Test de Ratchet & Clank: Rift Apart - Un amour qui traverse les dimensions

Dans la galerie des personnages estampillés Sony, il y a Ratchet, cette sorte de félin de l'espace, avec son cher compagnon-robot Clank. Licence d'action-plateforme prolifique entre la PS2 et la PS3, elle a su se constituer sa propre fanbase grâce à des jeux souvent pleins d'humour et avec un goût prononcé pour les armes loufoques, explorant l'espace et des mondes colorés. Malheureusement et après de nombreux jeux sur les précédentes générations, il a fallu se contenter d'un simple remake au temps de la PS4. Toujours entre les mains d'Insomniac Games, la licence se dote cette fois-ci d'un épisode inédit pour garnir la collection d'exclusivités de la PlayStation 5 avec Ratchet & Clank: Rift Apart, un titre qui tente de redonner un nouvel élan à la série tout en servant de vitrine technique pour la nouvelle console de Sony.

Ratchetclankriftapartheader.jpg

1+1 = Lombax

Ratchet_Clank_RiftApart_20210527212021.png
Tout commence sur une catastrophe : le Dr Nefarious, le némésis de Ratchet, se retrouve projeté dans une dimension parallèle en compagnie du héros et de son cher ami Clank. Une dimension où Nefarious règne en maître sur la galaxie, ayant réussi à obtenir le pouvoir et à mettre l'ensemble du monde sous son joug. L'apprenti-dictateur se fait alors un malin plaisir de lancer tous ses robots pour pourrir la vie de Ratchet. Néanmoins, ce dernier réalise également son rêve en apprenant qu'il existe dans cette dimension une autre personne de son espèce (les Lombax), chose qu'il n'osait plus espérer après de longues années de recherches infructueuses. Cette histoire de dimensions parallèles sonne comme un hommage à la série, en plaçant son héros et son antagoniste dans une situation où ils ont enfin atteint leurs buts. Mais évidemment, les choses n'en restent pas là, puisque Ratchet et Clank doivent trouver un moyen de retourner dans leur dimension et, si possible, mettre une nouvelle rouste à Nefarious. Une histoire certes dans l'ensemble convenue, mais qui s'appuie sur une galerie de personnages toujours efficace en revisitant quelques-uns des protagonistes les plus marquants de la série sous une forme légèrement différente, en profitant de cette dimension parallèle où tout est chamboulé. Cela donne lieu à quelques séquences savoureuses, mais surtout donne une belle impression de l'amour d'Insomniac pour leur licence. Cet épisode Rift Apart est un peu plus qu'une simple suite, c'est un ode à tout ce qui fait la beauté de la licence, avec ses nombreuses qualités, mais également ses travers (comme son humour qui reste assez bas du front). 

Ratchet_Clank_RiftApart_20210529203211.png
Cette dimension parallèle est aussi une bonne excuse pour nous balader une nouvelle fois dans le vaste univers que compte la licence, avec de nombreuses planètes que l'on explore dans des mondes souvent linéaires, mais si bien menés qu'il est difficile de ne pas se laisser subjuguer. Si certains environnements sont plus classiques, d'autres se laissent aller à de jolies expérimentations tel qu'un village qui semble tout droit sorti de Star Wars ou encore une planète composée d'une vaste carte où le sentiment de liberté prend le pas sur l'habituelle linéarité du jeu. Les ennemis manquent quant à eux certainement de diversité, mais cela n'a pas toujours été le fort de la saga, qui compte plutôt sur ses nombreuses armes toutes plus improbables que les autres pour venir à bout de tous les trucs qui tentent de nous mordre ou nous tirer dessus. Difficile de parler des armes sans spoiler leur nature, et ce serait particulièrement dommage tant le plaisir réside également dans leur découverte, mais sachez au moins que Rift Apart suit la tradition avec beaucoup de jolies surprises. Il y a d'ailleurs quelque chose de très traditionnel dans ce Rift Apart, comme si l'on rentrait à la maison, un endroit chaleureux où l'on retrouve toutes nos bonnes habitudes. Le gameplay évolue peu par rapport à ses prédécesseurs, bien que quelques améliorations ici et là permettent de rendre les mouvements plus fluides, mais c'est sûrement ce qu'on attendait de lui. D'être cette suite confortable, où l'on est chouchouté par un titre qui prend soin de son univers et de ses fans, sans manquer de surprendre quand le besoin se fait sentir. Que ce soit avec de nouveaux gadgets ou ses armes, ainsi que son nouveau personnage jouable, le titre est capable de surprendre sans dénaturer ce qui a fait le succès de la série auprès de ses fans. Et c'est un joli tour de force, car si certains pourraient lui reprocher son manque de prise de risque en restant sur une formule très classique, d'autres y verront certainement les qualités d'un jeu sûr de ses forces. Les développeurs d'Insomniac font ce qu'ils savent faire depuis toujours, et ils le font bien. 

