Test de Lost Jugdment : un yakuza de perdu, dix corps de retrouvés

Le premier Judgment mettant en scène le détective Takayuki Yagami et son comparse Kaito, l’ex du clan Tojo, a été une bonne surprise pour un spin-off de la série phare Yakuza de SEGA. Même si elle reprend en très grande partie les assets développés pour Yakuza, la nouvelle série à part entière d’enquêtes-action parvient à apporter sa touche personnelle pour arriver à se différencier de sa grande sœur, avec un franc succès.

Takayuki Ace Attorney

On alternera évidemment entre l'inévitable Kamurocho...
On alternera évidemment entre l'inévitable Kamurocho...
Sorti durant l'été 2019 sous nos latitudes, le premier Judgment avait provoqué un premier vent de fraîcheur sur la saga Yakuza en introduisant un tout nouveau héros bien éloigné de Kiryu Kazuma, en la personne de Takayuki Yagami. Ancien avocat devenu détective suite à une affaire de meurtre qui avait plombé sa prometteuse carrière au barreau, « Tak » s’occupait de petites affaires à Kamurocho en compagnie d’un ex-yakuza du clan Tojo, tout en restant très lié au cabinet d’avocats Genda pour lequel il faisait quelques piges en prenant en photo des maris infidèles entre autres platitudes. La dernière affaire du duo de détectives avait pourtant pris une toute autre dimension, remontant très haut dans la hiérarchie politique du Japon. Et quelques années plus tard, ils en sont pourtant de nouveau à rechercher des animaux enfuis ou trouver des preuves d’infidélités, bien loin des sommets de leur gloire passée. On retrouve donc Tak et Kaito à Kamurocho, guettant n’importe quelle mission pour boucler les fins de mois… Contactés par d’anciens acolytes ayant monté leur propre agence de détectives à Yokohama, plus précisément dans le quartier d’Ijincho (où se déroulait Yakuza : Like a Dragon), ils leur prêtent volontiers main forte pour résoudre une affaire de harcèlement scolaire qui ennuie sérieusement un principal de lycée.

...Et Yokohama, introduit dans le dernier Yakuza
...Et Yokohama, introduit dans le dernier Yakuza
Jusqu’ici, rien de bien extraordinaire, mais pendant ce temps au tribunal à Tokyo, une simple affaire de mœurs malheureusement banale est le point de départ d’une nouvelle et très longue enquête pour le compte du cabinet Genda, chargé de la défense d’un pervers annonçant la découverte d’un cadavre atrocement torturé au moment même où la police tombe dessus. Qui est ce cadavre et comment cet ancien policier accusé d’attouchements dans un métro savait pour ce corps, alors que selon toutes les analyses, l’heure de la mort coïncidait avec son arrestation à plusieurs kilomètres de là ?

L’avocate Saori Shirosaki compte bien sur Yagami pour résoudre l’affaire, profitant du fait qu’il séjourne à Ichinjo, le lycée même ayant un lien avec le corps retrouvé en putréfaction. Une petite histoire de harcèlement scolaire qui se mue en affaire de meurtre(s) et un Yagami qui profite de ses entrées au lycée pour mener l’enquête auprès du personnel scolaire, mais aussi des étudiants ; en plus de cela, il doit donner de sa personne pour aider des lycéens et lycéennes qui auraient dévié du droit chemin dans une histoire parallèle impliquant un certain Professeur et de vieilles connaissances croisées dans le premier Judgment. Autant dire qu’on ne s'ennuie pas dans ce Lost Judgment tant les activités secondaires sont, comme d’habitude, abondantes...

Great Teacher Yagami

La modélisation est surtout poussée pour l'intrigue principale
La modélisation est surtout poussée pour l'intrigue principale
On distingue trois types d’activités dans le jeu : l’intrigue principale évidemment, le fil conducteur de l’histoire qui mène Tak, Kaito et leurs compagnons Tsukumo et Sugiura à faire un choix bien plus compliqué qu’il n’y paraît ; les intrigues de lycée, regroupant toutes les petites histoires autour du club des Mystères du lycée Seiryo où Yagami est infiltré ; et enfin les petites affaires confiées ponctuellement aux cabinets de détectives. Sans surprise, c’est bien sûr l’intrigue principale qui bénéficie de cinématiques et de modélisations de personnages les plus abouties. L’histoire est longue et très prenante, tournant autour du thème central du harcèlement et de ses conséquences ; je dois bien avouer que pour la première fois depuis très longtemps, j’étais tiraillé entre la vision stricte et logique de la justice de Yagami et celle de l’antagoniste principal. Comme je disais, un choix bien plus compliqué que ce à quoi on aurait pu s’attendre dans l’historique des jeux du studio, Judgment compris : on est bien loin des bastons chemises arrachées tatouages à l’air de Kiryu et ses copains sur des toits, et même les sommets de la première enquête de Takayuki ont une fin morale très évidente – ce qui n’est clairement pas le cas dans Lost Judgment, dans lequel jusqu’à la dernière minute du générique je me suis dit « mais pourtant... »

Le jeu s'attaque directement au sujet du harcèlement scolaire...
Le jeu s'attaque directement au sujet du harcèlement scolaire...
...sans chichis ni langage châtié
...sans chichis ni langage châtié

Du côté des intrigues de lycée, on a droit à une myriade d’activités à pratiquer pour être le « cool sensei consultant » : des concours de danse au format jeu de rythme (comme ceux de Haruka dans Yakuza 5, mais en simplifié) ; de la boxe ; du skate-board ; de la moto dans un gang de zokus (!) ; du Virtua Fighter 5 dans le club d’e-sport ; des compétitions de robot télécommandés ; faire de la photographie ; participer à un casino clandestin ; et enfin... Draguer dans un bar (bon alors ça, ce n’est pas une activité de club, ça va de soi). Des heures de contenu bien fichu et bien amené, ça ne se refuse pas, d’autant que c’est très varié et souvent drôle – mention spéciale au gang de bikers et à son panel de loubards bien absurdes. En plus de tout cela et des affaires secondaires des cabinets de détectives (ou trouvées dans la rue), on a droit aux traditionnelles activités des séries du studio (mahjong, shogi, base-ball, oicho kabu, koi koi...) et celles initiées dans Judgment avec le retour du Dice&Cube VR et des courses de drones.

