Test de World's End Club - Le whodunit sans suspense

En 2017, Kotaro Uchikoshi et Kazutaka Kodaka quittaient Spike Chunsoft pour fonder un nouveau studio, Too Kyo Games. Du haut de leurs succès sur la série Zero Escape pour l'un et Danganronpa pour l'autre, ils continuaient sur la même voie des jeux narratifs en sortant dès l'été 2020 un certain FMV intitulé Death Come True. Quelques mois plus tard, en septembre 2020, c'est sur la plateforme Apple Arcade qu'ils amenaient leurs idées folles avec World's End Club, sorte de visual novel mélangé à des séquences de plateforme. On profite du retour du jeu à l'occasion d'un portage sur Switch pour en dire quelques mots.

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Mélange des genres malheureux

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Tout débute au cours d'une sortie scolaire. Nos jeunes héros, âgés d'une douzaine d'années tout au plus, se baladent tranquillement vers la campagne à bord d'un bus. Soudain, tout disparaît, et ils se réveillent dans des capsules au sein d'un étrange parc d'attractions sous-marin. Un étrange personnage robotique les oblige à participer à un "jeu de survie", jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un. Et nous voici aux prémices d'un whodunit tout ce qu'il y a de plus classique où les personnages se mettent à enquêter sur l'instigateur de tout cela, et possiblement la complicité de l'un d'eux. Une bonne excuse pour de multiples twists, mais aussi pour embarquer ses personnages dans un voyage de quelques 1200 km au travers du Japon pour trouver des explications sur ce qu'il s'est passé et le but du "jeu" auquel ils sont soumis. Les gamins, qui sont pourtant à peine sortis de l'école primaire, ont tout de même la lourde tâche de naviguer entre les villes et les obstacles qui se dressent sur leur passage, avec toujours en toile de fond les interrogations sur le réel coupable. Les choses prennent rapidement une tournure de science-fiction, voire de surnaturel, dans un titre qui se raconte comme un visual novel auquel les développeurs y ajoutent des phases de plateformes pour le meilleur et souvent pour le pire.

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En effet, son histoire a le plus souvent beaucoup de mal à convaincre. Ni très bon visual novel ni un platformer efficace, World's End Club met pourtant une énergie considérable à essayer de nous intéresser au destin d'un monde qui semble lié par le petit jeu qui unit les gamins piégés. Néanmoins, l'histoire est convenue et peu intéressante, la faute à des rebondissements et des révélations tirés par les cheveux et souvent mal amenés, à tel point que la déception est grande compte tenu du pedigree de ses auteurs venus de Danganronpa et Zero Escape, qui ont brillé par le passé sur leurs séries respectives. On peine également à s'intéresser aux personnages, souvent pénibles et mal caractérisés, des sortes de clichés ambulants qui ne parviennent même pas à faire sourire. Si le jeu s'essaie parfois à l'humour noir et à l'absurde, il échoue la plupart du temps tant les enjeux et les situations ont du mal à prouver leur intérêt. Cependant, le plus gros raté du jeu réside dans son gameplay. En mélangeant le visual novel à la plateforme, World's End Club a le mérite de tenter quelque chose qui pourrait être pertinent et un vrai plus pour sa narration. Le jeu tente en effet de raconter un road-trip sur fond de dépassement de soi face à un environnement hostile, chose que les niveaux de plateforme-puzzle devraient pouvoir traiter avec aisance. Malheureusement, les personnages sont si lourds et pénibles à manier que ces phases deviennent vite une tannée. La faute aussi à des énigmes et puzzles qui se résument le plus souvent à appuyer sur un interrupteur mis en évidence ou à pousser une caisse. 

Road-trip clownesque

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Les sept à huit heures que durent une première run peinent ainsi à donner envie d’y revenir ou d’en apprendre plus, un comble pour un titre qui compte pourtant sur la découverte de ses multiples embranchements pour que toutes les pièces du puzzle s'assemblent et que l'histoire se révèle enfin. Son rythme a du mal à s'installer, les transitions entre phases de visual novel et de plateformes sont abruptes et n'arrivent pas à trouver le bon ton, tout comme son histoire où l'humour tombe toujours à plat et où les twists sont plus lassants que surprenants. Le jeu a toutefois le mérite d'installer un univers plutôt intéressant, malgré son histoire qui ne l'exploite que partiellement. Sorte de monde post-apocalyptique aux nombreux mystères, peuplé par des sectes et des gens qui tentent d'y survivre aussi bien que possible, le monde de World's End Club a un petit quelque chose qui pourrait permettre d'imaginer d'autres œuvres plus abouties si la licence venait à perdurer. 

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Pourtant, sa direction artistique a quelques couacs, notamment du côté du design de ses personnages qui n'est pas toujours convaincant bien qu'il y ai quelques réussites, tandis que ses décors alternent entre le bon et le moins bon, avec des ambiances plus séduisantes que d'autres. On peut regretter une bande-originale qui peine à marquer les esprits, mais le jeu a au moins pour lui un univers unique dont les enjeux intriguent, bien que son histoire passe complètement à côté. Le jeu souffre en outre d'une technique à la ramasse sur Switch, avec de nombreux ralentissements qui sont difficilement explicables pour un titre originellement sorti sur mobile (iOS et iPad OS) dont les textures en basse-résolution et la 3D en vue de côté n'a pas grand chose de bien impressionnant.

Conclusion

Ce n'est jamais un plaisir de dire du mal d'un jeu, mais World's End Club échoue à peu près sur tout ce qu'il tente. Bien loin des qualités des jeux qui ont fait la renommée de ses créateurs, le titre n'arrive ni à intéresser au destin de ses personnages, ni à être agréable à jouer lors des phases de plateformes. On peut au moins lui reconnaître un univers atypique plutôt bien installé, qui pourrait même être un terrain de jeu intéressant pour un autre jeu ou un anime un tantinet mieux écrit, mais en l'état, il est difficile de recommander ce titre dont le prix sur Switch (une quarantaine d'euros) n'aide en rien tant il n'est justifié par aucune réelle amélioration par rapport à l'original sorti l'année dernière sur Apple Arcade, dont l'abonnement coûte cinq euros par mois.

Test réalisé par Hachim0n sur Switch à partir d'une version fournie par l'éditeur.

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Plateformes MacOS, Nintendo Switch, iOS, tvOS (Apple TV Software)
Genres Action, aventure, plateformes, visual novel, asie, humoristique, japon contemporain, science-fiction

Sortie 4 septembre 2020 (tvOS (Apple TV Software))
4 septembre 2020 (iOS)
4 septembre 2020 (MacOS)
28 mai 2021 (Nintendo Switch)

Aucun jolien ne joue à ce jeu, aucun n'y a joué.