Pour les curieux et les non-initiés qui viendraient à découvrir Maid of Sker, l’expérience pourrait sembler déroutante. Fort de choix artistiques assumés, le Survival horror de Wales Interactive plonge le joueur dans une véritable œuvre, au sens noble du terme, en se muant en vecteur d’émotions. Alors que le style jeu diffère des autres réalisationsde l'éditeur, on y retrouve le savoir-faire du studio gallois avec une histoire digne des jeux narratifs dont il a l’habitude et une aventure à fins multiples. Rappelons-le, l'histoire s’articule autour du folklore gallois d'Elizabeth Williams, fantôme d’une chanteuse au cœur brisé qui hanterait la maison Sker. Le joueur incarne Thomas Evans, un fiancé prompt à faire face à tous les dangers pour sauver sa promise, devenir son sauveur ainsi que celui du personnel du Sker Hotel.

De l'importance du silence dans un jeu mélodieux 

Le premier choix artistique fort émane directement de la période durant laquelle se déroule l’histoire : 1898. En effet, la direction artistique propose de vivre cette époque victorienne au travers d’une image assez spéciale aux couleurs anciennes et aux teintes patinées. Si certains pourront trouver à redire à cela, l’effet provoque un premier sentiment de malaise. Une impression d’être bloqué entre deux mondes ; entre un passé que l’on regarde comme l’on regarde une vieille photo – souvent glauque – trouvé dans un grenier poussiéreux, et un monde bien réel. L’autre particularité de Maid of Sker, et probablement la plus intéressante, réside dans son gameplay s’articulant autour du bruit. Face à des  ennemis aussi aveugles que disposant d’une ouïe à tout épreuve, le joueur doit prendre garde à rester le plus discret et silencieux possible. D’emblée, il doit oublier les courses effrénées, les armes à feu et autres joyeusetés que l’on peut trouver dans les jeux du genre. Ici, l’angoisse et l’oppression assaillent en permanence le joueur grâce à des mécaniques de gameplay intéressantes et à un game design construit dans ce même sens. 

Retenir sa respiration est par exemple nécessaire dans des endroits trop poussiéreux ou à l’intérieur de mystérieuses fumées violettes sous peine de révéler sa position en toussant comme un asthmatique. De même, ne pas prêter attention au mobilier environnant pourrait provoquer un grincement de parqué, voire même un bruit fatal en se cognant contre un meuble. Du reste, lorsque le joueur se retrouve nez à nez avec un ennemi encagoulé, il se surprend parfois à retenir lui-même sa respiration. Globalement, toute la partie son du titre est une réussite, tant par les bruitages usuels au réalisme saisissant que par les sons provenant de cette époque révolue, mais aussi par les chants gallois qui subliment l’atmosphère présente. L’ensemble provoque une véritable peur à une exploration pourtant nécessaire à l’établissement de la quête. Il est donc d’autant plus dommageable que cette peur soit gâchée par une IA parfois aux fraises.

Une mise à jour gratuite qui apporte son lot de nouveautés

Le décor étant planté, il est maintenant temps de parler du but du présent article : la mise à jour graphique pour les consoles de dernière génération et le prolongement de l’expérience de jeu avec l’ajout de nouveaux modes. Manifestement, les développeurs profitent de l'arrivée des consoles de nouvelle génération pour donner un second souffle à Maid of Sker. Ainsi, côté performance on peut citer les temps de chargement considérablement réduits, passant d'une dizaine de secondes à une ou deux, et des qualités visuelles rehaussées par un 60fps à 1440p ou un 4K à 30fps. La PlayStation 5 profite en outre d'une prise en charge de la DualSense avec l'intégration de plusieurs retours haptiques liés aux différentes armes nouvellement intégrées. Parce que oui, si côté contenu Maid of Sker se dote de nouveaux défis en mode FPS demandant de réaliser la campagne avec tel handicap ou de telle façon, il dénature un peu sa proposition de base en proposant son lot d'armes à feu jusqu'ici absentes. Concrètement, la mise à jour ajoute 4 modes : La Longue Nuit (nouvelles armes à disposition, trois vies pour fuir l'hôtel), Hache de guerre (terminer l'aventure avec seulement une hache en main, trois vies à disposition), Cauchemar à l'Hôtel (toutes les armes à disposition, des ennemis plus coriaces et une seule vie disponible) et Dans les ténèbres (nouvelles armes et une lampe-torche à disposition, la santé ne remonte pas lors d'une réapparition, trois vies disponibles). Si ces défis changent fondamentalement la nature même de ce survival horror en raison de la présence des armes, ils étendent en revanche la rejouabilité du titre en proposant quelque chose de différent. Pour mémoire, une fois les lieux explorés, la campagne peut se terminer en moins de deux heures. Ainsi, les amateurs de speedrun corsé pourraient y trouver leur compte. À la condition de s'acquitter du prix conseillé de 24,99€.

Test réalisé par Soviet Suprem sur Xbox Series S grâce à une version fournie par l'éditeur.