Ratchet_Clank_RiftApart_20210529204422.png
Cela passe par une exploration assez classique des différentes planètes, avec à chaque fois une mission de la quête principale et quelques collectibles (comme les fameux boulons d'or) et objectifs à terminer ici et là. Juste de quoi exploiter chaque recoin des différents niveaux, tout en maintenant un rythme particulièrement soutenu pour que l'aventure se prolonge sans ressentir de lassitude. On passe en effet d'une planète à l'autre assez rapidement, avec des niveaux plutôt courts qui comptent sur une poignée de combats et de puzzles dont on vient à bout sans trop de peine, bien que le mode de difficulté le plus élevé offre son petit challenge. Le jeu repose évidemment sur l'habituel système de progression, avec la montée en niveau du héros pour avoir une plus grande barre de vie ainsi que des niveaux spécifiques pour chaque arme (qui peuvent, en outre, être améliorées avec des ressources particulières) qui augmentent en tuant des ennemis, afin de leur faire gagner en puissance jusqu'à atteindre un ultime niveau où de nouvelles capacités d'armes apparaissent pour devenir plus destructrices. 

Une aventure visuelle

Ratchet_Clank_RiftApart_20210529205325.png
Plus qu'une simple énième aventure de Ratchet & Clank, Rift Apart se montre aussi comme une grosse démo technique pour la PlayStation 5. Là où certains auraient pu attendre du photoréalisme, il s'avère finalement que la première grande "claque" de cette génération est à attribuer au Lombax. Si certaines textures font un peu la tête, le jeu est un émerveillement de tous les instants grâce à ses animations, ses jeux de lumière, ses effets de particules qui explosent à l'écran à chaque bataille, mais aussi ses personnages à la fourrure impeccable et son univers qui ne cesse d'éblouir. Plus charmeuse que jamais avec ses mondes colorés et sa galerie de personnages, la direction artistique du jeu profite allègrement de la puissance de la console pour aller encore plus loin que le remake du premier épisode sur PS4, qui avait déjà impressionné pas mal de monde en son temps. On n'arrêtera évidemment pas d'entendre parler des bienfaits du SSD (que j'aborderai un peu plus tard dans ce test), mais ce qui marque encore plus, c'est cette fluidité des animations qui, dans le mode "Performance RT" qui propose 60 images par secondes avec du ray tracing et une résolution dynamique, ne cesse d'impressionner. On a souvent rêvé de découvrir un jeu de ce genre à la hauteur des qualités visuelles d'un film d'animation de l'un des studios les plus réputés, et il faut bien avouer que ce Rift Apart n'en est pas loin. 

Ratchet_Clank_RiftApart_20210530175220.png
Cependant, plus que la technique, c'est le talent des artistes d'Insomniac qui permet au jeu d'offrir un monde aussi séduisant visuellement, avec des ambiances uniques, des couleurs qui s'entremêlent et qui sont un ravissement pour les yeux. Chaque planète est une nouvelle découverte, un nouveau monde qu'il faut s'approprier, donnant à ce road-trip inter-dimensionnel quelque chose de dépaysant et d'attachant. Tout cela grâce à ces personnages toujours aussi sympathiques et au design au poil de Rivet, la Lombax, qui l'intègre parfaitement à l'univers du jeu. Notons d'ailleurs la fort agréable bande-originale signée Mark Mothersbaugh, un habitué du genre puisqu'il a notamment officié sur Jak and Daxter et Crash Bandicoot. Le compositeur offre des titres qui insistent sur le sentiment de liberté que ce voyage dimensionnel tente d'offrir, avec quelques moments épiques particulièrement bien sentis. Et ce malgré un jeu qui a parfois tendance à mettre la musique de côté, au profit des nombreux dialogues qui accompagnent une aventure où les personnages n'arrêtent jamais vraiment de parler. Notons d'ailleurs la super version française du jeu, que l'on préfère presque à la version originale.

