Test de Maskmaker – Du bois dont sont faits les bons jeux ?
Après a Fisherman’s Tale, bien accueilli par la critique, le studio Innerspace continue à investir dans la réalité virtuelle avec Maskmaker. Cette fois, il vous faudra revêtir divers masques pour explorer un autre monde.
Dans l’atelier secret, déjà les burins grondent
Vous êtes dans une rue déserte quand une dispute éclate depuis une boutique voisine. Mais quand la porte s’ouvre, les lieux s’avèrent déserts. En apparence seulement, car vous êtes très vite accueillis par de mystérieuses voix. Quelques manipulations et vous vous retrouvez dans l’atelier, en arrière boutique. Et, le temps de sculpter votre premier masque, vous voilà transporté dans un tout autre monde. Cette fois, c’est la voix du monarque local qui vous apostrophe : félicitation, vous voilà promu nouvel apprenti et vous avez de quoi faire pour remettre le royaume en ordre.
Vous comprendrez vite que les masques permettent de transférer votre conscience dans les divers pantins de bois qui traînent dans les différentes régions. Une fois que vous aurez identifié les spécificités d’un nouveau masque, il faudra trouver les accessoires correspondants et retourner à l’atelier pour confectionner cette nouvelle parure. C’est ainsi que vous pourrez progressivement parcourir les différentes zones.
They call me Cuban Pete
L’activité dans Maskmaker s’articule autour de deux catégories principales.
Il y a d’abord l’exploration. Chaque secteur a sa propre spécificité et possède souvent quelques puzzles à résoudre. Si elles sont diversifiées, les épreuves ne sont pas vraiment difficiles, surtout que le roi est prompt (un peu trop, d’ailleurs) à vous expliquer la démarche à suivre. Si certaines manipulations sont plutôt classiques, d’autres tirent bien partie des possibilités de la réalité virtuelle.
Pendant vos pérégrinations, il arrive d'apercevoir un autre pantin au loin. Il suffit de faire apparaître la longue vue pour scruter son visage et ainsi générer le schéma du masque qui vous permettrait de se transférer dans ce corps. Avec un Oculus Rift, la démarche n'est pas des plus agréables : avec le zoom le plus élevé, la vue a une fâcheuse tendance à vivement trembler.
Pour progresser dans ces décors exotiques, les deux modes de déplacements vous sont proposés : téléportation ou normal. Plusieurs options d'accessibilité sont disponibles comme, par exemple, un vignetage pour réduire la cinétose lors des déplacements.
Le royaume en lui-même est agréable à visiter et certains endroits proposent de beaux panoramas. Les graphismes en low-poly et très colorés ont un certain charme. Certains coins peuvent toutefois être un peu simplistes, voire manquer de personnalité. Les possibilités d’interaction avec le décor sont également assez limitées. Ce n’est pas le même budget qu’un Alyx, en même temps…
Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît
L’autre activité est la confection des masques et la procédure se passe dans l’atelier.
Il faut d’abord sculpter la forme de base du masque dans un bloc de bois. Armé du marteau et du burin, la forme se dévoile à vous à chaque coup. Dommage cependant que l’erreur soit ici impossible : même si vous vous y prenez comme un manche, vous arriverez toujours à produire un moule parfait.
Une fois le moule installé dans l’atelier, la magie des lieux vous fournit autant d'exemplaires du masque que vous le souhaitez. Il en va de même pour les accessoires : il suffit d’en trouver un seul pour que l’atelier en produise en abondance.
Pour créer un masque efficace, il faut donc suivre scrupuleusement le plan et respecter les couleurs et la position des atours. Et plus on avance, plus la confection est complexe. Enfin… Disons que les possibilités se multiplient. Car si la création de masque est amusante, elle n’est jamais très difficile. En fait, un touché du pinceau suffit à colorer toute une zone du masque et les objets se placent sur des points d’attaches prédéfinis.
Confrères daltoniens, attention à la gestion des peintures. On a à disposition les trois couleurs primaires et il est possible de faire des mélanges dans les bacs. Le premier contact peut être déroutant, mais les possibilités sont finalement limitées (six en tout). En tout cas, votre testeur deutéranope a réussi à s’en sortir, non sans quelques tâtonnements aux débuts.
Quoi qu’il en soit, le travail à l’établi est très agréable. Tous les outils sont à portée de main et on se prend vite au jeu de la décoration de ces faciès de bois.
Lose yourself to dance
Tout ceci permet au joueur de venir en aide à ce mystérieux royaume et de découvrir les origines de l’énigmatique roi, étroitement lié à l'étrange boutique. En plus des ressources nécessaires à la confection de masque, il est possible de trouver ici et là des objets facultatifs qui vous en apprennent davantage sur ce souverain.
La narration se fait surtout par les diverses voix qui hantent les lieux. Il est possible de jouer en version anglaise sous-titrée (narrée par Paul Bandey), mais le texte est alors assez intrusif, gros pavé qui apparaît devant soi et qui a parfois tendance à se glisser derrière des éléments du décor. Une version française est disponible, cette fois assurée par Patrice Baudrier (doubleur entre autres de Jean-Claude Van Damme). Votre testeur a une petite préférence pour la voix anglaise, mais ce n’est probablement qu’une question de goût.
Le défaut de Maskmaker serait peut-être dans sa mécanique. Même si son approche se renouvelle à mi-chemin, le principe reste un peu toujours le même : construire un masque pour atteindre un nouveau coin et y trouver la nouvelle ressource qui permettra de produire le masque suivant, et donc le prochain secteur. Le jeu donne l’illusion de pouvoir l’approcher à son envie à travers ses différents biomes, mais il garde en réalité le contrôle de son rythme par le biais de la mise à disposition des accessoires.
Par bien des aspects, Maskmaker témoigne de la modestie des moyens du studio parisien. Mais au-delà du charmant royaume qu’il propose de parcourir, il y a surtout la confection de masque qui donne des envies créatrices, sans parler des quelques autres bonnes surprises de gameplay. Le tout est porté par une histoire sympathique parsemée de quelques jolies scènes. C’est définitivement une jolie aventure dans laquelle s’immerger.
Test réalisé sur Oculus Rift par NeoGrifteR à partir d’une version fournie par l’éditeur.
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