On peut faire de la moto...
On peut faire de la moto...
On peut faire du skate...
On peut faire du skate...

City Hinter

Les combats restent en temps réel, comme dans le premier volet
Les combats restent en temps réel, comme dans le premier volet
Côté nouveautés du système de jeu, on a droit à un troisième style de combat en plus du Tigre et de la Grue : le Serpent, faisant la part belle aux désarmements, saisies et lancers d’ennemis. Ce nouveau style s’inscrit parfaitement dans le maniement du personnage dans les combats en complément des deux autres, cependant comme parfois les transitions entre deux styles en plein combat ont un léger temps de latence après un coup (quand Yagami reprend une posture après un combo par exemple), on se retrouve à changer plusieurs fois en bourrinant sur « bas » pour arriver sur le style qu’on voulait ; pas bien méchant en temps normal avec les combats contre 3 – 4 ennemis, mais ça peut agacer quand on est au milieu d’une mêlée. Cela n’empêche pas les combats d’être assez fluides et plaisants, même s’ils sont bien trop réguliers en ville comme à l’habitude des jeux du studio – surtout dans une certaine rue où les ennemis repoppent littéralement à l’instant même où on vient de les achever, si on n’a pas le bonheur d’être tout au bout de la rue, ce qui peut occasionner des combats en boucle pendant plusieurs minutes parfois.

On peut faire du jeu de rythme...
On peut faire du jeu de rythme...
On peut faire de la boxe...
On peut faire de la boxe...

Outre les bazillions activités sportives ou non, on peut aussi pêle-mêle faire ami avec des chats dans la rue en leur donnant de la pâtée ou en les regardant amoureusement ; chercher des tags menant à des items inutiles ou à des livres de compétences à débloquer (à la façon des QRCode dans Judgment premier du nom) ; s’empiffrer dans les restaurants et s’enivrer dans les bars ; mais aussi promener un chien détective au flair imparable qui multiplie les objets trouvés par terre, voire trouver des objets uniques au milieu de nulle part quand vous n’avez pas à l’appeler dans une mission pour pister des odeurs d’indices ou de mécréants à retrouver. Un plus indéniable, d’autant qu’il est aussi présent pour un finish Ex où il aboie comme un lion (??).

La sentence est irrévocable

Hello fellow kids !
Hello fellow kids !
Après le virage JRPG pris par la série phare du Ryû ga Gotoku Studio, nombreux avaient peur de ne pas retrouver la simplicité du gameplay action des premiers volets de Yakuza ; heureusement, les producteurs ont rassuré les fans après l’annonce de Lost Judgment, en confirmant que le spin-off resterait dans la lignée du premier volet et conserverait un système de jeu autour de combats en temps réel. Exit donc les jobs et les magies de Yakuza : like a dragon, bonjour la baston à l’ancienne contre une ribambelle d’ennemis variant malheureusement peu, se baladant en ville en faisant des allers-retours sur une demie-rue pour chercher la merde. Fait amusant, en plus d’anciens yakuzas et de membres de gangs, on peut aussi tabasser joyeusement des lycéens en pleine rue. Plutôt raccord avec le sujet, mais un peu douteux moralement pour un détective pas forcément très jeune… Comme mentionné précédemment, la réalisation technique est assez inégale, niveau modélisations, cinématiques ou encore dialogues parlés : le focus est bien évidemment mis sur l’histoire principale, puis sur les intrigues de lycée et enfin « le reste » où on n’a que quelques onomatopées et des scénarios pas très élaborés comme les modèles 3D des protagonistes.

La modélisation est surtout poussée pour l'intrigue principale
La modélisation est surtout poussée pour l'intrigue principale
De manière générale, le jeu est bien mieux fichu que le premier volet, profitant évidemment de l’expérience de celui-ci pour peaufiner ce qui avait fait son succès et lui ajouter des ingrédients renforçant sa personnalité vis-à-vis de la série Yakuza. Les intrigues de lycée sont un excellent fil rouge secondaire au lieu d’avoir des dizaines de sous-histoires secondaires inutiles, se greffant parfaitement à l’histoire principale en ne parasitant pas son rythme.  L’enquête de l’histoire principale amène à des réflexions pouvant partager et je serais curieux d’avoir à ce sujet le ressenti de ceux qui ont fini le jeu dans les commentaires !

Vous aurez compris que je recommande chaudement le jeu, surtout si vous avez aimé le premier Judgment ou bien que vous recherchez un jeu au système revenant aux sources de la série Yakuza après le virage JRPG pourtant maîtrisé de Like a Dragon. À quand le prochain jeu du studio ?

YOROSHIKUUUUUUUUUUU
YOROSHIKUUUUUUUUUUU

Test réalisé sur PlayStation 5 par Bardiel Wyld à partir d'une version fournie par l'éditeur

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Plateformes PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X|S
Genres Action-aventure, arts martiaux, asie, japon contemporain

Sortie 24 septembre 2021 (Monde) (Xbox One)
24 septembre 2021 (Monde) (PlayStation 4)
24 septembre 2021 (Monde) (PlayStation 5)
24 septembre 2021 (Monde) (Xbox Series X|S)

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