Les dimensions sans chargement

Ratchet_Clank_RiftApart_20210530173610.png
Cette direction artistique si séduisante ne saurait toutefois à elle seule justifier ce statut de vitrine technique pour le jeu. Car comme souvent depuis l'annonce de la PlayStation 5, Sony n'a cessé de nous rabâcher les oreilles avec son SSD magique qui fait des miracles. Et... c'est plus ou moins le cas. Les chargements sont pratiquement imperceptibles, même si le jeu s'accommode bien de quelques cinématiques pour maquiller ce qu'il se passe en arrière-plan. Mais surtout, le jeu dispose de nombreuses séquences où l'on passe d'un niveau à l'autre (ou d'un point A à un point B au sein du même niveau) au travers de failles dimensionnelles, des moments qui sont particulièrement impressionnants et qui accentuent encore un peu plus ce sentiment de liberté offert par un jeu dont l'action ne perd jamais en fluidité. Passer d'une zone à une autre semble se faire instantanément, avec des décors qui changent intégralement en passant simplement dans une faille. Alors, on se doute bien que quelques artifices permettent de réaliser la chose, mais l'effet fonctionne et les premiers passages ont tendance à laisser bouche-bée. D'autant plus que ces séquences ne sont pas là par hasard, elles sont pleinement justifiées par une histoire où des failles dimensionnelles apparaissent au hasard dans l'univers, trouvant une belle cohérence entre la nécessité d'en mettre plein les yeux et une histoire qui exploite au maximum les nouvelles possibilités offertes par la console.

Ratchet_Clank_RiftApart_20210530180529.png
Au-delà de la console, il faut aussi parler de la manette qui rend de fiers services au jeu. Le retour haptique de la DualSense est plutôt efficace et couplé à l'utilisation du micro, il rend les batailles très nerveuses et intenses, avec un feedback efficace. Plus encore, ce sont les gâchettes adaptatives qui font un joli travail avec les deux degrés de pression qui permettent d'utiliser de nouvelles fonctionnalités sur les armes, à l'image de l'une d'entre elles qui ne tire qu'une cartouche en appuyant légèrement sur la gâchette ou deux cartouches successives si l'on passe le cran de résistance en appuyant jusqu'au bout. Cela permet de varier les approches et rend l'action très intuitive. Sans pour autant réinventer la roue ou être un game changer, cette manière d'utiliser la DualSense permet au studio d'aller encore un peu plus loin dans l'utilisation des armes, ce qui est l'essence même d'un jeu qui a bâti une partie de sa réputation sur ses armes improbables. 

Conclusion

Ratchet & Clank: Rift Apart ne réinvente rien, il ne révolutionne pas son univers, pas plus qu'il ne prend de grands risques. Mais c'est un jeu généreux, dense, qui déborde d'amour pour le Lombax et ses camarades, qui traduit une volonté d'être chaleureux et rassurant. C'est un titre fait pour les fans tant il multiplie les références et clins d'œil à son propre univers, en profitant de cette dimension parallèle où toutes les cartes sont redistribuées avec des personnages qui apparaissent sous un nouveau jour. Mais c'est aussi un épisode particulièrement accessible aux personnes qui n'ont jamais mis les pieds dans la licence, car il intègre le meilleur de ses prédécesseurs tout en proposant une aventure palpitante et sincère en mettant ses personnages face à leurs rêves. C'est d'autant plus une réussite que le jeu parvient à tenir son rang de vitrine technique pour la console, avec de nombreux petits détails qui rendent le titre terriblement beau.

Test réalisé par Hachim0n sur PlayStation 5 à partir d'une version fournie par l'éditeur.

Réactions (6)

Afficher sur le forum