Test de Mundaun - Dessein flippant

Mundaun fait partie de ces jeux qui intéressent via leur accroche visuelle. Ici, pas de magnifiques explosions ni de waifus en petites tenues, mais une patte artistique unique qui rend à minima curieux. Du style graphique à la réalisation d'un vrai jeu, il y a un grand pas à faire sur les pentes glissantes des Alpes.

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C'est loin mais c'est beau

On incarne Curdin, qui a reçu une lettre lui apprenant le décès de son grand-père, habitant du village de Mundaun situé dans les Alpes Suisses. Curdin décide d'assister aux obsèques de son papi, mais à peine arrivé en bus, il est clair que des événements étranges se déroulent.

Dès le départ, les graphismes font leur petit effet : Michel Ziegler, dessinateur et développeur du studio Hidden Fields et pratiquement seul sur le projet, s'est basé sur du dessin au crayon pour tout transposer dans le jeu qui nous est alors présenté en noir et blanc avec un filtre sépia, salvateur pour la rétine.
Si ça fonctionne très bien sur tout ce qui est texture plate, le rendu est étrange sur les quelques personnages du jeu. Cependant, je ne dirais pas que c'est raté parce que ça contribue à l'ambiance de conte horrifique du titre.
Car oui, tout ne va pas se dérouler comme sur des roulettes pour Curdin qui trouve rapidement le corps calciné de son grand-père alors qu'il pensait assister à une mise en bière. Ajoutons à ça qu'un vieil homme étrange lui envoute la main, c'est "Bienvenue à Mundaun" façon Evil dead.

Pour compléter l'immersion, le jeu a été entièrement doublé ... en romanche, la quatrième langue nationale Suisse parlée par environ 60 000 personnes. En gros c'est un peu comme si on faisait en France un jeu doublé en ch'ti, à la différence que le romanche est bien plus agréable à l'oreille avec ses sonorités Italiennes.
Donc c'est un choix purement artistique qui fonctionne très bien d'autant que tout est sous-titré dans les langues les plus répandues, la traduction française étant visiblement de qualité, car je n'ai ressenti aucun contresens ni vu de phrases bizarres.

Tout le jeu se déroule en vue à la première personne pour plus d'immersion, d'ailleurs il ne faut pas hésiter à se regarder dans les miroirs pour avoir quelques surprises.

Curdin doit explorer, résoudre des énigmes (faciles) et réussir des séquences d'infiltration (dont on parlera plus en détail plus bas) armé principalement de son carnet de note qu'on consulte régulièrement, d'une valise pouvant contenir pas mal d'objets et de rares armes champêtres.

Si sur l'ambiance c'est un quasi sans faute, Mundaun essaie aussi d'être un jeu vidéo et c'est là que ça se dégrade un peu.

C'est beau de loin

J'ai testé le jeu sur une PlayStation 4 Pro et malgré le dépouillement graphique apparent, le jeu n'est pas toujours fluide.
Les quelques baisses de framerate ne sont pas rédhibitoires pour autant et finalement il est plus dommage de subir du clipping qui casse un peu l'immersion sur de grands panoramas.

Ces problèmes de réalisation ne cassent pas le plaisir de jeu. Par contre, ça devient plus problématique sur la gestion des affrontements.
Car oui il y a des monstres dans Mundaun et vu que pendant une bonne partie du jeu nos seules armes sont des fourches qui se cassent encore plus vite qu'un gourdin dans Breath of the Wild, l'esquive ou la fuite sont les meilleures solutions.
Mais entre le pathfinding un peu bizarre des ennemis et leurs animations à l'économie, ça se résume souvent à juste essayer de s'éloigner d'eux : les ennemis ont tendance à nous ralentir et à nous taper de plus ou moins loin. On dispose d'une jauge de santé mentale qui permet d'être moins ralenti et d'une jauge de résistance pour plus encaisser. Ces jauges sont augmentées définitivement en mangeant et en buvant du café. Cependant, dans les faits, j'ai à peine vu la différence entre le début et la fin du jeu.
De plus, la santé mentale ne joue que sur cette résistance aux ennemis alors qu'elle aurait pu être utilisée pour gérer les visions comme dans un Eternal Darkness.

C'est d'ailleurs le dernier défaut qui me vient en tête : bien que le monde soit assez ouvert, le jeu est très scripté et tout ne se passe que dans un ordre bien défini. Il y a quand même quelques petites découvertes à faire et s'éloignant du chemin principal et c'est d'ailleurs probablement en explorant à fond qu'on pourra débloquer la meilleure fin.

Par ailleurs, la conduite de camion ou la luge sont très basiques mais amènent des moyens de transport alternatifs que j'ai apprécié.

Les sauvegardes automatiques et manuelles sont plutôt correctement placées, à part pour une séquence en fin de jeu un peu pénible que j'ai dû recommencer plusieurs fois et qu'il faut réussir d'une traite. Heureusement d'ailleurs, car les temps de chargement sont assez longs.

Comment on dit "pas mal" en Romanche ?

Si j'ai la dent dure, c'est pour essayer d'être objectif, mais si on remet le jeu dans son contexte, c'est-à-dire quasiment fait par une seule personne, c'est quand même un beau premier jeu. Attention tout de même avec la version Switch à venir, car les quelques soucis de performances rencontrés sur PlayStation 4 pourraient s'aggraver.

Une fois terminé, j'ai moins en tête les quelques moments d'agacement devant le gameplay rigide et daté que la sensation d'avoir suivi une histoire fort sympathique dans un dépaysement total. Le jeu n'est d'ailleurs pas très long à terminer, comptez environ 5 heures en explorant modérément, mais c'est une durée que j'ai trouvé très adaptée au titre, il n'y a pas de moment à rallonge pour gonfler la durée de vie et on progresse constamment.

J'ai donc passé un bon moment sur Mundaun bien qu'il ait peut être créé en moins une phobie des Alpes suisses ... si tant est que l'histoire soit réellement inspirée du folklore local comme le dit son auteur.

Testé par Aragnis sur PlayStation 4 Pro avec une version fournie par l'éditeur

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