choisir par quel côté il commence. La seule contrainte est l’ordre dans lequel on visite les différents plateaux.
Chaque élément est obtenu en résolvant une énigme à base de torches à allumer, d’interrupteurs à bloquer ou de cibles à atteindre à travers un nombre variable de cercles de pierre. Même la recherche de gemmes ressemble à la chasse aux korogus : une statue suspecte, des pierres bizarrement disposées, des cloches délaissées, un étrange attroupements de papillons, tout cela peut permettre de faire apparaître un lampion qui distribue la précieuse ressource.
Le joueur n’est toutefois pas livré à lui-même. Dans la zone de départ, l’archère met la main sur le Masque de l’Esprit, artéfact qui procure un grand gimmick du jeu-vidéo : une seconde vision qui apporte une grande aide dans la progression. Entre autres, elle fait ressortir d’une lumière dorée les éléments utiles pour les énigmes ou indique d’une brume rouge si un lieu mérite d’être visité. L’objet est également nécessaire pour voir des choses qui se cachent dans cet autre monde ou pour traverser certains types de mur.
Le masque est d’ailleurs un des éléments qui témoignent de la volonté des développeurs de faire de the Pathless une expérience qui évite toute frustration. Les outils sont donnés pour savoir où aller et aucun réel obstacle ne se présente sur ce chemin. Il n’y a pas de mort, pas d’écran de “Game Over”, nos personnages ne peuvent pas mourir. Les rares affrontements peuvent envoyer la chasseresse valdinguer en dehors de l’arène, mais il suffit d’y retourner pour que la séquence reprenne où on en était resté. Une énigme est trop difficile ? Ce n’est pas grave non plus : seuls six sceaux sont nécessaires pour progresser et il y en a quinze dispersés sur chaque plateau.
En contrepartie, le jeu peut se terminer plutôt rapidement si on s’en tient au minimum requis. The Pathless mise beaucoup sur sa capacité à immerger le joueur dans l’ambiance de son île. Et si l’alchimie fonctionne, c’est un plaisir de visiter les divers temples afin de débloquer tous les sceaux. L’opération vous rapporte d’ailleurs des capacités supplémentaires. À noter qu’elles ne sont pas nécessaires pour finir l’aventure.
This is the way
Le caractère zen de l’aventure est accentué par ses musiques : encore une fois, Austin Wintory propose une bande son de grande qualité. La musique a recours à un ensemble Alash, un groupe de musique issu du folklore touvain (une région russe frontalière avec la Mongolie). Cependant, c’est quand les chœurs s’en mêlent que l’on touche presque au divin.
On trouve aussi de grands noms du côté du doublage : Laura Bailey et Troy Baker, respectivement Abby et Joel dans the Last of Us 2, pour ne citer que ce jeu. Cependant, difficile d'apprécier pleinement leur talent vu que le langage utilisé ici est fictif.
Cette volonté de proposer une expérience est presque un sans-faute. Presque.
Le personnage est agréable à utiliser, mais il a tendance à lamentablement se traîner une fois que la jauge d’endurance est vide. Or, il y a des lieux dédiés à des énigmes qui sont dénués de cerfs-volants et il est parfois un peu pénible d’y progresser.
Il y a ensuite les altercations entre la chasseresse et les dieux corrompus avant que les obélisques ne soient tous activés. Dans ces moments-là, notre aigle est balayé par les flammes et il faut le retrouver sans se faire repérer par le monstre. Pour cela, le personnage avance accroupi et reste en dehors du champ de vision. Cependant, le problème est que le personnage est alors horriblement lent. Et, surtout, il arrive fréquemment d'apparaître directement en face de l’ennemi : l’échappatoire est donc impossible et la séquence se termine en à peine quelque secondes. Heureusement, on ne perd qu’un nombre anecdotique de gemmes suite à cet échec cuisant, mais ça reste frustrant. Ces passages peuvent toutefois être évités en restant loin de leur zone.
The Pathless ne propose pas vraiment de challenge, si ce n’est quelques énigmes un peu plus retorses que d’autres. Néanmoins, il plonge dans un univers envoûtant et les événements tragiques qui s’y sont déroulés ne demandent qu’à être découverts. Il y a une certaine répétitivité dans son déroulement, mais elle est contrebalancée par l’aspect exploration. La durée de vie est honorable dès le moment où on accepte de fouiner partout afin d’atteindre le 100%.
Test réalisé sur PC par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.
Sur le même sujet :
Plateformes | PlayStation 4, PlayStation 5, Windows |
---|---|
Genres | Plateformes, puzzle, fantasy |
Sortie |
12 novembre 2020 (Windows) |
Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.
Réactions
Pas de compte JeuxOnLine ?
Créer un compte